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CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE

5. L’ÉLABORATION DU DISPOSITIF DIDACTIQUE

5.2 LE DISPOSITIF DIDACTIQUE DE NOTRE RECHERCHE

Notre dispositif didactique a pour but de familiariser les étudiants à la caricature comme support didactique. S’inspirant du modèle d’enseignement explicite, il comprend trois séances réparties sur trois interventions. Trois textes ont constitué le cœur du travail dans les trois séances. Pour qu’ils soient appropriés au niveau des apprenants, nous avons choisi ce texte, ainsi que le texte de la deuxième séance, à partir des textes enseignés dans les cours de FLE, dans le cadre du microprogramme de français à la faculté des lettres et sciences humaines à l’Université de Sherbrooke, à l’aide des chargés de cours de ce microprogramme. Dans cette perspective, Icmez (2009) constate que la sélection des textes et la participation des apprenants améliorent leur niveau en termes de lecture critique.

La première séance consistait à choisir un texte, entre autres, du manuel du cours enseigné aux apprenants ciblés, transformer ce texte en dessins de caricature, puis l'enseigner aux étudiants participants en suivant les techniques d’enseignement des dessins de caricature. Dans cette séance, l’intervenant a suivi des démarches d’enseignementdont la présentation du texte et la distribution des dessins aux étudiants, la présentation du texte accompagné par les dessins de caricature et la discussion

en donnant des commentaires concernant le thème dessiné (Annexe C). Nous nous sommes basé sur des études empiriques à ce niveau. Par exemple, Boutin (2005) et Hopperstad (2008) ont présenté en détail leurs procédures suivies pour effectuer leurs recherches auprès des apprenants, ce qui nous guidera dans notre intervention pédagogique. En plus, ils ont donné des exemples des extraits des BD et des caricatures utilisées : Coke en stock (« Les aventures de Tintin » / Hergé), Lâchez les chiens ! (XIII / Van Hamme et Vance) L’outremangeur (Ferrandez) (Boutin, 2005) et New York Cartoons (Steinfirst, 1995). À noter que cette première séance correspond à l’étape de la préparation dans le modèle d’enseignement explicite.

À souligner que nous avons transformé le premier texte en caricatures comme suit. Chaque texte est centré sur (qui – quoi -et où) c'est-à-dire des personnages, des événements et des lieux. Pour traiter et comprendre ce texte, nous avons essayé de reconnaître la pensée et l'intention de l'auteur et connaître le contexte dans lequel l'auteur s'est exprimé. Pour transformer le texte en dessins de caricature, nous avons suivi trois étapes. Premièrement, il s'agissait de lire, globalement, le texte afin d'en saisir les idées principales. Ensuite, nous avons procédé à une relecture avec un crayon en main. Tout en prenant connaissance du texte, il fallait se poser des questions qui guideraient la lecture. Puis, nous avons identifié les mots clés ainsi que les phrases qui développent une idée importante, soit en les transcrivant, soit en les marquant. Ensuite, nous avons encadré les idées importantes, les paragraphes significatifs en relation avec la série de questions mentionnées. Enfin, nous avons regroupé les paragraphes où l'auteur a traité d'un même point et les numéroter tout en prêtant attention aux mots de liaison pour mieux comprendre l'articulation du texte. Deuxièmement, il s'agissait de bâtir le schéma du texte à travers la détermination des éléments suivants. - les objectifs de l'auteur, sa problématique et ses hypothèses, les idées principales et les idées secondaires de chaque partie, le raisonnement et les arguments de l'auteur et les conclusions, solutions ou résultats proposés par l'auteur. Troisièmement, après avoir bien compris le texte, nous avons dessiné les événements sous formes de caricatures (Bouaicha, 2012).

En fait, la caricature, dans son expression la plus commune, est l’art de transformer un visage dans un mode plus ou moins grossier, dans un but souvent humoristique, tout en essayant de conserver la personnalité du sujet, et surtout les traits caractéristiques qui permettent de le reconnaître (Bordage, 2008). Comme le sujet est vaste, nous n’abordons que la base de cet art. La caricature, c’est d’abord

prendre une forme, et être capable de la déformer sans perdre les caractéristiques essentielles de cette forme. Soulignons que dans notre recherche, nous ne percevons pas la caricature comme fin, mais plutôt comme moyen de stimuler les apprenants à la lecture critique des textes.

La deuxième séance consistait à apprendre aux étudiants à reformuler les idées principales d’un autre texte, sous forme de caricatures pour les amener à réfléchir d’une manière critique. Cette séance correspond à l’étape de pratique guidée du modèle de l’enseignement explicite. Au cours de celle-ci, l’intervenant a fait travailler les étudiants, généralement en équipe, tout en les supervisant étroitement. Il posait des questions et travaillait à partir d’un texte déjà choisi. Il mettait en place des mesures de soutien appropriées et vérifiait la compréhension des apprenants. Il rétroagissait et corrigeait les réponses de ceux-ci. Cette séance a permis aux participants d’acquérir la confiance et la motivation nécessaire pour continuer leur apprentissage. Elle les a aidés à « vérifier, à ajuster, à consolider et à approfondir leur compréhension de l’apprentissage en cours, par l’arrimage de ces nouvelles connaissances avec celles qu’ils possèdent déjà en mémoire à long terme » (Gauthier, Mellouki, Simard, Bissonnette et Richard, 2004, p.28).

La troisième séance de notre dispositif correspondait à l’étape de la pratique autonome du modèle d’enseignement explicite. Lors de celle-ci, l’apprenant réinvestit seul dans de nouvelles situations d’apprentissage ce qu’il a compris lors du modelage et appliqué en équipe lors de la pratique guidée. Cette séance a constitué alors l’étape finale de l’apprentissage qui a permis à l’apprenant de refléter sa compréhension dans l’action jusqu’à l’obtention du niveau le plus élevé possible, en vue de consolider l’apprentissage. Lors de la pratique autonome, l’intervenant ne donne pas aux apprenants une tâche d’une nature différente de ceux qu’ils ont faits lors de la pratique guidée (Bissonnette et Gauthier, 2012 ; Tagne et Gauthier, 2014).

Dans la troisème séance de notre dispositif didactique, il s’agissait de demander à chaque participant de caricaturer, chacun, un nouveau texte afin de connaître dans quelle mesure la lecture critique s’est développée après la participation à l’expérience de la caricature. À cet égard, nous nous sommes basé sur des études dont celles de Bordage (2008) et Torrance (1966) qui précisent que la production de dessins est l’une des stratégies d’enseignement efficaces dans l’apprentissage dans ce contexte.