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Définition et délimitation de la participation aux programmes de mobilité de mobilité

PARTIE I : Considérations théoriques

1.2 Définition et délimitation de la participation aux programmes de mobilité de mobilité

La participation aux programmes de mobilité ne doit pas être confondue avec l’expatriation. Quand on parle de mobilité et de participation aux programmes de mobilité, on doit exclure la notion d’expatriation. La facilité pour un Européen de circuler librement et de travailler sans difficulté dans tout pays membre de l’Union européenne a des conséquences sociologiques, permettant la création d’un nouveau groupe social : les expatriés. L’expatriation n’est pas un phénomène strictement européen20; elle est reliée à la mobilité internationale. Ce terme, qui vient du latin ex (en dehors) et patria (patrie, pays)21, définit au sens littéral un expatrié comme une personne hors de son pays d’origine. Certains auteurs, a contrario, en ont une vision plus large.

Selon Baruch et Altmann, l’expatriation est la manifestation la plus claire de la mondialisation du point de vue des ressources humaines. De leur côté, Mendenhall et Wiley définissent l’expatrié comme un individu qui quitte son pays de naissance pour s’installer dans un autre pays22. Dans le monde professionnel, l’expatriation est le processus consistant à envoyer un employé vers un autre pays en vue d’étendre l’entreprise. Les entreprises qui adoptent une approche ethnocentrique de la gestion interculturelle considèrent ainsi les expatriés comme un moyen de maintenir le contrôle des opérations internationales au moyen d’une gestion du personnel depuis le siège de l’entreprise23. Malgré les nombreuses variantes du concept, plusieurs caractéristiques de l’expatriation sont récurrentes dans la littérature académique. L’expatriation comprend trois aspects : la relation au travail (l’expatriation est généralement liée à la vie professionnelle d’un individu), le temps (l’expatriation est généralement envisagée pour une certaine période) et le changement de localisation physique (l’expatriation est effectuée dans un pays autre que le pays d’origine de l’individu)24.

20 BONNARD, Claire. Les incitations à l’innovation dans le secteur privé. Recherches économiques de Louvain. Septembre 2013, Vol. 79, n° 2, p. 45‑81.

21 SIMMONS, Hanna Sophie. The relationship between expatriation and career success: an exploratory study of

beliefs and experiences. München : Herbert Utz Verlag, 2017, p. 12. (Münchner Beiträge zur Bildungsforschung ;

n° Band 35). 22 Ibid.

23 HÄRTEL, Charmine E. J. et FUJIMOTO, Yuka. Human Resource Management. Frenchs Forest : Pearson Australia, 2015, p. 201.

30 Un terme qui pourrait mieux décrire la participation aux programmes de mobilité est le terme de

mobilité internationale des étudiants (International Student Mobility). Kehm25 définit la mobilité internationale des étudiants comme l’accueil des étudiants étrangers et l’envoi d’étudiants à l’étranger. D’après Kehm, la mobilité internationale des étudiants est un indicateur important du degré d’internationalisation de l’enseignement supérieur. Il ne s’agit plus d’études non organisées ou auto-organisées à l’étranger : la mobilité étudiante prend une variété de formes de mobilité, organisées dans le cadre de programmes.

D’autres spécialistes26 définissent la mobilité étudiante comme le déplacement d’étudiants vers un pays étranger afin d’étudier. La mobilité des étudiants détermine une mobilité à long terme où un individu poursuit son parcours académique dans un autre pays. Cairns27 décrit trois types de mobilités étudiantes : la mobilité à court terme, y compris ce que l’on appelle la « mobilité de crédits » ; la « mobilité de diplôme », à plus long terme ; et la mobilité « post-diplôme ». Le premier type de mobilité concerne les déménagements d’une année ou moins. Le deuxième type décrit le système de déplacement à l’étranger pendant toute la durée d’un cursus, c’est-à-dire pendant plus d’un an. Enfin, la mobilité « post-diplôme » concerne les mouvements ultérieurs à l’achèvement d’un premier cycle de l’enseignement supérieur.

La mobilité d’étudiants à court terme se présente sous différentes formes et tailles formelles et informelles. Ce type de mouvement concerne des échanges d’une durée de quelques jours ou plus (par exemple, pour présenter travaux aux différentes manifestations académiques et scientifiques, assister à des réunions de projet ou participer à des séminaires et des écoles d’hiver ou d’été) jusqu’à des périodes nettement plus longues passées dans une université étrangère tout en recevant une accréditation complète pour le cours. La grande visibilité de ce dernier type de mouvement explique pourquoi le terme « mobilité de crédits » est souvent utilisé de manière interchangeable avec « mobilité à court terme ». La « mobilité de crédits » implique généralement des séjours d’une durée comprise entre trois mois et un an, du moins dans le cas du régime le plus répandu,

25 KEHM, Barbara M. The Contribution of International Student Mobility to Human Development and Global

Understanding. Janvier 2005, Vol. 2, n° 1, p. 18‑24. (US-China Education Review).

26 GURUZ, Kemal. Higher Education and International Student Mobility in the Global Knowledge Economy. Revised and Updated Second Edition. New York : SUNY Press, 1er mai 2011, p. 22 ; ERLICH, Valérie, AGULHON, Catherine et OBSERVATOIRE DE LA VIE ÉTUDIANTE. Les mobilités étudiantes. Paris, France : La Documentation française, 2012, p. 18‑22.

27 CAIRNS, David. Youth transitions, international student mobility and spatial reflexivity : being mobile? Basingstoke, Hampshire : Palgrave Macmillan, 2014, p. 10‑27.

31 celui de l’initiative Erasmus de la Commission européenne. Parmi les autres plateformes de mobilité à court terme, on compte le programme Leonardo da Vinci, financé par l’Union européenne et les divers éléments de l’initiative Jeunesse en action, y compris le service volontaire européen. La mobilité à court terme est une mobilité à des fins d’étude, d’apprentissage et de formation28.

La grande diversité des mobilités étudiantes a amené Endrizzi29 à proposer des critères afin de pouvoir distinguer les différents types de mobilité étudiante. Ces critères sont le profil des étudiants (critère de nationalité versus critère de résidence - temporaire ou non- ou d’études antérieures), l’objectif poursuivi (mobilité de diplôme, mobilité d’étude, mobilité de stage, mobilité d’apprentissage), la nature de la mobilité (la mobilité encadrée ou institutionnalisée dans le cadre d’un programme d’échanges ou d’accords bilatéraux, la mobilité spontanée à la seule initiative de l’étudiant, la mobilité libre – encadrée ou spontanée –, la mobilité imposée dans le cadre d’un diplôme donné, la mobilité de contournement afin d’échapper aux restrictions d’accès dans le pays de résidence), l’intervention de cette mobilité dans le parcours des étudiants (mobilité

horizontale – à l’intérieur d’un même cycle d’études – ou mobilité verticale inter-cycles) et la

durée du séjour (une année ou un semestre universitaires, quelques semaines ou quelques jours). Les programmes européens de mobilité ne se limitent pas au monde académiq ue et peuvent toucher des individus qui ne sont pas étudiants. Ainsi, être étudiant ne constitue pas un préalable pour participer à certains programmes de mobilité. Dans le cadre de cette recherche, même si la quasi-totalité des informateurs est constituée d’étudiants, certains ne correspondent pas à cette catégorie. Il est également nécessaire de souligner que la participation aux programmes de mobilité ne peut pas être réalisée en autonomie ; l’individu doit faire partie d’un établissement, d’une institution ou d’une organisation afin de pouvoir participer. Cette situation nous amène à adopter le terme de

mobilité organisée ou institutionnalisée. Même si ce terme vise à décrire uniquement la mobilité

étudiante, il peut également inclure les autres catégories de participants

.

Ballatore30 définit la

28 EUROPEAN COMMISSION. Erasmus+ Programme Guide. Version 1 (2018). Brussels : European Commission, octobre 2017, p. 32.

29 ENDRIZZI, Laure. La mobilité étudiante, entre mythe et réalité. Dossier d’actualité de la Veille scientifique et

technologique. 2010, n° 51, p. 3.

30 BALLATORE, Magali. L’expérience de mobilité des étudiants ERASMUS : les usages inégalitaires d’un

programme d’"échange". Une comparaison Angleterre/France/Italie. Thèse de doctorat. Marseille : Université

32 mobilité organisée ou institutionnalisée comme une mobilité à des fins d’études existant entre des établissements sous une relation contractualisée. Il s’agit de programmes à court terme dont la durée est prédéterminée et qui ne peut pas dépasser les neuf mois.

Dans le cadre de cette étude, nous élargirons la définition du terme mobilité encadrée, organisée

ou institutionnalisée à toutes les catégories de participants aux programmes de mobilité : les

participants ne se limitent pas à une population estudiantine, mais concernent également des jeunes et des employés. En effet, la participation aux programmes européens de mobilité c onstitue l’expression d’une mobilité libre et encadrée, organisée ou institutionnalisée.