Ah ! pardieu , si celle - ci le voulait bien ... Au fait , pourquoi ne le voudrait - elle pas ? ( Allant saluer madame de Barsanne .) Vous ici , madame ?
MADAME DE BARSANNE . Depuis hier , monsieur .
FAYEL .
On me le disait à l'instant. Et à peine arrivée ... vous vous signalez par un trait ... Ah ! en l'apprenant , j'ai éprouvé une véritable ... ou plutôt un profond ...
MADAME DE BARSANNE , souriant.
Merci , monsieur , mais je crois savoir ce que vous m'allez dire . (Elle va s'asseoir près du piano .)
FAYEL , après un silence .
Ah ! si vous le savez ! ... il est inutile que je le répète . GABRIELLE , à la porte de la galerie .
Monsieur Fayel !
FAYEL , à part .
Ma foi, entre l'une qui me veut et l'autre qui ne me veut pas , le choix est facile à faire ... Mademoiselle nous allons attaquer le règne de Louis XIII .
( Au moment de sortir , il rencontre madame d'Augerolles . ) MADAME D'AUGEROLLES , entrant , agitée . Monsieur Fayel ! ...
FAYEL , Qu'y a - t - il ?
MADAME D'AUGEROLLES .
Savez- vous ?... pouvez - vous me dire ! ... ( Apercevant
*
Madame de Barsanne , Fayel .
2
madame de Barsanne.) Ah ! cette dame ... c'est elle , n'est ce pas ?
FAYEL .
Elle ?... Qui donc ? ( A lui - même . ) Ah ! le sauveteur ! ...
A madame d'Augerolles . ) Oui ... oui , c'est elle .
MADAME D'AUGEROLLES , courant à madame de Barsanue . Ahl madame , vous voilà !
(Fayel disparaît dans la galerie . )
SCÈNE IX
MADAME DE BARSANNE , MADAME D'AUGEROLLES . MADAME D'AUGEROLLES .
Qu'il me tardait de vous revoir ... de mettre vos deux mains dans les miennes ! ( Elle lui serre affectueusement les mains .) Tout à l'heure , dans mon trouble , à travers mes larmes , je n'ai pu vous remercier . Vous ne m'en voulez pas , j'espère ? J'en serais au désespoir ; car je vous dois la vie de ma fille .
MADAME DE BARSANNE , qui s'est levée .
Oh ! je l'ai simplement empêchée de se mouiller en la recevant dans mes bras . Le charmant oiseau est venu delui - même se poser sur moi .
MADAME D'AUGEROLLES .
Ne cherchez pas , je vous en prie , à diminuer le ser vice que vous m'avez rendu .
c
MADAME DE BARSANNE .
Non , vous dis -je ; à mon défaut, dix autres personnes l'eussent remise dans son nid .
MADAME D'AUGEROLLES , avec un reproche affectueux . Madame ... avez - vous donc peur de ma reconnais -sance ?
MADAME DE BARSANNE , lui tendant la main . C'est moi qui serais ingrate , alors . — Vous êtes ici depuis longtemps , madame ?
MADAME D'AUGEROLLES.
Un mois , je crois ; maisje ne vous avais pas encore vue .
MADAME DE BARSANNE . Je suis arrivée d'hier seulement .
MADAME D'AUGEROLLES , gaiement .
J'oublie que vous ignorez mon nom , je tiens à ce que vous le sachiez : Marie d'Augerolles. Est -ce indiscret de vous demander le vôtre ?
MADAME DE BARSANNE , après un moment d'hésitation . Nullement ... Marthe de Barsanne .
MADAME D'AUGEROLLES .
De Barsanne ? ... Il me semble que j'ai quelquefois entendu mon mari prononcer votre nom ... Êtes - vous aussi riche que moi , madame , avez - vous un enfant?
( Elles s'asseyent . )
MADAME DE BARSANNE , avec émotion . Oui ... oui , madame... une fille .
MADAME D'AUGEROLLES . Je la verrai , j'espère .
MADAME DE BARSANNE . Elle est au couvent .
MADAME D'AUGEROLLES .
Oh ! moi , je consentirais difficilement à me séparer de Berthe .
MADAME DE BARSANNE , embarrassée . L'éducation a des exigences ...
MADAME D'AUGEROLLES .
Celle de ma fille en souffrira peut - être , mais je souf frirai beaucoup moins , moi . Comment avez-vous pu vous décider ? ...
MADAME DE BARSANNE . Il m'a fallu céder à une volonté ...
MADAME D’AUGEROLLES . C'est différent. Vous habitez Paris ?
MADAME DE BARSANNE . Oui , madame .
MADAME D’AUGEROLLES .
Eh bien ! je ne comprends pas que j'en sois encore à vous connaître .
MADAME DE BARSANNE . Je vais si peu dans le monde .
MADAME D'AUGEROLLES . C'est tant pis pour le monde ...
MADAME DE BARSANNE . Je ne le pense pas .
MADAME D'AUGEROLLES .
Et moi , je l'affirme. ( Souriant .) Les jolies femmes sont moins communes que les laides ne voudraient le faire croire ; la beauté est loin de courir les rues , et l'on est coupable de ne pas vous traîner pieds et poings liés dans toutes nos réunions .
ACTE I
MADAME DE BARSANNE .
Est - ce que vous êtes très - mondaine , madame ? MADAME D’AUGEROLLES .
Je crois que oui ... Il faut bien suivre son seigneur et maître ,et M. d'Augerolles est d'une activité terrible ; mais je ne m'en plains pas : je m'efforce d'aimer tout ce qu'il aime , ses amis sont les miens , je m'intéresse à ses plaisirs , je tâche de prendre ses goûts , enfin je veux ...
je m'impose le devoir de faire mon bonheurdu sien . MADAME DE BARSANNE .
C'est agir sagement .
MADAME D’AUGEROLLES . C'est bien difficile quelquefois.
MADAME DE BARSANNE ..
Vraiment ?
MADAME D'AUGEROLLES .
Ne faut - il pas lui cacher avec soin le plus insuppor table des défauts ?
MADAME DE BARSANNE , souriant . Lequel , mon Dieu ?
MADAME D'AUGEROLLES .
Je suis jalouse . Oh ! sans raison aucune ; mais il pa . raît que c'est un effet qui peut se passer de cause .
MADAME DE BARSANNE , très - grave.
Croyez - moi , madame , combattez de toutes vos forces cette fâcheuse disposition .
MADAME D'AUGEROLLES .
C'est bien ce que je fais , et je suis la plus forte , Dicu merci ! J'ai tort de parler de cela ... mais quand une pensée vous obsède ...
1
LE CHEMIN RETROUVÉ MADAME DE BARSANNE .
Il faut la chasser , surtout si elle n'a pas de raison d'être . M. d'Augerolles doit vous aimer tendrement ?
MADAME D’AUGEROLLES .
Sans doute ... Mais enfin ... avant notre mariage, mon mari a suivi la loi commune ; il a aimé , avant de me connaître , d'autres femmes que moi ; je ne puis m'en étonner , je n'ai pas le droit de m'en plaindre , mais j'en souffre; cette pensée m'inquiète , m'irrite ; elle me conduit à croire qu'il en sera de l'avenir comme du passé , et qu'un jour peut - être , fatigué de mon amour , il ira chercher près d'une autre des distrac tions ...
MADAME DE BARSANNE , souriant .
Allons , allons , votre ciel est trop bleu , vous voulez absolument y placer un nuage .
MADAME D'AUGEROLLES .
Non ... Tenez , en ce moment , M. d'Augerolles est absent depuis quelques jours . Il est au Havre , où ila voulu voir lancer un navire ...
MADAME DE BARSANNE . Eh bien ?
MADAME D’AUGEROLLES .
Eh bien , il devrait être ici , il me l'avait promis , et ...
son retard me trouble ,
SCÈNE X
LES MÊMES, D'AUGEROLLES * . D'AUGEROLLES . Marie !
* Madame de Barsanne , madame d'Augerolles, d’Augerolles .
ACTE I
5
MADAME D'AUGEROLLES . Ab ! (Elle court se jeter dans ses bras .) C'est lui !
MADAME DE BARSANNE , à part.
M. d'Augerolles ! Dois -je rester ? ...
MADAME D’AUGEROLLES .
Six jours d'absence ! Savez - vous que je commençais à être inquiète .
D'AUGEROLLES .
Ne me dites pas cela , j'aurais trop de remords . MADAME D’AUGEROLLES .
Ils seraient inutiles : on ne vous en veut plus . Voyons , maintenant, ce lancement de navire, était-ce beau ?
D'AUGEROLLES .
Superbe ! ... Ah ! j'ai éprouvé une véritable émotion en voyant la Cléopâtre se débarrasser de ses étais et glisser sur son ber , - ça s'appelle un ber , pour plonger triomphante dans son élément .
MADAME DE BARSANNE , à part.
Que dit - il là ? Il se trompe ou il veut tromper . D'AUGEROLLES .
Vrai ! vous avez eu tort de ne pas m'accompagner.
MADAME D'AUGEROLLES . Mais vous ne me l'avez pas proposé .
D'AUGEROLLES . Vous croyez ?
MADAME D'AUGEROLLES .
J'en suis sûre ... Ah ! mauvaise mère que je suis , j'aurais dû commencer par vous dire ... Mon ami , un
grand malheur a failli nous arriver .
D'AUGEROLLES . Quel malheur ?
MADAME D'AUGEROLLES . Berthe est tombée à la mer.
D'AUGEROLLES . Est- ce possible !
MADAME D’AUGEROLLES .
Rien de grave n'en est résulté , grâce à madame , ( Présentant madame de Barsanne à son mari . ) qui l'a ramenée dans ses bras .
D’AUGEROLLES , šaluant, et surpris . Madame de Barsanne !
MADAME D'AUGEROLLES . Vous connaissez madame ?
D'AUGEROLLES , froidement .
Oui , oui ... j'ai cet honneur ... c'est - à - dire je connais M. de Barsanne .
MADAME D'AUGEROLLES .
C'est donc cela ... je ne me trompais pas . Eh bien ! mon ami , remerciez madame ; sans elle , c'était fait de notre pauvre Bertbe .
D’AUGEROLLES . Croyez , madame ...
MADAME DE BARSANNE .
Vos remercîments seraient de trop , monsieur ; j'ai déjà été payée ; une mère , vous le savez , s'exagère tou jours le danger de son enfant ; l'accident de mademoi selle Berthe n'a rien été ; c'est à peine si elle a été mouillée .
ACTE I
D'AUGEROLLES, embarrassé . Je n'en suis pas moins reconnaissant ...
MADAME D'AUGEROLLES .
Certainement , la dette n'est pas éteinte , et je ne l'oublierai pas , je vous le promets .
MADAME DE BARSANNE , saluant.
Madame ...
MADAME D'AUGEROLLES . Vous me quittez ?
MADAME DE BARSANNE . Je vous laisse avec Monsieur d'Augerolles .
MADAME D'AUGEROLLES .
Mais voilà nos relations établies ... nous nous verrons tous les jours , n'est - ce pas ?
MADAME DE BARSANNE .
Puisque vous le désirez , madame, j'aurai l'honneur de vous revoir . ( Elle serre la main de madame d'Augerolles et sort . )
SCÈNE XI
MADAME D’AUGEROLLES , D'AUGEROLLES.
D'AUGEROLLES , contrarié . Vous tenez à revoir cette dame ?
MADAME D'AUGEROLLES . Sans doute .
D'AUGEROLLES . Mais je n'y tiens pas du tout , moi .
3
MADAME D'AUGEROLLES . Après ce qu'elle vient de faire pour nous ?
D'AUGEROLLES .
Ahl je regrette vivement de lui devoir quelque chose ; et malgré toute la reconnaissance que vous pourriez avoir , je vous prie , je vous supplie de ne plus vous oc cuper d'elle et de la laisser ... où tout le monde la laisse .
MADAME D'AUGEROLLES.
Et pourquoi donc , mon ami ? D’AUGEROLLES .
Pourquoi ? ... pourquoi ? allez le demander à M. de Bar sanne , de qui elle est séparée depuis quatre ans .
MADAME D’AUGEROLLES . Séparée !
D’AUGEROLLES .
Isolement très - grave. Elle n'a plus de répondant de vant le monde, ses fautes lui deviennent entièrement personnelles ; la loi lui défend d'en faire payer la moitié à son mari .
MADAME D’AUGEROLLES , s'asseyant.
Ah ! me voilà toute triste de ce que j'apprends . Vous le connaissez , son mari ?
D'AUGEROLLES . Beaucoup .
MADAME D'AUGEROLLES . Je vous en ai à peine entendu parler .
D'AUGEROLLES .
Nous nous voyons si rarement . A l'époque de notre mariage , Barsanne était déjà retiré dans ses terres , où il éprouvait le besoin de se faire oublier ... Il avait trop
ACTE I
aimé ... les arts ... les chevaux , les ... enfin , il a aimé beaucoup de choses , et ses goûts , très - variés , ont dé rangé sa fortune.
MADAME D’AUGEROLLES .
Dites tout simplement que c'est un mauvais sujet . D'AUGEROLLES .
Ah ! tout de suite , voilà le grand mot ! MADAME D’AUGEROLLES .
Il est juste . Après avoir vu madame de Barsanne , je ne doute pas que son mari n'ait eu les premiers torts .
D’AUGEROLLES . C'est possible .
MADAME D'AUGEROLLES , vivement, se levant.
Vous en convenez ?
D’AUGEROLLES .
Oui ; mais les torts de l’un n’excusent pas la conduite de l'autre .
MADAME D'AUGEROLLES .
Ils l'expliquent du moins , s'ils ne l'atténuent . D'AUGEROLLES .
Ah ! ça , chère amie , où irions - nous s'il fallait rendre injure pour injure ? La loi du talion est harbare .
MADAME D’AUGEROLLES .
C'est toujours ce que disent ceux qui ont commencé . Une femme , à votre avis , ne doit que l'indulgence aux fautes de son mari ?
D'AUGEROLLES .
Ma chère , l'homme qui trompe sa femme agit mal , très - mal , mais il en est le premier puni .
1
1 MADAME D'AUGEROLLES .
Voudriez - vous être assez bon pour m'expliquer cela .
D'AUGEROLLES .
C'est bien simple ... Il en est puni par ses remords , par le chagrin qu'il doit ressentir de sa ... légèreté . Les femmes sont singulières ; elles croient toujours qu'on les trompe pour le plaisir de les tromper ; mais ce n'est pas ça du tout ; souvent c'est la fatalité, c'était écrit !
MADAME D’AUGEROLLES .
Il me semble que les femmes pourraient aussi invo quer ce fatalisme.
D'AUGEROLLES .
Ah ! permettez , c'est bien différent ! Leur éducation , leur rôle dans la famille , nos mours ...
MADAME D'AUGEROLLES . Oui ... vos mours !
D'AUGEROLLES . Là ! lå ! l'ange se révolte ?
MADAME D’AUGEROLLES .
C'est que jene puis tolérer chez l'homme ce que je déteste chezla femme : la mauvaise foi, le mensonge . Vous ne voulez pas qu'on vous trompe , et vous avez rai son ; mais pourquoi trompez - vous ?
D'AUGEROLLES . Moi ?
MADAME D'AUGEROLLES .
Je m'adresse à M. de Barsanne . De quel droit de mande -t - il ce qu'il a refusé ? Pourquoi veut- on qu'une femme s'incline devant un juge qui sourit quand elle se plaint , et qui la condamne infailliblement dès qu'elle est coupable ?
ACTE I D’AUGEROLLES .
Madame , ce sont nos pères qui ont fait le code . MADAME D’AUGEROLLES .
Nos mères s'en sont bien aperçues , monsieur ! D'AUGEROLLES .
Enfin , chère amie , il faut se soumettre aux lois du monde . Tenez , vous allez en juger . Voilà un grain qui fait rentrer les baigneurs , il y aura là vingt femmes qui connaissent madame de Barsanne , comptez celles qui vont l'aborder .
( Il offre une chaise à sa femme, à la gauche du salon , et se tient debout auprès d'elle . )
SCÈNE XII
LES MÊMES , MADAME DE ROCHEPONT , GABRIELLE , FER NAND , FAYEL , DE LAVERDAC * . Des baigneurs et des bai . gneuses entrent dans le salon .
( Madame de Rochepont va s'asseoir près d'une table, à droite , du côté opposé à madame d'Augerolles .)
FAYEL , à Fernand . Enfin , il est lu ce journal ?
FERNAND .
Jusqu'aux annonces, exclusivement ; on a bien voulu m'en faire grâce.
GABRIELLE .
La politique s'embrouille -t - elle , M. Fernand ?
* D'Augerolles , madame d'Augerolles , Gabrielle , Fernand , Fayel, madame de Rochepont .
LE CHEMIN RETROUVÉ FERNAND .
Est- ce que je le sais , mademoiselle . GABRIELLE .
Vous venez de lire les journaux pourtant . FERNAND .
Oui , j'ai lu ... mais je ne m'écoutais pas .
( La conversation s'engage à voix basse dans ce groupe . Madame de Barsanne, suivie de sa femme de chambre qui porte un chale et des objets de voyage , paraît au fond .)
SCÈNE XIII
LES MÊMES, MADAME DE BARSANNE * . MADAME DE BARSANNE , à sa femme de chambre . Pauline , restez dans la galerie ; j'attendrai ici l'heure du départ . ( Elle reste quelques instants encore sous la galerie . )
FAYEL , à madame de Rochepont.
Madame de Barsanne !
MADAME DE ROCHEPONT . Vous la connaissez ?
FAYEL . Oui , oui , une femme adorable .
MADAME DE ROCHEPONT .
Adorable ... parce qu'elle se laisse adorer . Comment ose - t - elle se présenter ici ? quand on est aussi compro mise !
* D’Augerolles, madame d'Augerolles, Gabrielle, Fernand , La verdac, madame de Rochepont, Fayel .
FAYEL . Oh ! elle pourrait l'être davantage .
MADAME DE ROCHEPONT . Vous êtes exigeant en fait de scandale.
D’AUGEROLLES , à sa femme . Écoutez , chère amie .
FAYEL .
Après tout , elle n'a déraillé qu'une fois.
MADAME DE ROCHEPONT .
A quel chiffre faut - il que cela arrive pour éveiller votre susceptibilité ?
GABRIELLE , qui s'est rapprochée et a pris un journal . Madame de Barsanne a déraillé , maman : est- ce en venant ici ?
MADAME DE ROCHEPONT .
Gabrielle , vous pourriez vous dispenser d'écouter ma conversation quand je cause avec ces messieurs .
GABRIELLE , retournant à gauche.
C'est insupportable ! Je passe mon temps à ne pas écouter ce qu'on dit à maman, et à ne pas comprendre ce qu'on me dit .
MADAME DE BARSANNE , elle se dirige du côté de madame d'Au gerolles et s'arrêté en remarquant l'attitude du mari . A part .
Ne nous imposons pas . Elle se rapproche de la table où est assise madame de Rochepont, et , sans la remarquer, s'assied aussi de l'autre côté .)
MADAME DE ROCHEPONT , suffoquée, à Fayel * . Eh bien ! Que fait - elle donc ? Croit - elle , par hasard , que je vais la chaperonner ?
( Elle se lève indignée. Madame de Barsanne se retourne, sa figure s'altère . Gabrielle , qui est près de madame d’Augerolles , voyant sa mère se lever , veut aller à elle , madame de Rochepont. l'ar réte du geste .)
MADAME DE ROCHEPONT , à haute voix .
Gabrielle ! ... restez où vous êtes , je vous défends de venir ici . ( Tous les regards se dirigent sur madame de Par sanne .)
FAYEL , à part.
On établit le cordon sanitaire .
D'AUGEROLLES , à sa femme . Profitez, chère amie , profitez.
( Les femmes se sont éloignées de madame de Barsanne, quelques hommes la regardent curieusement.)
MADAME D'AUGEROLLES , se levant **, à madame de Rochepont qui est passée près d'elle .
Mais , madame, c'est une insulte . MADAME DE ROCHEPONT . J'appelle cela le châtiment , moi !
FAYEL .
Et il appartient aux belles âmes de jeter la première pierre .
MADAME DE ROCHEPONT . La charité veut qu'on chasse du troupeau ...
* D’Augerolles, madame d’Augerolles , Gabrielle , Fernand , ma dame de Barsanne, madame de Rochepont, Fayel .
D’Augerolles, madame d'Augerolles , madame de Rochepont, Favel, madame de Barsanne .
**
ACTE I
MADAME D'AUGEROLLES . Oh ! ne prononcez pas le mot de charité .
MADAME DE ROCHEPONT . Pourquoi donc ?
MADAME D'AUGEROLLES .
Le premier qui s'en est servi , relevait au lieu d'a baisser .
D'AUGEROLLES . Marie !
MADAME DE ROCHEPONT , ironiquement.
Il faut sans doute que je retourne m'installer auprès d'elle ?
MADAME D'AUGEROLLES .
Non , madame , c'est inutile . ( Elle passe vivement du côté de madame de Barsanne * . ) Voulez - vous me permettre , ma dame , de m'asseoir auprès de vous ?
D'AUGEROLLES , avec irritation . Toujours la même ! (il remonte . )
MADAME DE ROCHEPONT . C'est de la démence !
FAYEL .
La folie de la générosité . ( Chuchotements dans le salon .) MADAME DE BARSANNE , très - émue .
Merci ... je n'oublierai jamais ce que vous faites - là . D’AUGEROLLES s'est approché de sa femme et lui dit à mi - voix .
En quoi , Marie , malgré ma prière , ma défense ...
* R
D’Augerolles , madame de Rochepont , Fayel , madame de Bar sanne, madame d'Augerolles .
Madame de Rochepont, Fayel , madame de Barsanne, madame d'Augerolles, d'Augerolles .
3 .
CHEMIN RETROUVÉ MADAME D'AUGEROLLES .
Oui , malgré votre défense , je viens au secours d'une femme à qui nous devons bien quelque chose , il me semble .
D'AUGEROLLES .
Mon Dieu , qui le nie ? Mais est- ce une raison pour se compromettre avec elle ? Notre séjour ici va devenir insupportable .
MADAME D’AUGEROLLES . Si vous le désirez , allons ailleurs . (Elle se lève .)
D’AUGEROLLES .
Soit , partons aujourd'hui. Et je vais brusquer les adieux . (Allant à madame de Barsanne .) Nous allons avoir le regret , madame , de vous quitter plus tôt que nous le pensions .
MADAME DE BARSANNE . Ah ! vous partez ?
D'AUGEROLLES . Nous allons au Havre .
MADAME DE BARSANNE ,étonnée . Au Havre ?
D'AUGEROLLES .
Des amis nous y attendent ; mais je n'ai pas voulu m'éloigner sans vous assurer encore de notre gratitude pour le service que vous nous avez rendu .
( Madame d’Augerolles remonte .)
MADAME DE BARSANNE , se levant et pesant ses mots . Monsieur , c'est ... pour le Havre que vous quittez Y port ?
D'AUGEROLLES.
Oui , madame , oui .
MADAME DE BARSANNE , à voix basse et avec intention . Croyez -moi, monsieur , n'y allez pas .
D'AUGEROLLES , étonné.
Pourquoi ?
MADAME DE BARSANNE . Vous y courrez un danger .
D'AUGEROLLES . Un danger ?
MADAME DE BARSANNE . On doit y lancer dimanche la Cléopâtre.
D'AUGEROLLES , étourdi . Hein ! vous dites ?... mais ... j'ai vu ... hier...
MADAME DE BARSANNE .
Vous vous êtes trompé ... La cérémonie a été remise ...
J'arrive du Havre .
D'AUGEROLLES , se parlant à lui - même . Ah ! diable ! ... que faire ?
MADAME DE BARSANNE . Vous pouvez rester ici ... j'ai compris .
MADAME D'AUGEROLLES , qui s'est rapprochée, inquiète * . Eh bien ?
D'AUGEROLLES , très - embarrassé . Eh bien , ma chère amie , je ... nous ...
MADAME DE BARSANNE . Vous restez à Yport , madame.
D'AUGEROLLES . Oui ... oui , chère amie .
Madame de Barsanne , d'augerolles, madame d'Angerolles ,
MADAME D'AUGEROLLES . Comment ?
MADAME DE BARSANNE . Mais moi , je pars .
MADAME D'AUGEROLLES . Ah ! ...
MADAME DE BARSANNE . A l'instant .
MADAME D'AUGEROLLES .
Pauvre femme ! ... ( Avant vivement à madame de Barsanne qui s'est dirigée vers la galerie * . ) Je veux encore vous serrer la main , madame , et vous dire : A bientôt !
MADAME DE BARSANNE , souriant tristement, A bientôt !
FAYEL , à Laverdac.
Comprends - tu ?
DE LAVERDAC .
D'Augerolles n'est pas allé au Havre, il est resté à Trouville avec la Boccarelli .
FAYEL . Bah !
DE LAVERDAC .
On vient de me le dire . C'est un ménage qui s'écroule . FAYEL .
J'entends , et tu veux spéculer sur les démolitions !
* Madame de Rochepont, Gabrielle , Fernani), d'Angerolles, ma dame de Barsanne , madame d'Augerolles , Fayel, Laverdac.
FIN DU PREMIER ACTE
UN SALON D'ÉTÉ CHEZ MADAME D’AUGEROLLES, A VILLENEUVE
Cheminée et canapé à gauche. Fenêtre et table à droite . Portes au fond et dans les angles .
SCÈNE PREMIÈRE
MADAME D’AUGEROLLES * . ( Elle entre par la gauche.) UN DOMESTIQUE.
LE DOMESTIQUE , paraissant au fond . Madame!
MADAME D'AUGEROLLES . Que me voulez - vous ?
LE DOMESTIQUE . On apporte des fleurs pour madame ,
LE DOMESTIQUE . On apporte des fleurs pour madame ,