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La « séquence autoritaire »: séquestration-torture-mort-disparition

Le mode de fonctionnement des organisations à caractéristiques

2.3. La « séquence autoritaire »: séquestration-torture-mort-disparition

« J’ai été kidnappé par un commando fortement armée, dans la matinée du 18 Novembre 1977, à l’angle des rues Jujuy et Garay. À partir de ce moment-là et jusqu’au 28 Décembre 1977, j’ai été interné dans un camp appelé Club Atlético ; ensuite, jusqu’en Août 1978, j’étais à El Banco ; puis d’Août 1978 à fin Janvier 1979 j’étais en détention à El Olimpo. Tous ces camps de concentration étaient situés dans des installations contrôlées par l’Armée, la Police Fédérale et le Service Pénitentiaire, et dépendaient du 1er Corps de l’Armée de Terre. Entre les mois de Janvier et mars 1979 j’ai été interné, avec une dizaine de disparus, dans les locaux de la División Cuatrerismo de Quilmes (ancienne fosse Malvinas), de la police de la Province de Buenos Aires, sous contrôle d’un groupe qui – dans un acte de rebellion – avait vidé l’Olimpo sans prévenir le 1er Corps. En Mars 1979, le 1er corps nous a retrouvés et nous sommes kidnappés une deuxième fois (alors que nous étions déjà séquestrés !) et transférés à l’ESMA (« Escuela de Mecánica de la Armada »). Entre Mars 1979 et Août 1981, j’étais retenu prisonnier à l’ESMA. Pour résumer, cette longue odyssée a eu lieu dans cinq camps de détention différents pendant trois ans et huit mois. […] Je dois dire que lorsque quelqu’un se faisait enlever par les commandos de la dictature, il ou elle était porté disparu. La séquence mise en place était disparition-torture-mort. Nous, Les disparus, nous passions la plupart de la journée et de la nuit cagoulés, menottés, les fers aux pieds et les yeux bandés, dans une geôle qu’on appelait le tuyau, tellement elle était étroite. […] On pouvait se faire torturer à nouveau dans le bloc opératoire avant d’être, comme tous les autres, « transférés », un euphémisme qui masquait la véritable destination, l’assassinat. Quelques uns, parmi nous, pour des raisons obscures connues uniquement par nos tortionnaires, ont été épargnés. »235.  

« Au début, ils appliquaient les chocs électriques à haut voltage. Mais après, ils pouvaient utiliser des chocs moins puissants parce que notre mémoire les

      

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« Fui secuestrado por un grupo operativo fuertemente armado en la mañana del 18 de Noviembre de 1977, en la esquina de Jujuy y Garay. Desde esa fecha hasta el 28 de Diciembre de 1977 fui internado en el campo llamado Club Atlético; luego, hasta Agosto de 1978, estuve en El Banco; desde Agosto de 1978 hasta fines de Enero de 1979 estuve detenido en El Olimpo. Estos campos de concentración estaban localizados en construcciones controladas por el Ejército, la Policía Federal y el Servicio Penitenciario y dependían del 1er Cuerpo de Ejército. Desde Enero de 1979 hasta Marzo de 1979 estuve, junto a otros diez desaparecidos, en la División Cuatrerismo de Quilmes (ex pozo Malvinas), de la Policía de la Provincia de Buenos Aires, bajo el control de un grupo que -en rebeldía- había vaciado el Olimpo con desconocimiento del 1er Cuerpo. En Marzo de 1979, el 1er Cuerpo nos descubre y somos secuestrados nuevamente (¡estando secuestrados!) y llevados a la ESMA. Desde Marzo de 1979 hasta Agosto de 1981, estuve detenido en la ESMA. Resumiendo, esta larga odisea abarcó cinco campos de detención a lo largo de tres años y ocho meses. (…) Debo decir que, desde el momento en que alguien era secuestrado por los grupos de tareas de la dictadura, él o ella era un desaparecido. La secuencia establecida era desaparición-tortura-muerte. La mayoría de los desaparecidos transcurríamos día y noche encapuchados, esposados, engrillados y con los ojos vendados, en una celda llamada tubo por lo estrecha. [...] Podíamos también volver a ser torturados en el quirófano y, finalmente, como todos los demás, ser “trasladados”, eufemismo que encubría el verdadero destino, el asesinato. A algunos pocos, por oscuras razones que sólo los represores conocían, se nos dejó con vida » (tda.)

Voir teigmonage de Mario Villani et d’autres sur le site de l’association de victimes, familles de victiomes et detenus dans les « CCD » lors de la dernière dictature argentine. Disponible sur : http://www.exdesaparecidos.org/aedd/testimonios/mariovillani.php (consulté le 8 mars 2016).

associait au choc à haut voltage. À ce moment-là, nous étions déjà à leur merci. Je trouve que c’est très important parce que cela prouve que cette équipe de tortionnaires utilisait les méthodes qu’ils appelaient de manière euphémistique des « techniques d’interrogatoire ». Il n’était pas question d’agissements incontrôlés d’un sadique lambda. Ensuite, la torture était progressive, faite d’allers-retours, de menaces et de la certitude qu’ils nous faisaient ressentir en permanence que tout pouvait recommencer à tout moment. L’objectif était de nous anéantir petit à petit, en tant que personnes et en tant que militants. […] Cela faisait à peu près deux mois que j’étais retenue à la Vila Militar lorsque l’on m’a de nouveau transféré au DOI-CODI (Détachement d’opérations d’information – Centre d’opérations de défense interne). Je n’arrivais pas à accepter que cela fût possible. Je m’étais convaincue que tout cela allait bientôt prendre fin. […] J’étais tellement désespérée qu’ils m’ont donné une injection, et j’ai été transférée, à moitié inconsciente, à la Barão de Mesquita. Là-bas, tout était différent. Les cellules avaient des lits avec des draps et les appareils de torture avaient été remplacés par des cellules à contrôle de son et de température, celles qu’on appelle les frigos. Les prisonniers ne pouvaient pas dormir ni manger et on leur faisait supporter des températures extrêmement froides. […] Aujourd’hui, je pense que le DOI-CODI de la Barão de Mesquita était réservé à partir de cette période aux prisonniers qui devaient subir cet « interrogatoire scientifique ». En même temps, les militants clés des organisations armées furent condamnés à mort et exécutés sommairement. On ne les envoyait pas au DOI-CODI. Ils étaient torturés et assassinés ailleurs, par exemple à la Casa da Morte (Maison de la Mort) à Petrópolis »236.”  

Des milliers de victimes ont « circulé »237 dans les CCDs argentins et brésiliens. En Argentine, entre 1976 et 1982, d’après la « Commission nationale sur les disparitions de personnes » (CONADEP) ces centres ont vu passer près de 10 000 personnes. Même si ce chiffre a été attribué grâce aux plaintes des victimes, il est toujours très compliqué d’établir le nombre exact de disparitions238. Par ailleurs, il

      

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« O choque no início tinha de ser de alta voltagem. Mas depois, eles podiam dar choques pequenos que a nossa

memória era do choque de alta voltagem. Nos já estaríamos nas mãos deles. Acho isso muito importante porque demonstra também que essa equipe de torturadores estudava os métodos que eles eufemisticamente chamavam de "técnica de interrogatório". Não era simplesmente uma explosão de um sádico de plantão. Num segundo momento então, a tortura era progressiva, feita de idas e vindas, de ameaças e da nossa certeza, permanentemente alimentada por eles, que tudo poderia recomeçar a qualquer momento. O objetivo era, pouco a pouco, nos anular, como pessoas e como militantes. (…) Estava já há cerca de dois meses na Vila Militar quando em final de agosto fui levada de novo para o DOI-CODI. Essa possibilidade não passava pela minha cabeça. Tinha me convencido de que tudo aquilo acabara. (...). Estava tão desesperada que me deram uma injeção e fui levada quase desmaiada para a Barão de Mesquita. Lá estava tudo mudado. As celas tinham cama e lençol e os aparelhos de tortura foram substituídos por celas com controle de som e de temperatura, as chamadas geladeiras. Os presos eram colocados sem poder dormir, sem comer e em temperaturas baixíssimas. (...) Hoje, me parece que o DOI-CODI da Barão de Mesquita, a partir desse momento, foi reservado para presos que passariam por esse “interrogatório científico”. Ao mesmo tempo, os militantes das organizações armadas considerados chaves foram sumariamente condenados à morte. Não iam para o DOI-CODI. Iam ser torturados e assassinados em outros lugares, como a Casa da Morte em Petrópolis » (tda.). Voir teigmonage de Lucia Murat accordé en audience publique tenue le 28/05/2013 pour la

Commision de l’État de Rio de Janeiro. Disponível sur you tube: https://youtu.be/ZwyKtFdZrKk

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La notion de « circulation » fait ici référence directe à celle des « Circuits » concernant les dictatures militaires brésilienne et argentine. Cette notion dénote une méthodologie répressive où les victimes étaient constamment déplacées d’un CCD vers d’autres CCDs. Chaque CCD jouait un rôle particulier au sein des « Circuits ».

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« Personne ne sait exactement combien de personnes ont été des ‘détenus – disparues’ et combien ont été tuées, par les forces armées et/ou le Triple A en Argentine. Les listes que nous avons des détenus-disparus atteignent environ 10 000 noms. Cependant, elles ont été faites sur la base des plaintes reçues par la CONADEP et les

existe des controverses et même des batailles idéologiques au sujet de ces chiffres concernant d’un côté certains macristes et les forces armées et, de l’autre côté, certains kirchneristas et des associations de droits de l’homme comme « Les mères de la Place de Mai », qui évoquent pour leur part le chiffre de 30 000 disparus239. En ce qui concerne le Brésil, le nombre officiel de morts et disparus semble nettement inférieur240 : la Commission Nationale pour la Vérité (CNV) a confirmé dans son rapport final que 434 personnes ont été victimes directes de la dictature. Parmi ces vitimes, 243 ont été portées disparues et – parmi ces derniers, 33 ont été identifiés241. Cependant, la CNV a également révélé dans son rapport que ce nombre est inexact et peut-être bien supérieur, en tenant compte, par exemple, du nombre d’indiens qui ont été exécutés par le régime, à savoir, environ 8 350242. Concernant la quantité de personnes persécutées et/ou emprisonnées pendant la dictature brésilienne, cela est supérieur à l’Argentine : 50 000 personnes ont été affectées et leurs droits violés par la répression dictatoriale243.  

Parmi les témoignages donnés par ces victimes, les mots : séquestration, torture, exécution, disparitions se répètent sans cesse et suivent une logique perverse traduite par la « séquence autoritaire » - séquestration-torture-mort-disparition

        organisations des droits de l'homme et n'incluent pas les multiples cas dans lesquels les victimes ne pouvaient ou voulaient déposer une plainte. En 1978, l'armée elle-même estimait que 22 000 personnes avaient déjà été ‘aspirées’ (‘chupadas’). On estime que le nombre total est plus élevé, mais nous ne connaîtrons jamais le nombre exact avant que l'armée elle-même ne délivre la liste complète des personnes disparues » (tda.).Voir : « Lista de detenidos- desaparecidos y asesinados en Argentina » In Proyecto Desaparecidos. Disponible sur : http://www.desaparecidos.org/arg/victimas/listas/ (consulté le 9 mars 2016).

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Voir : CUÉ, Carlos E. Daniel. « Polémica en Argentina por las cifras de desaparecidos de la dictadura ». El País,

Espanha : 28/01/2016. Disponible sur :

https://elpais.com/internacional/2016/01/27/argentina/1453931104_458651.html (consulté le 9 mars 2016).

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Au Brésil, le nombre de disparus est peut-être beaucoup moins important qu’en Argentine dû au fait que les militaires brésiliens ont officiellement rétabli la peine de mort en 69 avec la « Loi de Sécurité Nationale » alors qu’en Argentine elle n’a jamais été reconnue en tant que pratique de l’État contre ses opposants politiques.

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La CNV entend par la mort: 1) les exécutions sommaires ou arbitraires (y compris les décès résultants de la torture); 2) les morts dans les conflits armés avec les agents du pouvoir public; (3) les suicides survenus à cause de l’imminence de l’emprisonnement et/ou torture et, également, des séquelles suite aux tortures infligées. (...) La CNV a considéré comme une disparition forcée toute privation de liberté perpétrée par des agents de l'Etat - ou par des personnes ou des groupes avec l'autorisation, le soutien ou le consentement de l'Etat - suivie du refus d'admettre la privation de liberté, en empêchant l'exercice des garanties. Voir : Relatório da Comissão Nacional da Verdade, op. cit., 2014, p. 26. Disponible sur : http://cnv.memoriasreveladas.gov.br/images/pdf/relatorio/volume_3_digital.pdf (consulté le 8 mars 2016).

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Selon le rapport, pendant la période considérée, au moins 8 350 indiens ont été tués dans des massacres, dépossédés de leurs terres, ont subi des expulsions forcées, ont été emprisonnés, torturés et affectés par de mauvais traitements, viols, entre autres. Beaucoup ont été simplement exterminés et enterrés dans des fosses clandestines au milieu de l’Amazonie. Dans le chapitre «Violations des droits de l'homme des peuples autochtones », les chiffres détaillés des exécutions sont les suivants : 3 500 à Cinta-Larga (RO), 2 650 Waimiri-Atroari (AM), 1 180 Indiens Tapayuna (MT), 354 Indiens Yanomami (AM / RR), 192 Xetá (PR), 176 Panará (MT), 118 Parakanã (PA), 85 Xavante de Marãiwatsédé (MT), 72 Araweté (PA) et plus de 14 Arara (PA). Voir : Relatório da Comissão Nacional da Verdade : volume II – Violações de direitos humanos dos povos indígenas. Memórias reveladas. Brasília : CNV, dezembro 2014. Disponible sur : http://cnv.memoriasreveladas.gov.br/images/pdf/relatorio/Volume%202%20- %20Texto%205.pdf (consulté le 10 mars 2016).

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Voir : NASCIMENTO, Luciano. « Ditadura militar violou direitos de 50 mil pessoas, diz Comissão Nacional da Verdade ». Agência Brasil - EBC, Brasília : 25/02/2013. Disponible sur : http://memoria.ebc.com.br/agenciabrasil/noticia/2013-02-25/ditadura-militar-violou-direitos-de-50-mil-pessoas-diz- comissao-nacional-da-verdade (consulté le 10 mars 2016).

– subie par la majorité des détenus des CCDs. Du côté des opresseurs, les codes terminologiques utilisés pour faire référence à cette séquence sont chargés d’euphémismes tels qu’« ‘opérations’ – ‘perquisitions’ – ‘saisies’ – ‘interrogatoires’ – ‘techniques’ – ‘machines’ - ‘expéditions’ – ‘transferts’ ». Cet artifice est double : d’une part, il sert à « bureaucratiser » les pratiques répressives-arbitraires pour qu’elles deviennent « machinales » et « nécessaires » dans un but ultime de « sauver » la patrie des subversifs et, d’autre part, il sert au processus de « déshumanisation des détenus », de les « vider » de leurs personnalités afin de les anéantir physiquement et, principalement, psychologiquement244.  

« Dans le cadre du dispositif de liquidation des personnes et des cadavres, la fragmentation et la bureaucratisation créent des mécanismes qui visent à diluer la responsabilité, à la niveler pour, au bout du compte, la gommer. Ce n’est pas un hasard si les forces armées se sont refusées à reconnaître les camps comme un instrument étatique de répression, une instance qui faisait de l’État le persécuteur et l’exterminateur institutionnel »245.

Ce n’est pas non plus un hasard si la plupart des CCDs étaient « camouflés » dans des dépendances de l’armée ou de la police, dans des « puits » ou dans des « maisons secrètes ». Cela démontre le haut degré de complicité entre les « corps de sécurité » dans l’exécution d’un plan commun de répression – il y avait, à la fois, un esprit de corps ou de corporation, un secret partagé (« unité ») et une division bien marquée des tâches pour diluer les responsabilités individuelles (« fragmentation »).  

À partir de l’année 76, avec la mise en place du « Processus de Réorganisation Nationale », la société argentine fut confrontée à un immense saut de la terreur en comparaison aux années précédentes, concernant notamment la quantité de séquestrations, de tortures et de disparitions perpétrées 246 . La logistique d’ « enlèvements » se perfectionna suite à la répartition des tâches entre les différents

      

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Les ouvrages sur la Shoah décrivent également cette méthode de « bureaucratisation » de l’extermination et « déshumanisation » des détenus juifs par une politique naziste. Voir : ARENDT, Hannah. Los orígenes del

totalitarismo. Madrid : Alianza Editorial, 2002 ; ARENDT, Hannah. Eichmann em Jerusalem. São Paulo :

Companhia das Letras, 2016 ; LEVI, Primo. Trilogía de Auschwitz: Si esto es un hombre, La tregua, Los hundidos y

los salvados. España : El Aleph Editores, 2005.

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CALVEIRO, Pilar. Poder y desaparición : los campos de concentración en Argentina. Buenos Aires : Colihue, 2004. p. 67.

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Cela se passe également puisque le « Proceso de Reorganización Nacional » qui démarra avec le géneral Videla se proposait à épurer la societé argentine, en anéantissant toute l’opposition politique. Ainsi, pour les militaires et leurs alliés civils et religieux, il s’agissait en effet « de “discipliner une société anarchisée” et de “fonder un nouveau modèle économique” pour libérer l’Argentine des “plaies” l’empêchant d’atteindre son destin manifeste : le péronisme comme “populisme démagogique” imbattable dans les urnes, le syndicalisme en tant que facteur de pouvoir “exacerbé et irrationnel”, la bourgeoise “prébendière” […] et le virus “désagrégateur et internationalisant” de la gauche enkystée dans la politique, le syndicalisme et surtout la culture ». Voir: REATO, Ceferino Disposición

« groupes opérationnels » - « patotas »247 - et la police de la « zone visée » : 

« Pendant la dictature militaire de 1976, lorsqu’un commando devait intervenir dans un quartier en tant que ‘groupe d’action’ afin de s’introduire dans une maison et séquestrer quelqu’un, l’action était coordonnée avec la police. Pour pouvoir réaliser l’intervention, ils confirmaient auprès de la police qu’ils avaient bien ‘feu vert’ ou que la ‘zone était libérée’. Ainsi, si un voisin appelait le commissariat, celui-ci n’intervenait pas. Il y avait trois manières d’obtenir un ‘feu vert’ : 1) par signal radio ; 2) en se garant quelques instants devant le commissariat du coin ; 3) en prévenant le Departamento Central de Policía (Département Central de Police). »248

La mise en place des CCDs entraîna donc un changement quantitatif et qualitatif des méthodes de tortures et de disparitions par conséquent, perfectionna la « logistique d’enlèvement » et, ainsi, renforça le contexte exceptionnel de la terreur :

 

« La quasi totalité des plaintes reçues par la CONADEP (Comission nationale de la disparition de personnes) mentionnent des actes de torture. Ce n’est pas un hasard. La torture a été un élément clé dans la méthodologie adoptée. Les Centres clandestins de détention ont été conçus, entre autres, pour la pratiquer impunément. L’existence et la généralisation des pratiques de torture sont accablantes, tant par le degré d’imagination des tortionnaires que par leur personnalité et celle de ceux qui les ont autorisées et utilisées comme méthode […]. Que dire de ces actes, sinon qu’il s’agit d’un immense échantillon des plus graves et inqualifiables perversions, sur lequel des gouvernements illégitimes ont puisé une grande partie de leur domination sur toute une nation ? »249 

Les CCDs permirent que la torture soit utilisée de façon absolue et illimitée. Au caractère illimité des méthodes, s’ajoutait un usage illimité dans le temps. Les officiers

      

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La « patota » (la « bande ») était le groupe operationnel chargé d’enlever les « subversifs » que ce soit dans la rue, chez eux ou sur leur lieu de travail.

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« Cuando en un barrio iba a actuar un ‘grupo de tareas’ durante la dictadura militar de 1976, se llevaba a cabo una coordinación entre el comando que iba a introducirse en alguna casa de la zona para secuestrar a alguien, y la policía. Para pode realizar el operativo de secuestro, se le solicitaba a la fuerza policial que diera ‘luz verde’ o ‘zona liberada’. De esta manera, si algun vecino se comunicaba con la comisaría, ésta no tomaba intervención en lo que estaba sucediendo. Las tres formas registradas para pedir luz verde fueron : 1) mediante un aviso de radio ; 2) estacionando por um momento frente a la comisaria del lugar ; 3) informándoselo al Departamento Central de Policía » (tda). Voir « Circuit Camps », Tribunal Oral Federal N° 1 de La Plata, Buenos Aires: decembre 2012, p. 43. La sentence complète est disponible sur : http://www.cij.gov.ar/nota-11023-Lesa-humanidad--difundieron-los- fundamentos-del-fallo-que-conden--a-23-acusados-por-el--Circuito-Camps-.html (consulté le 11 mars 2016).

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« En la casi totalidad de las denuncias recibidas por esta Comisión (CONADEP) se mencionan actos de tortura. No es casual. La tortura fue un elemento relevante en la metodología empleada. Los Centros Clandestinos de Detención fueron concebidos, entre otras cosas, para poder practicarla impunemente. La existencia y generalización de las prácticas de tortura sobrecoge por la imaginación puesta en juego, por la personalidad de los ejecutores y de quienes la avalaron y emplearon como medio […] ¿qué otra cosa sino un inmenso muestrario de las más graves e incalificables perversiones han sido estos actos, sobre los que gobiernos carentes de legitimidad basaron gran parte