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En 1940, la capitale comptait environ 20 000 logements de mauvaise qualité. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle compte selon les estimations entre 30 000 et 50 000 logements en mauvais ou très mauvais état140. Il s’agit de logements répartis dans plusieurs quartiers de la ville

dont les toits sont parcourus de fuites, dont les murs et le sol humides sont infestés de vermine, qui ne disposent souvent pas de toilettes intérieures et parfois pas de l’eau courante. Ils sont surpeuplés, faute de logements disponibles ailleurs, et en très grande majorité habités par des

137 Témoignage de John Ihlder (EAD, p. 150, exhibit X). 138 EAD, p. 38.

139 “Advice on Housing,” WP, 18 juin 1945, p. 6. 140 “Slums Vs. Health,” WP, 12 mai 1946, p. B4.

180 Noirs. Les mauvaises conditions d’hygiène et l’insalubrité rampante y facilitent le développement de maladies telles que la tuberculose.

Parmi ces dizaines de milliers de logements insalubres, dont la description un rien alarmiste pourrait s’appliquer aux habitations insalubres de nombreuses villes américaines à la fin de la guerre, une bonne part répondent à un schéma propre à Washington : celui des alley dwellings, ou « maisons d’impasse ».

Figure 36 - Impasse du Nord-Ouest de Washington photographiée par Carl Mydans en 1935141

1. Les alley dwellings : une forme de densification de l’espace propre à Washington Les alley dwellings sont une forme de densification de l’espace qui s’est répandue à Washington dès les années 1850142. Elle apparaît au moment où s’amorce l’accroissement de la

population qui atteindra son zénith pendant la guerre de Sécession. L’absence de moyens de transport adéquats interdit alors une grande dispersion de la population, car les Washingtoniens doivent vivre à proximité de leur lieu de travail. En ce sens, la situation est semblable à celle de

141 LOC, Farm Security Administration Collection, Office of War Information.

142 J. BORCHERT, Alley Life in Washington: Family, Community, Religion, and Folklife in the City, 1850-1970,

181 New York, mais les deux villes apportent une réponse différente au problème. À New York, la densification de l’espace se fait par le haut, avec les tenements, immeubles d’appartements qui couvrent 90% d’une parcelle. À Washington, la pression démographique est moindre. Elle conduit à la construction d’un habitat beaucoup moins dense : les alley dwellings. Il s’agit de petites maisons bâties le long des ruelles situées derrière les townhouses (maisons donnant sur la rue), en fond de parcelle. Cela est rendu possible par le plan original de la ville conçu par le major Pierre L’Enfant. Ce dernier avait en effet prévu des parcelles profondes avec un système d’impasses intérieures. Cela permettait alors de construire à l’arrière des parcelles des écuries et des quartiers pour les serviteurs.

À l’origine, les alley dwellings sont de simples cabanes ou remises louées à des travailleurs manuels. Mais peu à peu, ces constructions s’améliorent : elles gagnent en taille, et ont parfois une structure en brique ou une charpente en bois. Ce sont parfois même des maisons entières qui voient le jour. Le schéma ci-dessous (fig. 37) met en évidence le processus à l’œuvre.

a) Le développement des maisons d’impasse

Avant la guerre de Sécession, les impasses sont principalement habitées par des Blancs pauvres. En 1858, ainsi, 348 familles vivent dans 49 impasses. Ce sont pour 65% des manœuvres blancs. Le tableau est différent en 1871, aussi bien quant au nombre que quant à la structure des logements.

La guerre a fait croître la population de Washington de 75 080 habitants en 1860 à 131 700 en 1870. Plus de la moitié des nouveaux arrivants sont des Noirs pauvres et sans abri venus des États voisins, dont beaucoup se logent dans les étables inoccupées des impasses. De plus, les propriétaires des parcelles de l’époque n’ont pas l’utilité de toute la profondeur prévue par Pierre L’Enfant, et l’augmentation des prix de l’immobilier encourage la construction en fond de parcelle. Par conséquent, les alley dwellings se développent.

182 En 1871, ce sont 1 500 familles, dont 81 % de noires, qui vivent dans 118 impasses. Le tableau et les cartes fournies en annexes 15 et 16 permettent d’observer le développement des impasses et l’évolution de leur localisation géographique au cours du temps. Une certaine présence blanche persiste pendant quelques temps. Des immigrants récents, Irlandais notamment, s’y installent. Mais les Irlandais partent à leur tour, et à quelques exceptions près il ne reste ensuite que des Noirs143.

Figure 37 - Processus de développement des maisons d’impasse144

143 D. BRINKLEY, op. cit. (note 62).

144 Y. BOQUET, Le couloir Baltimore-Washington : contribution à l’étude de l’aménagement du sud de la

183 En 1897, 11 % des Washingtoniens habitent de tels logements. Cela représente 17 244 personnes, dont 97 % de Noirs, qui vivent dans 217 impasses. À cette période, les impasses les plus anciennes comptent jusqu’à plus de 400 personnes, tandis que d’autres, plus récentes, n’abritent qu’une ou deux familles145.

b) Les impasses, ou la ségrégation dans la mixité

Les quartiers d’impasses présentent une structure raciale inhabituelle. Pendant la guerre, les Noirs représentent plus de 90 % des habitants des impasses146. Cela laisse supposer que les

quartiers d’impasses sont des quartiers à forte majorité noire. Mais ce n’est pas le cas. En général, la proportion de Noirs et de Blancs y est à peu près équilibrée. Néanmoins, la répartition des Blancs et des Noirs au sein de ces quartiers est très différente : les premiers vivent dans les maisons donnant sur la rue, tandis que les seconds occupent les impasses, à l’arrière. Ainsi, sous des apparences statistiques d’homogénéité raciale, les quartiers présentent, observés de plus près, une forte micro-ségrégation, que permet la structure des impasses. C’est le cas d’un secteur situé au nord du centre-ville de Washington, étudié par James Borchert147. On

dénombrait au début du XXème siècle dans ce quartier deux tiers de Blancs et un tiers de Noirs, soit une population relativement mixte, du moins en apparence. Mais les impasses, qui abritaient le quart des habitants du quartier, comptaient 93 % de Noirs, tandis que les maisons de rue étaient occupées à 91 % par des Blancs.

La densité des deux types d’habitats est également très différente : une maison d’impasse classique, dont la superficie est la moitié de celle d’une maison de rue occupée par une famille, abrite en moyenne deux familles, soit une densité environ quatre fois supérieure à celle des maisons de rue.

145 J. BORCHERT, “The Rise and Fall of Washington's Inhabited Alleys: 1852-1972”, p. 278 ; Y. BOQUET, op. cit.

(note 144), p. 162-64.

146 “Alley ‘Moving Day’ for 20 000 to be delayed, Burton says,” WP, 15 mars 1944, p. 1.

147 délimité par les rues L et O, et les 6e et 10e rues NW – au nord de Mount Vernon Square (J. BORCHERT, op.

184 Ajoutons enfin que la ségrégation raciale se double d’une ségrégation socio-économique. En effet, les habitants des maisons de rue sont en général des employés de bureau, commerçants, ou ouvriers qualifiés, tandis que 82 % des adultes résidant dans les impasses sont sans qualification. Il ne faut toutefois pas en déduire que les alleys, avec leur lot d’insalubrité, sont des lieux de désintégration sociale. Au contraire, James Borchert souligne que les conflits y sont atténués par l’existence d’un « réseau serré de relations primaires148 ». L’univers informel des impasses

préserve ses habitants des difficultés du monde extérieur. James Borchert en conclut que « des conditions de vie intolérables ne sont pas nécessairement synonymes de déshumanisation149 ».

2. Les premières tentatives d’éradication

Après avoir connu leur apogée dans les années 1890, les impasses commencent à régresser. Deux raisons principales à ce phénomène : d’une part, le développement du tramway permet une plus grande dispersion de la population, d’autre part, les mouvements prônant une réforme de l’habitat obtiennent en 1892 l’interdiction de construire de nouvelles maisons d’impasse. Les impasses sont en effet considérées comme des foyers de criminalité du fait de leur isolement par rapport aux rues principales. De plus, l’insalubrité qui y règne entraîne des taux de mortalité anormalement élevés parmi les habitants, ainsi que le suggère l’affiche ci-contre. En 1912, le chef de la police Richard Sylvester, déclare ainsi :

« Il faut éradiquer le mal à la racine (…) et quelle est cette racine ? Ce sont les impasses, les maisons abritant [les prostituées], la saleté, la crasse (…) et la maladie150. »

Le résultat n’est pas immédiat, car la ville compte trois impasses de plus en 1912 qu’elle n’en comptait en 1897. En revanche, le nombre d’habitants qui les occupent commence à décroître. Selon une estimation du Monday Evening Club, il s’établit à environ 16 000 en 1912151.

148 “tight network of primary relations” (J. BORCHERT, ibid.)

149 “Intolerable conditions do not necessarily lead to dehumanization.” (J. BORCHERT, ibid.)

150 “you’ve got to wipe out the root of the evil (…) and what is that ? It is the alleys, the houses [the prostitutes]

occupy, the filth, the dirt (…) and the disease.” (Senate Subcommittee of the Committee of the District of

Columbia, Abatement of Houses of Ill Fame, Témoignage de Richard Sylvester, 63rd Cong., 3rd Sess.,

Washington, 1913, p. 23-24).

151 J. BORCHERT, op. cit. (note 144), p. 278; C. GREEN, Washington: Village and Capital, 1800-1950, vol. II,

185 En 1914, les efforts inlassables d’acteurs

tels que Mary Hopkins et Charles Weller aboutissent finalement. Le Congrès vote sous l’impulsion de la Première dame Ellen Wilson152 l’Alley Dwelling Act, qui prévoit

notamment l’interdiction absolue d’utiliser les impasses à compter d’août 1918. Toutefois, la pénurie de logements provoquée par la Première Guerre mondiale interrompt ces premières tentatives d’éradication153. Faute de

solution de relogement pour les occupants des impasses, la loi ne peut être appliquée154.

Dans les années 1920, le développement de la voiture contribue à la poursuite du recul des maisons d’impasse. D’une part, le développement des moyens de transport publics permet une plus grande mobilité des travailleurs par rapport à leur lieu de travail. D’autre part, les propriétaires des maisons donnant sur la rue préfèrent désormais utiliser les fonds de parcelle – site des maisons d’impasse – pour garer leur véhicule. Mais les maisons d’impasse ne disparaissent pas pour autant. À la fin de la décennie, la NCPPC en dénombre ainsi 2 400 encore habitées, qui hébergent 2,5 % de la population de la ville, soit environ 12 500 personnes155.

152 Première femme du Président Woodrow Wilson, elle avait fait de l’éradication des taudis une croisade

personnelle. Elle meurt en 1914, deux mois avant que la loi ne soit votée. Ses derniers mots furent d’ailleurs « J’aurais été plus heureuse si la loi sur les impasses avait été votée » (“I should have been happier if I knew the

alley bill had passed”)

153 Le Congrès avait voté une loi réglementant les types de logements autorisés dès 1892, mais elle fut sans effet. 154 C. GREEN, Washington, op. cit. (note 152), p. 152-153; E. FOLLIARD, “Kaleidoscopic Career of National

Capital Mirrored Faithfully in Yellowing Pages of the Washington Post,” WP, 6 décembre 1937.

155 LCH, p. 85.

Figure 38 - Affiche de 1908 décrivant les dangers des impasses

186 En 1930, la NCPPC soumet au Congrès un nouveau projet de loi visant à l’éradication de ces habitations. Après quatre ans de discussion, le Congrès – sous l’impulsion du sénateur Arthur Capper – vote le 12 juin 1934 le District of Columbia Alley Dwelling Act. La série d’articles publiée sur le sujet par Felix Bruner en janvier de la même année n’est pas non plus étrangère au vote de la loi. La description crue et détaillée des conditions de vie dans les taudis de la ville a soulevé l’émoi156. La loi crée l’Alley Dwelling Authority (ADA), une nouvelle agence qui a pour

mandat d’éradiquer en 10 ans toutes les maisons d’impasse du District157. Les deux premiers

projets de l’ADA sont finalisés en 1941. Il s’agit des Ellen Wilson Dwellings, en l’honneur de la première épouse du président Wilson, et du Carrollsburg Housing Project158. Mais après l’entrée

en guerre des États-Unis, comme nous l’avons vu précédemment, l’ADA voit sa mission initiale suspendue et réorientée vers l’appui aux travailleurs de guerre159. La situation n’est alors pas

réglée, et elle n’est plus en voie de l’être.

3. La situation à la fin de la Seconde Guerre mondiale

En 1945, le sénateur Ellender s’insurge de la situation du logement dans la capitale fédérale américaine dans une déclaration qui donne un bon bilan de la situation :

« À la fin de la guerre, les capitales européennes qui en portent les cicatrices seront reconstruites. Nous échouerons lamentablement face à elles dans la tentative d’amélioration des conditions de vie si notre propre capitale, intacte, est abandonnée à davantage de détérioration et de délabrement. Plus de 20 % de ses logements sont de mauvaise qualité. Nous n’avons pas d’impacts de bombes, mais nous avons des taudis crasseux envahis d’animaux nuisibles et clairement surpeuplés160. »

Si la guerre interrompt les projets d’éradication des taudis en général et des maisons d’impasse en particulier, elle n’interrompt pas le travail quotidien des services municipaux, ni la réflexion sur le sujet.

156 WP, articles publiés du 7 au 16 janvier 1934 à raison d’un par jour.

157 Première agence de son genre aux États-Unis, elle est rebaptisée National Capital Housing Authority

(NCHA) en 1943.

158 S. FITZGERALD, Public Housing and New Plans of Hope, 16 février 2002.

159 “Capital Sets record For U.S. in Unalleviated Wretchedness of Slums,” WP, 6 février 1944, p. B1.

160 “When the war is over, the scarred and blackened capitals of Europe will be rebuilt. We shall fall pitifully

behind in the contest to improve living conditions if our own undamaged Capital is left to further deterioration and decay. At least 20 per cent of its housing is substandard. Instead of shell pockets, we have filthy hovels overrun by vermin and grossly overcrowded by people.” (WP, op. cit. (note 71))

187 Dans son rapport annuel de 1945, le Bureau of Public Health Engineering161 (BPHE) souligne que de plus en plus d’efforts sont mis en œuvre pour améliorer les conditions d’hygiène dans les taudis de la ville. La persistance de la pénurie de logements et la surpopulation qui en résulte ont aggravé les problèmes sanitaires « à tel point qu’il est devenu nécessaire de détacher des inspecteurs dans certains quartiers de la ville pour de longues périodes afin qu’ils combattent l’insalubrité162 » mentionne le rapport, qui détaille ensuite les sanitaires inadaptés, les toits qui

fuient, les invasions de rats et d’insectes nuisibles, et l’état de délabrement général des bâtiments.

Au-delà des associations citoyennes qui maintiennent leurs efforts dans ce domaine, le Congrès conduit sa propre enquête, par le biais d’auditions menées dans ses sous-commissions chargées du District en 1943 et 1944. Il s’agit d’un travail préparatoire au vote d’une loi pour éradiquer ces formes d’habitat. L’exposé de l’objet des auditions qui se tiennent de mai à septembre 1944 débute par un constat sans concession :

« Nous constatons et déclarons ici que d’importantes portions du District de Columbia sont devenues insalubres, ou le deviennent actuellement du fait de divers facteurs qui aboutissent à des dégradations substantielles avec des effets dévastateurs sur la santé, la moralité, la prospérité, la sécurité et le bien-être des habitants du District163. »

Dans le cadre de ces auditions, le général Ulysses S. Grant, III164 est entendu comme témoin,

en sa qualité de directeur de la NCPPC. Il présente la carte ci-dessous et expose le tableau ci- après, qui présente le bilan des 10 années de lutte contre les maisons d’impasse, à la Chambre des Représentants165.

161 Bureau d’ingénierie de santé publique

162 “It has become necessary to detail inspectors for long periods of time to various sections of the city in which

these dwellings exist for the purpose of combating the unsanitary conditions.” (RGDC 1945, p. 149)

163 “It is hereby found and declared that large portions of the District of Columbia have become, or are

becoming, blighted, owing to various obsolescing factors, resulting in substantial impairment of and with harmful effect upon the health, morals, prosperity, safety, and welfare of the inhabitants of said District.” (EAD, p. 2).

164 Petit-fils du Président Ulysses S. Grant. 165 EAD, p. 75.

188 Figure 39 - Implantation des logements d’impasse dans le District en février 1944166

Figure 40 - Nombre de logements d’impasse dans le District en 1934 et 1944

Logements Impasses Slums

Existant en 1934 2 049 190 182

Existant en 1944 1 417 147 142

Entièrement éliminés

Par la NCHA 205 17 16

Par d’autres agences publiques 138 13 11

Par des propriétaires privés 58 13 13

Total 401 43 40

Élimination partielle 231 (52)

Total 632 43 40

On y constate que le nombre d’impasses atteint 147 en 1944, pour un total de 1 417 habitations. Le nombre total d’habitants des impasses est alors estimé entre 11 000 et 12 000167.

La guerre n’a pas amélioré les conditions de vie dans les impasses. Comme elles sont périodiquement menacées d’être condamnées depuis 1914, bien peu de réparations sont

166 EAD, p. 85.

189 effectuées. Ce qui était vrai au début du siècle le reste pendant et après la Seconde Guerre mondiale. La plupart de ces logements n’ont pas l’eau courante mais des pompes à eau168 que

plusieurs maisons se partagent. Les toilettes, situées à l’extérieur, se réduisent souvent à des barils sans fond posés sur des trous creusés dans la terre, utilisés parfois par 30 personnes. Les photos en annexe 17 sont particulièrement évocatrices. Les services d’inspection municipaux169 en

dénombrent près de 1 500. En 1944, Washington compte plus de 20 000 logements sans toilettes et environ 6 800 sans eau courante170.Les habitations ne sont pas chauffées. Elles sont sales,

délabrées, parfois au bord de l’écroulement. Dans ces conditions d’insalubrité générale, les rongeurs et autres animaux nuisibles prolifèrent171. Laissons James C. Wilkes172 nous dresser le

tableau typique d’une maison d’impasse :

« Prenez une maison de quatre pièces, deux au premier étage, deux au second. Elle n’a pas de chauffage central, pas de chauffage du tout, en fait, à l’exception d’une petite cuisinière au gaz ou au charbon qu’il faut déplacer de pièce en pièce. Elle n’a ni l’électricité, ni le gaz, ni l’eau courante et pas de tuyaux d’égout. (…) Il y a en général dans la cour des toilettes extérieures, reliées au système d’égout public, ainsi qu’un point d’eau, qui sert la plupart du temps à plusieurs maisons173. »

En 1944, Edward Carr rend compte d’une enquête qu’il a réalisée avec Louis T. Breuninger à Logan Court, un quartier de maisons d’impasse délimité par North Capitol Street, 1st Street, L

Street, et Pierce Street, NE :

« Les maisons d’impasse sont toutes en brique, hautes de deux étages. Elles (…) ont des toilettes extérieures équipées de chasses d’eau. Aucun logement n’a le gaz ni l’électricité, et il n’y a aucun moyen de chauffage à l’exception des gazinières des locataires. Dans la partie nord de l’impasse, on trouve des bâtiments à deux étages prévus pour quatre familles (…). Au Sud (…) ce sont des bâtiments de deux étages avec deux pièces à chaque étage. Ces logements sont tous en très mauvais état, et bien peu est apparemment fait pour les réparer. Tous sont complètement habités. 188 personnes vivent dans les 13 maisons (…) et neuf bâtiments (contenant 36 appartements de trois

168 “water faucet on a pipe rising up from the ground” (D. BRINKLEY, op. cit. (note 62)) 169 En l’occurrence le Bureau of Public Health Engineering (BPHE).

170 WP, op. cit. (note 161). 171 RGDC 1946, p. 169-170.

172 Expert de la Home Builders’ Association of Metropolitan Washington.

173 “There is a four-room house, two rooms first floor and two rooms second floor. It has in it no central

heating plant and no heat at all except a little gas stove or a coal stove which you must move around from room to room. It has no electricity, no gas, no water in the four rooms and no sewer connection in the four rooms. (…)There is usually a privy in the back yard which is connected with a public sewer and there is also usually one spigot on a pipe attached in the back yard, although in many instances that spigot may serve more than one house.” (EAD, p. 58).

190 pièces) composant cette impasse. (…) L’impasse elle-même est propre, mais l’intérieur des logements est en très mauvais état174. »

Edward Carr remarque qu’il a visité à de nombreuses reprises des logements dans lesquels cinq personnes logeaient dans une pièce unique. Il constate par ailleurs que le secteur en question est occupé exclusivement par des Noirs.