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Huawei Un géant chinois dans la télécommunication

Huawei est une entreprise privée, fondée en 1988 dans la ville de Shenzhen, devenue un des plus grands acteurs mondiaux dans la fourniture des équipements, services et réseaux de télécommunication, y compris les téléphones portables grand public. En 2017, il comptait près de180 000 employés et avait généré un revenu de 603 milliards de RMB en 201115. En 2018,

Huawei est passé devant Apple et est devenue le deuxième fabricant mondial de smartphones, derrière Samsung (Yang, 2019). En 1988, dans le contexte de l'expansion du secteur des

15 Huawei. (2017). Huawei Anuual Report 2017. Consulté le 25 janvier 2019, à l’adresse https://www.huawei.com/fr/press-events/annual-report/2017

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commutateurs électriques à Shenzhen, Ren Zhengfei, fondateur et président de Huawei, a été choisi comme ingénieur technique pour construire une technologie propre à l’entreprise. Depuis 1998, de plus en plus d'entreprises internationales sont arrivées en Chine, comme

Ericsson, Nokia, Motorola. Elles sont rapidement devenues des acteurs majeurs, notamment

dans le secteur de télécommunication haut de gamme. Huawei n'a eu d'autre choix que d'adopter une stratégie d'internationalisation et de se concentrer davantage sur des marchés plutôt négligés par des géants internationaux tels que l'Europe centrale et orientale, l'Afrique et l'Asie du Sud et de l'Est. D’une manière générale, Huawei a commencé à pénétrer les marchés émergents, qui sont plus sensibles aux prix qu'à la qualité. Puis, en 1999, Huawei s'est concentrée sur le marché européen et, en 2005, elle est devenue fournisseur officiel de BT (British Telecom). Depuis, Huawei a été largement acceptée par les opérateurs de communication traditionnels comme un fournisseur fiable de services.

Plus tôt, en 1996, Huawei a effectué sa première affaire internationale en fournissant des services à Hutchison Telecoms à Hong Kong. Ensuite, Huawei est entrée sur le marché russe en fondant une coentreprise avec deux partenaires locaux en 1997 (Wu et Zhao, 2007). Par la suite, Huawei s’installe dans les autres pays d'Europe de l'Est et du Sud. En 1999, Huawei a fondé un centre de recherche en Inde, où elle utilise la même approche que dans certains pays asiatiques. Elle est entrée également en Afrique en 2000 (Wu et Zhao, 2007), un continent avec d'abondantes ressources naturelles et une main-d'œuvre bon marché. Les gouvernements locaux africains ont mis en place diverses politiques d'incitation pour attirer également les investisseurs étrangers. Huawei est entrée sur le marché africain avec un avantage de 20 à 30% en termes de prix proposé sur ses concurrents (Peng, 2013).

Jusqu'à présent, Huawei a ainsi réalisé 22 milliards de dollars de ventes à l'étranger, créé 9 sections régionales, 99 bureaux de représentation et de centres techniques / commerciaux, et fourni des services à 300 opérateurs de télécommunications. Il est maintenant le deuxième fournisseur de matériel de télécommunications au monde. Cependant, en raison de la stratégie de prix adoptée par Huawei, et de l'image négative associée aux produits chinois en termes de qualité, Huawei a subi des revers par rapport à ses concurrents sur les marchés internationaux. En effet, dans les secteurs à forte intensité technologique, le développement des entreprises dépend de leurs avancées technologiques. Pour ceci, Huawei a fondé un centre de recherche à

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Stockholm16 en 2000 et divers centres de recherche aux États-Unis, notamment celui de la

Silicon Valley en 2001 (Larçon, 2008).

En 2001, Huawei s’est présentée sur le marché européen (d'abord en Allemagne) avec son 10GSDH qui est un produit de réseau optique (Xiao et Liu, 2015). Puis en 2003, elle a signé un contrat avec LDCom (groupe français de télécommunications) pour la construction d'un réseau national en France.

Si nous revoyons le processus d'internationalisation de Huawei, elle a dû adopter d'abord une stratégie de coût, en commençant par des produits bas de gamme et en entrant progressivement sur le marché grand public. En outre, Huawei a également adopté une stratégie pour la construction de marque, tout en améliorant ses capacités technologiques et en les complétant en profitant de la notoriété de ses partenaires.

Avec la force qu'elle avait exploitée et développée grâce à l'internalisation, Huawei a étendu sa présence sur le marché national et a renforcé ses capacités locales peu de temps après. En 2002, Huawei et 3COM ont créé une coentreprise (H3C) à Hangzhou (Zhu, 2008) et en ont fondé une autre (49% du capital), TD Tech, avec Siemens à Pékin en 2004 (Deutsche Welle, 2004). Par la suite en 2006, Huawei a vendu 49% des actions de H3C pour 8,8 milliards de dollars, puis a créé un centre de recherche avec Motorola à Shanghai17. Elle a fondé une coentreprise (51%)

avec Symantec à Chengdu18, et une autre avec Global Marine, Huawei Submarine Networks, à

Tianjin en 200719. La même année, Huawei a réalisé un chiffre d'affaires global de 16 milliards

de dollars dont 72% provenaient du marché international20, contre 0,55 milliard en 2002.

En 2011, Huawei a acquis la totalité du capital de Huawei Symantec en achetant les 49% d'actions restantes (530 millions de dollars) de Symantec21. À part la mise en place de centres

de recherche et la création de coentreprises avec ses partenaires, les achats technologiques sont

16 Huawei. (11 novembre 2013). Huawei Reaffirms Commitment to Europe and European R&D Investment - Huawei Press Center. Consulté à l’adresse http://pr.huawei.com/en/news/hw-308442-european.htm#.WFvbVh1rgTs

17 Huawei. (juin, 2006). Motorola and Huawei Create New UMTS Venture for Customers Worldwide - About Huawei. Consulté à l’adresse http://www.huawei.com/ilink/en/about-huawei/newsroom/press-release/HW_089102?KeyTemps=News 18 Symantec. (5 février 2008). Huawei and Symantec Commence Joint Venture | Symantec. Consulté à l’adresse

https://www.symantec.com/about/newsroom/press-releases/2008/symantec_0205_01

19 Huawei. (4 mai 2007). Global Marine Systems and Huawei to establish Joint Venture Addressing Submarine Telecommunications Market - About Huawei. Consulté à l’adresse

http://www.huawei.com/ilink/en/about-huawei/newsroom/press-release/HW_089374?KeyTemps=News 20 Huawei. (2007). Annual Report 2007 - Enriching Life Through Communication.

21 Symantec. (14 novembre 2011). Huawei Acquires Symantec Stake in Huawei Symantec Joint Venture | Symantec. Consulté à l’adresse https://www.symantec.com/about/newsroom/press-releases/2011/symantec_1114_03

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également considérés comme une méthode complémentaire pour accéder à certaines technologies (Benoit, 2012).

Étant une entreprise technologique de haut niveau, Huawei doit réaliser des économies d'échelle pour couvrir ses coûts de R&D très élevés. Ceci a été fait grâce au processus d'internationalisation. En outre, étant donné que la Chine est un pays en développement, elle offre à l’entreprise une expérience en matière d'exploitation de marchés étrangers ayant des niveaux de développement similaires à ceux de son pays d'origine (Johanson et Vahlne, 2006). En termes de mode d'entrée, Huawei a adopté un processus progressif d'internationalisation qui a débuté à Hong Kong et en Russie, puis s'est déplacé en Amérique du Sud, en Asie de l'Est et du Sud, au Moyen-Orient, en Afrique et enfin en Europe et aux États-Unis.

Le processus d'internationalisation de Huawei se trouve aligné avec la stratégie internationale classique évoquée par le paradigme OLI : 1. Huawei a eu un avantage de coût au début, comme d'autres entreprises chinoises. Afin de profiter de cette force et de l'internaliser (Dunning, 2001; 2006), le mode d'investissement de Huawei était principalement les projets de Greenfield, donc implantation organique ; 2. Huawei s'est internationalisée étape par étape (Johanson et Vahlne, 1977 et 2009) et a développé un avantage concurrentiel en termes de services et de capacités technologiques (en 2009, Huawei a livré son premier réseau de télécommunications commerciales LTE à Telecom Italia) ; 3. Avec sa propre marque, Huawei a également réussi à s'implanter sur les marchés développés: fin 2010, 45 des 50 premiers opérateurs de télécommunications dans le monde étaient clients de Huawei.

Cependant, même si Huawei a réussi dans les pays en développement, elle a eu moins de succès dans les pays développés. Les activités commerciales de Huawei dépendent trop des marchés émergents aux environnements institutionnels instables, ce qui a un impact sur le développement durable de l'entreprise. Enfin, jusqu'à présent, le manque d'expérience dans les marchés développés et le coût élevé de l'acquisition de cette expérience sont les principaux obstacles à l'achèvement du processus d'internationalisation de cette dernière et à sa montée dans la chaîne de valeur (Porter, 2001). Comme nous l’avons évoqué précédemment, compte tenu de la relation entre Huawei et les autorités chinoises, la mise en œuvre des réseaux 5G de Huawei est devenue difficile dans de nombreux pays. Les États-Unis, l'Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et probablement la Pologne ont, à la date où nous écrivons, déclaré bloquer leur coopération avec Huawei pour des raisons de sécurité nationale. De plus, la guerre

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commerciale avec les États-Unis depuis mars 2018, complique encore la situation. L’avenir de Huawei ne semble être pas très clair.

Le processus d'internationalisation de Huawei s'inscrit principalement dans le cadre du modèle d'Uppsala (Johanson et Vahlne, 2015). Selon le modèle d'Uppsala, l'internationalisation d'une entreprise commence à partir du mode export pour initialiser son réseau de vente, puis s'allie et construit des alliances stratégiques (Dunning, 2015) avec des partenaires locaux pour des acquisitions technologiques, complétées par l'accumulation des ressources et des biens, y compris les marques internationales et des capacités avancées de gestion, en particulier la capacité de coordonner et d'intégrer efficacement les ressources. Enfin, l'entreprise s'engagera dans des IDE à l'étranger pour développer des unités commerciales indépendantes, de production et de recherche. En particulier, Huawei attache une grande importance au développement des capacités de recherche et en fait l'un des principaux objectifs de l'internationalisation (Fu et Gong, 2011).

Similaire à Huawei, ZTE est un autre fabricant chinois dans le domaine des télécommunications, dont nous allons également examiner le cas.

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