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Chapitre 1 : Le contexte professionnel : La kinésithérapie

7. L’universitarisation

Nous venons de présenter la formation initiale en masso-kinésithérapie avec une période de formation centrée sur la didactique disciplinaire, puis depuis peu de temps, une formation initiale basée sur les compétences métiers. Cette réforme du 2 Septembre (2015) va non seulement engendrer des modifications dans les contenus pédagogiques mais également au niveau de la gouvernance des instituts de formation paramédicale. Un rapprochement entre les instituts et l’université est en cours. Cette restructuration va avoir des incidences sur les recommandations pédagogiques notamment sur l’utilisation de la simulation comme modalité pédagogique. C’est ce que nous proposons de décrire dans cette partie.

Les professionnels de santé représentent à l’heure actuelle 1.9 millions d’individus. Autant dire que cette population, notamment en formation initiale détient un impact important sur la santé des français. Nous comprenons que la qualité de la formation reste un enjeu majeur pour le système de santé de demain. Cette évolution du fait de la mutation de notre société doit permettre une adaptation concrète avec notre vie de demain. Ainsi faisant suite à la réingénierie des différentes formations initiales paramédicales, nous sommes plongés maintenant dans la phase d’universitarisation. Les rapports se succèdent pour favoriser cette transition et ce changement de paradigme. Depuis une quinzaine d’année environ, un certain nombre de rapports ont alimenté cette complexe mise en place avec des freins culturels,réglementaires mais aussi institutionnels. Dans les régions, des initiatives allant dans ce sens ont été déjà expérimentées. En Juin 2017, le rapport IGAS14 s’intitule « Pour une meilleure intégration des formations paramédicales à

l’université : mise en œuvre des mesures de la Grande conférence de santé »15. L’objectif

de ce travail était d’examiner les modalités de mise en œuvre suite à la grande conférence de santé, de quatre mesures principales. Nous avons retenu uniquement celles concernant la formation initiale :

- L’évaluation de l’offre de formation des professionnels de santé

- Le renforcement de la place de l’université dans ces formations (son intégration dans le schéma LMD)

- L’intégration de formations paramédicales dans le processus d’évaluation de l’enseignement supérieur.

14 Rapport IGAS : http://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/2016-123R.pdf

15 Grande conférence de santé est un travail de concertation entre tous les acteurs de la santé (tous les modes d’exercices existant) permettant par la suite au gouvernement en place d’élaborer une feuille de route sur la formation et l’exercice des différents professionnels.

Ce rapport conclut par « Il appelle à un pilotage fort des régions et de l’État, dans le cadre de leurs compétences respectives pour une meilleure intégration des formations paramédicales à l’université, accélérant réingénierie et reconnaissance des formations, simplification du parcours de l’étudiant et renforcement de ses droits, innovation pédagogique, par le numérique et la simulation, au bénéfice de l’ensemble des formations paramédicales et des territoires ». A travers ce rapport, nous pouvons souligner le développement de la simulation comme objectif afin d’améliorer le transfert des connaissances en savoir-faire des apprenants. Il souligne également que « A titre d’exemples, les deux types d’outils que sont le numérique et la simulation méritent une attention particulière à la fois parce qu’ils sont déjà utilisés, jugés pertinents et efficaces et qu’ils sont porteurs d’opportunités nouvelles. »

En Mars 2018, le rapport Le Bouler amène des conclusions sur l’universitarisation des formations de santé16. Ce dernier met en place trois vecteurs principaux pour

améliorer la santé de nos concitoyens.

- Les compétences de notre système de santé - La recherche

- L’accompagnement des professionnels tout au long de sa vie

Précisons maintenant, ces trois composantes du projet. Tout d’abord les compétences de notre système de santé sont principalement marquées par le lien interdisciplinaire nécessaire à la qualité des soins. En effet, le rapport cite « une organisation en silo » dans laquelle chaque formation initiale construit son propre chemin sans axer sur le partage, la collaboration entre les différents professionnels de la santé. Par exemple, le professionnel de la kinésithérapie dans sa vie active va devoir coordonner et collaborer son action avec les infirmières, les médecins généralistes et par exemple les ergothérapeutes. Il paraît évident que produire une interaction entre tous ces professionnels de santé durant sa formation initiale est un gage d’amélioration de la qualité de soin (Chiniara, 2014 ; Gawande, Zinner, Studdert, & Brennan, 2003 ; Naik & Brien, 2013). Le second point qui nous importe concerne la recherche dans laquelle les apprenants doivent avoir une formation à la recherche afin de leur permettre d’utiliser (avec critique) des données probantes dans leurs pratiques. Il leur est aussi proposé de produire des savoirs scientifiques sur leur propre métier et de par cette mission se rapprocher de l’université. Afin de faciliter ce rôle de chercheur, le rapport présente la création d’une qualification d’enseignant-chercheur issue de la filière de la rééducation dans les années à venir. Pour finir, l’accompagnement des professionnels tout au long de la vie, thème le moins développé dans le rapport témoigne d’une volonté à accompagner les professionnels durant leurs études mais aussi dans leur vie professionnelle afin de leur permettre de « s’épanouir » dans leur vie quotidienne. Les modalités à mettre en place pour atteindre cet ambitieux objectif ne sont pas détaillées dans ce rapport.

A la lecture de ce rapport, nous voyons bien une volonté forte pour permettre une universitarisation des formations de santé. Notons également la volonté politique de

16 Le rapport Le Bouler : https://cache.media.enseignementsup- recherche.gouv.fr/file

développer la simulation en formation initiale, mais aussi de faciliter le travail interdisciplinaire. Certes, cette avancée est bien accueillie par l’ensemble des professionnels de la kinésithérapie, mais cela ne peut masquer le manque de visibilité de cette profession.