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La physionomie de l’économie de plantations coloniales

Dans le document Le système foncier comorien de 1841 à 1975 (Page 119-122)

GENESE DE L’ECONOMIE DES PLANTATIONS COLONIALES AUX COMORES

2.1 LES ERES ECONOMIQUES .1 Quatre principales ères

2.1.2 La physionomie de l’économie de plantations coloniales

Les travaux de Robineau Claude montrent que l’ylang-ylang était la production d’exportation la plus importante en valeur (107 millions), quoique limitée en surface. IL évoquait le cas d’Anjouan : « 550 ha, soit 2,6% des terres cultivables ». Ainsi, à l’hectare, la valeur du produit était donc de plus de 200 000 francs comoriens sur la base de 500 ha estimés en production139.

En outre, l’ylang-ylang apparaissait donc nettement plus productif que le sisal et constituait l’une des cultures à fort rendement par unité de surface et de haut rapport, susceptible d’utiliser une force de travail importante qui paraissait convenir aux petits pays où la terre était rare et la population très nombreuse140.

En 1958, Flobert Thierry avait noté l’introduction à Anjouan de deux usines de traitement de jasmin. Il a relevé que d’autres herbes s’étaient aussi développées, principalement le palmarosa et le Basilic mais que leurs cours étaient très changeants et demeuraient des produits annexes141.

Pour la Grande-Comore, suite à son manque d’eau, avait connu un développement séparé, en ne suivant le reste de l’archipel qu’au moment de la vanille et de l’ylang-ylang.

Les productions annexes qui constituaient l’agriculture traditionnelle avaient toujours été cultivées à la Grande - Comore, cocotiers sujets aux cyclones, girofle sujet à de très fortes variations de cours. Une huilerie savonnerie avait été même installée dans cette île. Les productions continuaient dans tout l’archipel avec néanmoins un tassement de quantité de coprah exporté d’Anjouan suite à l’augmentation de la production locale.

2.1.2 La physionomie de l’économie de plantations coloniales.

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, colons et plantations avaient apparu progressivement sur l’ensemble de territoire comorien et l’économie de ce petit archipel était radicalement

 

139 ROBINEAU Claude, op.cit, p189 - 192.

140 Ibidem

141 Flobert Thierry, op.cit, p265 - 266.

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transformée142. Des formes et des rapports de productions nouveaux s’ébauchaient qui mettaient les institutions et la vie économique traditionnelle à l’arrière – plan. Les traits distinctifs de l’économie de plantation143 pouvaient être ainsi schématisés :

‐ Installations sur des terres féodales et des tenures paysannes des colons, puis des firmes avec constitutions des domaines de plantations ;

‐ Mobilisation de fait des habitants des villages inclus sur les domaines pour former la main-d’œuvre des entreprises de colonisation ;

‐ Extension des plantations dans les propriétés que les citadins conservaient et développaient, surtout dans l’île d’Anjouan, du commerce de « traite » intéressant le coprah, le girofle, la vanille, principalement avec des négociants indiens venus s’installer dans les îles à la fin du XIXème siècle;

‐ Substitution partielle de l’argent, des rapports marchands et du salariat aux rapports personnels et aux prestations des esclaves et des paysans comme base des ressources de la noblesse des villes; introduction du salariat dans les campagnes et mise en dépendance matérielle des îles pour leurs importations de riz de Madagascar144.

Flobert Thierry montre que la Grande-Comore n’avait pas d’exclusivité bien caractérisée dans l’économie de plantations coloniales. Cependant, dans ce qu’elle apportait plus particulièrement à l’économie d’ensemble de l’archipel, il faudrait relever le bois et les industries d’ébénisterie qui en découlaient145.

La Grande-Comore était aussi la première productrice de vanille et de coprah. En revanche, elle apparaissait, comme étant l’île, la moins apte de l’archipel à la production vivrière et à l’élevage146.

« Ile au parfum » par excellence, Anjouan était la productrice d’huile essentielle aussi bien d’ylang que d’essence diverse (jasmin, basilic etc.…). Les cultures étaient également plus

 

142 ROBINEAU Claude, 1962, Approche sociologique des Comores, ORSTOM, Sciences Humaines, Paris, 121p.

143 De la nouvelle économie.

144 ROBINEAU Claude, Approche sociologique des Comores, p175 - 181.

145 Op.cit, Evolution juridique et socio – politique de l’archipel des Comores, p 266 - 267.

146 Idem

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développées et surtout plus intensives que dans les autres îles de l’archipel. Ceci tenait surtout à la densité de la production et au peu de surfaces cultivables147.

En se référant à l’étude d’AGRAR – UND HYDROTECHNIK GMBH comme on pouvait s’y attendre, c’est sur Anjouan que la pression foncière demeure toujours la plus forte. Contrairement aux autres îles de l’archipel des Comores, les cultures de rente occupent une place non négligeable (3 400 ha soit 8% de la surface totale), l’ylang-ylang (1185 ha) et le giroflier (1291 ha), en culture pure ou mélangée, représentant à eux deux près de 74% des cultures148.

Dans presque toute son étendue, Mayotte est cultivable. Mais il semblait bien que sa population ne s’appliquait pas à mettre pleinement son sol en valeur. N’étant pas en surnombre, elle n’en éprouvait pas le besoin. Dans toute l’île, il s’était révélé à la fois une sous-exploitation de ses possibilités agricoles et d’élevage149.

Elle s’inscrivait certes dans la production de l’archipel en vanille, en ylang, en girofle et en coprah, mais d’une façon modeste. Ses positions ne paraissaient dominantes que pour la cannelle et le café. Or, c’était un fait reconnu, Mayotte avait une vocation vivrière et d’élevage150

Les travaux de Battistini et Vérin avancent l’hypothèse de l’existence d’une sorte de spécialisation régionale dans l’économie des plantations coloniales. Pour eux, la Grande-Comore (Ngazidja) fournissait la vanille, Anjouan (Ndzouani) le girofle, et Mohéli (Mwali) le coprah et le café avec Mayotte (Maoré). L’ylang-ylang est, selon Battistini et Vérin, produit à peu près partout sur le territoire de l’archipel des Comores151.

Mohéli se prêtait bien à l’agriculture tant pour les cultures vivrières que pour les cultures d’exportation (ylang, vanille, etc.…). Il se trouvait que l’élevage pourrait aussi y être facilement introduit. Mais, comme Mayotte, Mohéli était sous – exploitée faute d’une population suffisante.

Celle-ci n’avait pas besoins au-delà de ce que les terrains lui procuraient.

 

147 HASSANI-EL-BARWANE Mouhssini, op.cit, les années de formation d’un monopole colonial aux Comores p102-107.

148 RFIC, carte d’occupation des terres aux Comores, Ministère de la Production du Développement Rural, de l’Industrie et de l’Artisanat, AGRAR - UND HYDROTECHNIK GMBH, 1987, p44 - 47.

149 Flobert Thierry, op.cit, p 266 - 267.

150 Idem.

151 Op.cit, Géographie des Comores, p108 - 118.

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Dans le document Le système foncier comorien de 1841 à 1975 (Page 119-122)