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Le paradigme OLI (Ownership, Location, Internalisation)

internationalisation une revue de littérature

1.1 Le paradigme OLI (Ownership, Location, Internalisation)

Le paradigme éclectique de la production internationale de Dunning (1977) est fondé sur l’ensemble des théories alors existantes dans le domaine des IDE (Investissement à l’étranger) et du management international, principalement celle de Hymer (1976) concernant l’avantage monopolistique, celle de Buckley et Casson (1976) avec la théorie de l’internalisation et celle qu’il a lui-même développé en matière de localisation. Ce paradigme a pris un poids significatif parmi tous les cadres théoriques d’internationalisation expliquant la motivation des entreprises qui localisent une partie de leur production ou de leur marché à l’étranger. Le paradigme OLI suit la même logique du « marché imparfait » et reprend ce qui est évoqué dans les travaux de Hymer et Buckley et Casson.

Le paradigme OLI comporte 3 avantages spécifiques. Dunning (1979) et Dunning et Lundan (1988 ; 2001) les ont présentés pour déterminer l’ampleur, la forme et le mode des opérations internationales des entreprises dans la création de valeur (Kuşluvan, 1998). Ce sont respectivement les avantages spécifiques de propriété (ownership specific advantages), les avantages spécifiques de localisation (location specific advantages) et les avantages d’internalisation (internalization advantages). L’avantage O (Onwership specific) se réfère aux avantages compétitifs de l’entreprise tels que la marque, la technique de production, etc., engagés en investissement direct à l’étranger. L’avantage L (location specific) se réfère aux pays où la dotation des ressources (e.g. les ressources naturelles, la main d’œuvre à bas coût,

etc.) est immobile pour les activités de production des multinationales. L’avantage I

(internalization) se réfère aux bénéfices de garder dans son giron la production des produits intermédiaires plutôt que de les confier à l’extérieur.

En ligne avec l’hypothèse du marché imparfait, certaines entreprises disposent d’avantages spécifiques de propriété. Ces avantages O permettent à l’entreprise de couvrir les coûts de

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production à l’international, ou de dépasser les désavantages lorsqu’elles se présentent dans un marché étranger.

Dunning, lui-même, ajoute le concept d’avantages spécifiques de localisation en s’inspirant des théories de localisation. Par conséquent, la théorie du cycle de production de Vernon suggère que la production à l'étranger peut parfois générer davantage de bénéfices que la production locale ensuite exportée. L’avantage L peut rendre compte des décisions d’investir dans des pays étrangers qui offrent des possibilités de production ou de marché supérieures à d’autres pays et/ou de sécuriser les actifs engagés durant cette démarche(Child et Rodrigues, 2005).

S’inspirant de la théorie des coûts de transaction (Coase, 1937), Dunning intègre la notion de l’avantage spécifique de l’internalisation développé par Buckley et Casson (1976). L’avantage I s’appuie sur le marché imparfait des produits intermédiaires. L’entreprise a du mal à évaluer les valeurs de ces produits intermédiaires, elle préfère les garder à l’intérieur afin de maximiser les bénéfices qu’elle en tire. L’internalisation se réfère aux avantages de contrôler et de coordonner les avantages O et avantages L à l’intérieur de l’entreprise au lieu de vendre une licence d’utilisation de ces avantages à un autre(Kuşluvan, 1998).

De la même façon, si l’entreprise possède uniquement des avantages O, elle entretient ses activités internationales par des accords contractuels, y compris la vente de licence. Si l’entreprise dispose l’avantages O et I, elle préfèrera choisir l’export comme moyen pour protéger ses savoir-faire. Lorsque l’entreprise détient les trois avantages, elle s’oriente vers l’investissement à l’international(Chalençon et Dominguez, 2016). Pour que les MNE soient capables de concurrencer les entreprises locales dans le pays d’accueil, elles doivent posséder certains avantages spécifiques liés à la nature ou la nationalité de leur propriété. Sinon elles ne peuvent pas s’internationaliser, car le fait de mener des activités à l’étranger leur fait subir des coûts en plus par rapport aux entreprises locales (Kuşluvan, 1998). Suite à cette logique, le paradigme OLI s’inscrit dans le principe d’exploitation des actifs d’entreprise (Child et Rodrigues, 2005). Plus concrètement, quant à l’application du paradigme OLI dans l’explication de l’IDE, les multinationales possèdent et exploitent des ressources

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technologiques et managériales supérieures qui leur permettent d’accéder à de nouveaux marchés(Peng, 2012)et générer des bénéfices, y compris les transnational advantages5.

Dans le travail de Dunning, 4 types d’IDE en termes de motivation ont été identifiés : la recherche de marché ; la recherche d’efficience ; la recherche des actifs stratégiques et la recherche de ressources naturelles(Dunning et Lundan, 2008b). Dans le cas de la recherche de marché, le coût de localisation des produits influence considérablement le choix de destination lorsque l’entreprise s’internationalise (N. Zhou et Guillen, 2016). Dans la recherche d’efficience, l’IDE est influencé par le manque d’avantages I et de L face à un pays étranger(N. Zhou et Guillen, 2016), car l’exploitation d’un actif d’un pays étranger conduit l’entreprise à s’internationaliser, mais souvent le contrôle des coûts liés à la gestion et/ou la coordination est primordial dans ce cas. Dans la recherche des actifs stratégiques, l’entreprise souhaite acquérir et transférer les actifs étrangers, parfois tacites, à l’intérieur de l’entreprise (Li-Ying, Stucchi, Visholm, et Solvig Jansen, 2013; J. Lu, Liu, et Wang, 2011; N. Zhou et Guillen, 2016). À cause des caractéristiques tacites des actifs stratégiques en question, telle que les connaissances, il est difficile de les acquérir et de les transférer de façon effective (Makino et Delios, 1996 ; Steensma et al., 2000). Ces actifs doivent être partagés fréquemment au sein de l’entreprise (Kogut et Zander, 2003). La distance des entités de l’entreprise augmente donc le coût de gouvernance par le biais de coordination et communication. Enfin, dans la recherche des ressources naturelles, l’objectif primaire de l’entreprise est d’acquérir les ressources naturelles qui sont considérées comme des actifs cruciaux d’un pays. Il est difficile d’être accepté par les institutions locales et d’éviter un prix d’offre discriminatoire (N. Zhou et Guillen, 2016).

Le paradigme OLI a, cela dit, fait l’objet d’un certain nombre de remarques critiques. D’une part, il ne semble pas prendre en compte de façon explicite la notion de temps dans le processus d’internationalisation (H. Tan et Mathews, 2015). Étant statique, il ne serait pas adapté pour analyser l’aspect stratégique ; il serait donc peu révélateur de l’appréhension des dynamiques d’internationalisation(Chalençon et Dominguez, 2016). D’autre part, les 3 éléments essentiels du paradigme OLI ne se distinguent pas toujours clairement ; il présenterait donc des difficultés quand on l’applique dans le cadre d’études empiriques.

5 Le résultat d’acquérir les bénéfices dans la transaction ou de réduire le coût de transaction par rapport aux marchés extérieurs (Kuşluvan, 1998).

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Dunning (1982) intègre ensuite la théorie d’IDP (Investment Development Path) dans le modèle OLI pour expliquer de façon progressive, d’un point de vue macroéconomique (Cantwell, 2000), le développement des IDE d’un pays dans le temps. D’un certain point de vue, les éléments dynamiques de l’IDP ne peuvent pas être dissociés du paradigme OLI (Castro, 2000).

1.2 Le modèle d’Uppsala et les international new ventures (INV)/Born

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