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Les langues de l’étude, temps et aspect

Chapitre 4 – Les langues de l’étude : temps, aspect et passé en malais, mandarin,

3. Les langues de l’étude, temps et aspect

Tout d’abord, le français sera présenté dans cette partie afin de dégager les spécificités de la langue et les différences par rapport aux autres langues de l’étude, principalement en matière de temps et d’aspect. Ensuite, nous avons sélectionné quatre langues qui sont

183 En référence aux verbes d’état d’un côté, et aux activités de l’autre, dans la classification de Vendler. 184 in Barbéris J.-M., Bres J. et Siblot P. 1998. De l’actualisation, Paris, CNRS-Editions.

185 La littérature et la poésie sont le point où les ambivalences des aspects se rencontrent et créent un discours

dont la singularité et la discordance sont la base de la matière poétique « dont la règle est le dérèglement de la production de sens » (Barcelo et Bres, 2006, p. 22).

159 potentiellement capables d’influencer la production du français chez les apprenants malaisiens de l’étude : l’anglais, la langue véhiculaire de l’école, le malais, une des langues du pays, apprise obligatoirement à l’école186, le mandarin, langue maternelle ou familiale de la plupart des apprenants, l’anglais malaisien, parlé par les apprenants principalement entre eux.

Nous avons vu précédemment que les marques d’aspect et de temps peuvent être présents sur différents éléments du discours en fonction de la langue. Cependant, concernant les descriptions qui suivent, nous allons nous attacher à présenter l’expression du temps et de l’aspect dans les langues du point de vue du verbe. Pour certaines langues, principalement le malais et le mandarin où le verbe n’est pas marqué grammaticalement, nous tenterons d’expliquer comment et quels éléments linguistiques situent le temps interne et externe de l’éventualité.

Nous présenterons tout d’abord le système temporel et aspectuel du français, puis de l’anglais, du malais et du mandarin, pour finir par l’anglais malaisien qui présente les caractéristiques de l’anglais, du malais et du mandarin.

a) Le français

Le français impose un marquage temporel grammatical autour sur le verbe. Ainsi, le français marque deux informations de façon syncrétique : le temps et l’aspect au niveau de la morphologie du verbe. Nous allons essayer de détailler dans les deux paragraphes suivant les deux notions.

- Le temps

En français, la conjugaison peut décrire trois époques chronologiques : le présent, le passé et le futur. Les différents temps interagissent entre eux afin d’exprimer aux mieux, par rapport au temps de l’énonciation ou au point de référence, la réalité de façon déictique ou anaphorique. C’est ce qui est exprimé chez Barceló et Bres (2006, p 12) : « les temps verbaux signifient donc le temps non pas chroniquement, mais déictiquement, ce qui ne les empêche pas, en fonction de l’aspect, d’avoir des fonctionnements anaphoriques ».

186 Voir Chapitre 1, page 25, l’enseignement du malais est depuis récemment obligatoire pour tous les

160

Passé Présent / neutre Futur

Passé simple Passé antérieur Imparfait Plus-que-parfait Présent Passé composé Futur simple Futur antérieur

Illustration 26 - Les temps en français au mode indicatif

L’Illustration n°26 présente les temps principaux en français pour le mode de l’indicatif. Le présent et le passé composé ont été classés dans la colonne « présent » en raison de la dimension neutre de leur valeur temporelle (Saillard, 2015, Barceló et Bres, 2006). En effet, pour ces temps « Temporal localization is operated by discourse structure rather than verbal morphology. »187 (Saillard, 2015, p. 256) et l’instruction temporelle est ainsi qualifiée souvent de neutre puisque dépendante de la contextualisation.

- L’aspect

En ce qui concerne l’aspect grammatical ou viewpoint aspect en français, le verbe porte différentes instructions que nous allons présenter ci-dessous. Il s’agit tout d’abord de présenter quelques notions. Etant donné que l’aspect inscrit le temps interne du procès, l’instruction « + tension » décrit le procès comme se déroulant à part de sa borne initiale et l’instruction « + extension » inscrit le procès au-delà de la borne finale (Barceló et Bres, 2006, p. 14).

L’indication « Incidence » concerne également le temps interne de l’événement. Dans l’Illustration n°27, infra, « + incidence » indique que l’événement est envisagé dans son ensemble et comme présentant une borne initiale, finale ou bien comme « saisissant une durée en un seul accomplissement » (Verine, 2005 / 2006, p. 174), tandis que « – incidence » indique que l’événement est vu dans son cours ou cursivement ou bien encore de façon sécante et qu’il n’est pas envisagé de façon globale. Verine (2005/2006, p. 174) décrit l’instruction « - incidence » et paraphrase Barcelo et Bres de la façon suivante : « Selon cette

187 « la localisation temporelle est plutôt opérée par la structure du discours que par la morphologie verbale. ».

161 instruction, le temps impliqué par le procès est représenté à la fois et pour partie comme effectivement accompli et en perspective d’accomplissement. Cela a pour corollaire la non- représentation des bornes initiale et terminale du temps impliqué par le procès, car la conversion de l’accomplissement en accompli ne peut être saisie qu’en un point situé au-delà de la borne initiale ». C’est la raison pour laquelle les instructions + / - incidence ne peuvent être données qu’à des temps du temps passé où l’éventualité a été accomplie. « ± incidence » indique que la forme temporelle est neutre vis-à-vis de cette instruction.

+ tension + extension

+ incidence Passé simple Passé antérieur

- incidence Imparfait Plus que parfait

± incidence Futur simple

Présent Conditionnel présent

Futur antérieur Conditionnel passé

Passé composé

Illustration 27 - Valeurs aspectuelles des temps français à l’indicatif188 b) L’anglais

L’anglais impose, tout comme le français, un marquage aspectuel et temporel autour du verbe et sa conjugaison. Cependant le marquage temporel n’exprime que le passé et le présent.

Le temps

Si le français présente trois époques clairement exprimées avec des temps correspondants, plusieurs chercheurs présentent le temps linguistique anglais comme ne distinguant que le passé et le présent : « Many including Comrie (1985), view English as having a past-nonpast

162 tense distinction. The rationale for this analysis comes from the supposition that the English present tense does not denote present time, since it is also used to express future events and temporarily unbounded situations, in particular generic ones189. », (Michaelis, 2006, p. 240). “will” est en effet considéré comme un modal et la construction modale utilisant « will » ne serait donc pas un temps à part entière. De plus, l’utilisation du présent pour des événements futurs fait que le présent possède la capacité d’exprimer des événements qui ne sont pas encore arrivés (par exemple : I am buying flowers tomorrow / I am going to buy flowers tomorrow / I will come to see you if I buy flowers).

L’aspect

Illustration 28 - Tableau inspiré de la classification de Comrie (1976, p. 25) nommée « classification of aspectual oppositions »190

L’Illustration n°28 décrit, selon Comrie (1976, p.25), une classification des différentes valeurs de l’aspect qui présente des oppositions entre elles et décrit assez précisément les forces aspectuelles en présence dans le système anglais. Nous donnerons infra des exemples de

189 « Beaucoup de chercheurs dont Comrie (1985), considèrent l’anglais comme n’ayant pas de distinction entre

passé / non-passé. La base de cette analyse provient de la supposition que le présent de l’anglais ne marque pas le présent puisqu’il est également utilisé pour l’expression des événements au futur et des situations atéliques, tout particulièrement les situations génériques. ». Notre traduction.

190 Classification des oppositions aspectuelles. Notre traduction.

Aspect Imperfectif Habituel Continu Non- progressif Progressif Perfectif

163 formes équivalentes dans le système grammatical et verbal anglais.

Opposition perfectif / imperfectif

L’opposition entre perfectif et imperfectif concerne la façon dont l’éventualité est envisagée par rapport à son ensemble : « perfectivity indicates the view of a situation as a single whole, without distinction of the various separate phases that make up that situation ; while the imperfective pays essential attention to the internal structure of the situation.»191 (Comrie 1976, p. 16).

La notion de perfectif et d’imperfectif pourrait s’apparenter, en ce qui concerne seulement les temps du passé en français, à l’instruction + / - incidence chez Barceló et Bres (2006, p. 15), dans la mesure où l’accomplissement vu dans son ensemble dénote +incidence (pour le passé simple) et la transformation de l’accomplissement en accompli dénote l’instruction – incidence (pour l’imparfait). Cependant, tous les temps français ne marquent pas l’opposition perfectif / imperfectif et seul le présent porte une valeur perfective192. Barceló et Bres (2006, p. 15) ajoutent que pour certains temps français, la notion d’incidence n’est pas pertinente car tous les temps n’expriment pas cette valeur (c’est notamment le cas du passé composé, mais pas celui de l’imparfait qui décrit une partie du procès de l’événement).

L’aspect lexical et l’aspect grammatical peuvent ainsi entrer en conflit, dès lors que ceux-ci s’opposent : « From the definition of imperfectivity, however, it follows that imperfective forms cannot be used to refer to situations lacking internal structure. »193 (Comrie, 1976, p. 26). La raison est que l’imperfectif apporte une vue sur le déroulement de l’événement et est donc difficilement compatible avec des réalisations instantanées.

(4.13) I was receiving an award.

(4.14) * I was receiving an award for two hours.

191 « la perfectivité indique la vision d’une situation vue entièrement, sans distinction aucune, à travers les

différentes phases qui la composent ; tandis que l’imperfectif apporte un focus sur la structure interne de la situation ». Notre traduction.

192 Sauf le passé simple et le passé composé lorsqu’il a valeur de passé simple.

193 « Cependant, d’après la définition même de l’imperfectif, il suit que les formes imperfectives ne peuvent être

164 En effet, l’exemple (4.14) dénote une incohérence au niveau de l’aspect lexical du verbe et de l’aspect porté par le verbe, l’aspect grammatical194. « Recevoir » étant une réalisation instantanée, celle-ci ne présente pas de structure interne et le focus ne peut se porter sur la phase interne de l’action.

Opposition habituel / continu

L’opposition entre « habituel » et « continu » concerne le déroulement de l’événement. La notion d’habitude n’est pas à confondre avec celle d’itérativité, car l’itératif décrit un procès qui se répète, alors que la notion d’habituel reprend la notion d’un procès qui se perpétue sans pour autant être télique (Comrie, 1976, p. 26). En revanche, la notion de continu s’emploie pour une action dont le procès n’est pas habituel (Comrie, 1976, p. 26) et qui pourra être ainsi soit progressif, soit non-progressif.

Opposition progressif / non-progressif

L’aspect progressif est défini comme une sous-catégorie de l’aspect continu : « The progressive is most commonly treated as a subcategory of the imperfective aspect, restricted to descriptions of ongoing events »195 (Deo, 2012, p. 165). Caractérisé en anglais par la forme

be –ing, l’aspect progressif peut être exprimé en français via l’expression périphrastique

« être en train de + infinitif ». L’aspect grammatical contenu dans les tiroirs verbaux n’exprime pas cette valeur en français. La valeur aspectuelle progressive concerne un événement qui est en cours de déroulement ou qui s’intéresse à une phase du développement. L’aspect non-progressif rend compte de l’éventualité dans son intégralité.

Le parfait

L’Illustration n°29 présente le parfait comme ne faisant pas partie de la catégorie « Aspect ». Le parfait apporte à la situation un point de vue qui met en exergue un état résultant d’un événement qui le précède et permet d’envisager l’événement dans son ensemble, du début à

194 Voir Carlson (1977, p. 22), supra.

195 « Le progressif est plus communément traité comme une sous-catégorie de l’aspect imperfectif, restreint aux

165 la fin. C’est pour cette raison que, comme le note Comrie (1985), le parfait peut ne pas être considéré comme un type d’aspect ou bien être considéré comme une forme d’aspect à part entière : « the perfect indicates the continuing present relevance of a past situation. This difference between the perfect and the other aspects has led many linguists to doubt whether the perfect should be considered an aspect at all. » (Comrie, 1985, p. 52).

Aspect Progressif / Imperfectif Non-progressif / perfectif

Parfait Parfait Présent Present progressive I am eating Present perfect progressive I have been eating Present perfect I have eaten Present tense I eat

Passé Past progressive

I was eating

Past perfect progressive

I had been eating

Past perfect I had eaten Past tense I ate Expression du futur Future progressive I will be eating Future perfect progressive

I will have been eating

Future perfect

I will have eaten

Future tense

I will eat

Illustration 29 - Les temps grammaticaux en anglais

166 Le present perfect et le passé composé présentent de grandes similitudes morphologiques, en raison de la présence d’un auxiliaire (« have » en anglais et « être » ou « avoir » en français). Le present perfect et le passé composé sont tous les deux considérés comme parfait (+ extension). Cependant, si le present perfect est clairement défini comme un imperfectif parfait (Cummins, 2002, p. 69), le passé composé présente une ambivalence en ce qui concerne sa valeur perfective : « The composite auxiliary + past participle functions both as a preterit and a perfect in French. », (Smith, 1991, p. 273). Cummins (idem) propose le passé composé comme présentant une polysémie aspectuelle « qui serait à la fois prétérit (perfectif ordinaire, non-étendu) et parfait (perfectif étendu). ». La valeur de prétérit trouverait son équivalence avec la notion + incidence, dans le système de Barceló et Bres, 2006, et dans sa valeur de passé simple. Lorsqu’il a une valeur de parfait ou de perfectif étendu, la valeur aspectuelle du passé composé coïncide avec celle du present perfect. Cette polysémie n’est pas prise en compte dans la méthode Encore Tricole et ainsi une partie de la valeur aspectuelle du passé composé – la valeur de prétérit – est mise de côté lors de l’enseignement de ce temps.

c) Le malais

Il a été décidé dans cette étude pour la description linguistique et grammaticale de la langue malaise de se baser sur des documents qui traitent, parfois de la langue malaise, mais aussi de l’indonésien, les structures étant extrêmement similaires et les variations concernant principalement le lexique.

Le malais est une langue agglutinative de type SVO (Hickey, 2004, p. 565) qui incorpore autour d’une base, elle-même composée d’une racine, un certain nombre d’éléments qui permettent de créer de nouveaux mots, de marquer le pluriel, de changer l’aspect d’un verbe, etc.

Le verbe ne porte pas de marquage grammatical pouvant exprimer le temps et ne varie pas. En revanche, plusieurs éléments peuvent exprimer la dimension temporelle, qui est souvent considérée comme « une conséquence secondaire de l’aspect » (Labrousse, 2010, p. 1275). Nous avons relevé quatre éléments qui expriment et situent l’énoncé dans le temps et servent de référence déictique :

167 - le co-texte, grâce à des marqueurs temporels clairs (demain, hier, maintenant) ; - les adverbes, appelés également « aspect markers » (Sneddon, 1996, p. 204) du type

sudah et telah196 (déjà) et sedang (en train de) qui ancrent grâce à leur valeur aspectuelle l’énoncé dans le temps197 ;

- les affixes qui dans certains cas, porte une valeur aspectuelle lexicale (exemple d’utilisation : le préfixe men-. senang / heureux – menyenangkan / rendre quelqu’un heureux et putih / blanc – memutih / devenir blanc, ce dernier exemple est tiré de Labrousse, 2010 (p. 1278).

- L’expression du temps et de l’aspect en malais

Nous avons décidé pour le malais, de présenter le temps et l’aspect dans la même section, l’expression de l’un et de l’autre étant interdépendante.

L’expression du temps existe en malais et se fait à travers les différents marqueurs qui pourront être ajoutés au verbe. Cependant, le verbe n’est pas marqué par une conjugaison et n’est pas porteur d’information temporelle, comme il peut l’être en français. L’expression du temps est donc liée au contexte et co-texte qui sont exprimés par des adverbes, indications temporelles, externes au verbe.

Un événement peut potentiellement être marqué dans le temps grâce à ces marqueurs aspectuels198 qui se combinent dans un énoncé afin de faire sens par rapport à un point de référence spécifié ou suggéré par le contexte.

(4.15) Saya telah makan

196 Sudah et telah ont la même valeur aspectuelle (parfait résultatif) cependant, la différence entre les deux est

d’ordre modal : sudah exprime un événement attendu ou craint par le locuteur.

197 Cet ancrage se fait pas défaut en fonction de la nature télique ou atélique du verbe. Si le verbe est atélique,

alors sudah indique que l’action est commencée. Nous citerons en exemple la phrase : « air men sudah mendidih / la bouilloire est déjà en ébullition. », (Gonda, 1954, p. 251). Si le verbe est télique alors, sudah indique que l’action a été menée à son terme. Nous citerons en exemple la phrase : « kemarin saya sudah banun pukul enam / à 6 heures j’étais déjà levé(e). », (Gonda, 1954, p. 251). L’ancrage dépend donc de la valeur aspectuelle lexicale du verbe.

198 Par exemple : Belum : pas encore, sudah : déjà, sedang : en train de. Ces marqueurs permettent au contexte et

points de référence de situer dans le temps l’éventualité. L’expression du temps est donc liée à la valeur aspectuelle.

168 Je déjà manger

J’ai (déjà) mangé

(aucune indication temporelle n’est donnée pour cet exemple)

(4.16) Dia sedang tidur

Elle en train de dormir

Elle est en train de dormir

(aucune indication temporelle n’est donnée pour cet exemple)

(4.17) Ketika dia sempai rumahnya saya sudah makan Quand elle arriver maison ma déjà manger Quand elle est arrivée à la maison j’avais fini de manger

(indication temporelle, quand / au moment où / ketika)

(4.18) Ketika dia sempai kator saya sedang makan Quand elle arriver bureau je en train de manger Quand elle est arrivée au bureau j’étais en train de manger

Dans les exemples n°(4.15), (4.16), (4.17) et (4.18)199 la forme verbale ne change pas : sempai (arriver) et makan (manger) présentent une forme immuable. L’ajout de l’adverbe sudah (déjà) ou sedang (en train de) marque respectivement l’aspect : le parfait ou le progressif. L’événement « arriver », en fonction de sa marque aspectuelle se positionne dans le temps par rapport à ketika (quand) dans les exemples n°(4.17) et (4.18). Dans l’exemple n°(4.17), « manger » précède l’arrivée, tandis que dans l’exemple n°(4.18) les deux événements sont concomitants.

Sudah a ainsi une valeur perfective (apportant un focus sur le résultat de l’action) et sedang

une valeur progressive, le contexte et co-texte de l’énoncé donnent la dimension temporelle et placent l’éventualité sur la ligne du temps. Les valeurs aspectuelles portées par les adverbes sedang et sudah se transcrivent en français par des tiroirs temporels différents en fonction des indications temporelles en malais ou de l’interprétation faite par le traducteur,

169 puisque le marquage temporel n’est pas obligatoirement porté par le verbe. Dans les exemples n°(4.17) et n°(4.18), ketika (quand) permet de donner une idée de la succession chronologique des événements en les plaçant sur la ligne du Temps l’un par rapport à l’autre. En ce qui concerne l’expression du futur, elle se fait principalement à travers trois marqueurs aspectuels modaux : belum, akan et bakal : « the markers belum, akan, and bakal should not be labelled as future tense morphemes, but as aspect and modality markers. Indeed, akan can be used in narrative speeches located in the past.200 », (Grangé, 2013, p. 63). Ainsi, Grangé (2013) décrit akan comme le marqueur modal de l’incertitude et il est ainsi possible d’exprimer le futur.

Si les notions de perfectif, d’accompli ou d’inaccompli sont bien exprimés par les marqueurs cités supra, la notion de parfait n’est pas directement exprimé : « Sudah / telah / pernah indicates an action completed at the time of speaking, but M/I201 has nothing corresponding to the English distinction between simple past and present perefct. Learners have considerable difficulty with English verb forms. »202, (Yong, 2001, p. 286). L’absence de parfait en malais rend la correspondance avec le present perfect difficile à comprendre pour un public malayophone. Ainsi, la valeur de présent parfait du passé composé est également difficile à concevoir203.

Comme nous venons de le voir supra, dans l’introduction et dans la description du temps, l’expression du temps et de l’aspect sont intrinsèquement liés.

Le temps, comme il a été évoqué supra, s’exprime à travers l’utilisation d’adverbes, d’indications temporelles ou de marqueurs aspectuels libres204 à valeur aspectuelle grammaticale : sedang, pernah, sudah, etc dont la coordination pourra donner des indications quant à la succession, simultanéité des actions et sur leur succession chronologique. L’aspect qui peut aussi être marqué sur le verbe à travers un système d’affixes