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Chapitre 2 : La simulation

6.5 Compétences comportementales

King et al. (2016), proposent une étude sur le thème de la prise en charge interdisciplinaire entre infirmières et kinésithérapeutes dans le secteur de la pneumologie. L’objectif étant de tester deux modes d’apprentissages afin d’améliorer la communication infirmière-kinésithérapeute. Le premier étant le patient standardisé et le second patient standardisé associé à la simulation. Quelle que soit la méthode, les élèves ont trouvé l'expérience bénéfique et ont apprécié l'occasion de mieux comprendre les rôles de chaque acteur de soins à travailler ensemble pour aider les patients insuffisants respiratoires. Trois études utilisent un programme informatique interactif pour la transmission de compétences. La première (Henry, Douglass, & Kostiwa, 2007) traite de la gériatrie avec comme objectif, le développement de l’empathie et la compétence de prise en charge des déficits visuels, auditifs et de mobilité d’une personne âgée. L’évaluation se faisait par un questionnaire d’anxiété, et la notion de positivité lors de l’intervention. Les résultats montrent une diminution de l’anxiété et une amélioration de l’empathie envers la personne âgée.

Les deux autres études utilisent « second life » comme champ virtuel de simulation. La première (Sabus, Sabata, & Antonacci, 2011) permet aux kinésithérapeutes de mettre en place un environnement à domicile le plus propice possible selon les caractéristiques du patient. Le raisonnement clinique est évalué et permet d’objectiver un haut niveau de prise de décision clinique favorable. La seconde étude (Seefeldt et al., 2012), est basée sur l’hypothèse que ce moyen de simulation serait favorable au développement de l’interdisciplinarité. Elle permet d’analyser l’adaptation à autrui, sa flexibilité et son adaptabilité dans le travail. Ces études sont qualitativement faibles avec un score de MERQSI de 7.5 et 12.5 sur 18. De plus, sans groupe contrôle (sauf dans l’étude de Sabus).

En conclusion, ces études révèlent que les étudiants apprécient l'apprentissage expérientiel qu'ils ont reçu. Les paramètres de communication sont améliorés, l’anxiété est diminuée. L’interdisciplinarité est aussi un élément de développement positif dans ces études.

Ohtake et al. (2013), devant le manque de pratique clinique des physiothérapeutes dans un secteur de réanimation ou de soins intensifs, pensent que la simulation semble être une alternative pour former les apprenants. L’objectif de la recherche étant d’évaluer la prise de confiance des apprenants ainsi que leur satisfaction au cours de la séance de simulation. Au final, les étudiants améliorent leur « confiance » dans la prise en charge et acquièrent plus de connaissance. Leur satisfaction au cours de la simulation est également très positive.

Cinq études, établies sur des prises en charge en soins intensifs ou réanimation, évaluent les capacités d’adaptation à des situations critiques spécifiques. Les trois études suivantes (Shoemaker et al., 2009 ; Silberman, Panzarella, & Melzer, 2013 ; Smith et al., 2012) n’ont pas de groupe contrôle et de plus, utilisent des évaluations non validées par les communautés scientifiques. Le score de MERSQI est bas pour ces trois études. Elles montrent que les séances de simulation permettent de diminuer le stress lié à la situation critique, améliorent la confiance en soi dans la prise en charge du patient. Ce mode pédagogique est très valorisé par les étudiants. Par ces conclusions, il faut également noter que, le score de MERSQI est de 16 à 14.5 sur 18 selon les études.

A la lecture de ces études, il paraît intéressant d’utiliser la SHF pour accroître les compétences de raisonnement clinique face à une situation critique (respiratoire ou cardiaque). Le comportement, le savoir- être des apprenants est aussi sensible à ce type d’apprentissage.

Reeves (2002) permet dans la mise en place de l’expérience d’évaluer la perception des apprenants étudiants en médecine, infirmières, ergothérapeutes et kinésithérapeutes lors de pratique de simulation. Les patients étudiés avaient des pathologies orthopédiques ou rhumatologiques. L’évaluation se faisait par des entretiens semi-directifs, observations et questionnaires. Les résultats démontrent que les apprenants ont vraiment apprécié le mode de simulation et qu’ils pensent être préparés au mieux pour de futures pratiques. Les patients ont eux aussi coté leur satisfaction de manière très positive.

Limites de la simulation

Il est intéressant d’établir un regard critique sur la simulation et d’en connaître ses limites. Ainsi, Ohtake et al. (2013), Shoemaker et al. (2009) analysent le coût financier d’une séance de SHF. L’une évalue le coût à 35000 dollars et l’autre à 50000 dollars. Il faut également y associer le temps nécessaire à l’élaboration des scenarii ainsi que le temps consacré à construire la séance. Nous avons déjà évoqué cette surcharge financière dans la partie sur la simulation et nous retrouvons globalement les mêmes données en simulation pour les rééducateurs.

En conclusion, nous pouvons dire que l’ensemble des études indique qu’un environnement de simulation peut permettre de développer les compétences des apprenants, améliorer le raisonnement clinique et modifier le comportement au cours des soins (stress, communication). Notons également que les séances de simulation peuvent remplacer des périodes de stage clinique sans en modifier les acquisitions.

A la lecture de ces études, la simulation nous apparaît intéressante sur l’acquisition des compétences. Dans son utilisation, nous nous posons la question sur son rôle préparatoire à la situation clinique. Permet-elle de reproduire avec succès les conditions réelles de pratique ? Pouvons-nous la mettre à la place d’un enseignement clinique au chevet du patient ?

6.6 La procédure technique de notre étude :