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CHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL

3. LA CARICATURE

3.10 LES APPORTS DE L’EMPLOI DE LA CARICATURE

3.10.3 LES APPORTS DE LA CARICATURE SUR LA LECTURE CRITIQUE

Selon Le Picaut (2012), le rapport entre les images et le texte donne lieu à des questionnements, et il permet à l’apprenant d’émettre des hypothèses sur l’histoire. L'image permet aussi à l'apprenant de mieux fixer le sens du texte et ainsi mieux comprendre sa structure. En outre, grâce à sa ressemblance avec le réel, l’image apporte des précisions sur le plan référentiel et comble, par conséquent, la pauvreté du texte de façon à ce que l'histoire puisse être comprise sans lecture (Maksem, 2008).

17 Étant donné que le champ de caricature est peu investigué, nous nous sommes basé, entre autres, sur des études relatives à la BD, un genre qui se ressemble à la caricature comme mode visuel.

Selon Steinfirst (1995), l’enseignement basé sur la caricature stimule la réfelxion chez les apprenants. Elle développe son avis en soulignant que la caricature surtout politique peut être utilisée avec des apprenants pour enseigner la lecture. La caricature politique, selon elle, aide les apprenants à saisir les sens abstraits, à développer leur pensée critique et créative à communiquer de façon non verbale, à renforcer la cognition politique chez eux. En plus, elle facilite l'enseignement des concepts de conflit, la dissidence et la critique de la politique et amène les apprenants à comprendre la politique de leur pays.

D’après, Heuninckx, (1970), et Le Picaut (2012), le dessin (et ses genres dont la caricature) est un élément de formation pédagogique : il développe l’esprit d’observation, l’imagination créatrice, aide la mémoire, développe le jugement, précise et fixe nos idées, favorise la pensée plastique et le sens de la composition, incite à la précision, à la propreté et à l’ordre, et représente un merveilleux moyen pour apprendre. Étant l’une des formes d’image et de dessin, la caricature, selon Walker (2003), met l’apprenant au courant des événements qui l’entourent, développe ses habiletés à interpréter ces événements, le motive et développe l’esprit critique, le goût littéraire et artistique et les valeurs esthétiques chez lui (Heitzmann, 1998 ; Steinfirst, 1995 ; Walker, 2003).

Heitzmann (1998), lui, constate, dans la même perspective, que la caricature offre aux enseignants une chance pour la créativité en présentant leurs leçons et aussi à développer la réflexion critique. Il ajoute que le développement des compétences prend du temps, l'autonomisation des compétences d'interprétation de dessins des étudiants est un temps qui vaut la peine. Cela dit, la caricature représente un moyen efficace pour développer les habiletés intellectuelles (Lynne Hand, 2005). La lecture critique, elle, comme un type de lecture qui exige la possession de telles habiletés, pourrait être influencée par l’intégration des supports didactiques d’enseignement dont la caricature, qui peuvent amener les apprenants à penser et à critiquer.

La caricature est un éditorial, elle présente une opinion sur un fait d’actualité. C’est un art qui fait autant appel à la créativité de son auteur qu’à son sens critique. Le sens critique est donc une autre qualité nécessaire à la lecture d’une caricature. Donnez votre avis sur ce que vous voyez, discutez-en

autour de vous. Et dites-vous que le caricaturiste aura bien fait son travail s’il vous a fait sourire, mais il l’aura mieux fait encore s’il est parvenu à vous faire réfléchir (Musée McCord, 2009). Voilà ce que l’enseignant peut poser comme questions pour profiter de la caricature en lecture critique.

La caricature offre aux enseignants aide les apprenants surtouts ceux qui sont en difficulté (Heitzmann, 1998). L’humour, en caricature, pourrait « encourager le processus d’enseignement apprentissage dans lequel l’apprenant se donne la chance de s’exprimer de manière libre et critique » (Saeverot, 2011, p. 92). Cela dit surtout en s’accordant, ultérieurement, avec Lynne Hand (2005), la caricature représente un moyen efficace pour développer les habiletés intellectuelles chez les apprenants. Steinfirst (1995) souligne que la caricature développe la pensée créative et critique et des apprenants. Les habiletés de la pensée critique, dont l’inférence, peuvent être développées en étudiant l'art parce que l'œuvre d'art n'est pas seulement l'imitation comme une photographie, elle révèle aussi l'interprétation de l'artiste sur le thème : tout comme les auteurs utilisent des mots pour s’exprimer, les artistes utilisent des symboles tels que les couleurs, les nuances et les formes pour transmettre leurs sentiments (Rowell, 1983). Ceci s’accorde avec Heuninckx (1970) qui constate que le dessin est souvent un moyen de clarifier une explication : « Ce que le mot ou le geste ne peuvent expliquer clairement, quelques coups de crayon sur le papier le font surgir avec netteté. Un croquis est plus parlant qu’un flot de paroles » (p. 17). La lecture critique, comme type de lecture, ne pourrait-elle pas être influencée par l’intégration des supports didactiques d’enseignement dont la caricature ? Celle-ci ne pourrait-elle pas amener les apprenants à penser et à critiquer ? Ce que nous cherchons à étudier dans notre projet de doctorat en cours. À noter que dans celui-ci, le chercheur n’inventerait pas l’art de la caricature, mais essayera de l’utiliser à présenter des textes qui visent à stimuler les apprenants à s’exprimer, à participer et vise à mesurer l’effet de son emploi sur le développement de la lecture critique et l’attitude des apprenants vers cet art.

La recherche de l'acquisition du langage montre que l'utilisation de matériaux de la culture populaire dans la salle de classe est fortement motivante pour les apprenants (Morrison, Bryan et Chilcoat, 2002). La motivation intrinsèque pour la lecture a un effet important sur la capacité de lecture chez eux (Drolet, 2010). Bien plus, la question de la motivation à travailler la langue doit être mise en considération : il faut insister donc sur le fait que la BD demeure le genre littéraire de préférence des apprenants (Boutin, 2005). D’après cet auteur, l’importance de la BD dénote l’intérêt manifeste des

élèves pour la lecture. Selon Steinfirst (1995), la caricature, aussi, est un mode visuel motivant et amusant pour les apprenants. L’enquête réalisée par Lebrun et son équipe (2004) révèle que la plupart des sujets adolescents (sondés dans le cadre de leur recherche) considèrent la BD comme un excellent genre, ce qui met la BD au 2e rang quant à l’appréciation positive des différents genres, après le roman

d’aventure. Selon Boutin (2005), la BD est évidement appréciée par les apprenants. Les sujets qui l’ont mise à l’épreuve la trouvent efficace. Drolet (2010) explique que l’une des raisons pour cette attitude positive à l’égard des dessins est le fait que les apprenants apprécient le style simple et les personnages amusants en pratiquant en même temps leurs habiletés en lecture. Cela dit, les études que nous avons recensées donnent une idée claire sur ces modes visuels en recommandant leur intégration en apprentissage de lecture. Toutefois, ce n’est pas à généraliser, peut-être si les auteurs ont effectué leurs recherches auprès d’autres échantillons, les attitudes de ceux-ci seraient différentes. C’est pourquoi, comme deuxième objectif, nous cherchons à identifier les perceptions des apprenants à l’égard de la caricature comme support didactique.