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Le cas montheysan

Chapitre 4. L’affrontement de 1831

A. Le cas montheysan

Le conflit avait largement débordé les frontières du dizain de Martigny ; tout le Bas-Valais semblait en crise. Le bastion libéral montheysan ne pouvait certes pas rester hors du jeu ; il était très perméable à la contestation. La situation de 1831 rappelait l’émeute de 1826 où les autorités avaient dû faire face aux révoltés qui n’admettaient pas les cadres politiques du dizain.

Le clan Zumoffen se greffait sur toutes les contestations. L’année 1831 lui était favorable. Dès le mois de janvier, Zumoffen se mit à prendre contact avec les insatisfaits de Monthey, Collombey, Vionnaz et Troistorrents. Le 17 janvier, il réunit ses lieutenants à la «maison jaune». La technique de Zumoffen était plus organisée, plus révolutionnaire que celle des Martignerains. Pour lui, il fallait modifier les données institutionnelles du pays.

Pierre-Antoine Zumoffen voulait la représentation proportionnelle, la publi-cité des séances de la Diète, la réorganisation des tribunaux, l’abolition des droits sur le bétail, des droits d’entrée, du droit de patente, la suppression des bureaux de tabac et l’attribution des droits politiques aux marchands non communiers. Son programme ouvertement libéral utilisait une tactique démagogique ; ses émis-saires devaient soulever le dizain en prétendant que le pays était à la veille de rece-358 Nous utilisons l’étiquette «démocrate-libéral» pour le notaire Fusey qui sera par la suite membre de la Constituante libérale de 1839 et pour l’instituteur J. N. Rausis (1798-1844) fondateur d’un institut pédagogique libéral à Martigny (1827-1832), sérieusement mêlé au conflit de l’ensei-gnement mutuel (voir note 83). Ils représentent la tendance libérale de l’Entremont, qui se cherche et est très différente du libéralisme montheysan déjà installé et opposé au mouvement. – Ils sont démocrates également par le fait qu’ils s’intéressent aux revendications populaires, comme Joseph Gross d’ailleurs, qui a joué le jeu du clergé mais dans ses propres intérêts. Gross sera également député à 1a Constituante de 1839. Joseph était le frère du célèbre César Gross, futur cofondateur de la Jeune Suisse. Joseph Gross était en relation avec Etienne Claivaz. Enfin, nous pouvons qualifier de libérale la tendance de Frédéric Gard, père de Louis Gard, le corres-pondant «radical» de L’Helvétie, puis de La jeune Suisse. Journal de Nationalité. Quant à Clai-vaz, Le Nouvelliste vaudois du 31 mai 1831 le considère comme «éminemment patriote». Pour-tant, la Gazette de Lausanne du 18 juin 1833 le qualifie de «champion du parti prêtre». Il s’agit là d’une interprétation de correspondants ; Claivaz pourrait sembler la plaque tournante entre les débuts réactionnaires de l’insurrection et la phase démocratique qui suivit. Zumoffen rapporte, dans sa déclaration, devant la commission d’enquêtes que son oncle Guillot l’avait entendu dire que «les tribunaux du Valais pouvaient agir selon leur bon plaisir». Zumoffen utilisa cette décla-ration du magistrat martignerain pour justifier ses attaques contre la jurisprudence valaisanne dans La Constituante, Gazette vaudoise (voir AEV, DI, 46, Protocole de la commission d’en-quêtes sur les troubles de Martigny (août 1831-décembre 1832), séance du 20 septembre).

voir des lois «par lesquelles ceux qui parleraient contre les conseillers, les révé-rends Curés, seraient incarcérés et qu’on ne les reverrait jamais plus, à la manière de l’inquisition espagnole»359.

Selon Zumoffen, le maintien des conseillers à douze ans de charge conduirait infailliblement aux conseils à vie, et de là à l’absolutisme et au régime inquisito-rial. Le notaire était habile ; il essaya de convaincre les conjurés de l’appui de cer-tains milieux haut-valaisans. Il entretenait des contacts avec le président de Sal-quenen qui s’était déjà rendu dans l’Entremont pour inciter la population à demander des changements. Zumoffen, décidé, utilisait tous les moyens. Un de ses lieutenants avait essayé d’entrer en relation avec le notaire Pottier, mais sans succès.

On planta un arbre de la liberté ; les chances de réussite étaient minces. La population de Monthey n’était pas aussi agitée que celle de Martigny. De plus, Zumoffen était fortement libéral et les conservateurs ne se seraient pas avisés de le soutenir contre les autorités du dizain. Qui plus est, l’émeute paraissait une simple querelle, la reprise des troubles de 1826. Zumoffen était à l’époque partisan du clergé ; comment aurait-on pu le croire maintenant qu’il parlait des droits du peuple ? Les autorités étaient averties. En mai, elles avaient la situation en mains. Lorsque la contestation de Martigny atteignit son paroxysme, vers la fin mai, alors que les autorités cantonales ne paraissaient pas savoir que faire, le président du dizain de Monthey, Pierre-Louis Du Fay, réunit son conseil et interdit toute nouvelle plantation d’arbre de la liberté. Il déclara responsable de manifestation anarchique «quiconque se rendrait coupable d’un délit si grandement et si perni-cieusement antisocial»360. Les autorités libérales se désolidarisaient de l’insurrec-tion. Elles donnaient au gouvernement les armes de la répression.

Cette attitude était une arme à double tranchant. Elle permettait de sauver un état «progressiste» nuancé de tendances libérales ; elle coupait toute tentative réactionnaire et tout cancer démocratique. Elle fournissait imprudemment de nou-veaux arguments à un adversaire aussi intelligent que Zumoffen. Lors de la répres-sion, ce dernier réussit à s’échapper ; «il se rendit à son loisir, à Lausanne, où il trouva de nombreux amis et même des patrons de la sainte cause pour laquelle les oligarques de son pays le persécutaient»361.

C’est alors qu’il déclencha la plus violente campagne de presse que connut le Valais de la Restauration362. Avec l’appui du rédacteur Leresche et d’un certain nombre de correspondants, parmi lesquels son oncle Guillot, Zumoffen se mit à narrer les événements de l’année dans La Constituante, Gazette vaudoise. Il éta-blit un précis historique où il accentuait le caractère populaire et social des péti-tions de janvier et de l’insurrection de mai. Il résumait les vœux des pétitionnaires en trois points : les Conseils de commune devaient être nommés directement par le peuple, la durée des fonctions réduite, les changements apportés à la loi organique soumis à la sanction du peuple. A ces trois revendications politiques s’ajoutaient deux souhaits sociaux : la création d’un bureau d’hypothèques et l’abolition de la

359 AEV, DI, 42.1, Troubles politiques à Martigny (1831-1834), Constitut de Zumoffen. De manière générale, sur l’activité de Pierre-Antoine Zumoffen pendant les troubles de 1831, voir AEV, DI, 46, Protocole de la commission d’enquêtes sur les troubles de Martigny (août 1831-décembre 1832), séances des 16 et 20 septembre 1831.

360 DERIVAZ, Mémoires, III, p. 122.

361 Idem, p. 130.

ferme du tabac363. Le journal se mit à dénoncer également l’intervention militaire, à ridiculiser la politique gouvernementale et à attaquer le clergé, considéré comme oppresseur du peuple, ainsi que les «prétendus libéraux» montheysans. Zumoffen revint à l’épisode de 1826 « pour [...] donner une idée de la manière dont la justice est administrée chez nos frères des bords du Rhône»364.

La polémique se déclencha à la fois contre l’Etat et contre les autorités mon-theysannes. Le journal en voulait particulièrement au notaire Félix Pottier qui avait eu l’imprudence de rédiger un mémoire de sept pages in-folio pour réfuter «quelques-uns des articles qui nous ont été fournis par notre correspondant»365.

Pottier fut considéré comme un véritable hypocrite qui aurait trouvé n’im-porte quoi libéral en Valais ! Il aurait, paraît-il, été capable de montrer

qu’il est utile qu’on n’ait nullement égard à la population dans la représentation natio-nale, [...] qu’il est bon que le peuple ne nomme que les Conseils de commune [...] Il vous prouvera encore, s’il le veut, que notre éducation nationale est des plus avan-cées, que nous avons partout des écoles d’enseignement mutuel, des écoles normales [...], qu’un journal à nous, un bureau d’hypothèques, une maison pénitentiaire, un code bien rédigé etc., seraient choses dangereuses ou superflues366.

La polémique dura pratiquement jusqu’à la disparition du journal, en sep-tembre 1832367. Elle révélait pour la première fois une profonde scission entre les clans libéraux du Valais. Le journal vaudois attaquait la conception libérale d’évo-lution lente qui animait le Conseil d’Etat. Il dénonçait cette connivence comme attentatoire aux intérêts du peuple. Il n’était cependant pas encore question for-mellement de radicalisme. Zumoffen rentra dans le rang en 1833368.

B. «La bible des anarchistes»

La campagne de presse de La Constituante, Gazette vaudoise ne fut pas la seule manifestation du conflit d’opinion que dut livrer le gouvernement valaisan. Les troubles de Martigny étaient à peine terminés que paraissait, à Genève, une brochure anonyme d’une violence encore extraordinaire. L’arbre de la liberté

en Vallais, en 1831présentait à son tour la crise du régime, mais sous un angle beaucoup plus systématique et peut-être plus insidieux que le journal vaudois.

L’auteur commençait par analyser la loi organique de 1826. Il en présentait tous les rouages antidémocratiques et la prétendait anticonstitutionnelle puis-qu’elle s’opposait à l’article 2 de la Charte de 1815 qui déclarait le Valais un Etat 363 La Constituante, 14 juin 1831.

364 Idem, 7 juillet 1831.

365 Idem, 12 septembre 1831.

366 Idem, 24 octobre 1831.

367 La polémique prit une tournure particulièrement aiguë avec l’affaire Gaudard. Gaudard était un lieutenant du génie qui se trouvait en permission à Saint-Maurice sous les ordres du colonel Forrer, au moment des troubles. Correspondant du journal, il avait communiqué, à la demande d’un certain Jost (Victor Jost, président de Conches), des numéros de La Constituante au grand bailli de Sépibus qui lui avait répondu que ce n’était là que calomnies et mensonges publiés par le rédacteur Leresche. Gaudard n’apprécia pas du tout cette interprétation et affirma qu’un magistrat, le premier d’une république, ne pouvait se permettre de prétendre, sans preuve, qu’il s’agissait là de calomnies (lettre du 10 juillet 1831, supplément au n° 83 de La Constituante). L’affaire s’aggrava, la polémique publique irrita la susceptibilité des magistrats valaisans. Sur toute cette affaire, voir AEV, 1001, Protocole des séances du Grand Conseil [Diète cantonale], vol. 9, juin 1831. Annexes, copie d’articles extraits de La Constituante sur le Valais. Sur l’élabo-ration d’un réquisitoire contre les articles du journal incriminé, voir aussi AEV, DI, 37.1.1, Incri-mination des compte rendus et des articles de La Constituante, Gazette vaudoise (1831-1832).

libre, régi par la même Constitution et par les mêmes lois369, doté d’un gouverne-ment démocratique.

Le pamphlet opposait ironiquement la liberté des «chers frères du Haut-Valais qui ont repoussé pour eux, avec indignation, dans le temps, la loi organique»370, au joug qui écrasait le Bas. Cette différence de traitement provenait de ce que la loi organique avait été élaborée et acceptée sans l’avis du peuple et qu’elle fut impo-sée

avec le secours de ceux des dizains du Haut-Valais, qui l’ont votée pour nous […] [par] quelques-uns de ces hommes qui sont toujours les grands amis, les zélés protec-teurs du peuple, les intrépides défenseurs de ses droits et de ses libertés, quand ils croient que cela est utile à leurs intérêts personnels, mais qui ne sont pas moins zélés et pas moins braves à nous donner des chaînes quand ils pensent que cela leur convient371.

Cette apostrophe pouvait paraître destinée aux libéraux en place ; elle visait pourtant les aristocrates, en particulier deux «champions» passés maîtres dans l’art de tromper le peuple372.

La loi organique était un carcan destiné à maintenir le peuple sous la coupe des oligarchies communales. La brochure décrivait ensuite les diverses phases de l’insurrection de Martigny et déplorait la conduite du gouvernement qui avait fait intervenir l’armée alors qu’il ne devait ignorer ni l’injustice de la loi de 1826, ni «les circonstances critiques du temps où nous vivons»373. Cette constatation nou-velle tentait de rapprocher la «révolution» valaisanne des manifestations libérales des autres cantons. Dans sa proclamation du 29 mai, le gouvernement

qualifie ceux qui ont planté l’arbre de la liberté, de séditieux, de rebelles, de factieux ; il appelle cet arbre, l’arbre de la licence, un objet de scandale public […] Nos chers confédérés qui, dans plusieurs endroits, nous ont devancés, dans la plantation des arbres de la liberté, doivent être aussi flattés du compliment que nous374.

L’auteur analysait ensuite la proclamation du 29 mai pour la réfuter mot à mot. Une idée était destinée à un effet remarquable dans un Etat clérical :

Vous avez été fort scandalisés de la devise, religion, ordre et liberté, placée à Marti-gny et ailleurs sur les arbres de liberté [...] Nous vous prions [...] de nous laisser croire,

368 Sur l’attitude politique de Zumoffen, voir aussi chapitre 3.III.C. Remarquons qu’en 1836, au moment où les problèmes des réfugiés passionnent l’opinion, la situation est renversée. On accuse alors Zumoffen et c’est Pottier qui devient l’ami du peuple : «Un magistrat du Valais vient de fournir son échantillon d’obséquiosité aux exigences tyranniques de la Sainte-Alliance des rois. Et c’était à M. Zumoffen, l’un des coryphées de la révolution bas-valaisanne, en 1831, réfu-gié lui-même, pendant plusieurs mois dans le canton de Vaud, et que le peuple de Monthey trompé par des apparences de patriotisme, a depuis élevé aux places de châtelain et de vice-pré-sident de la ville, et dernièrement nommé capitaine de la cible, qu’était réservé l’honneur de jouer le rôle odieux de délateur [...] Zumoffen [...] demanda l’expulsion des réfugiés qui se trou-vaient à Monthey. M. l’avocat Pottier, président du conseil, donna ici une nouvelle preuve des sentiments qui animent ce généreux citoyen en défendant hautement la cause des martyrs de la liberté et de la sainteté du droit d’asile.» La jeune Suisse, 9 septembre 1836.

369 RL, III, Constitution de la République et du canton du Valais du 12 mai 1815, art. 2, p. 1.

370 L’arbre de la liberté en Vallais, en 1831, p. 6.

371 Idem, p. 8.

372 Le pamphlet ne les nomme pas. De Rivaz précise que «c’est surtout à M. le trésorier [M. de Courten] et à M. Macognin de la Pierre que l’auteur du libelle en veut le plus.» (Mémoires, III, p. 143). Il ne s’agit donc pas des deux Conseillers d’Etat libéraux Dufour et Morand.

373 L’arbre de la liberté en Vallais, en 1831, p. 15.

à nous, que la religion s’allie beaucoup mieux avec la liberté et l’égalité des droits politiques, qu’avec les privilèges, l’esclavage et l’oppression ; et c’est là une vérité que nous nous offrons, si vous 1e souhaitez, à vous prouver plus tard375.

Une attaque publique aussi construite, dirigée à la fois contre les cadres du pays et contre ses piliers aristocratiques et cléricaux était un élément nouveau en Valais.

Le gouvernement ne connaissait pas les auteurs de la brochure. Il entreprit de rédiger une réponse pour réfuter les arguments qualifiés de perfides

d’un certain parti dont les démarches ténébreuses, mais qui percent par-ci par-là, n’ont pas peu favorisé les malheureux troubles du Valais, d’un parti qui voudrait exclure des emplois les hommes éclairés et assez courageux pour résister à son égoïsme et à son invasion dangereuse dans l’Etat376.

La réponse du Conseil d’Etat tente de démontrer que la candidature n’est pas née en 1826 : «que des mœurs d’une partie de la population, elle a passé dans la législation écrite pour éclairer les choix du peuple, pour rendre plus difficile la recherche des emplois par des moyens que réprouve l’honneur ou la délica-tesse»377. Elle insiste sur l’idée d’anarchie contenue dans la brochure. Après avoir démontré la différence qui oppose la liberté naturelle «de l’homme isolé» préconi-sée par l’auteur du pamphlet à «la liberté légale» de l’homme en société, elle sou-ligne que

c’est donc une hérésie révoltante en politique de prétendre que les citoyens ont une liberté, des droits en dehors de la Constitution et des lois rendues par les autorités éta-blies par cette convention générale ; il est évident qu’elle est destructive de toute société, de tout gouvernement quelconque378.

La brochure est devenue «la Bible des anarchistes, de tous ceux qu’un pouvoir régulier, ferme et indépendant épouvante». Cette anarchie était une combinaison destinée à «arrêter une marche prudemment dirigée vers des améliorations sociales, entreprises en dépit des efforts récalcitrants de la routine et de l’intérêt particulier»379.

La Constituante, Gazette vaudoiseentra alors en jeu et dénonça cette contre-brochure gouvernementale comme une pure émanation de la pensée jésuite et aris-tocratique destinée à faire croire au peuple que «les patriotes sont tous des igno-rants, ou des gens tarés perdus de réputation, et les prêtres libéraux, des hypocrites»380.

Tout cela parce que les employés du gouvernement commençaient à se demander si les véritables auteurs de la brochure révolutionnaire n’étaient pas des chanoines de l’Abbaye de Saint-Maurice : «quelque chose les défrise. Voici que

375 Idem, p. 25-26.

376 Fragments imprimés d’un projet de réponse à L’arbre de la liberté en Vallais, en 1831. Ces frag-ments se trouvent aux AEV, DI, 37.1.1, Incrimination des compte rendus et des articles de La Constituante, Gazette vaudoise (1831-1832). La riposte gouvernementale devait s’intituler Réponse au libelle intitulé l’arbre de la liberté en Valais. Selon Bertrand, elle devait compter 140 pages et aurait coûté 1’400 francs non compris les frais d’impression (voir BERTRAND, «Au ber-ceau de la presse valaisanne», p. 35).

377 AEV, DI, 37.1.1, Incrimination des compte rendus et des articles de La Constituante, Gazette vaudoise (1831-1832), projet de réponse, p. 17-18.

378 Idem, p. 25.

379 Ibid.

plusieurs de nos prêtres, comme cela se voit en d’autres pays, guidés par leurs lumières et leur conscience, commencent à se déclarer pour le parti libéral»381.

Les auteurs du contre-projet gouvernemental, qui ne sera d’ailleurs jamais publié, n’étaient pas que des jésuites et des aristocrates, du moins pas pour La

Constituante, Gazette vaudoisequi soupçonnait fortement les «ci-devant libéraux montheysans». Il faut reconnaître que Pottier, particulièrement, n’avait rien fait pour éviter de telles attaques. La Constituante, Gazette vaudoise s’en prend vio-lemment aux sphères dirigeantes du Valais. Selon elle, le libéralisme montheysan n’est qu’un leurre :

[…] M. l’avocat Pottier vient de quitter la capitale, après y avoir passé environ sept semaines, à la grande satisfaction du gouvernement qui doit l’avoir traité avec des égards tout à fait particuliers. Il a de bonne raison pour cela. M. Pottier, il faut l’avouer, ci-devant libéral, est un des hommes les plus spirituels du Valais ; c’est une de nos meilleures plumes, et c’est chose assez rare qu’une bonne plume en Valais. Aussi, depuis que quelques-uns de nos ci-devant libéraux sont arrivés au pouvoir, on remarque que notre gouvernement est plein d’attention pour M. l’avocat Pottier ; on voit qu’ils ont besoin de lui et surtout de sa plume. On pense même que son séjour à Sion ne sera pas inutile, et l’on s’attend maintenant à voir paraître sous peu une réfuta-tion complète de L’arbre de la liberté en Valais, dont, malgré d’innombrables recherches, on n’a pu encore parvenir à découvrir l’auteur382.

La Constituante, Gazette vaudoisepouvait se féliciter de la tournure des évé-nements qui lui permettait de fustiger à loisir tous ses ennemis.

Pendant ce temps, l’enquête gouvernementale suivait son cours. Le président du dizain d’Hérens, Bovier, se rendit plusieurs fois, à Lausanne, aux imprimeries de la Gazette vaudoise et, à Genève, à l’imprimerie Vignier, pour découvrir les auteurs de l’opuscule anarchiste. Le gouvernement suspectait un lien direct entre les deux sources383. Quoi qu’il en soit, le zèle de certains fonctionnaires comme Bovier ou Cocatrix, président du dizain de Saint-Maurice, et celui des aristocrates comme Macognin de la Pierre, finit par découvrir les responsables. Ces agents du