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Chapitre 1 : Le contexte professionnel : La kinésithérapie

6. Les compétences du référentiel métier

En 2018, un grand nombre d’instituts en formation initiale sont maintenant pourvus d’un référentiel métier. La profession des masseurs-kinésithérapeutes fait maintenant partie des professions qui ont construit ce référentiel tardivement pour diverses raisons. Après de longues concertations entre les syndicats, le conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes et les représentants de l’état, le référentiel métier est maintenant créé. Il est constitué de onze compétences à valider au cours de deux cycles. Un premier cycle d’une durée de deux ans et dans lequel les apprenants vont devoir identifier, prendre connaissance des compétences métier au cours de plusieurs stages. En première année, le référentiel des études prévoit trois stages dont deux d’une semaine et un dernier de quatre semaines. En seconde année, deux stages de six semaines. Il est prévu de valider les compétences selon le niveau requis. A ce stade-là de la formation initiale, l’attendu est donc d’identifier les compétences présentes dans le portfolio pour ensuite être capable de les mettre en pratique. Au cours du second cycle (durée de deux années supplémentaires), ils doivent maintenant valider ces onze mêmes compétences comme acteurs et non plus comme observateurs.

Nous présentons maintenant les onze compétences nécessaires aux apprenants pour obtenir le diplôme d’état de masseur-kinésithérapeute.

- Compétence 1 : analyser et évaluer une personne, sa situation et élaborer un diagnostic kinésithérapique

- Compétence 2 : concevoir et conduire un projet thérapeutique en masso- kinésithérapie adapté au patient et à sa situation

- Compétence 3 : concevoir et conduire une démarche de promotion de la santé, d’éducation thérapeutique, de prévention et de dépistage

- Compétence 4 : concevoir, mettre en œuvre et évaluer une séance de masso- kinésithérapie

- Compétence 5 : établir et entretenir une relation et une communication dans un contexte d’intervention en masso-kinésithérapie

- Compétence 6 : concevoir et mettre en œuvre une prestation de conseil et d’expertise dans le champ de la masso-kinésithérapie

- Compétence 7 : analyser, évaluer et faire évoluer sa pratique professionnelle - Compétence 8 : rechercher, traiter et analyser des données professionnelles

et scientifiques

- Compétence 9 : gérer ou organiser une structure individuelle ou collective en optimisant les ressources

- Compétence 10 : organiser les activités et coopérer avec les différents acteurs - Compétence 11 : informer et former les professionnels et les personnes en

formation

L’évaluation des compétences des apprenants se concrétise par le portfolio. Durant leurs stages, les apprenants réalisent une auto-évaluation de leurs compétences acquises durant leur immersion clinique. Les tuteurs évaluent eux aussi les compétences

et en discutent avec les étudiants par un débriefing constructif de fin de stage. Ainsi, au cours d’un stage, certaines compétences pourront être validées. Il sera nécessaire pour acquérir les ECTS que l’ensemble des compétences selon le niveau requis soit validé sur le premier et second cycle.

Nous pouvons analyser plus finement certaines de ces compétences, principalement la compétence huit, neuf, la dix et la onze.

La compétence 8 doit impulser l’évidence based medecine en sensibilisant l’apprenant sur les notions de validation scientifiques. Certaines techniques de masso-kinésithérapie sont de niveau de preuve A (preuve scientifique établie) d’autres sont encore empiriques. Un constat alarmant qui fait état de l’importance de cette compétence (Mikhail, Korner- Bitensky, Rossignol, & chiniara, 2005), dans le cadre de la prise en charge de la lombalgie énonce que 30 à 50% des patients reçoivent les soins recommandés selon l’état de la science. En revanche, 20 à 30% des soins prodigués ne sont pas utiles, voire dangereux pour le patient. Nous retrouvons ici la justification de cette compétence dans le référentiel. Il est essentiel que les professionnels se basent essentiellement sur les vérités scientifiques pour une meilleure qualité de soin. Au moment où est écrite cette étude, l’homéopathie, médecine qui se base sur le principe de similitude est très largement attaquée par les sociétés savantes. Sans fondement scientifique elle est dénoncée par ses détracteurs comme « fake medicine » et supprimée du programme d’études par certaines universités.

La compétence 9 permet d’acquérir des capacités afin de gérer au mieux un cabinet libéral tant au niveau comptable que de son organisation. Selon l’Observatoire National de la Démographie des Professions de Santé (ONDPS), une très grande majorité des masseurs Kinésithérapeutes vont exercer dans le secteur libéral. Plusieurs raisons à cela :

- La diversité de la patientèle

- L’attractivité financière (plus rémunératrice que le salariat) - L’indépendance dans la gestion de son activité.

Il apparaît donc essentiel de maîtriser ce mode de fonctionnement et former l’apprenant à devenir un entrepreneur avec l’obtention de compétences pas forcément proches du métier de l’aide aux patients.

Pour finir, nous évoquons la compétence 11 qui peut paraître éloignée de la profession de masseur-kinésithérapeute puisque le référentiel amène à développer des compétences de formateurs. A cet égard, soulignons que les apprenants, dans leur curriculum, suivent des cours magistraux en Sciences de l’Education pour justement faciliter l’acquisition de ces capacités. Le masseur-kinésithérapeute devient dans sa pratique quotidienne un formateur. En éducation thérapeutique (pour le patient), puis durant le tutorat des stagiaires (pour la formation initiale) sont des exemples parlants qui peuvent expliciter cette compétence-là. Au cours de son activité quotidienne, le masseur- kinésithérapeute nécessite le développement de cette compétence. Cependant, l’apprenant, durant sa formation initiale priorise le soin, les techniques, la connaissance théorique des pathologies au détriment de cette compétence. Ils ont des difficultés à percevoir la pertinence de ces qualités de pédagogues. Ils ont des représentations de la profession qui les amènent à être centrés exclusivement sur le soin, les techniques. Il est remarquable de noter cette diversité de compétences utiles à l’apprenant qui sont

cependant orientées vers une future pratique libérale. Nous rappelons pour expliciter nos dires que 80% des apprenants s’orientent une fois le diplôme d’état en poche vers le secteur libéral. Cette nouvelle approche de la formation initiale, basée sur les compétences est directement liée aux accords de Bologne avec comme conséquence majeure, le rapprochement avec l’université.