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Il est au moins très - soigneux . Mais je connais assez les êtres et je puis . .

( Il fait un pas , Laverdac l'arrête .) LA VERDAC .

Pardon ... Vous m'excuserez ... je ne voudrais pas vous laisser seul .. et , je vous le répète , je tombe de fatigue.

D'AUGEROLLES . Vous me paraissez surtout inquiet .

LAVERDAC . Moi !

D'AUGEROLLES . Oui .

( Ils sont tous deux accoudés sur le dossier du canapé de gauche .) LAVERDAC .

Vous vous trompez , je vous le jure . D'AUGEROLLES . Vous le jurez sur l'honneur ?

LAVERDAC , souriant, Faut - il aussi que je lève la main ?

D'AUGEROLLES .

Ne riez pas , vous n'en avez pas envie . J'ai troublé un tête - à- tête , n'est - ce pas ?

LAVERDAC .

Quelle idée ! malade comme je le suis ...

D'AUGEROLLES .

Raison de plus ; on s'intéresse à vous ... et l'on vient vous voir ... N'importe ! ... Vous permettez ... ( Il fait un pas .)

LAVERDAC . Je défends au contraire .

D'AUGEROLLES.

Ah ! vous défendcz ?

LAVERDAC .

Jouons cartes sur table , monsieur . Je ne refuserais pas , si c'est cela qui vous amène , une explication ami cale que nos rapports autorisent , mais vos façons hau taines m’ộtent toute envie de vous satisfaire ,et j'ai le droit de vous demander ce que signifie cette insistance ?

D'AUGEROLLES .

Cela signifie qu'il y a une femme chez vous . LAVERDAC .

Et quand cela serait ?

D'AUGEROLLES .

Allons donc ! Monsieur de Laverdac , je veux entrer dans cette chambre .

LAVERDAC . Et moi , je ne veux pas .

D'AUGEROLLES . J'en étais sûr , elle est là .

LAVERDAC . Mademoiselle Boccarelli ?

D'AUGEROLLES . Il s'agit bien d'elle !

LAVERDAC . Et de qui donc , alors ?

D'AUGEROLLES .

D'une femme que vous cacheriez moins , si je n'avais pas tant d'intérêt à la connaitre .

LAVERDAC .

Pour qui me prenez vous , monsieur ? Quelle que soit la personne . y a - t - il en pareil cas deux manières d'agir pour un galant homme ? Et de quel droit vous permet tez - vous , chez moi ? ...

D'AUGEROLLES .

Je vous le dirai demain . En attendant , j'entrerai . LAVERDAC .

Je vous le défends.

D'AUGEROLLES .

Quand je devrais vous passer sur le corps . LAVERDAC .

De la violence ! ... Essayez donc . D'AUGEROLLES .

Eh bien ! oui , de la violence puisque vous m'y forcez . Place ! ou je vous brise ! ... Place ! ou je vous tue ! ( Il s'élance vers la porte qui s'ouvre brusquement; madame de

Barsanne apparaît et fait quelques pas dans la chambre .)

SCÈNE VIII

LES MÊMES, MADAME DE BARSANNE " . MADAME DE BARSANNE . Ah ! monsieur , quel mal vous ai -je fait ?

D’AUJEROLLES .

Madame de Barsanne ! ( A lui-même. Insensé ! ... J'ai pu soupconner ! ...

* D’Augerolles, madame de Barsanr.e , Laverdac.

LAVERDAC , bas à madame de Barsanne . Elle est partie ?

MADAME DE BARSANNE , de même.

Non ... évanouie .

D’AUGEROLLES, cléchirant une lettre .

Ce billet infâme avait menti ! ... Madame , recevez mes excuses ...

LAVERDAC . Nous nous reverrons , monsieur .

D'AUGEROLLES .

Quand vous voudrez . ( Sur le seuil de la porte , il se re tourne et salue madame de Barsanne. La toile tombe .)

FIN DU TROISIEME ACTE

LE BOUDOIR DE MADAME D'AUGEROLLES A PARIS

Cheminée et table à gauche. Fenetre et canapé à droite .

SCÈNE I'REMIÈRE MADAME D'AUGEROLLES , LOUISE .

causeuse .

MADAME D'AUGEROLLES . ( Elle est à demi couchée sur une - Louise met en ordre le boudoir * . ) Louise , M. d'Augerolles s'est - il informe de moi, lier en rentrant ?

LOUISE .

Oui , madame ; mais quand il a su que vous étiez souf frante, il n'a pas voulu entrer , de peur d'interrompro le sommeil de madame .

MADAME D'AUGEROLLES , à part.

Mon trouble lui aurait tout appris . LOUISE . Madame continue à aller mieux ?

MADAME D'AUGEROLLES .

Oui . Vous avez porté ma lettre à madame de Bar sanne ?

LOUISE .

Je l'ai remise moi - même , comme madame me l'avait Louise , madame d'Augerolles.

recommandé . Madame de Barsanne a été d'abord très heureuse de savoir que l'indisposition de madame n'au rait pas de suites . Elle a ajouté qu'il lui était impossible de répondre à madame .

MADAME D'AUGEROLLES .

Me réponpre ? ... Elle n'avait aucune réponse à me faire ; je ne la priais que de venir me voir .

LOUISE .

Qui ; mais c'est c'est là précisément ce qui a paru em barrasser madame de Barsánne ... et elle a fini par me dire qu'elle préférait vous recevoir chez elle , qu'elle expliquerait à madame ...

MADAME D'AUGEROLLES .

Chez elle , oui ; mais rien ne l'empêche de venir ici . A elle -même .) Je veux la voir ; j'étais si accablée hier après ce long évanouissement ... Il y a quelque chose d'obscur ... d'effrayant dans les explications qu'elle m'a données ... Je n'ai pas compris ... je n'ai pas compris ...

j'ai besoin qu'elle me rassure encore sur les suites de cette horrible scène . (On entend résonner le timbre .) Une

visite ... Louise ... voyez donc .

LOUISE , près de la porte . Madame de Rochepont, madame .

SCÈNE II

MADAME D'AUGEROLLES , MADAME DE ROCHEPONT , puis FERNAND * .

MADAME DE ROCHEPONT , s'asseyant.

Bonjour , ma toute belle , vous allez bien ? Oui ... un peu pâlotte ; mais cela vous rend encore plus jolie .

*

Madame de Rochepont, madame d’Angerolles.

Heureux åge que le vôtre ! Tout lui sied . Plus tard , c'est différent : on a la pâleur ... jaune. Vous savez , je viens vous enlever .

MADAME D'AUGEROLLES . Et pourquoi ?

MADAME DE ROCHEPONT .

Il y a au Jardin d'Acclimatation une exposition de petits chiens adorables, des créatures imperceptibles , et j'ai l'intention de m'en donner un . Vous comprenez , si je marie ma fille, je serai bien seule .

MADAME D’AUGEROLLES , souriant.

C'est évident .

MADAME DE ROCHEPONT . Vous m'aiderez à faire un choix .

MADAME D'AUGEROLLES .

Vous m'excuserez ; mais M. d'Augerolles a disposé de mon après- midi .

MADAME DE ROCHEPONT .

Ah ! c'est contrariant . ( A Fernand , qui vient d'entrer * . ) Tiens , c'est vous ?

FERNAND .

Oui ,madame ... Est - ce que vous me trouvez changé ? MADAME DE ROCHEPONT .

Énormément ! Plus je vous vois et moins je vous re connais. Vous grandissez , vous grandissez ! ...

FERNAND . N'est - ce pas , madame ?

Fernand , madame de Rochepont, madame d'Augerolles.

8

MADAME DE ROCHEPONT . Encore un peu , et vous seriez bon à marier .

FERNAND .

Vous n'avez pas amené mademoiselle Gabrielle ? MADAME DE ROCHEPONT .

Si fait, elle est en bas , je l'ai laissée dans la calèche.

FERNAND .

Ahl comme elle doit s'ennuyer . Si vous le permettez, je vais ...

MADAME DE ROCHEPONT .

Non , non , restez . Vous commencez à devenir com promettant , vous .

FERNAND , avec joie . Vraiment ? Ah ! ç'a été long .

MADAME DE ROCHEPONT .

Mauvais sujet ... A propos ... de mauvais sujet, vous savez ; la blessure de M. de Laverdac n'était qu'une plaisanterie . On nous avait volé notre intérêtpour lui .

MADAME D’AUGEROLLES . Oui , j'ai su ...

MADAME DE ROCHEPONT .

Beaucoup de bruit pour rien , comme dit ce sauvage de Shakespeare. C'est très désagréable, on a de l'émo tion , des nerfs, et en fin de compte , on s'est mis en frais de sensibilité pour rien .

FERNAND , riant.

Il est véritablement bien fâcheux que M. de Laverdac ne se soit rien cassé .

MADAME DE ROCHEPONT .

Voyez -vous, le méchant. Du reste , je n'étais pas seulo

IV 135 à avoir de l'inquiétude ; tout Paris a été s'écrire chez le faux blessé . J'y ai rencontré votre mari , Il paraissait aussi très- ému . Savez - vous qu'il est charmant , l'hôtel de M. de Laverdac . Vous ne le connaissez pas ?

MADAME D’AUGEROLLES . Non , madame .

MADAME DE ROCHEPONT * .

Très - joli, oh ! très - joli. Par exemple , c'est plein de cachettes perfides, de chausse - trapes recouvertes de fleurs, de véritables oubliettes de la galanterie .

FERNAND , derrière le canapé . Ce Laverdac est- il heureux !

MADAME DE ROCHE PONT.

Voulez -vous bien voustaire . Il paraît que le brillant séducteur reçoit toute sorte de monde chez lui : des chanteuses , des danseuses , des ...

FERNAND . Des étoiles du monde artiste !

MADAME DE ROCHIEPONT .

Des étoiles ? ... Eh bien ! ils ne sont pas difficiles dans ce ciel - là . Mais M. de Laverdac ne donne pas audience seulement à des ... comètes artistiques , à preuve ce que nous avons vu en sortant avec M. Fayel .

FERNAND . Quoi donc ?

MADAME DE ROCHEPONT .

Un coupé caché sous un bouquet d'arbres, à quelques pas de l'hôtel .

MADAME D'AUGEROLLES . Ah !

*

Madame de Rochepont, Fernand , madame d'Augerolles.

MADAME DE ROCHEPONT .

Oui ... un coupé qui semblait attendre quelqu'un ... ou plutôt quelqu'une .

FERNAND . Mais tout le monde a un coupé .

MADAME DE ROCHEPONT , se levant * .

Sans doute ; mais celui-là avait un petit air criminel qu'aurait remarqué un juge d'instruction ; malheureu sement , ce M. Fayel est d'une discrétion si ridicule ! il m'a empêchée d'aller étudier le blason de la proprié taire .

FERNAND . C'est fåcheux !

MADAME DE ROCHEPONT .

Désolant . Ah ! si j'eusse été seule , je serais restée en faction jusqu'à la sortie de la seur de charité, venue pour panser les blessures absentes du beau ténébreux .

FERNAND .

Oui , mais il y a un Dieu pour les amants . MADAME DE ROCHEPONT .

Non , monsieur , il n'y en a pas ! ... et la preuve , c'est que je finirai par découvrir le nom de la noble infir mière , et je ne le garderai pas pour moi , je vous prie de le croire .

MADAME D'AUGEROLLES , qui s'est levée .

Mais ... pourquoi M. Fayel ne vous accompagne - t - il pas au Jardin d'Acclimatation , madame ?

MADAME DE ROCHEPONT .

Pourquoi ? ... Parce que je fais tout au monde pour l'éloigner de chez moi , et que je puis bien choisir un petit chien sans lui .

* Fernand , madame de Rochepont, madame d'Augerolles.

ACTE JV FERNAND . Est - ce qu'il s'y connait .

MADAME DE ROCHEPONT .

Je ne suis pas de ces mères qui jettent leurs filles à la tête des gens . D'abord , le moyen est déplorable , il ne réussit jamais , et puis je n'y ai aucun mérite ; Gabrielle ne peut plus voir , même en peinture , ce vieux jeune homme .

SCÈNE III

LES MÊMES , FAYEL , GABRIELLE . ( Ils entrent en se donnant le bras * . )

GABRIELLE . C'est nous , maman .

FAYEL .

Oui , mama ... Oui , madame , c'est nous ! MADAME DE ROCHEPONT . Comment , c'est vous ?

GABRIELLE .

Je m'ennuyais en bas , dans la voiture , M. Fayel, qui venait ici , a bien voulu me tenir compagnie un instant ; mais les passants commençaient à nous regarder , et j'ai pensé qu'il était plus convenable de monter .

MADAME DE ROCHEPONT . Et vous avez agi sagemement , mademoiselle .

* Fernand , Fayel , Gabrielle , madame de Rochepont , madame d'Augerolles.

8 .

GABRIELLE , à madame d'Augerolles

Voulez - vous m'embrasser , madame , puisque j'ai été bien sage ?

MADAME D'AUGEROLLES . Oui , chère enfant.

FAYEL , à part . Elle est charmante !

FERNAND , qui a entendu . A qui le dites - vous ?

FAYEL .

A moi , jeune homme. ( Fernand remonte avec humeur .) GABRIELLE .

Maman , M. Fayel vient avec nous au jardin d'accli matation pour nous aider à choisir le petit chien .

MADAME DE ROCHEPONT .

M. Fayel a oublié que c'était à moi qu'il devait en adresser la demande ; le plus vulgaire savoir- vivre lui en faisait une loi .

FAYEL .

Est - ce qu'il vous serait possible , madame , de choisir un griffon sans moi ?

MADAME DE ROCHEPONT .

Hélas ! je sais bien que non : j'en parlais tout à l'heure .

FERNAND .

Oui , madame disait qu'un vieux jeune homme ...

MADAME DE ROCHEPONT .

Je disais ... je disais ... je sais parfaitement ce que je disais . Monsieur Fayel, vous aurez une place dans ma calèche .

Fernand , Fayel, madame de Rochepont , Gabrielle , madame d'Augerolles .

139 FAYEL , à part .

La calèche cellulairel ... Ah ! la prison conjugale est au bout .

GABRIELLE , à madame d’Augerolles . Adieu, madame .

MADAME D'AUGEROLLES . A bientôt , mon enfant.

FERNAND , offrant son bras à Gabrielle . Mademoiselle , mon bras jusqu'à votre voiture .

GABRIELLE , bas à Fernand . Et maman que vous oubliez !

FAYEL , prenant le bras de Gabrielle . Quelle faute , jeune homme !

FERNAND , à part .

Si c'est comme ça qu'on le tient à distance ...

MADAME DE ROCHEPONT . Partons !

(Au moment où ils se dirigent vers la porte, d’Augerolles entre par la gauche .)

SCÈNE IV