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PARTIE II : Recueil, description et analyse des données

6.5 La relation des enquêtés avec les langues étrangères

La partie de ce chapitre examine le plurilinguisme chez les personnes ayant répondu au questionnaire. Cette partie porte sur les langues étrangères, le répertoire linguistique et le niveau de capacité linguistique. Elle s’intéresse également à la motivation des répondants pour l’apprentissage d’une langue étrangère et compare le niveau de maîtrise des langues étrangères en fonction des différentes politiques linguistiques suivies par chaque pays offrant un tel programme de mobilité. Nous détaillerons chaque thématique séparément avec des exemples tirés de notre corpus relatif au questionnaire.

6.5.1 Langues maîtrisées

La politique linguistique au niveau national (voir chapitre 4) a imposé l’étude obligatoire de certaines langues aux enquêtés. L’anglais occupe une place prépondérante. On peut observer que, dans le répertoire linguistique des enquêtés, figurent aussi d’autres langues comme le français, l’allemand, l’italien et l’espagnol, mais les taux de maîtrise de ces langues sont plus faibles que celui de l’anglais, qui est une langue maîtrisée presque à 100 % par nos répondants (seul un répondant sur le total de 164 de notre corpus n’a pas mentionné l’anglais).D’ailleurs, une faible minorité maîtrise le russe (10 sur 164, voir la Figure 25 ci-dessous).

Figure 25 : Question n° 16 : Langues étrangères maîtrisées par les enquêtés (N=414)

Ainsi, les résultats de notre recherche indiquent que l’anglais est la langue dominante : 163 enquêtés la maîtrisent. En outre, un peu plus de la moitié (91 enquêtés) maîtrisent le français. Ensuite, nous avons noté que le nombre d’enquêtés qui maîtrisent l’allemand, l’italien et

196 l’espagnol ne présentent pas des divergences importantes : 46 enquêtés maîtrisent l’allemand ; 40, l’espagnol ; et 36, l’italien. Seulement 10 enquêtes maîtrisent la langue russe. Un nombre relativement important (28 sur 164 enquêtés) maîtrisent d’autres langues, comme le finnois, le chinois ou le turc.

Sur ce point, la réponse à la question n°16 « Vous parlez quelles langues ? » nous a permis de révéler le répertoire linguistique de chaque informateur (voir figure 26). La question, posée sous forme ouverte et construite comme une interrogation partielle nécessitant une vraie réponse, a permis aux informateurs de déclarer librement leur répertoire linguistique, c’est-à-dire toutes les langues qu’ils maîtrisent. La réception de ces réponses a amené à calculer le nombre des langues maîtrisées pour chaque informateur. L’analyse globale de cette question a permis d’avoir une image relativement claire du plurilinguisme des informateurs ; en d’autres termes, des langues possiblement parlées par chaque informateur lors d’une expérience multilingue (voir les résultats de la figure 26).

Figure 26 : Nombre des langues étrangères par les enquêtés (N=164)

D’après l’analyse statistique, il est évident que les enquêtés maîtrisent, de façon générale, une ou plusieurs langues étrangères : près de la moitié (70 enquêtés, soit 43 %) maîtrisent deux langues étrangères, 49 enquêtés (30 %) en maîtrisent trois, et seulement 20 (12 %) n’en maîtrisent qu’une seule. On constate que la grande majorité des enquêtés, anciens participants aux programmes de mobilité, sont plurilingues (144 enquêtés, soit 88 % de la population), maîtrisant au minimum deux langues étrangères. De plus, nous constatons que le plurilinguisme n’est que quelque chose de grande importance afin de participer aux programmes de mobilité.

197 Enfin, il est aussi important de mentionner que – comme on l’a constaté dans les réponses – le plurilinguisme n’est que parfois un bilinguisme, car la seule langue maîtrisée en plus de la langue maternelle (le grec) est l’anglais. Toutefois, ce constat est justifié par le statut de l’anglais comme langue obligatoire à l’école, comme langue seconde au niveau des affaires internationales, de la communication sur Internet ou dans la traduction et le sous-titrage de toute production venant de l’étranger. L’anglais comme première langue étrangère, présentée comme une langue majeure après la langue maternelle en Grèce, n’est pas, par contre, une langue qui « menace » toutes les autres, du fait de la variété des langues mentionnées par nos informateurs et de leurs motivations d’apprentissage des langues étrangères, comme nous allons le voir dans la section suivante.

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6.5.2 Motivations d’apprentissage des langues étrangères

Nous nous sommes également intéressée aux raisons et motivations du public cible en faveur de l’enrichissement de leur répertoire linguistique et de l’apprentissage de langues étrangères. Nous avons constaté que différents facteurs amènent les enquêtés à commencer l’apprentissage d’une langue étrangère. La figure 27 reprend tous les principaux facteurs qui motivent l’apprentissage d’une langue étrangère selon nos données (nombre de réponses des informateurs par catégorie / total des raisons d’apprentissage d’une langue étrangère selon nos données : N = 897).

Figure 27 : Question n° 18 : Raisons de l’apprentissage des langues étrangères (N=897)

Ainsi, le choix d’apprentissage d’une langue étrangère se fait pour différentes raisons. Les motivations les plus répandues sont les motivations professionnelles (« pour l’utiliser au travail », 128 réponses) et les motivations socioculturelles (« pour communiquer avec des personnes d’autres cultures », 125 réponses). Il existe également des raisons personnelles qui ont conduit les enquêtés à apprendre une langue étrangère, ainsi qu’une autre motivation importante, à savoir l’usage de cette langue durant les voyages à l’étranger (« pour l’utiliser en voyage à l’étranger », 107 réponses).

199 L’envie de réaliser des projets au niveau professionnel, académique, socioculturel ou personnel est la source de motivation pour enrichir leur répertoire linguistique. Le capital linguistique constitue alors le moyen essentiel pour que les intéressés puissent réaliser leurs projets et leurs envies, améliorer leur avenir et leur carrière, et s’ouvrir à de nouveaux horizons. Les informateurs se sont rendu compte qu’avoir un certain répertoire linguistique pourrait leur permettre de réaliser des études dans un contexte non grécophone et en dehors du pays, de bâtir une meilleure vie professionnelle (car le capital linguistique permet la réalisation de certains projets professionnels) ou encore développer des compétences interculturelles suite aux contacts avec des personnes d’autres pays.

6.5.3 La politique linguistique

À travers le questionnaire, on peut aussi saisir la perception des enquêtés sur la politique linguistique, l’enseignement des langues étrangères et la maîtrise des langues par les citoyens européens. On a constaté que la majorité des enquêtés trouve que l’enseignement des langues doit être une priorité politique au sein de l’UE et des Institutions (selon la question n°19). Parmi les réponses reçues (N=164), 110 informateurs sont tout à fait d’accord avec cette affirmation, et 49 informateurs sont plutôt d’accord. En revanche, 3 informateurs ont opté pour la réponse « plutôt pas d’accord » et 2 informateurs ont opté pour la réponse « pas du tout d’accord ». Ces réponses ne surprennent pas, puisque les enquêtés sont multilingues (voir section 6.5.1).

En outre, on peut observer que, d’une manière générale, les enquêtés voient d’une façon positive la maîtrise de deux langues étrangères par les citoyens de l’UE, et c’est pour cette raison qu’ils sont, dans leur majorité, d’accord avec l’affirmation selon laquelle l’enseignement des langues étrangères en Europe doit être une priorité politique de chaque pays, de la communauté et ses Institutions en général. En effet, leurs propres motivations, comme on l’a constaté supra, les poussent à soutenir l’apprentissage des langues, car parler une langue étrangère aide à trouver un travail, permet de voyager et de connaître des gens et des cultures du monde entier.