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4.1. 1 Aménagement du territoire de wilaya et re-centrage de la commune de Constantine….128

et re-centrage de la commune de Constantine

Constantine a changé plusieurs fois de territoire administratif. Ce qu'on appelle le département de Constantine, avant le découpage territorial de 19552 et la réforme administrative de 19563, est une vaste région de 87.578 km2 couvrant au Nord une partie des massifs kabyles et au Sud les Hautes Plaines jusqu'aux massifs de l'Atlas saharien [cf. Carte XIV ].

1 Centre National d'Études et de Réalisations en Urbanisme (CNERU). " Plan Directeur Urbanisme du groupement Constantine- Le règlement d'urbanisme", mai 1983.

2Le département de Constantine est amputé de sa partie orientale (7 août 1955) et le département de Bône (l'actuelle Annaba) est créé. Wikipédia encyclopédie Yahoo [Enligne].http://fr.wikipedia.org (page consultée le 15/09/2006). 3 Le 28 janvier 1956, une réforme administrative, visant à tenir compte de la forte croissance démographique qu'avait connue le pays, divise le département en trois parties qui devinrent le 20 mai 1957 les départements de Constantine, de Sétif et de Batna. Wikipédia encyclopédie Yahoo [Enligne].http://fr.wikipedia.org (page consultée le 15/09/2006).

La superficie du département de Constantine est réduite à 19. 899 km2 en 1956 et les départements de Sétif et de Batna sont créés à leur tour, après celui de Annaba (ex.Bône). Les aires de juridiction administrative successives sont sans commune mesure avec ce qu'on appellera plus tard, dès 1968, la "wilaya" de Constantine et dont la superficie est aujourd'hui évaluée à 2.297, 20 km2.

Le "Constantinois"1, espace régional autrefois peuplé de 1.208.355 habitants2, disparaît, et avec lui une politique non cohérente de domination du territoire. C'est la fin d'un "ordre préétabli d'une

grande cité [Constantine] isolée dans sa région"3 dont elle demeure la capitale.

Aujourd'hui, Cette même "grande cité" sollicite une politique de rééquilibrage régional pour répondre aux problèmes posés par sa croissance. Il est question désormais du "Grand Constantine", regroupement urbain peuplé de 725.620 habitants (en 2002) sur un espace réduit à 833,97 km2 [cf. Tableau n°14, p.130 ] et limité au chef-lieu de wilaya et aux quatre satellites urbains que sont El Khroub, Ain Smara, Hamma Bouziane et Didouche mourad [cf. Carte XV ].

1 Cf. Définition page 62.

2 Site sur la Population et les Limites Administratives de la France (SPLAF). "Les départements d'Algérie". [Enligne].http://splaf.free.fr/algerie.html (page consultée le 15/09/2006).

3 LABII, Belkacem. Etude du "PAW Constantine. Mission 1. Bilan, diagnostic et orientations d'aménagement. Phase 2. Elaboration de scénarios ou options d'aménagement ", Constantine 1997.

La wilaya de Constantine, "amputée" de près de 40% de sa superficie lors du découpage territorial de 1984, constitue aujourd'hui, avec douze communes et six daïra(s), l'une des plus petites wilaya(s) du pays. Cette réduction se traduit d'une part, par la perte de centres-relais tels que Mila1

et Chelghoum Laid qui, auparavant, redistribuaient "l'influence et les fonctions de Constantine" et d'autre part, par un déséquilibre entre la taille de la ville et son aire de commandement.

La commune de Constantine, quant à elle, plus centrée qu'elle ne l'était avec le découpage de 1974, est problématique par la concentration, au niveau du chef-lieu, de plus de la moitié de la population de la wilaya soit 56% (en 2002) [cf. Tableau n°14] sur une superficie qui représente 10% (231,63km2) de la surface totale de la wilaya au lieu de 6,5%.

Par ailleurs, si la densité de population à l’échelle de la wilaya est de 374 hab./km2 (DTAP 2002) celle de la commune de Constantine, pour la même année, est marquée par une forte concentration de la population soit 2.639 hab./km2.

Quant à l'agglomération de Constantine qui occupe 24% de la superficie de sa commune (zones inconstructibles et boisées comprises), elle ne cesse de croître pendant que son territoire de commandement se réduit.

Superficie(km2) Population

(Nbre d'hab.) Avant

1984 % 1998 % 2002 % Avt1984 1998

Constantine(agglomération) 429.663 56 465.021 57,35 466.000 54 31 55

Commune 463.759 60 481.947 59,43 483.000 56 231,63 231,63

Grand Constantine 574.131 75 687.865 85 725.620 84,3 1770,51 833,97 Wilaya 767.255 100 810.914 100 860.370 100 3561,7 2.297,20

[Source: Annuaire statistique des Wilayate de L'Est. Ed 1984- PUD et PDAU et DPAT de Constantine, 2002]

Tableau n°14

Wilaya de Constantine- évolution de la population et des territoires

Cependant, comme on peut le constater, plus la territorialité administrative se réduit plus l'assiette urbaine augmente [cf. Tableau 14]. Il en est de même pour la population dont l'évolution, après 1998, montre une wilaya "de concert" avec le Grand Constantine mais antinomique dans ses rapports avec la ville centre: Constantine.

A travers cet affrontement, faut-il y voir, face à un mouvement volontaire qui oriente l'urbanité vers l'extérieur, la nécessité pour l'agglomération d'un repli et d'un renforcement de l'intérieur? Cette dualité dans l'évolution urbaine n'est pas nouvelle. Elle révèle un processus d'étalement "à caractère introverti"2 déjà observé au niveau de la ville d'Alger, de même qu'elle traduit les paradoxes de l'urbanisation et cette tendance de l'espace algérien à se retourner vers l'intérieur (Marc Côte, 1988) dès lors qu’il est confronté à une logique de domination ou de planification du territoire.

Si le resserrement du territoire administratif réalise un meilleur centrage de la commune de Constantine, il oriente également vers une organisation des espaces à partir du pôle urbain (c'est à

1La ville de Mila, chef-lieu de wilaya en 1984, continue à être un centre d'appui pour Constantine et sous influence de cette dernière de par le fait de reproduire, entre autres, un bâti non-planifié cf. SPIGA-BOULAHBEL, Sassia. "L'urbain non- planifié en Algérie - de la ville par l'Etat à la ville par l'habitant". Thèse de Doctorat d'État en Urbanisme, année 2004. Faculté des Sciences de la Terre. Département Aménagement. Université Badji Mokhtar de Annaba.

2SAFAR-ZITOUN, Madani. " Alger ou la recomposition d’une métropole- Entre l’attirance de la mer et l’irrésistible expansion vers l’intérieur: le choix d’Alger" in La pensée de midi pp.30-35 [Enligne].http://www. lapenseedemidi.org/ revues/revue4/articles/5_recomp.pdf (page consultée le 13/01/2005).

dire de Constantine) vers les villes satellites d'abord, et du groupement d'urbanisme vers les agglomérations de la couronne rurale; cela afin d'éviter ce qui caractérise aujourd'hui certaines wilaya(s)1: la forte densité de population sur une petite superficie.

Il.reste toutefois contredit par la croissance d'une région urbaine autour du noyau central (représenté par la métropole) et par une forte tendance à l'agglomération (94% des habitants de la wilaya vivent dans les agglomérations) [cf. Carte XVI ].Par ailleurs, le réseau de centres urbains qui structure la wilaya de Constantine continue à se développer (33 agglomérations secondaires au lieu des 27 recensés en 1987) et à accroître ainsi la difficulté à dissocier armature urbaine et armature rurale.

L'étalement urbain, en procédant par aires urbaines2 et par dispersion de l'espace, donne finalement l'impression d'une urbanisation uniforme à l'échelle de la wilaya et d'une aire métropolitaine couvrant l'ensemble des douze communes. En réalité, la wilaya de Constantine, citée parmi les wilayas les plus urbanisées (taux de ruralité de l'ordre de 6% en 2002), reste cependant caractérisée par une importante SAU (57%), une surface forestière de l’ordre de 8% et la présence de terres improductives (3%) [cf. Fig. 3, p.64].

1 La wilaya d'Alger , avec 2.562.428 hab. (RGPH 1998) et une superficie de 7143 km2, a une densité de 359 hab./km2. 2 Superficie de l'étalement urbain évaluée dans la couronne périurbaine entre deux recensements ou deux périodes distinctes.

Il en est de même pour "la grande commune" de Constantine qui garde ses zones inconstructibles et boisées ainsi qu'un important terroir agricole1.

Cette imbrication des espaces urbain et rural, à l'évidence, a fini par relativiser l'importance des superficies naturelles ou agricoles pour ne faire ressortir que l'urgence de l'urbanisation et l'étendue de son évolution. La représentation de l'espace urbain est restée davantage liée aux disponibilités en zones "non encore urbanisées" ou "à urbaniser" qu'à l'harmonisation de la croissance urbaine. Face à l’urbanisation continuelle de la wilaya, la conformité à l’urbain et l’identification des différentes composantes de l’espace à partir du pôle urbain sont une interrogation permanente. Car, au-delà du fait de recentrer la commune de Constantine afin de mieux restructurer son espace, n'a-t-on pas eu plus le souci de la cohérence wilayale que de celle du périmètre urbain?

I. 4.1. 2 L'évolution de Constantine entre périmètre urbain institutionnel et périmètre d'agglomération

La problématique de la croissance urbaine, désormais, se différencie de celle de l'étalement urbain. La croissance urbaine devient un indicateur partiel du développement urbain.

L'étalement urbain, dès lors qu'il est à l'origine de territoires dispersés et fragmentés, pose la question de ou des périmètres de référence (ou institutionnels) et remet ainsi en cause le système de cohérence jusque là admis et la représentation que l'on se fait en général de la cohérence spatiale.

Face à la préoccupation de l'unité urbaine (caractéristique de la continuité du bâti) et celle de la pertinence du périmètre urbain, le développement de Constantine est pris entre un mouvement démographique continu et celui d'une urbanisation dont il devient difficile de freiner l'évolution. Ensemble, ces dynamiques substituent au périmètre institutionnel celui qui se constitue suite à un processus d'agglomération.