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Gestion linguistique

4.1 La politique linguistique en Europe

4.1.1 L’Union européenne

Le débat sur la question des langues au niveau de l’Union européenne a commencé en 1995 avec le White paper on education and training – Teaching and learning – Towards the learning

society249. Ce document a été produit dans un but éducatif et professionnel pour : encourager l’acquisition des connaissances, lier l’école au secteur professionnel, combattre l’exclusion, acquérir la connaissance de trois langues européennes à un niveau élevé et traiter de la même façon les investissements en capital et les investissements en éducation250.

Dans cette optique, un pas considérable vers la sensibilisation à l’enseignement des langues étrangères a ensuite été accompli par l’Année européenne des langues 2001251. Il visait à promouvoir le plurilinguisme, l’interculturalité (objectif du programme Culture 2000, focalisé sur la création d’un espace culturel commun) et l’apprentissage des langues tout au long de la vie. La connaissance des langues est un avantage, un privilège pour les citoyens de l’Europe, car elle leur donne la possibilité d’évoluer aux niveaux professionnel et personnel. Ce capital linguistique les aide à s’adapter aux environnements multiculturels, à développer des contacts interculturels et, par conséquent, à contribuer à la construction de l’identité européenne. Plus particulièrement, cette procédure doit commencer et évoluer dans le cadre scolaire252. À partir de cette perception des langues, en 2003, la Commission européenne dynamise la promotion de l’apprentissage des langues étrangères avec le Plan d’action sur l’apprentissage des langues et la diversité

linguistique253. Cette proposition vise à perfectionner les compétences linguistiques des citoyens européens et leur permettre de maîtriser des langues étrangères à un haut niveau.

249 COMMISSION OF THE EUROPEAN COMMUNITIES. White paper on education and training Teaching and

Learning towards the learning sociéty. COM(95) 590 final. 29 novembre 1995.

250 LIDDICOAT, Anthony. Language-in-Education Policies: the Discursive Construction of Intercultural Relations. Bristol ; Buffalo ; Toronto : Multilingual matters, 2013, p. 59‑69.

251 PARLEMENT EUROPÉEN et CONSEIL DE L’UNION EUROPÉENNE. Décision n°1934/2000/CE du Parlement

européen et du Conseil du 17 juillet 2000 établissant l’Année européenne des langues 2001. Journal officiel.

Septembre 2000, n° L 232, p. 1‑5. 252 LIDDICOAT, Anthony, op. cit., p. 59‑69.

253 COMMISSION OF THE EUROPEAN COMMUNITIES. Communication from the Commission to the Council, the

European Parliament, the Economic and Social Committee and the Committee of the Regions Promoting Language Learning and Linguistic Diversity: An Action Plan 2004 – 2006. COM(2003) 449 final. Brussels, 24 juillet

99 Dans le Plan d’action sur l’apprentissage des langues et la diversité linguistique , on peut identifier trois grands domaines d’intervention et définir pour chacun d’eux des objectifs spécifiques. Le premier domaine d’intervention est celui de l’apprentissage des langues tout au long de la vie. Pour cela, le plan d’action définit des objectifs spécifiques comme l’apprentissage de la langue maternelle avec deux langues supplémentaires dès le plus jeune âge, l’apprentissage des langues dans l’enseignement secondaire et la formation professionnelle, l’apprentissage des langues dans l’enseignement supérieur, l’encouragement de l’apprentissage des langues chez les adultes, le développement de l’apprentissage des langues pour les personnes présentant des besoins spécifiques et l’élargissement des langues proposées à l’enseignement254.

Le deuxième domaine d’intervention vise à améliorer l’enseignement des langues, notamment par une structure scolaire plus adaptée255. Dans ce contexte, le plan d’action identifie les objectifs spécifiques comme la mise en œuvre dans les écoles de politiques globales d’enseignement des langues, la diffusion d’outils destinés à l’enseignement et à l’apprentissage des langues, l’amélioration de la formation des professeurs de langues, l’augmentation de l’offre de professeurs de langues, et la formation des enseignants afin qu’ils puissent proposer l’enseignemen t de leur discipline dans au moins une langue étrangère. Par ailleurs, le plan d’action prévoit l’évaluation des compétences linguistiques des citoyens grâce à un indicateur européen des compétences linguistiques afin de faciliter la comparaison de ces compétences.

Enfin, le troisième domaine d’intervention consiste à créer un environnement favorable aux langues. Le plan d’action identifie pour cela des objectifs spécifiques comme la promotion d’une approche de la diversité linguistique fondée sur l’intégration, ou la création des communautés favorables aux langues256. Favoriser la pratique des langues au sein d’une communauté peut se réaliser de différentes façons : le recours aux sous-titres au cinéma, la mise à profit des compétences de nombreux citoyens bilingues, ou l’amélioration des offres d’apprentissage des langues et du niveau de participation.

254 Ibid. 255 Ibid. 256 Ibid.

100 De plus, en 2005, la Commission a fondé le Cadre stratégique pour le multilinguisme257. Elle a ainsi lancé une stratégie pour une société plurilingue à travers divers programmes comme Lingua, le programme Éducation et formation tout au long de la vie, les projets de jumelage de villes et le financement du Bureau européen pour les langues moins répandues258.

Suite aux différents programmes et actions dirigés par la Commission et ses organes, la responsabilité d’établir cette politique linguistique revient aux gouvernements de chaque État membre, l’Union européenne ne pouvant pas s’impliquer de façon décisive et dominante dans la politique de chaque pays membre. Le rôle de l’UE est d’aider au développement de l’éducation et de la formation à travers des programmes de coopération et d’échanges. Cette aide se réalise à travers des programmes de financement comme Socrates et Leonardo da Vinci259.

Plus spécifiquement, en 2006, l’Union lance le Programme pour l’éducation et la formation tout

au long de la vie 2007-2013260. L’objectif général est l’éducation et la formation tout au long de la vie et, pour atteindre cet objectif, le plan d’action propose des mesures comme le renforcement du dialogue interculturel, la promotion de l’apprentissage des langues étrangères et la diversité linguistique. Notons aussi que, en 2008, le terme multilinguisme est utilisé dans le contexte d’une communication. Le document Le multilinguisme, un atout et un engagement261 présente différentes

mesures afin d’introduire le multilinguisme dans les programmes des politiques linguistiques européennes. La diversité linguistique reste ainsi un élément essentiel de la construction européenne et, pour la maintenir, on propose le renforcement de la mobilité des étudiants et des travailleurs262.

257 COMMISSION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES. Communication de la Commission au Conseil, au

Parlement européen, Comité économique et social européen et au Comité des régions - Un nouveau cadre stratégique pour le multilinguisme. COM/2005/0596 final. Bruxelles, 22 novembre 2005, p. 33.

258 LIDDICOAT, Anthony. Language-in-Education Policies: the Discursive Construction of Intercultural Relations. Bristol ; Buffalo ; Toronto : Multilingual matters, 2013, p. 59‑69.

259 Lifelong learning - Leonardo da Vinci. Dans : European Commission [en ligne]. décembre 2013 [consulté le 3 novembre 2017]. Disponible à : <URL : http://eacea.ec.europa.eu/llp/leonardo/leonardo_da_vinci_en.php>. 260 PARLEMENT EUROPÉEN et CONSEIL DE L’UNION EUROPÉENNE. Décision n° 1720/2006/CE du Parlement

européen et du Conseil du 15 novembre 2006 établissant un programme d’action dans le domaine de l’éducation et de la formation tout au long de la vie. Journal officiel de l’Union européenne. Novembre 2006,

n° L327, p. 45‑68.

261 COMMISSION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES. Communication de la Commission au Parlement

européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions intitulée « Multilinguisme : un atout pour l’Europe et un engagement commun ». COM(2008) 566 final. Bruxelles, 18

septembre 2008. 262 Ibid.

101 Enfin, il faut garder à l’esprit que la politique linguistique de l’UE aspire à mettre l’accent sur l’éducation linguistique des jeunes. L’apprentissage des langues et l’évaluation des compétences linguistiques sont des éléments réaffirmés dans les Conclusions du Conseil du 20 mai 2014 sur le

plurilinguisme et le développement des compétences linguistiques263. La promotion du plurilinguisme et la diversité linguistique, éléments primordiaux de la culture européenne, restent des objectifs de la politique linguistique de l’Union ; pour atteindre ces objectifs, l’exploitation des programmes de mobilité comme Erasmus+ est d’une grande importance.