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Chapitre 3 : Les cadres théoriques

1. Les différentes théories de l’apprentissage

1.1 Le behaviorisme

Qui n’a pas voulu trouver la formule magique permettant d’automatiser l’enseignement pour résoudre les problèmes de l’apprentissage ?

Une des premières méthodes d’enseignement programmé est le courant psychologique appelé behaviorisme qui permet une certaine standardisation de l’enseignement. Le behaviorisme est développé par les psychologues à partir du début du vingtième siècle. Le behaviorisme détrône l’éducation correction et permet une avancée significative pour favoriser les apprentissages. « Le professeur » enseigne de manière fragmentée une somme de connaissances qui au final doit aboutir à « la connaissance ». Dans ce modèle, l’enseignant dirige, contrôle et maintien une certaine verticalité dans sa posture de « Maître ». La salle, l’amphithéâtre sont disposés avec une verticalité qui donne à l’apprenant un statut passif, il doit prendre des notes pour plus tard être capable de les reproduire lors de l’évaluation. John Watson (cité par Dube) déclarait en 1925 : « Donnez- moi une dizaine d’enfants bien portants, bien conformés et mon propre milieu spécifique pour les élever et je garantis de prendre chacun au hasard et d’en faire n’importe quel type de spécialiste existant : docteur, juriste, artiste… et même mendiant et voleur, sans tenir compte de ses talents, penchants, tendances, capacités, de sa vocation ni de la race de ses ancêtres ». Cette citation met en évidence cette volonté de mécaniser l’apprentissage pour le rendre reproductible quel que soit la cible. Ainsi et toujours dans la même lignée de pensée, nous pourrions dire que l’homme n’est que le reflet de son milieu, que le résultat des conditionnements qu’il subit. La thèse du « modelage » mise sur l’environnement externe pour transformer et former les élèves. La notion de stimuli est emblématique de cette théorie d’apprentissage. L’apprentissage est basé sur des stimuli frappant les organes des sens conduisant à des réponses. Les comportements des individus sont des réactions par rapport à des stimuli venus du monde extérieur. A stimuli identiques, réponses identiques. Le formateur ne se préoccupe pas de ce qui se passe dans la tête du sujet, il développe des compétences par les stimuli provoqués.

Nous présentons les deux lois qui régissent le béhaviorisme :

- La loi de l’exercice : les connexions entre les situations et les réponses sont renforcées par l’entraînement

- La loi de l’effet : une connexion est renforcée ou affaiblie par l’effet de ses conséquences.

L’individu adopte un comportement lui permettant d’éviter des renforcements négatifs, et au fil du temps, d’augmenter les renforcements positifs. C’est une avancée significative puisque l’apprentissage et l’éducation sont associés à la valorisation et au plaisir (Skinner, 1968). Pour Kao, Adamson, Tatman et Berbaum (1999) « Il s’agit de toutes les manières de faire qui utilisent le renforcement, la récompense, pour obtenir l’association entre une situation et une réponse sans faire explicitement appel à une

contribution raisonnée du sujet » (p.59). Dans ce modèle le sujet a un rôle passif. Il n’est pas au centre, il subit l’enseignement. La répétition permet l’automatisation. Cette théorie a conduit à des pratiques pédagogiques appelées pédagogies traditionnelles. C’est le cours magistral, l’enseignant présente un savoir ou une technique et l’élève se l’approprie en le répétant ou en le reproduisant. L’idée est de le faire passer du statut d’ignorant à celui qui sait, la personne est considérée comme vierge de connaissances. La pédagogie est appelée pédagogie frontale. Skinner (1968), va tirer des enseignements afin de les appliquer dans la sphère pédagogique. Il utilise à travers sa théorie quatre principes permettant d’améliorer l’efficience de l’apprentissage :

- L’apprenant doit être actif dans l’apprentissage,

- Le principe des petits ruisseaux qui feront des rivières (étapes et morcellement de l‘apprentissage),

- Chaque apprenant est susceptible d’apprendre à son propre rythme, - Garder l’apprenant dans un climat favorable (limiter l’échec). Nous pouvons critiquer cette théorie par différentes remarques :

- Le savoir est déversé sans prise en compte des savoirs préexistants des apprenants. La pédagogie est centrée sur la logique d’exposition du maître, - L’appropriation est souhaitée par la répétition du cours et/ou des savoir- faire techniques. L’enseignant démontre une technique et l’élève se l’approprie, en la reproduisant et en la répétant.

- Les savoirs disponibles peuvent être transmis et restitués par l’apprenant sans altération comme un capital de connaissances. On peut imaginer que les connaissances s’empilent comme des objets simples.

- Les obstacles d’apprentissage ne peuvent pas être déstabilisés

La critique de cette théorie est que les expériences réalisées sur des animaux ont été rapidement transposées à l’homme. Les behavioristes ne prennent pas en compte les savoirs préexistants de la personne, ses demandes, ses projets. Selon Donnadieu, Genthon et Vial (1998), « L’apprentissage y est conçu dans une logique adaptative, comme la sélection d’une conduite dans un répertoire de conduites disponibles. Après une série d’essais et d’erreurs, d’entraînements, l’apprenant sélectionne la réponse comportementale qui est la plus adéquate au problème à résoudre ou qui produit une adaptation optimale à la situation. » (p.18). Ainsi, selon nous, ce type de pédagogie n’invite pas à la réflexion, à la compréhension et à la production mais plutôt à la simple restitution. Dans l’environnement proche à notre recherche, nous pouvons contextualiser cette théorie dans l’apprentissage d’un geste technique qui par répétition de viendra mécanique et inconscient au fil du temps. L’apprenant regarde faire son tuteur puis le reproduit sans forcément mettre des liens avec les séquences théoriques. Nous sommes dans l’apprentissage vicariant.

En résumé, le paradigme béhavioriste, analyse l’enseignement comme un processus-produit. Il cherche également à mettre en évidence des relations de causalité entre les élèves et le formateur (en termes de comportement). Ce courant a pu aussi mettre en évidence des stratégies efficaces en modélisant le comportement des formateurs par un enseignement fournissant des explications détaillées, des feedbacks fréquents et la correction des erreurs durant l’apprentissage. Nous retrouverons dans nos modalités pédagogiques des traces de cette théorie.