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L’évolution de sa gestion

Dans le document Le système foncier comorien de 1841 à 1975 (Page 172-177)

3.3 LA POLITIQUE FONCIERE DE LA SCB (1910-1922)

3.3.4 L’évolution de sa gestion

3.3.4 L’évolution de sa gestion.

Les stratégies d’extension et d’acquisition de nouveaux espaces foncières de la SCB exigeaient surtout des contreparties qui nécessitaient son implication effective.

D’une manière concrète, elle devait, d’une part, renforcer son organisation administrative et sa bonne gestion commerciale ; et d’autre part, d’amener habillement les autorités politiques et administratives à entreprendre les mesures adéquates et indispensables qui ne la mettraient aucunement dans des situations foncières délicates.

Ces nouvelles stratégies s’édifiaient particulièrement à un moment où la métropole s’était impliquée conséquemment dans la première gère mondiale (1914-1918). Celle-ci influait et perturbait la bonne évolution des activités des plantations coloniales sur l’ensemble des empires coloniaux, notamment celles de la SCB aux Comores.

3.3.4.1 Sa gestion intérieure (1914-1920)

Comme nous l’avons sus-évoqué, les opérations de la première guerre mondiale avaient posé à la SCB d’énormes problèmes d’acheminement de la production vers la métropole. Ainsi, depuis le 1er août 1914, le CA avait donné des ordres stricts à la direction de Bambao à Anjouan de suspendre momentanément toutes ses activités d’exportation. Durant cette période difficile, le siège de la SCB à Paris avait été provisoirement transféré à Grasse. A titre de mémoire, la Maison Antoine chiris était l’une des principaux actionnaires de la SCB. C’était par rapport à ce statut particulier que les établissements Antoine Chiris « Jean Card fils avaient accordé l’hospitalité à la SCB283.

Face à l’handicap de la conjoncture de la première année de la guerre, la gestion de la société en 1914-1915 était déficitaire de 26 789, 67F environ. La gestion de Mr Laffont284, comme celle de son prédécesseur Mr Le Houx, était directement mise en cause. Par rapport à cette réalité, la

 

283 Hassani-El-Barwane Mouhssini, op. cit., p 48-53.

284 Directeur de la SCB à Anjouan.

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direction du CA de la SC B avait chargé Mr Andrean Massinot (qui se trouvait à Combani Mayotte) de faire une inspection de toutes les plantations, et surtout celles des vanilles. Il devait rechercher, à partir, certes, d’un diagnostic approfondie, les causes inexplicable de la diminution de la production. Il devait également voir quelles seraient les cultures à abandonner, expliciter surtout les inconvénients émanant de la pratique de la monoculture et rechercher, enfin, à savoir s’il n’y avait pas lieu d’accroître la pratique de la culture du sisal285.

Ainsi, Mr. Laffont avait été mis rapidement à la disposition de Mr Massinot. Ce dernier s’était rendu à Bambao, le 23 janvier 1916286. Il avait fait démissionner Mr Laffont en plaçant, Mr Palmer, à la direction de la SCB à Anjouan.

Par ailleurs, après 1916, c’était sous la direction de Palmer que la SCB avait lancé son nouveau décollage et enregistré en profit dépassant 89 131,20F. Les cours de l’essence d’ylang-ylang s’étaient sensiblement améliorés. Cette situation était du à ce que la plupart des propriétaires de la Réunion (Ile de la Réunion), découragés par les prix bas qui avaient été pratiqués ces dernières années avaient non seulement abandonné la distillation des fleurs mais aussi de certaines plantations287.

Il y avait également eu un accroissement de fibres de sisal et d’aloès dont les prix tournaient autour de 225F à 230F les 100 kg. Cette prospérité des cours s’affirmait de plus en plus durant les années ultérieures. Ainsi, la direction de la SCB en collaboration étroite avec Massinot envisageaient deux systèmes : « Ou bien mettre les cultures à l’adjudication, ce qui aurait l’inconvénient de faire croire que la Société est dans la nécessité de vendre ; ou bien continuer la vente par petits lots au fur et à mesure des démarches intéressantes qui nous serons adressées »288. La SCB avait, enfin, adopté le deuxième système de conservation qui ne donnait aucune inquiétude.

En outre, vers juillet 1920, la SCB d’un commun accord avec la Société mère, la Maison Antoine Chiris avaient créé une Agence Générale à Tamatave, ainsi que deux sous Agences, l’une à Majunga et l’autre à Diégo-Suarez. Leur rôle était de faciliter l’approvisionnement de la Bambao en

 

285 Mouhssini Hassani-El-Barwane, op. cit., p 49-50.

286 Séance du C.A du 21 avril 1916.

287 Séance du C.A du 11 septembre 1917.

288 Voir séance du C.A du 21 juillet 1920.

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produits nécessaires. Et, de cette manière, la SCB faisait les échanges de ses produits avec les Agences, de Madagascar289.

3.3.4.2 Son hostilité à l’érection des Comores en province de Madagascar

La loi du 25 juillet 1912 avait proclamé les îles Comores, comme une colonie française sous la dépendance de Madagascar290, n’avait pas été bien accueillie par la SCB. Les hostilités de la SCB nous paraissaient tout à fait compréhensibles, puisque la elle ne condamnait pas le fait que l’archipel était une colonie, mais l’acte de rattachement des Comores à Madagascar291.

La SCB mettait sans doute ses propres intérêts au premier plan. Le fait que les décisions importantes concernant les Comores étaient arrêtées par le gouvernement général n’arrangeait par du tout la direction de la SCB qui siégeait à Paris. Pour celle-ci, il lui aurait valu qu’elle négocie directement avec les autorités gouvernementales à Paris sans passer par l’intermédiaire de Tananarive292.

Ainsi, si l’on s’en tenait à l’exemple du renouvellement du bail de la Bambao, la SCB aurait eu beaucoup à gagner si la décision était seulement limitée entre les autorités de l’Etat à Paris et sa direction sans passer par l’intermédiaire de Madagascar. La SCB avait également avancé l’argument suivant : « Suite au rattachement des Iles Comores à Madagascar, il existe une réglementation très défectueuse de la main d’œuvre dans son emploi… Au surplus, l’excédent du budget est absorbé par Madagascar, de sorte que les travaux prévus pour les Comores, notamment la réparation de la jetée de Mutsamudu ainsi que son prolongement sont toujours à effectuer »293.

Néanmoins, il nous semble bien qu’il était vrai que le fait de rattacher les Comores avec Madagascar avait influé négativement sur le développement économique des Comores. C’était une

 

289 Mouhssini Hassani-El-Barwane, op. cit., p 49.50.

290 DAOM MAD 6 (8) d9.

291 Mouhssini Hassani-El-Barwane, op. cit., p 50-51.

292 Idem.

293 Voir séance du C.A., du 25 novembre 1921.

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situation irrécusable, si l’on en tenait compte du décalage qui existait entre les deux pays sur le plan de leur développement. Il était évident que Madagascar avait eu des conditions de développement beaucoup plus favorable par rapport à celle des Comores, « Iles pauvres »294.

3.3.4.3 Impact du phénomène migratoire

Le rattachement des Comores à Madagascar avait eu pour conséquence majeure un mouvement migratoire des forces vives de la population active, a Anjouan, comme du reste des autres Iles des Comores, vers Madagascar et la cote Est africaine. Mais nous tenons à préciser que le mouvement migratoire de la communauté comorienne vers Zanzibar avait été un phénomène beaucoup plus ancien. Elle s’était mêlée (c’est-à-dire la communauté comorienne) facilement à la population Zanzibarite ne serait ce qu’à cause de leur identité religieuse commune, c’est-à-dire la primauté de la religion musulmane, entre les deux communautés (Zanzibarite et Comorienne). Cet environnement avait beaucoup facilité l’intégration de cette diasporas comorienne à sa nouvelle patrie d’adoption était beaucoup plus développée par rapport à celle qui se trouvait à Madagascar.

Celle-ci avait beaucoup plus de difficultés d’intégration295.

Toutefois, le moins qu’on puisse dire était le fait, qu’il y avait eu un renversement de tendance au niveau de l’exode de la communauté comorienne. En effet, à la fin du XIXème sicle, une colonie de peuplement importante était déjà fixée à Majunga (Madagascar). Mais c’était à partir de l’annexion de l’archipel des Comores en 1912, que leur nombre avait considérablement augmenté.

Les planteurs de Madagascar faisaient appel aux comoriens pour travailler sur leurs plantations296.

Désormais, les démarches entreprises depuis 1913, par la direction de la SCB, au niveau des autorités politiques pour stopper la circulation des travailleurs indigènes étaient vaines. D’après, Flobert Thierry, ils (les travailleurs comoriens) étaient 14 000 en 1934, puis 30 000 en 1951 qui demeuraient à Madagascar297.

 

294 Mouhssini Hassani-El-Barwane, op. cit., p 51-53.

295 Voir ANSOM. MAD C 278 D 662.

296 Flobert Thierrry, op. cit., 243-261.

297 Idem.

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En somme, en dépit des difficultés qu’elle avait rencontrées durant toute cette période dans sa politique foncière, la SCB avait fait mouche. Elle avait pu accroître de nouveau ses capacités de production, raffermir son système de gestion et surtout conquérir des nouvelles terres qui lui permettaient de renforcer son rôle omniprésent dans toute l’économie de l’Ile d’Anjouan. Dans les faits, la percée de la SCB, entre1922-1923 avait déjà débordé l’Ile d’Anjouan. La SCB constituait donc une affaire en pleine prospérité 298 pour l’ensemble du territoire Comoriens. Des lendemains qui chantent vont marquer le nouveaux processus de la SCB.

 

298 Mouhssini Hassani-El-Barwane, op. cit., p 52-53.

176 CHAPITRE IV

Dans le document Le système foncier comorien de 1841 à 1975 (Page 172-177)