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4.2.1. 1 Le centre-ville, espace d'intégration ou d'encastrement?

L'intégration des fonctions suppose une démarche qui prend le temps de l'assimilation d'activités nouvelles. Le centre est alors un lieu de combinaison voire de fusion de multiples fonctions. On parle de multifonctionnalité et de synthèse urbaine.

Cependant, la rationalisation de l'occupation de l'espace, induite souvent par les politiques urbaines, n'échappe pas au phénomène de concentration dans l'espace. On parle d'encastrement dès lors que le centre, lieu des échanges économiques, est inséparable du sociologique et du politique, à l'image du modèle économique produit par les sociétés traditionnelles (Karl Polanyi).

A cette réalité du centre "ancien modèle" se superposent les éléments conséquents à une métropolisation qui concentre en permanence entreprises, services et population, et augmente la mobilité et les flux de communication.

Sous l'effet de la mondialisation économique, un encastrement d'un type nouveau apparaît dans la périphérie des villes modernes [cf. Partie I-Chap. II- 2.1] et particulièrement dans les premières couronnes urbaines avec l’installation d’entreprises de haute technologie compétitive [cf. Partie

II-Chap. II- 1.2]. Il s'inscrit dans le mouvement d'une économie plus spatialisée où le centre est

désormais un lieu de pouvoir répondant davantage aux règles du Marché. La décongestion des centres et leur embellissement obéissent en réalité à un processus de mondialisation des villes avec nouvelle centralité et développement d'un tourisme urbain répondant aux normes internationales (du tourisme).

Quant à la périphérie, elle est soumise à un processus d'intégration/désintégration où l'économique, avec la concentration des entreprises et de complexes de services liés aux sièges de celles-ci, est un facteur d'intégration de l'espace urbain dans l'économie mondiale mais également de sa dissociation du centre-ville.

Constantine, engagée dans un processus de métropolisation, est toutefois en dehors de la problématique du développement urbain. Elle donne, à travers le centre-ville, l'image d'un espace encastré qui ne cesse de se densifier face à une périphérie qui ne cesse de se déployer et de se marginaliser. La ville semble hors du champ mondial et paradoxalement sous son influence. Le processus de métropolisation, sans intégrer à la réalité urbaine les éléments positifs (ceux liés au développement économique de la ville) en impose les plus négatifs, comme l'étalement urbain ou les problèmes de congestion du centre-ville. L'intégration au centre est plus une idée qu'une réalité. Les activités certes s'accumulent, se juxtaposent, se superposent, maintenant le processus de densification parfois à l'extrême, et empêchant par ailleurs les spécificités de la ville d'apparaître. La création de "nouveaux périmètres urbains rationnels", comme nous allons le voir, si elle est supposée décongestionner le centre ville et "mettre fin à la croissance dans le désordre et l’anarchie", elle n'a cependant pas arrêté les éléments contradictoires qui entretiennent l'étalement urbain.

Dès les années 90', avec l'étude du P.D.A.U., la commune de Constantine, est divisée en 10 arrondissements ou "secteurs urbains" dont les plus petits sont représentatifs de tissus anciens (appartenant à la médina et aux faubourgs coloniaux) et participent de la définition du noyau central de la métropole constantinoise.

Le découpage administratif de la ville est à l'origine d'une redéfinition des arrondissements en corrélation avec une typologie de l'aménagement urbain. Ce dernier relève d'opérations de restructuration et de rénovation des tissus urbains, avec préservation d'espaces naturels et mise en évidence de la réglementation et des mesures de sauvegarde du secteur urbain, dans l'esprit de la loi relative à la protection du patrimoine culturel (15 Juin 1998).

Le territoire du P.O.S est ainsi sollicité pour l'application des orientations retenues, par l'aménagement de périmètres d'intervention de Plans d'Occupation des Sols pour chaque arrondissement.

Secteur

urbain Superficie (ha)

%

Nombre de

logements % Population % Densité brute(hab./ha)

Sidi Rached 85 1,45 11.517 13 53.264 11,12 700 à 2.000 El Kantara 280 4,80 8.504 9,70 47.488 9,91 900 à 1.000 Bellevue 385 6,60 10.091 11,50 56.918 11,88 700 à 2.000 Sidi Mabrouk 535 9,17 40.415 46 79.060 16,51 700 à 2.000 Kitouni 545 9,34 5.228 5,96 14.481 3,02 700 à 2.000 Total secteurs centre 1830 31,37 75.755 86,45 251.211 52,46

Boudraa Salah 475 8,14 8.574 9,78 51.297 10,71 20 logts./ha

Ziadia 581 9,96 7089 8,09 39.949 8,34 40 logts./ha

El Gammas 610 10,45 6.652 7,59 38.705 8,08 40 logts./ha Les Muriers 1.119 19,18 11.140 12,71 55.220 11,53 40 logts./ha 5 Juillet 1.217 20,86 6.024 6,87 27.969 5,84 20 logts./ha Périmètre

d'intervention 5832 100 87.620 100 478.837 100 Densité agglom2. 617 hab./ha [Source: PDAU-RGPH 1998- DPAT 2000] Tableau n°18

Commune de Constantine:

Le plus petit secteur urbain est celui de Sidi Rached (n°1 sur la carte) avec un seul P.O.S et une superficie de 85 hectares très fortement urbanisée et dans lequel le Rocher est encastré [cf. Tableau

18, p.158]. La dé-densification du secteur avec la rénovation de certains tissus et activités de

service ont été de ce fait rigoureusement programmées.

Dans le prolongement sud-est du Rocher, l'arrondissement des Muriers (n° 9 sur la carte) totalise le plus grand nombre de P.O.S (soit huit), et une superficie de 1.119 hectares c'est à dire 13 fois plus grande que celle du secteur urbain précédent. Il faut toutefois rappeler que la densité de 40 logements à l'hectare est bien inférieure à celle de Sidi Rached qui comptabilise 135 logements à l'hectare.

Les types d'intervention, de par l'étendue du secteur des Muriers ont été par conséquent diversifiés, orientés vers la restructuration (pour 3 P.O.S) et la réglementation à court terme des deux plus grands P.O.S (120 ha. & 332 ha.). Le reboisement d'une zone inondable, la sauvegarde de 40 hectares et l'extension d'un P.O.S à court terme complètent l'aménagement planifié pour cet arrondissement.

La surdensification du centre-ville de Constantine est une sur- concentration des lieux par le bâti (avec juxtaposition des unités d'habitations et des infrastructures d'équipements) et un nombre important de population au niveau des secteurs urbains dont les densités dépassent les 2.000 habitants à l'hectare [cf. Tableau 18, p.158].

Du centre de l'agglomération au cœur de la cité c'est à dire au Rocher, s'opère un emboîtement des espaces avec amplification de leur densification à mesure que leur superficie diminue.

L'effet d'encastrement est accentué par la hiérarchisation du système viaire, étroit et irrégulier, et ses multiples ramifications qui le rattachent aux espaces semi-privés et impasses; ces dernières isolant, de moins en moins, l'îlot résidentiel des lieux d'activité.

Aujourd'hui, le phénomène de concentration ne cesse d'augmenter au regard de la puissance acquise par le centre. Les secteurs urbains comme Sidi Rached, El Kantara, Bellevue, Sidi Mabrouk et Kitouni, sur une superficie moindre soit 31,3% du périmètre urbain, concentrent 86,4% du bâti et 52,4% des habitants. La densité, au niveau de certains quartiers, atteint parfois 2.895 habitants au kilomètre carré.

Les cinq autres secteurs, avec une densité moindre du bâti (13,5%) et de la population (47,5%), occupent finalement plus des 2/3 de la superficie de la ville de Constantine.

En dehors du bâti résidentiel, ce sont les structures commerciales qui augmentent la densification du centre. L'activité continue à se développer, ce qui maintient l'unité du noyau urbain et participe toutefois de la surcharge du réseau de communication de la médina. Le vieux centre est un ensemble de places et de rues commerçantes où les infrastructures administratives (commune et wilaya), culturelles, médicales et de services sont omniprésentes.

Si, aujourd'hui, Constantine est classée parmi les villes algériennes dont la spécialisation relève du tertiaire c'est, d'une part au nombre d'entreprises de services (soit 21571) la classant troisième après Alger et Oran et d'autre part du fait de la concentration d'activités correspondantes dans le centre ville, c'est à dire le commerce et les services divers.

En effet, le tertiaire commercial, dominant2 dans le centre ville, représente 70% du commerce de la wilaya dont 58% pour le commerce de détail. Et, dans la médina, il concentre 83% du commerce du centre-ville1.

1 ACHERARD, Sabrina. "Métropolisation et territoires préférentiels de la mondialisation en Algérie. Le cas de Constantine" op.cit. p.197.

2ZERTAL, Samira. " Dynamiques commerciales et centralité périphérique:cas du Grand Sidi Mabrouk à Constantine ". Mémoire de Magistère en Urbanisme, année 2001. Département Architecture et Urbanisme. Faculté des Sciences de la Terre de la Géographie et de l'Aménagement du Territoire. Université Mentouri de Constantine, page 57.

L'attractivité des lieux centraux est significative par ailleurs de la fréquence2 des commerces qui ne cesse de croître. Pour la ville de Constantine, on estime un commerce pour 92 habitants3, ce qui est bien au dessus de la valeur moyenne de la wilaya (63 hab./commerce). Et, plus à l'intérieur, au sein d'un espace plus restreint, celui de la médina, la fréquence est de un commerce pour 30 habitants.

Cette mesure de la dynamique commerciale, cependant, ne rend pas totalement compte de la réalité du centre-ville d'autant qu'elle reste difficile à saisir dans un espace où la concentration par les commerces (de détail et parfois de gros) est d'autant plus forte que les rues sont animées en permanence par une double circulation mécanique et piétonne, ainsi que par la vente ambulante et le commerce informel.

I. 4. 2. 1. 2 Le commerce informel dans le centre-ville,