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Les années 80 et 90 sont marquées par un bouleversement important au niveau des régimes politiques dans plusieurs pays d’Amérique latine279 : c’est le moment où

      

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D’après Renée Fregosi, cela se traduit « sous la forme d’une succession de changements de régime plus ou moins pacifiques, mais aussi à travers des processus divers de démocratisation politique ». De plus, « sous le terme générique de ‘démocratisation’, on englobe en effet des avancées en matière de démocratie qui peuvent se produire dans des contextes très différents : des changements de régimes bien entendu (passages de la dictature à la démocratie), mais aussi des démocraties matures perfectionnant leurs procédures et s’adaptant à de nouveaux défis, des démocraties limitées s’ouvrant à de nouveaux espaces et à de nouveaux acteurs sociaux, voire des régimes autoritaires qui se libéralisent (baisse d’intensité de la répression, tolérance accrue vis-à-vis des pratiques politiques pourtant prohibées) ». Voir FREGOSI, Renée. Parcours transnationaux de la démocratie : Transition,

consolidation, destabilization. Bruxelles : P.I.E. Peter Lang, 2011. p. 101.

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C’est le cas de l’Équateur en 1978, du Pérou en 1980, de la Bolivie en 1982, de l’Argentine en 1983, de l’Uruguay en 1984, du Brésil en 1985 et du Chili en 1988.

les gouvernements dictatoriaux ont laissé la place à des régimes démocratiques par le biais des élections libres280. Ces périodes sont très complexes car elles constituent un « patchwork » d’éléments du passé dictatorial cousus avec des éléments des démocraties naissantes. C’est pourquoi, faire une analyse socio-historique de ce moment, présuppose la compréhension qu’au sein même du processus de « changement de régime », il existe plusieurs « agencements », « transactions », « négociations », « pactes », mais aussi des « ruptures » entre les acteurs du passé autoritaire et les nouveaux acteurs démocratiques.  

Les jeunes démocraties sont donc constituées d’intérêts, de volontés et de pratiques politiques et sociales diverses qui passent également par un processus d’avancées et de reculs qui n’aboutissent pas toujours à une démocratie parfaitement consolidée.

« Parce que la démocratie n’est pas seulement un régime politique, mais aussi un type de société paradoxale et ambivalente, elle doit être considérée sur plusieurs niveaux de la réalité politique et sociale et comme portant en elle les germes de sa propre négation »281

Dans ce cadre théorique, le processus difficile de démocratisation des institutions policières est un objet d’étude privilégié dans la mesure où il met tout particulièrement en valeur ces ambivalences. Les polices argentine et brésilienne ont joué un rôle essentiel dans la répression politique mise en place par les régimes militaires lors des dernières dictatures. Mais avant même les périodes dictatoriales, ces forces maintenaient déjà des liens forts avec les milieux criminels de l’époque et les pouvoirs politiques locaux. Ce « passif autoritaire » a donc généré un « environnement » de violence dans lequel la police a été régulièrement impliquée. Ainsi, dans quelle mesure la période post-dictatoriale – notamment les années 80 et 90 - dans ces deux pays a-t-elle « pérennisé » certaines caractéristiques autoritaires des années passées au sein des nouvelles structures démocratiques ? 

Toute transition commence avec la crise de l’ancien régime autoritaire282. Cette première étape est généralement appelée « ouverture politique » ou « libéralisation

      

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Manuel Garreton parle de la « transition » comme le processus qui va de la crise terminale du régime militaire jusqu’aux premières élections libres ». Voir : GARRETON, Manuel. Reconstruir la politica. Transicion y

consolidacion. Democracia en Chile. Santiago : Andante, 1987, p. 37.

281

Fregosi, op. cit., p. 77.

282

Selon Juan José Linz, les transitions commencent généralement par un événement particulièrement traumatisant qui déclenche un état de crise au sein de ces régimes militaires, en démarrant le processus de transition. En général, il y a une rupture au sein de la coalition militaire dominante qui provoque une crise de légitimité et, donc, la capacité du régime à limiter le pluralisme s’érode. Par conséquent, ses capacités répressives diminuent et les mobilisations populaires augmentent. Voir : LINZ, J. J. Crisis, Breakdown & Reequilibration. Londres : John Hopkins University Press, 1978.

»283 et elle ne peut pas être définie à l'avance. Au Brésil, par exemple, le processus entre le début de la « libéralisation » jusqu'au début de la phase de démocratisation a duré quasiment dix ans, tandis que dans d'autres transitions ce processus s’est déroulé très rapidement. En Argentine, seulement quelques mois se sont écoulés entre le processus de libéralisation et les élections libres.  

Étant donné l'origine de ces processus d' « ouverture », les transitions peuvent être séparées entre les « pactées » (ou par « transactions ») et les « non pactées » (ou par « ruptures ») 284. Les transitions pactées ont ouvert la voie à des « négociations » qui ont favorisé la continuité des structures, des élites et des pratiques politiques des régimes autoritaires passés. Le Brésil, l'Uruguay et le Chili sont les exemples les plus emblématiques de ce cas de figure. Les transitions par « rupture », au contraire, se produisent soit suite à une défaite militaire extérieure soit par une crise interne profonde au sein du régime autoritaire. Le cas argentin est l'exemple représentatif de la transition par « rupture » en Amérique latine.  

En Argentine, le processus de « transition » est donc marqué par l’effondrement du régime dictatorial suite à la défaite des Malouines, le renversement du dictateur Galtieri par leurs pairs et par la poursuite judiciaire mise en place par le gouvernement démocratiquement élu du radical Raúl Ricardo Alfonsin (de l’UCR entre 1983-1989) des hauts commandants militaires responsables de graves violations des Droits Humains pendant la dictature285.

Alfonsin a dû démissionner cinq mois avant de quitter officiellement la présidence devant l'incapacité de contrôler une hyperinflation féroce et sans précédent. Cette détérioration dans le domaine économique a été accompagnée d'une crise politique, provoquée par le soulèvement militaire des carapintadas286 de 1987

      

283

Andrés Fontana définit « ‘ouverture politique’ comme le processus de suppression - généralement progressive et

de facto - des restrictions à l'activité politique imposée par un régime autoritaire ». Voir : FONTANA, A. Fuerzas Armadas, partidos Políticos y transición a la democracia. Buenos Aires: Estudios CEDES, 1984, p.5.

284

Voir : O’DONNELL, Guillermo, SCHMITTER, Philippe C., WHITEHEAD, Laurence (dir.). Transiciones desde

un gobierno autoritario. Buenos Aires : Paidos, 1986.

285

La défaite de la guerre des Malouines en juin 1982, dans le cadre d'une très grave crise interne de la junte militaire et d'une situation économique et sociale critique, est considérée comme le début de la fin de la dictature. En novembre, la Junta a annoncé son intention de « négocier » avec les partis politiques sur la solution électorale et sur les conditions du futur « processus d'institutionnalisation », et a indiqué qu'une amnistie était à l'étude. Parmi les conditions de cet accord il était établit comme non négociables le thème des disparus, la lutte contre la subversion et la présence des forces armées dans le prochain gouvernement. Cependant, les forces politiques, réunies depuis 1981 dans bloc de l'opposition, ont refusé de se mettre d'accord si cela signifiait accepter les contraintes imposées par les forces armées. Parmi ses revendications figuraient la sortie électorale non conditionné et la révision de la politique économique. Néanmoins, la condamnation des violations des droits de l'homme n'occupait pas une place centrale dans leurs demandes. Voir QUIROGA, Hugo. El tiempo del "Proceso". Conflictos y coincidencias entre políticos y

militares 1976-1983. Santa Fé : Homo Sapiens Ediciones, 2004.

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Les carapintadas (« visages peints ») étaient des militaires de l’extrême-droite « nationaliste » qui se sont soulevés contre les procédures judiciaires initiées pendant la validité et l'exécution des lois du « Punto final »

coordonnés par Aldo Rico287. La convergence de ces deux processus a érodé la crédibilité du gouvernement. Il a donc fait appel aux élections anticipées qui menèrent le candidat justicialiste Carlos Menem (entre 1989 et 1999) et son vice- président Eduardo Duhalde (entre 1989 et 1991) au pouvoir. Afin de proposer une « réconciliation nationale »288, pendant les premières années du gouvernement justicialiste, - entre fin 1989 et 1990 -, Menem a décidé d’amnistier les carapintadas. Puis, il prit une mesure très controversée, en effet, le gouvernement des Hauts commandements donna son « pardon » (el indulto) aux Juntes Militaires du

Processo289.

Sur le terrain économique, le gouvernement Menen a décidé de combattre l’hyperinflation en mettant en place un programme néolibéral d’ouverture de marché et des privatisations des entreprises publiques. Ces réformes ont entrainé des coupes budgétaires des programmes sociaux qui touchèrent directement la population : la classe moyenne précédemment substantielle s’est réduite rapidement, tandis que la pauvreté et les inégalités ont augmenté progressivement290.  

Cela coïncide – mais n’est pas nécessairement la cause principale291 - avec une

        d'abord et de l’ « Obediencia Debida » afin de forcer l'État à abandonner toute velléité de poursuites judiciaires contre les militaires impliqués dans des violations des Droits de l’Homme lors de la dictature militaire argentine. Pour cela, ils ont donc mené plusieurs tentatives de coup d'État entre 1987 et 1990. Bien que les dirigeants

carapintadas ont été arrêtés, jugés et condamnés à la prison, la majorité n'a pas reçu de punition. Les dirigeants et

les participants des soulèvements contre Alfonsin ont été agraciés par le président Carlos Menem en 1989.

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Aldo Rico, leader carapintada, a commencé sa vie politique en formant le parti « Movimiento por la Dignidad y la Independencia » au sein duquel il a été élu député en 1991. Comme l’Unión Cívica Radical et le Frente Grande el Modin, son parti s'est opposé à la PJ, mais il a changé sa position et s'est allié avec le « duhaldismo » (un courant du Peronisme). En 1997, il est devenu maire de San Miguel. En 1999, Carlos Ruckauf l'a nommé ministre de la sécurité, mais quatre mois plus tard, il a été renvoyé au milieu d'un scandale où il a fait des déclarations qui ont mit mal a l’aise le président Fernando de la Rúa. Cependant, il a réussi quand même à revenir à l'intendance de San Miguel où il a été élu maire jusqu'en 2003. Voir : ARES, Carlos. « El 'carapintada' Aldo Rico dirigirá la policía de Buenos Aires ». El País, Espanha : 06/11/1999. Disponible sur : https://elpais.com/diario/1999/11/06/internacional/941842810_850215.html (consulté le 18 mars 2016).

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« Je viens de fermer pour toujours une blessure qui nous a frustré pendant de nombreuses années, nous nous sommes écroulés, elle nous a fait mal. Je viens fermer le chapitre absurde de la division cruelle entre tous les Argentins. Entre les civils et les militaires. En bref, entre tout le peuple argentin. Entre un peuple qui ne veut plus continuer a payer ses factures avec le passé. Entre un peuple qui en a déjà marre de la frustration, du ressentiment, de l'anarchie, du chaos et de la décadence (...) Je vous appelle à l'héroïsme de la réconciliation nationale. Je vous appelle à être des soldats de l'union entre tous les Argentins. Je vous appelle à partager le plus grand honneur qu'un homme d'armes peut partager, être un protagoniste, responsable et patriotique, de la pacification nationale » (tda.). Voir : Discursos oficiales del Presidente de la Nación, Dr. Carlos Saúl Menem, Dirección General de Difusión, Secretaría de Medios de Comunicación, Presidencia de la Nación, República Argentina (varios tomos). Discurso oficial del 01/11/89, pp. 145-147.

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Le 29 décembre, le président Menen a promulgué le décret 2741/90, qui « pardonnait » les anciens commandants militaires de la dernière dictature qui avaient été condamnés en 1985, à savoir, les anciens généraux Jorge Rafael Videla et Roberto Viola, les généraux Ramon Camps et Ovidio Richeri, les anciens amiraux Emilio Massera et Armando Lambruschini et l'ancien brigadier Orlando Agosti. Ce même jour, il a également promulgué le décret 2742/90 grâce auquel l'ancien chef de l'organisation Montoneros, Mario Eduardo Fiermenich, a été « gracié ».

290

Voir : KESSLER, G. L’appauvrissement des classes moyennes en Argentine, tesis para optar al grado de Doctor en Sociología. París: EHESS, 1998 ; MINUJIN, A. & G. KESSLER. La nueva pobreza en Argentina. Buenos Aires: Planeta, 1995; TORRES, H. « Cambios socioterritoriales en Buenos Aires durante la década de 1990 », Eure, 26, 80, Santiago : mayo 2001, pp. 33-57.

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Les principales analyses théoriques sur la thématique de la violence urbaine veulent rompre avec l’idée que pauvreté et crime sont des facteurs directement liés, autrement dit , il existe forcément une relation causale entre les deux. Voir : CAMPOS COELHO, E. « A criminalização da marginalidade e a marginalização da criminalidad »,

Revista de Administração Pública, 12(2), Rio de Janeiro : 1978, pp. 139-161 ; CAMPOS COELHO, E. « Sobre

période de montée de la criminalité292 et, par conséquent, le renforcement de la sensation d’insécurité vécue par la population générale293 qui a été accompagnée par des politiques sécuritaires « musclées ». C’est à cette époque que la police bonaerense fut directement impliquée dans plusieurs affaires criminelles et d’innombrables pratiques arbitraires telles que le « gatillo facil » et les « razzias ». Les années 90 ont également été marquées par un renouveau concernant les répertoires d’actions collectives294 contre les réformes néolibérales de l’époque.  

« La société a joué un rôle important dans la mise en place d’actions politiques, sociales et culturelles, en réponse à l’augmentation de l’inégalité et de l’exclusion. (…) on assiste à l’émergence d’une multiplicité de formes de protestation, de résistance et de recompositions inédites développées depuis la seconde moitié des années 1990 aux niveaux local, provincial ou national : actions collectives menées par des organisation de chômeurs, collectifs culturels, assemblées de quartier, clubs de troc, usines récupérées... »295

Ainsi, dans ce contexte complexe de post-dictature où, d’un côté, les problèmes liés aux inégalités croissantes se renforcent et, de l’autre côté, les nouveaux répertoires de l’action collective se multiplient, la décision du gouvernement pour y faire face a été le durcissement du contrôle social. Les autorités ont donc organisé ce contrôle par le biais de la répression policière et de la « criminalisation » des groupes sociaux les plus mobilisés296.

Au Brésil, le processus de transition à la démocratie a été long et contrôlé par les militaires. Il s'agit donc d’un exemple emblématique du processus « pacté » d’ouverture démocratique où les militaires ont mis en place une « baisse de tension

       

una confrontación crítica. Mexico : Siglo XXI, 1980 ; ZALUAR, A. A máquina e a revolta : as organizações populares e o significado da pobreza. São Paulo : Brasiliense, 1985. MISSE, M. « Crime e pobreza : velhos

enfoques, novos problemas ». Seminário Brasil em perspectiva : os anos 90. Departamento de Ciências Sociais do IFCS-UFRJ : Laboratório de Pesquisa Social, 26-08-1993. FASSIN, D. ; PAUGAM, S., Marginalidad et marginados. La construction de la pauvreté urbaine en Amérique latine. In : L’exclusion, l’état des savoirs. Paris : La Découverte, 1996, pp. 263-271.

292

HINTON, Mercedes. The state on the streets : police and politics in Argentina and Brazil. London : Lynne Rienner, 2006. p. 20.

293

Voir KESSLER, G. El sentimiento de inseguridad: Sociología del temor al delito. Buenos Aires: Siglo XXI, 2009.

294

« Toute population a un répertoire limité d’actions collectives, à savoir de moyens d’agir en commun sur la base d’intérêts partagés. […] Ces différents moyens d’action composent un répertoire, un peu au sens où on l’entend dans le théâtre et la musique, mais qui ressemble plutôt à celui de la commedia dell’arte ou du jazz qu’à celui d’un ensemble classique. On en connaît plus ou moins bien les règles, qu’on adapte au but poursuivi. […] Le répertoire en usage dicte l’action collective ». Voir: TILLY, C. La France conteste. Paris: Fayard, 1986, p. 541-542.

295

Voir : KESSLER, G. « Clairs-obscurs de la structure sociale. Tendances en contrepoint dans l’Argentine du XXIe siècle ». Problèmes d'Amérique latine, N° 82 (4), 2011, p. 4.

296

Voir : MERKLEN, D. « Une nouvelle politicité pour les classes populaires: Les piqueteros en Argentine ».

lente, progressive et sûre »297 du régime autoritaire afin de garder leurs privilèges et garantir que leurs crimes du passé ne soient pas jugés298. Cette « baisse de tension » a connu au moins trois phases principales : la première phase débuta en 1974 au sein du gouvernement du général Ernesto Geisel et était caractérisée par l’ « atténuation » des principes de la « Doctrine de Sécurité Nationale ». La deuxième phase a été marquée par la victoire lors des élections indirectes de 1974299 du « Mouvement Démocratique Brésilien » (MDB, actuel PMDB), le parti d’opposition modérée au parti militaire, l’ « Alliance de Rénovation Nationale » (ARENA).

Finalement, la troisième phase commença dès 1979 avec l’élargissement du processus de la « baisse de tension » à travers la libéralisation des mouvements sociaux, la promulgation de la « loi d'amnistie »300 et la réorganisation de la politique représentative consituée par la fin du bipartisme, système qui avait duré tout au long du régime militaire brésilien. Terminé à la fin du gouvernement Sarney (1985- 1990)301, le processus de « transition à la démocratie » (1974-1989) était très particulier car il dura en quelque sorte plus longtemps que le régime militaire stricto sensu lui-même (1964-1974), celui-ci débouchant sur un régime civico-militaire de transition302.  

      

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Le gouvernement Geisel a eu lieu entre 1974 et 1979 et a été marqué par le soi-disant processus de démocratisation «lent, progressif et sûr » qui visait à détendre la situation politique du pays. Ces qualificatifs ont montré que les militaires les plus modérés voulaient passer le contrôle politique du pays aux civils. Mais cela ne se produirait qu'avec un « contrôle » restreint de l'ouverture par le pouvoir militaire, en d’autres termes, sans altérer les bases autoritaires et violentes qui avaient été construites depuis 1964. Geisel était considéré comme modéré, car la ligne militaire stricte, même avec l’anéantissement de la guérilla s’opposait toujours au passage du pouvoir politique aux civils. Pour la ligne stricte, il était encore nécessaire d'effectuer la chasse aux soi-disant subversifs par la torture, la persécution et les disparitions.

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Juan J. Lins déclara que, dans le processus de transition négociée, les dirigeants devaient être en mesure d '« agir au nom des intérêts de ceux qu'ils représentent vraisemblablement et avec la capacité de s'engager envers ceux qu'ils représentent » (tda.) Voir : LINZ, Juan J. ; QUINTANA, Enrique F. Liderança inovadora na transição para a democracia e uma nova democracia: o caso da Espanha. In : A transição que deu certo: o exemplo da democracia

espanhola. São Paulo: Trajetória Cultural, 1989. p. 227.

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Toutes les élections sous le régime militaire ont élu des candidats militaires du parti ARENA (National Renewal Alliance). Lors des élections des candidats militaires radicaux (1966 et 1969), il n'y avait pas d'autres candidats, à savoir une élection à une seule liste. Aux élections des candidats militaires modérés (1974 et 1978) il y avait une autre liste d'opposition, à l'exception de 1964, où tous les candidats étaient de militaire. La candidature militaire a été indiquée par le président Médici ayant comme opposition la plaque du Mouvement Démocratique Brésilien (MDB).

300

La décision de la promulgation de la « loi d'amnistie » fut une étape importante, considérée comme la première étape du processus de démocratisation, qui a abouti au mouvement des élections directes, et par l'Assemblée constituante. Cependant, même s'il s'agissait d'un premier pas vers l'ouverture politique, il devint également l'obstacle créé pour empêcher les enquêtes sur les performances des militaires et des fonctionnaires de l'État pendant la période d'exception.

301

Le gouvernement Sarney (1985-1990) fut l'expression ultime de ce "cercle de fer" qui contrôla avec succès le changement politique au Brésil. (...) Les slogans de l'Alliance Démocratique, "conciliation" et "pacte social", ont pu neutraliser les deux procès de l'opposition au régime dictatorial qui ont émergé dans la conjoncture 1977-1980 (grèves ouvrières, mouvements sociaux de base et protestations des entrepreneurs contre l'intervention de l'Etat dans l'économie), ainsi que la fameuse campagne pour des élections directes à la Présidence de la République en 1984. Le résultat fut l'amélioration d'un régime antipopulaire ou, comme l'appelait Florestan Fernandes, d'une « démocratie forte », à savoir une forme politique ni explicitement dictatoriale, au point d'être combattue en tant que telle, ni pleinement démocratique et libérale. Voir : FERNANDES, F. A ditadura em questão. São Paulo : T. A. Queiroz, 1981, p. 10.

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A la fin des années 80, avec l'échec des plans successifs de stabilisation mis en place pour contrôler l’hyperinflation, le pays plongea dans une stagnation économique et, par conséquent, les inégalités303 augmentèrent exponentiellement. Dans ce contexte, les idéaux d’ouverture des marchés en cours dans le monde ont également