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2.1. Brève sociographie d’Uzeste

2.1.2. La population uzestoise

Uzeste compte 449 habitants, parmi lesquels près de 22 % sont âgés de plus de 65 ans (INSEE, 2010)26. C’est bien plus que la moyenne départementale (située à 16,6 %), mais c’est moins que le chef-lieu de canton Villandraut, où vivent 969 personnes (24,35 %). À Préchac, la commune voisine, on dépasse les 30 % d’individus âgés de plus de 65 ans sur les 1038 qui y vivent. Ainsi Uzeste est un village dont on ne peut pas dire, bien qu’y vivent de nombreux retraités, qu’il soit particulièrement vieillissant au regard de ceux qui l’entourent.

Frédéric, issu d’une famille uzestoise depuis des générations, dit qu’il y a dans la commune « beaucoup de nouveaux arrivants, mais [qu’] il y a aussi beaucoup de familles anciennes. […] C’est un mélange des deux ». Si l’on en croit le recensement de l’INSEE, il ne se trompe pas : 69,3 % des Uzestois sont en effet installés dans la commune depuis plus de 5 ans. À titre de comparaison, ils sont 66 % à Villandraut et 74,4 % à Préchac. En revanche, de tous les habitants actifs d’Uzeste, rares sont ceux qui y ont une activité professionnelle, puisque 82,2 % exercent leur emploi dans une autre commune, contre seulement 62 % à Préchac et 66,2 % à Villandraut. Cette différence s’explique cependant : les communes de Villandraut et de Préchac étant deux bourgs de près de 1000 habitants, l’activité y est plus importante qu’à Uzeste : en effet, tandis qu’Uzeste regroupe 50 établissements actifs, ses deux voisines en accueillent respectivement 125 et 103 ; aussi peut-on aisément imaginer que des résidents d’Uzeste occupent un emploi au sein des communes du canton, au premier lieu desquelles les deux à l’instant évoquées. Mais puisqu’aucune commune de son canton ne lui ressemble en termes d’effectif, la comparaison peut être faite avec une commune extérieure mais néanmoins proche géographiquement, qui possède un nombre similaire d’habitants. C’est le cas de Balizac, à une douzaine de kilomètres. De tous les actifs

26 Nous choisissons ici de restreindre la comparaison à trois communes de la communauté (Uzeste,

donc, Villandraut et Préchac), car les tendances se retrouvent dans la comparaison de l’ensemble des communes du canton.

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qu’il y a parmi ses 451 habitants, 86,9 % exercent leur activité professionnelle à l’extérieur de la commune de résidence. Un chiffre au demeurant proche de celui d’Uzeste.

Si 69,3 % des villageois résident à Uzeste depuis plus de 5 ans, c’est bien 30,7 % qui s’y sont installés récemment ; et si parmi eux se trouvent assurément de nombreux retraités venus trouver ici la quiétude qui leur manquait en ville (nous en avons rencontré au cours de notre enquête), il ne faudrait cependant pas omettre d’évoquer certains nouveaux résidents qui ont été attirés par le village pour de tout autres raisons. Ici pouvons-nous penser avec Bossuet à ceux venus trouver à la campagne « les possibilités de logement à un plus faible coût qu’en ville » (Bossuet, 2007 : 142). Uzeste et son canton n’échappent en effet pas au phénomène de périurbanisation, qui touche une grande partie des espaces ruraux français. Leur proximité de différents pôles d’activités régionaux en fait un territoire particulièrement enclin au phénomène : situés à seulement une heure de route de Bordeaux et quinze minutes de Bazas ou Langon, ils ne sont pas non plus très loin de villes comme Agen, Toulouse ou Pau, qui peuvent être rapidement gagnées via les deux grands axes de circulation que sont les autoroutes A62 et A65. C’est ainsi qu’un élu local parle d’« un canton qui s’urbanise de plus en plus, avec l’apport de nouvelles populations. Des nouvelles populations qui ont fait le choix de venir ici, mais enfin un choix quelquefois induit, puisque c’est le foncier qui les a attirées ». Souvent, ajoute-t-il, ce sont des gens « venus par défaut, qui donc n’ont pas forcément ce sentiment d’appartenance, et en tout cas d’envie d’appartenir à un secteur », à un territoire. Ce défaut de sentiment et de volonté d’appartenance, quand il n’est pas regretté, est pour le moins souligné par l’ensemble des individus rencontrés au cours de l’enquête. Il nous semble être également éloquent de la configuration sociologique du village, dans ce qu’il peut être constitué comme un champ social. Nous reviendrons donc, dans un prochain paragraphe, sur cette figure du périurbain qui joue, par son étrangeté à la communauté, l’image qu’il lui renvoie et les situations problématiques qu’il apporte avec lui (Ibid.), le rôle si particulier d’incitateur à une espèce de réflexivité communautaire.

Quelles que soient les difficultés que le phénomène de périurbanisation apporte au village avec lui, il se forme entre les Uzestois un consensus à son propos : certes le village voit certaines maisons se construire et y vivre des familles qui travaillent à la ville, néanmoins il n’est pas encore l’un de ces villages dortoirs : ces villages où l’on dort mais où

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l’on ne vit pas. Le village d’à côté, lui, l’est. Et devient de ce fait l’exemple à ne surtout pas suivre.

Il est enfin une particularité d’Uzeste dans son canton, qui concerne le phénomène des maisons de villégiature. Si en effet, dans leur ensemble, la part des résidences secondaires stagne ou diminue dans la totalité des communes du canton27, elle explose à Uzeste, passant de 6,6 % en 1999 à 15 % en 2010. Si la beauté du village, que chacun de ses résidents relève volontiers, peut être une variable explicative à cette originalité, il nous semble qu’elle ne saurait suffire. D’autres choses doivent attirer ces résidents de loisir, dont nous trouverons certainement des éléments d’explication en prolongeant notre sociologie des lieux.

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