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L’édification de l’autonomie interne (1961-1968)

PHOTO N° 1 : ZAWIYA CHADHULI MORONI ILE DE LA GRANDE-COMORE

1.4 UNE COLONISATION DANS LA DOULEUR (1841-1975)

1.4.2 La Colonisation proprement dite

1.4.2.4 Le temps des autonomies (1946-1975)

1.4.2.4.2 L’édification de l’autonomie interne (1961-1968)

Ces trois illustrent personnalités constituaient le groupe d’avant-garde de l’ensemble de l’élite politique comorienne dans le fonctionnement des nouvelles institutions du territoire d’Outre-mer (TOM), sous la supervision de la métropole.59

1.4.2.4.2 L’édification de l’autonomie interne (1961-1968)

La loi du 22 décembre 1961 (relative à l'organisation des Comores ou loi d'autonomie interne) mettait au sommet du territoire comorien le Haut-commissaire de la République représentant le pouvoir central de la métropole. Il dirigeait les services d'Etat, promulguait les lois et décrets, et contrôlait la légalité des actes des autorités locales. Il assumait, également, la défense et la sécurité extérieure de l'archipel.

Un conseil de Gouvernement (6 à 8 membres) établissait les projets de budget, exécutait les délibérations de la chambre des députés, gérait les affaires et assurait le bon fonctionnement des administrations. Il était responsable devant la chambre des députés.

Une chambre des députés (31 membres élus au suffrage universel direct) votait le budget territorial et les impôts perçus au profit de celui-ci.

Enfin, chaque île possédait un conseil de subdivision élu pour cinq ans dont les délibérations étaient exécutées par le chef de la subdivision.

  L’influence grandissante du député Said Mohamed Cheikh et de ses soutiens, qu’on appelait, « le parti vert » étaient disputés par une autre formation rivale, « le parti Blanc » dirigé par le prince Said Ibrahim, un autre fils du sultan Said Ali. Ces deux partis s’étaient appuyés sur certains facteurs déterminants propres à l’archipel des Comores  (Influence de l’Islam, archaïsme de la société, rivalités inter-Îles…) et d’autres facteurs caractéristiques aux pays sous-développés (absence de toute organisation professionnelle et syndicale, absence de moyens de communication et d’information…). Ces facteurs contraignants expliquent les raisons qui ont pérennisé les mêmes hommes politiques au pouvoir depuis 1946 jusqu’à la période précoloniale.

59 (Premier médecin comorien, puis après 1946 deux fois élu député à l’Assemblée Nationale métropolitaine et premier président du conseil du gouvernement du territoire des Comores), Said Ibrahin Ben sultan Said Ali (Administrateur, député à l’Assemblée Nationale après Said Mohamed Cheihk et second président du gouvernement du territoire des Comores), Ahmed Abdallah Abdéremane (Homme d’affaire, premier sénateur comorien à la métropole, dernier président du conseil du gouvernement territoriale comorien, père de l’Indépendance et deuxième président des Comores indépendantes)…

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Entre 1961 et 1968, les institutions de l'autonomie interne élargie étaient progressivement mises en place. Les notables politiciens (l'élite politique traditionnelle) se répartissaient les postes politiques crées. Mais, assez vite, l'élite politique traditionnelle et moderne connaissait perpétuellement les déceptions des promesses non tenues par l'Etat colonial. Poursuivant la logique de la responsabilisation progressive des personnes ressources, une loi de janvier 1968 tentait d'instaurer une vraie autonomie, digne du nom. Mais les habitudes et l'héritage constituaient des handicaps majeurs pour un bon épanouissement du nouveau cadre institutionnel.

C'était dans cet environnement institutionnel de la fin des années 1960, qu'à l'intérieur de l'archipel apparurent des véritables partis politiques60. Ils avaient été crées ou réorganisés et reflétaient bien deux tendances principales (pro-autonomie interne et pro-indépendantiste). Ils incarnaient pertinemment les contradictions du processus de la décolonisation Comorienne.

 

60 La réconciliation des deux premiers partis politiques traditionnels Comoriens, « Verts et Blancs », de Said Mohamed Cheikh et du Prince Said Ibrahim était un pas politique à prendre en compte. Ces deux partis étaient caractérisés par la non possession d'idéologie, programme politique, structure organisationnelle, de 1946 à la fin des années 1950, s'appuyaient presque exclusivement sur la notoriété de ces deux chefs politiques charismatiques. L'ère d'autres formes d'oppositions avait sonné son glas vers les années 1968. Cette nouvelle dynamique représentait deux grands courants de pensée (Indépendantistes et conformistes aux évolutions du T.O.M.).

Le courant indépendantiste avait pour but essentiel de libérer l'archipel du colonialisme, du néo-colonialisme et de tout système qui contribuait directement ou indirectement à la domination et à l'exploitation des masses comoriennes. Son programme passait par l'éducation, la formation et la préparation du peuple Comorien à retrouver sa dignité, sa souveraineté, sa personnalité nationale et internationale. Ce courant était essentiellement incarné par: Le MOLINACO (Mouvement de Libération Nationale Comorienne), Le PASOCO (Parti Socialiste des Comores), L’ASEC (Association des Stagiaires et Étudiants Comoriens) et Le PEC (Parti pour l'Evolution des Comores)…

Les années 1968 convenaient aussi à la résurgence, du courant conformiste, avec certaines différences mineures, des premiers partis des années de la fin de la seconde guerre mondiale. Ces types de partis faisaient clairement savoir que le statut coutumier et leurs diplômes les habilitaient à mettre fin aux temps du ronronnement et qu'ils n'allaient pas se contenter d'une opposition de façade. Ce courant politique était essentiellement représenté par: Le RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Comorien) L’UDC (Union Démocratique Comorienne) L’UMMA (Parti du peuple)…

Le problème mahorais constitue toujours une des questions essentielles que les Comores auront à résoudre après l'indépendance. Ce mouvement pro-français de Mayotte n'avait jamais eu aucun programme économique et social. Son seul objectif était de maintenir cette dernière île dans l'ensemble français.

55 1.4.2.4.3 L’accession à l’Indépendance (1968-1975)

Dans le fond, l'élite comorienne était majoritairement sur la même longueur d'onde que celle de l’Afrique. Elle était profondément acquise à l'indépendance mais estimait que l'autonomie interne était indispensable pour rattraper le grand retard qu'avait accusé l'archipel dans son ancien statut de dépendance de Madagascar. Les dirigeants politiques Comoriens croyaient que la pause institutionnelle allait faciliter la construction des infrastructures administratives et économiques, préalable indispensable à toutes indépendances futures.

AEROPORT REGIONAL DE WANI DANS L’ILE D’ANJOUAN

Ce processus était anticipé par les facteurs liés à la dynamique des partis politiques, aux incohérences de gouvernance et aux nombreux dysfonctionnements de la logique de l'autonomie interne. En 1972, ces partis politiques, tendances majoritaires confondues, osaient brandir enfin le drapeau de l'indépendance. Ainsi, des négociations avaient abouti aux « Accords du 15 juin

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197361 ». C'était leur échec qui avait provoqué la déclaration unilatérale de l'indépendance le 6 juillet 1975.

Sur le plan politique les gouvernances, Said Mohamed Cheikh (31 décembre 1961-16 Mars 1970), Said Ibrahim (2 Avril 1970-12 juin 1972), Mohamed Jaffar (16 juin 1972-25 décembre 1972) et Ahmed Abdallah (26 décembre 1972 - 3 Août 1975) avaient, sans doute, enregistré des résultats plus ou moins fiables. Il s’agit là d’un bilan mitigé par rapport aux défis du pays quand il avait accédé au statut de l'autonomie.

 

61 Déclaration commune (gouvernement français et autorités Comoriennes) mettant en place les étapes, les voies et moyens de l'accession de l'archipel à sa souveraineté internationale

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