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LAVERDAC .

Maintenant , relisons cette lettre . ( Il lit. ) - Félicitez

“ vous de votre chute , elle vous a rendu intéressant . Celle que vous aimez n'a pu forcer hier la consigne

“ donnée par votre médecin . » Ah ! ( Continuant .) « Elle

« vous croit mourant et commence à comprendre qu'elle

“ a tort de préférer le mari qui la trompe à l'amant qui 6 veut se tuer pour elle . Restez chez vous , faites - vous 6 bieri malade , et surtout ne pariez pas contre celui qui

“ vous annoncerait la visite de madame d'Augerolles ,

* vous perdriez . » Elle ici ! c'est impossible ... il serait insensé de l'espérer ... Mais j'y songe ... si sa visite est prévue par la Boccarelli , c'est qu'on l'épie ... Prenons garde , il ne faut pas qu'elle vienne aujourd'hui, une imprudence ruinerait l'avenir ... Écrivons -lui et ras surée par moi ... qui sait ? ... Elle peut me savoir gré de ce sacrifice . ( Il se met précipitamment à écrire . Entre Jean .)

JEAN Monsieur ...

LAVERDAC . Quoi ?

JEAN . Une dame .

LAVERDAC , se levant.

Une dame ! ... jeune ?

JEAN .

Euh ! ... son voile est si épais qu'à la place de mon sieur , je me méfierais . Par exemple , elle paraît très inquiète de la santé de monsieur . ( Avec émotion . ) Est -ce que monsieur irait plus mal ?

LAVERDAC . Imbécile ! ... Faites entrer .

JEAN , à part en se dirigeant vers la porte .

La garde - malade demandée . ( Il introduit madame d'Au girolles et sort ; celle - ci entre précipitamment et s'arrète stupé faite à la vue de Laverdar debout devant elle . )

: SCÈNE V

DE LAVERDAC, MADAME D'AUGEROLLES ' . LAVERDAC .

Vous ! ... vous , madame... C'était vrai ! ...

MADAME D'AUGEROLLES, effrayée et regardant autour d'elle . Comment ! Que signifie ? ... On m'a donc trompée ? ...

Je vous croyais blessé , monsieur , gravement blessé même .

LAVERDAC . Un instant on a pu croire .

MADAME D'AUGEROLLES .

Cet accident terrible dont je me croyais la cause ...

mensonge ! ...

* Madame d'Angerolles , Laverdac .

ACTE III LAVERDAC .

Oh ! non , non , ne le pensez pas ! Est - ce må faute si j'ai triché la mort !

MADAME D'AUGEROLLES .

Sur le récit qu'on m'avait fait ... mes craintes ont été extrêmes... je ne le cacherai pas ... mais puisque me voilà rassurée maintenant ... tout à fait rassurée ...

Dieu merci ! ... je ... ( Elle va pour sortir . ) I AVERDAC , l'arrêtant .

Oh ! je vous en supplie , madame , écoutez -noi. Dieu m'est témoin que je n'ai jamais eu la pensée de vous attirer dans un piége ; averti de votre sollicitude , quand vous êtes entrée , je vous écrivais pour vous rassurer ; je vous en conjure , lisez ... ( 11 fait n pas vers la table .)

MADAME D'AUGEROLLES . C'est inutile , monsieur , je vous crois .

LAVERDAC .

Hier , après ces quelques lignes si dures , si cruelles , si je n'ai pu mourir , il ne faut pas m'en vouloir ... J'ai fait tout ce qu'il fallait pour cela .

MADAME D’AUGEROLLES .

Si je ne l'avais pas cru , serais - je ici ? Auprès de vous , blessé , mourant , aucun soupçon sérieux ne pouvait m'atteindre ; tandis que maintenant il y a imprudence ...

LAVERDAC . Douteriez - vous de ma loyauté ?

MADAME D'AUGEROLLES . Je ne vous accuse pas .

LAVERDAC .

Prouvez - le donc en n'abrégeant pas cet entretien , le

dernier que nous aurons ensemble ... Hélas ! je ne le dois qu'à , un mouvement de pitié ! Si vous l'exigez même, je partirai, vous ne me verrez plus , jamais , ja . mais ! Mais que j'emporteau moins le souvenir de cet unique instant de bonheur. Par gråce , ne me le disputez pas ... que je puisse me dire : Il y a eu un jour , une heure où elle m'a écouté avec bonté , où clle a cru à la sincérité de mes paroles .

MADAME D'AUGEROLLES.

Monsieur...

LAVERDAC .

Pardon ! Mais quand je pense que vous , si belle , si parfaite ,vous qui avez droit à l'adoration , au respeci de tous , vous devant qui le plus audacieux ne se trouve jamais agenouillé assez bas ... vous préférez au coeur dé

voué jusqu'à la mort celui ...

MADAME D'AUGEROLLES . Monsieur de Laverdac .

LAVERDAC * .

Vous avez raison , je ne dois pas parler ainsi . Loin de moi l'idée d'exploiter les fautes d'un autre ,

MADAME D’AUGEROLLES, avec un mouvement de colère . Ah ! ne me rappelez pas cela ! ...

LAVERDAC .

Soit ! Mais alors jetez un regard de compassion sur mbi ; je le demande, je l'implore !

MADAME D’AUGEROLLES . Laissez - moi partir .

LAVERDAC .

Partir ! avant qu'une parole amie soit torobée de vos Laverdac, madame d'Augerolles.

lèvres ? Comment ! vous êtes là ... votre présence ines pérée m'apporte la preuve de votre intérêt pour moi ...

MADAME D'AUGEROLLES .

Ne me faites pas regretter de vous l'avoir donnée . LAVERDAC .

Non , non , rassurez - vous , c'est moi seul qui tremble auprès de vous ... Mais puisque votre cour ne s'attendrit que devant la souffrance ... Oh ! que n'ai- je été brisé ! ...

Oui , je vous le jure , oui , je voudrais mourir , si vous deviez à la dernière heure murmurer à mon oreille ces mots bénis ...

MADAME D'AUGEROLLES . Jamais !

LAVERDAC .

Rien qu'un mot , rien qu’un signe , je comprendrai . MADAME D’AUGEROLLES .

Ah ! monsieur , est - ce là ce respect dont vous vous vantiez ... Laissez - moi , ou vous me forceriez à douter de votre honneur ! ... Laissez - moi , je le veux ! ... ( Elle passe devant lui et remonte .)

LAVERDAC * . Je vous aime !

MADAME D'AUGEROLLES . Taisez - vous . J'entends du bruit .

LAVERDAC . Non , rien .

MADAME D'AUGEROLLES . Je vous dis qu’on marche dans ce salon .

* Madame d'Augerolles, Laverdac .

LAVERDAC .

Mon valet de chambre , sans doute ... Personne ne peut entrer , et je vais lui renouveler l'ordre ... ( Il ouvre la porte et voit Jean .) Que faites - vous là ? Qui vous a appelé ?

JEAN * . Jevenais annoncer à Monsieur ...

LAVERDAC . Quoi ?

JEAN . Une visite .

LAVERDAC . Je ne reçois plus .

JEAN .

C'est ce que j'ai dit ... Mais ce monsieur a insisté pour que je remette sa carte à monsieur le vicomte .

LA VERDAC .

Donnez . (Il jette les yeux sur la carte et tressaille . ) MADAME D'AUGEROLLES . Qu'est -ce donc ? Mon mari ?

LAVERDAC . Oui .

MADAME D'AUGEROLLES . Ah ! je suis perdue !

LAVERDAC , avec décision . Non ... Faites monter .

MADAME D'AUGEROLLES . Comment ! Ici ?

LAVERDAC . Il le faut.

* Madame d'Augerolles, Laverdac, Jean .

ACTE III

MADAME D'AUGEROLLES , avec angoisse.

S'il a des soupçons ...

LAVERDAC .

Raison de plus pour le recevoir . Jean , faites monter , lentement . ( Insistant .) Lentement ! vous entendez ?

JEAN . Oui , monsieur ...

MADAME D'AUGEROLLES . Ah ! c'est affreux !

LAVERDAC .

Ne vous effrayez pas . ( Il va vers la porte sous tenture .) Au bas de cet escalier , une allée couverte , vous pourrez sortir sans être vue .

MADAME D’AUGEROLLES , accablée.

Ah ! mon Dieu ! ... En aurai - je la force ? LAVERDAC .

Je vous en supplie ... du couragel ... Vous ne rencon trerez personne . ( Il ouvre la porte ; à ce moment, des éclats de rire se font entendre au bas de l'escalier ; madame d'Augerolles, prête à partir , recule effrayée .)

MADAME D'AUGEROLLES . Entendez - vous ! ... On monte de ce côté .

LAVERDAC , s'élançant vers la porte .

Qui donc ? Madame de Rochepont ! ... Je l'avais oubliée .

MADAME D'AUGEROLLES, de plus en plus défaillante . Ah ! je suis perdue !

LAVERDAC .

Allons done ! Est - ce que c'est possible ? ... ( Traversant la scène et ouvrantla porte de droite .) De ce côté , au fond de la

7 .

galerie , sous le Rubens , une issue qui donne sur la route . La clef est en dedans sur la porte .

MADAME D'AUGEROLLES .

Suis - je assez punie ! ( Elle se traine vers la galerie , soutenue par Laverdac .)

LAVERDAC .

Un dernier effort ... là , en face , vous voyez ... On vient .. , allez ... allez .. , vite !

MADAME D'AUGEROLLES .

Ah ! je me sens mourir ! (Elle disparaît. Laverdac re ferme vivement la porte . l'n silence . Il écoute . )

LAVERDAC , souriant .

Maintenant , mon cher d'Augerolles, vous avez perdu ! Elle sera chez elle avant que vous sortiez d'ici .

SCÈNE VI

DE LAVERDAC , FAYEL , MADAME DE ROCHEPONT . FAYEL , à madame de Rochepont encore en dehors . Encore une fois , madame , quelle ' idée d'entrer par la porte des artistes ?

MADAME DE ROCHEPONT * .

Je ne vous écoute pas ; chez un malade , il n'y a plus d'escalier dérobé ; tout le monde y passe . ( Apercevant de Laverdac . ) Tiens , tiens ! ... Mais il est debout , le ma lade ! Vous êtes donc tout à fait bien , cher monsieur ; oui ... sauf un peu de pâleur .

Fayel , madame de Rochepont, Lavcrdac.

LAVERDAC .

Résultat de la fatigue ... mêlée au plaisir de recevoir tant de visites affectueuses . ( D’Augerolles entre par le fond .)

FAYEL . Eh ! encore une , d'Augerolles !

MADAME DE ROCHEPONT . Vraiment ! On n'est pas aimé comme cela .

LAVERDAC * .

Soyez le bienvenu ! Vous voyez , je vais mieux . D'AUGEROLLES.

Je m'en doutais ; mais , j'avais besoin d'être rassuré . LAVERDAC .

Merci .

D'AUGEROLLES . Je vous croyais ... seul .

LAVERDAC . Je l'étais .

MADAME DE ROCHEPONT . Nous arrivons en même temps que vous .

D'AUGEROLLES .

Ah ! ( Bas à Laverdac . ) J'aurais deux mots à vous dire . LAVERDAC .

Je suis à vos ordres .

D'AUGEROLLES .

Mais ne vous occupez pas de moi , vous avez du monde j'attendrai .

Madame de Rochepont, Fayel , d’Augerolles, Laverdaci,

LAVERDAC , à part * .

Je n'aurais pas osé le lui demander ... (D'Augerolles s'assied et suit avec attention les mouvements de Laverdác . — Tous sont assis . )

LAVERDAC , à madame de Rochepont.

Je crois , madame , que je ne vous ai pas assezremer ciée de l'honneur que vous voulez bien me faire .

MADAME DE ROCHEPONT .

C'est vrai , je vous ai trouvé un peu froid en entrant . (Mouvement de d'Augerolles . )

LAVERDAC .

Prenez - vous en à ma pauvre tête , fort ébranlée depuis hier; car vous êtes vraiment trop bonne .

FAYEL .

Très - bonne et très - curieuse ... de visiter ton hôtel , que madame a beaucoup entendu vanter .

MADAME DE ROCHEPONT .

Oui , pour sa ressemblance avec les petits ermitages de M. de Richelieu .

FAYEL .

Ce qui , naturellement, a donné à madame le désir le plus vif d'y pénétrer .

LAVERDAC . On a flatté mon hôtel , madame .

FAYEL .

Madame de Rochepont n'en démordra pas : elle est persuadée que tu as toujours deux ou trois victimes ca chées dans ta petite maison .

t

Madame de Rochepont, Fayel , Laverdac , d'Augerolles .

III 121 LAVERDAC , riant .

Tantque cela ? ( Il rencontre les yeux de d’Augerolles . ) FAYEL .

Aussi , en entrant , ses instincts de femme vertueuse lui ont fait tout de suite pressentir que l'allée de gau che était réservée aux dames seules , et résolument elle a tourné à gauche.

MADAME DE ROCHEPONT . ' Monsieur Fayel !

FAYEL ,

Dans un but charitable ... Vous espériez rencontrer en chemin quelque belle éplorée , vous l'auriez aidée à reprendre sa droite .

MADAME DE ROCHEPONT .

Sans doute . Oh ! vierges folles ! que ne puis - je ral lumer vos lampes !

FAYEL .

Superbe ! ... ( A Laverdae .) Mais ce serait de la besogne . MADAME DE ROCHEPONT , regardant autour d'elle . Hélas ! que de maris ont vu sombrer ici leur bonheur conjugal !

FAYEL .

Ont vu ... ont vu ... Vous exagérez la portée de leur rayon visuel .

MADAME DE ROCHEPONT .

Je suis bien renseignée ... au besoin , on citerait les noms .

LAVERDAC , bas à Fayel . D'Augerolles écoute trop .

FAYEL , étonné . Eh bien ! qu'est - ce que cela te fait ?

LAVERDAC , se levant.

Tu ne comprends donc rien ? ( 11 offre des brochures à d'Augerolles qui les refuse .)

FAYEL , à part , en se levant.

Bah ! Le bien lui est donc venu en tombant ? Diable ! diable ! ... J'emmène la douairière alors , c'est plus facile que de la faire taire ( Haut.) Allons , chère madame , maintenant que vous êtes rassurée sur la santé de notre ami , vous plairait- il de nous retirer ... tousdeux aussi purs que lorsque nous sommes entrés ?

MADAME DE ROCHEPONT .

Monsieur Fayel, vos plaisanteries sont d'un goût si détestable que j'ai envie de vous abandonner .

FAYEL . Vous feriez cela ?

MADAME DE ROCHEPONT . Ah ! mon Dieu , oui .

FAYEL .

Alors , je m'en vais avec d'Augerolles . LAVERDAC , bas . Non pas , je veux qu'il reste .

FAYEL .

Hein ?... Il a besoin du mari ; je n'y comprends plus rien . (Haut, à madame de Rochepont .) Eh quoi ! me laisser partir seul ?

MADAME DE ROCHEPONT .

Allons ! ... On vous fait grâce , mauvais sujet ; ma ca lèche me paraîtsi triste sans vous ! (Elle se lève .)

FAYEL .

C'est vrai , je mets mes petites pattes sur la portière et j'aboie après les passants .

ACTE III