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Représentations du sultanat du Borno

B. La place d’ Aḥmad ibn Furṭū à la cour du Borno

L’étude d’Aḥmad ibn Furṭū, à partir des références littéraires trouvées dans son œuvre, montre sa place dans la tradition des savants musulmans et laisse transparaître des pratiques mystiques le rattachant au contexte local. La visite de la mosquée des ’Armī,en compagnie d’un certain nombre de ses coreligionnaires, ainsi que son titre d’imām al- kabīr, indiquent le haut niveau social de cet homme. Sa proximité avec le sultan est

164 HALL et STEWART, « The historic “Core Curriculum”… », 2011, p. 109-174. Cette liste, construite à

partir d’un référencement des textes islamiques présents dans les bibliothèques en Afrique de l’Ouest et des annotations bibliographiques de quatre savants ouest africains (ʿAbd al-Raḥmān al-Saʿdī (m. 1655/56), al- Ṭālib Muḥammad al-Bartilī (m. 1805), ‘Abdallāh dan Fodio (m. 1829) et al-Ḥāǧǧ ʿUmar Tall (d. 1864)), constitue un aperçu de ce qui peut être un tronc commun « sahélien » des sciences islamiques.

117 soulignée dans le récit. La question de la place d’Aḥmad ibn Furṭū à la cour du Borno est pertinente pour tenter de dessiner une carte du monde géographique, symbolique et politique tel qu’il pouvait être perçu à la cour du Borno. Aussi, je cherche à établir si le vocabulaire arabe utilisé par Aḥmad ibn Furṭū reflète une vision partagée au Borno ou s’il n’engage que son auteur. En effet, les limites de cette analyse tiennent à l’exclusivité des sources, qui sont de la main d’un seul auteur. Le vocabulaire utilisé pour décrire le monde reflète la vision d’un arabisant de la cour du Borno. Cette vision est clairement celle d’une élite religieuse, très probablement très minoritaire au Borno. Dès lors, quels sont les éléments qui permettent de pouvoir généraliser les résultats de ces recherches à la cour du sultanat du Borno au XVIe siècle ?

Imām al-kabīr sous le règne du sultan Idrīs ibn ‘Alī, Aḥmad Ibn Furṭū jouit d’une place privilégiée dans l’entourage royal, ainsi que d’un prestige religieux certain. Dierk Lange propose une description détaillée de l’auteur à la lumière du K/B. Parlant de lui à la troisième personne, Aḥmad ibn Furṭū donne les noms de son père et de sa mère. Cependant, on ne retrouve qu’une seule fois le nom de son père, Furṭū165, dans l’introduction du K/B. Celui de sa mère, Ṣafiya, apparaît à six reprises dans le K/B166 et dans le K/K167 lorsqu’il se met en scène dans le récit, soulignant la prévalence de la filiation matrilinéaire chez l’auteur. Cette place donnée à la mère confirme l’origine kanuri de l’auteur168 au même titre que l’affiliation revendiquée, du côté paternel, à la tribu de Muḥammad ibn Mānī, ‘ālim vivant au Kanem au XIe siècle.

Les maḥram apportent des informations complémentaires à propos d’Aḥmad ibn Furṭū : Hamidu Bobboyi identifie l’auteur dans la liste généalogique des bénéficiaires du Mahram de Humme Jilmi, traduit par H. R. Palmer169. Le bénéficiaire est « Ahmad ibn Muhammad ibn Walii ibn Farto ibn Bitku170 ibn Kukuli ibn Farto ibn Othman », le nom Aḥmad étant remplacé par « Walii ». Cette information est corroborée par un autre maḥram, appartenant, d’après H. R. Palmer, à la famille de Masbarma ‘Umar ibn ‘Uṯmān. En effet, le maḥram en question a été rédigé par un certain « Imam al Kabir Muhammad

165 RAS, K/B, f. 3v ; LANGE, kitāb al-ġazawāt…, 1987, p. 3. 166 RAS, K/B, f. 41r ; LANGE, kitāb al-ġazawāt…, 1987, p. 56.

167 RAS, K/K, f. 63v, 68r, 71v, 75r, 83v, 92r ; PALMER, Tārīḫ may Idrīs…, 1932, p. 72, 76, 81, 85, 95, 105. 168 A ce propos, plusieurs auteurs soulignent le rôle des femmes dans la succession royale et plus

généralement dans la société bornouane : « the institution of a coruling senior female (gumsu) [...] had been in former times an essential factor in the designation of royal power » in BONDAREV, « Borno… », 2005, p. 157.

169 PALMER, The Bornu Sahara and Sudan, 1936, p. 14.

170 Dans un article, Muhammad Kyari écrit que le grand-père paternel d’Aḥmad ibn Furṭū est un certain

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ibn Ahmad ibn Sofia », scribe royal171, sans aucun doute le fils d’Aḥmad ibn Furṭū ou ibn Ṣafiya. Ce mahram, d’après H. Bobboyi, est daté de 1570-1571172, période traitée par Aḥmad ibn Furṭū dans ses deux ouvrages.

Le personnage de Muḥammad ibn Aḥmad, fils d’Aḥmad ibn Furṭū, est justement présent dans le K/K, où l’auteur le met en scène sans jamais préciser le lien de filiation. Ainsi, un certain « imām al-saġīr Muḥammad ibn Aḥmad » participe à une prière aux côtés d’Aḥmad ibn Furṭū au Kanem, lors de la cinquième campagne :

ٌجاحلاوٌدمحاٌنبٌدمحمٌريغصلاٌمامﻻاوٌاوبلجٌنبٌيدكٌقحلاٌبلاطوٌاناٌتيلصو ةﻼصٌينامٌنباٌﷲٌدبعٌهميرغوٌهميططشٌنبٌدمحمٌوٌايفٌدلبلاٌبحاصٌرمع ٌ

نيميلاٌةيحانٌنمٌدلبلاٌاذهٌفرطبٌرصعلا Le ṭālib al-ḥaqq Kaday ibn Ǧilbū, l’imām al-ṣaġīr173 Muḥammad ibn

Aḥmad, al-ḥāǧǧ ‘Umar, seigneur de Fayā, Muḥammad ibn Šaṭṭīmah, Ġarīmah ‘Abdallāh ibn Mānī et moi-même accomplîmes la prière de l’après midi dans un endroit au sud de la ville174.

Cet imam occupe le poste d’imām al-ṣaġīr, que Jean-Claude Zeltner traduit par « imâm en second175 » . Si la fonction présente chez Aḥmad ibn Furṭū et dans le maḥram est la même, le rang n’est pas équivalent alors que la rédaction du mahram où lui est attribué le titre d’imām al-kabīr, comme son père, serait antérieure aux événements relatés dans l’ouvrage sur les campagnes du Kanem176. Au-delà de cette contradiction, la succession patrilinéaire du poste d’imām à la cour des Sefuwā est avérée, confirmant l’influence religieuse de la lignée d’Aḥmad ibn Furṭū dans les plus hautes sphères de la cour du Borno. Muḥammad ibn Aḥmad est mentionné à quatre reprises dans le K/K, participant également aux côtés d’Idrīs ibn ‘Alī aux campagnes militaires. Il est, à l’instar de son père, nommé avec le nom de sa mère : Muhammad ibn ‘Aīshā177.ٌ

171 PALMER, The Bornu Sahara and Sudan, 1936, p. 16-17.

172 Hamidu Bobboyi corrige ainsi une erreur de traduction de Palmer, qui datait le mahram de 1086 et la

remplace par 1570-1 (BOBBOYI, « Relations of the Borno ‘Ulamā’… », 1993, p. 184).

173 Mauvaise traduction de la part de Palmer, c’est en fait l’Imām as-Saġīr. (PALMER, Sudanese Memoirs…,

1928 (1967), vol. 1, p. 58).

174 RAS, K/K, f. 96v-97r ; PALMER, Tārīḫ may Idrīs…, 1932, p. 110-111. 175 ZELTNER, Pages d’histoire…, 1980, p. 151.

176 L’expédition d’où est tirée le passage dans le K/K date de février 1575, d’après la datation donnée par

Jean-Claude Zeltner.

177 Son nom est écrit avec plusieurs graphies différentes : ٌ ةشياع(RAS, K/K, f. 59r ; PALMER, Tārīḫ may

119 L’identification de l’imām as-saġīr Muḥammad ibn ‘Aīshā comme le fils d’Aḥmad ibn Furṭū permet de dresser l’arbre généalogique de la famille descendant de la tribu des Mānī, laquelle, d’après les deux mahram cités, commence à Adam178.

Arbre généalogique d'Aḥmad ibn Furṭū, intégrant Muḥammad ibn Aḥmad.

La connexion familiale entre Aḥmad ibn Furṭū, l’auteur de l’ouvrage, et Muḥammad ibn Aḥmad enrichit notre connaissance sur la place d’une famille de ‘ulamā’ dans la société bornouane. Le fils d’Aḥmad ibn Furṭū a très probablement eu un rôle dans la chancellerie diplomatique des sultans sefuwa, à commencer par Idrīs ibn ‘Alī. En effet, comme évoqué précédemment, Muḥammad ibn Aḥmad était, d’après le maḥram de Masbarma ‘Umar ibn ‘Uṯmān, scribe royal. Ce poste lui a très probablement donné une connaissance de la nature des relations diplomatiques du Borno avec le reste du monde, ainsi que des usages en vigueur. Cette proximité avec les milieux de la chancellerie me permet de penser qu’Aḥmad ibn Furṭū utilise la titulature en vigueur à la cour du Borno lorsqu’il évoque à plusieurs reprises les différents souverains et États dont il est question dans les deux textes.

Un autre élément montre qu’Aḥmad Ibn Furṭū a acquis une connaissance partagée par ses contemporains de la cour du Borno. Aḥmad ibn Furṭū fut non seulement spectateur mais aussi acteur des événements qu’il relate, accompagnant à plusieurs reprises les armées d’Idrīs ibn ‘Alī ou de ses capitaines. Ainsi, l’originalité de ces textes est qu’ils sont écrits par l’une des personnalités les plus proches du sultan. Celui-ci est intégré à sa cour et sa fonction fait de facto d’Aḥmad Ibn Furṭū un acteur et un spectateur des événements qu’il relate. Son point de vue interne et son rapport aux événements est primordial dans la rédaction de son ouvrage. Il y a peu d’indications à propos de l’implication réelle de l’auteur dans les différentes campagnes militaires, mis à part les quelques moments où Aḥmad ibn Furṭū se met en scène dans des missions que lui donne

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Idrīs ibn ‘Alī. Seuls l’usage de la première personne du pluriel et la précision de ses descriptions peuvent signaler sa présence lors des faits. De nombreuses expéditions du Borno, dans le K/B semblent lui avoir été rapportées : l’expédition de Kano, de Margi, des Saw Tatālā et des Touareg souffrent de nombreuses imprécisions ou correspondent à des schémas narratifs fixes. À contrario, le K/K fourmille de détails et contraste avec le K/B par sa minutie et sa précision. Nombreuses sont les références directes à l’auteur qui se met en scène. Déjà imām al-kabīr du Borno, son rôle est celui d’un homme de religion qui fait part à certains moments de son rôle lors des campagnes du Borno et du Kanem :

هناطلسٌعمٌحيوارتلاٌىلصيٌنأٌةليللاٌهذهٌةيفصٌنبٌدمحأٌمامﻼلٌنكميٌملو Durant cette nuit, il fut impossible pour l’imām Aḥmad ibn Ṣafiya d’accomplir le Tarāwīh179 avec son sultan180.

Outre cette fonction religieuse, Aḥmad Ibn Furṭū est également sollicité en tant que lettré, remplissant des missions auxiliaires durant les campagnes du sultan, recevant ses ordres semble-t-il directement d’Idrīs ibn ‘Alī. C’est ainsi que l’imam est appelé à des tâches nécessitant la maîtrise de l’écriture :

باتكلاٌاذهٌفلؤمٌ،دمحأٌريبكلاٌمامﻺلٌلاقوٌ،هْكَسَمَدٌدلببٌلزانٌٍذئمويٌناطلسلاو ٌ:

ٌ

كأ ٌ لجسٌيفٌمهﱢلكٌءﻻؤهٌءامسأٌبت [Après qu’un groupe de Saw Ġafatā de la ville de Damasakh se soit rendu] Ce jour là, lorsque le sultan se trouva dans la ville de Damasakh, il dit à l’imām al-kabīr Aḥmad, l’auteur de ce livre : « Ecris le nom de tous ces gens dans un registre181 ».

Il a aussi pu avoir un rôle stratégique : sa proximité avec les cercles de commandement militaire est avérée lorsqu’il assiste à un conseil militaire en l’absence d’Idrīs ibn ‘Alī : plus qu’un simple rapporteur, il a un rôle dans les cercles de décision.

ٌلجﻻٌةيفصٌنبٌدمحاٌريبكلاٌمامﻻاٌ لزنمبٌةثﻼثلاٌلامعلاٌعمتجاٌ انحبصاٌ املو نبٌيلعٌهميريٌ يناثلاوٌﷲٌدبعٌ نبٌ ركبٌهمغيكٌمهدحاٌ ةرواشملا ٌ ٌثلاثلاوٌهوغ ٌانناطلسٌربخٌاوعمسيٌملٌثيحٌمهنيبٌاميفٌاورواشتفٌهمطافٌنبٌدمحمٌﻻدمٌةفيلخلا هلﻼبٌةليبقلاٌعم Les trois chefs s’assemblèrent dans le logement de l’imām al-kabīr Aḥmad ibn Ṣafiya pour prendre conseil. Il y avait parmi eux le

179 Prière récitée durant les nuits du Ramadan.ٌ

180 RAS, K/B, f. 41r ; LANGE, kitāb al-ġazawāt…, 1987, p. 56. Voir aussi RAS, K/K, f. 63v ; PALMER,

Tārīḫ may Idrīs…, 1932, p. 72.

121 kayġamah Bakr ibn ‘Abdallāh, le yarīmah ‘Alī ibn Ġuwah et le calife182

Madalā Muḥammad ibn Fāṭimah183. Néanmoins, ils ignoraient ce qu’il

était advenu entre notre sultan et la tribu Bulālah184.

Au vu de ce passage, il est difficile de croire qu’Aḥmad ibn Furṭū fut un simple spectateur : il fut un acteur politique dans le Borno avant et pendant le règne d’Idrīs ibn ‘Alī et par conséquent lors de la rédaction de ses kitāb. Son rôle a forcément des implications sur son récit et la manière dont il perçoit le monde.

Son fils avait également un rôle durant les campagnes du sultan au Kanem. En compagnie de son père, il participait à la direction de prières pour les fidèles, que ce soit à la mosquée ‘Armi durant le ziyāra organisé par Aḥmad ibn Furṭū185 ou durant les campagnes militaires proprement dites186. De la même manière, l’imām al-saġīr est présent aux côtés du sultan lors des déplacements de campagne :

ملعنٌﻻوٌمويلاٌاذهٌيفٌ ِناطلسلاٌلوحبٌيذلاٌةشئاعٌنباٌ ِماَمﻻاٌنمٌاَنعمسٌنحنو ٌناٌدعبٌيلاَعلاٌناخدلاكٌآوهلاٌيلاٌعفترملاٌِرابغلابٌﻻاٌسيرداٌجاحلاٌناطلسلاٌَمايق ك ليلجلاٌدبعٌناطلسلاٌلزنمٌ َنيبوٌانلزنمٌنيبٌ َنا Nous avons entendu de l’imām ibn ‘Ā’iša, alors qu’il se trouvait à côté du sultan ce jour là et que nous ignorions la marche du sultan al-ḥāǧǧ Idrīs, que de la poussière s’éleva dans le ciel comme une très haute fumée, à mi-chemin entre notre camp (manzilinā) et le camp (manzil) du sultan ‘Abd al-Ǧalīl187.

Le passage ci-dessus montre un Muḥammad ibn Aḥmad aux côtés du sultan quand l’auteur se tient en retrait durant les déplacements de campagne. Cette proximité de Muḥammad ibn Aḥmad avec le sultan montre qu’il fait partie, durant les opérations militaires, de sa garde rapprochée. À une autre reprise dans le récit, Muḥammad ibn Aḥmad se voit doter d’une mission d’éclaireur, puisqu’il est envoyé par le sultan, au même titre que le chef des porteurs de bouclier et le chef des « mousquetaires », vers la ville de Njimi, où des informations faisaient état de la présence de troupes du sultan Bulālah :

182 Le terme de calife est ici désigné pour dire délégué.

183 Le Kaigama est alors la plus haute fonction de tradition kanuri. Pour une meilleure connaissance des

fonctions des hauts dignitaires, voir LANGE, « Trois Hauts Dignitaires… », 1988 ; TRIAUD, « Idris Alaoma », 1977.

184 RAS, K/K, f. 71v ; PALMER, Tārīḫ may Idrīs…, 1932, p. 81. 185 RAS, K/K, f. 63v ; PALMER, Tārīḫ may Idrīs…, 1932, p. 72. 186 RAS, K/K, f. 96v ; PALMER, Tārīḫ may Idrīs…, 1932, p. 110-111. 187 RAS, K/K, f. 59r ; PALMER, Tārīḫ may Idrīs…, 1932, p. 66.

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ٌمامﻻاٌيناثلاوٌْهمسبٌيمسملاٌسرتلاٌبحاصٌمهدحاٌنويعٌَةثﻼثٌناطلسلاٌلسرا صوٌ ُمامﻻاٌ اﱠماٌ قدنبلاٌ بحاصٌ اوﱡنَحٌ ثلاثلاوٌ ةسئاعٌ نبٌ دمحمٌ ريغصلا ٌ ْبحا

ميسلاٌدلبلاٌنمٌانموقٌنكسمٌيلاٌاغلبٌدقفٌناٌروكذملاٌسرتلا Le sultan envoya trois espions188 ; l’un d’eux était le porteur de bouclier

appelé Basmah189, le deuxième était l’imām al-saġīr Muḥammad ibn

‘Āyiša et le trosième était Ḥannuwā, le chef des mousquetaires. Les deux premiers atteignirent nos demeures dans le pays de Sīma190.

La proximité de Muḥammad ibn Aḥmad pourrait être liée à sa fonction de scribe royal, mise en avant dans le maḥram cité précédemment. Le lien familial entre l’auteur et cet acteur majeur de la cour donnent un crédit non négligeable à celui-ci, notamment pour ce qui concerne les relations diplomatiques du sultan du Borno. En témoigne la connaissance particulièrement précise que l’auteur a des intermédiaires de la diplomatie venant du Kanem191, ainsi que l’utilisation d’une titulature complexe et hiérarchisée dans l’identification des autres souverains de la région.

Aussi, l’étude du texte permet de dresser une carte du monde selon une démarche « borno centrée ». Le récit offre un point de vue unique, puisqu’il est l’œuvre d’un familier de la cour du sultan. C’est aussi l’œuvre d’un acteur politique de premier plan, dont la famille fait partie des cercles les plus proches du pouvoir, notamment dans les relations politiques.

C. Les textes d’Aḥmad ibn Furṭū, une œuvre littéraire au service du