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Domaine de Patsy

Dans le document Le système foncier comorien de 1841 à 1975 (Page 132-135)

GENESE DE L’ECONOMIE DES PLANTATIONS COLONIALES AUX COMORES

5 M’SAPERE MAMOUTZOU

2.2.2 La situation des domaines de plantations coloniales à Anjouan

2.2.2.1 Les grands domaines

2.2.2.1.4 Domaine de Patsy

2.2.2.1.4 Domaine de Patsy

La plaine de Patsy est une dépression géographique allongée, orientée du Nord – Ouest au Sud – Ouest, bordée au Sud par un cirque de montagne et de forêts qui approchent le point culminant de l’île (le Mont Tringui 1595m)180.

Le principal créateur de ce domaine fut un colon américain médecin de son Etat: « Le docteur Benjamin Franklin Wilson181. Pour comprendre l’histoire de l’arrivée de ce médecin dans l’île d’Anjouan, dans le dernier quart du XIX siècle, nous nous fondons aux précieuses sources d’informations livrées par Martin Jean »182.

Bien que leurs escales étaient de plus en plus rare, les navires (« Baleiniers American », voir Martin Jean, idem) fréquentaient toujours Mutsamudu (capital de l’île d’Anjouan) et assuraient comme par le passé quelques revenus au sultanat. Pour nous, il est sans doute utile de mentionner que les conditions de vie et de travail sur ces bâtiments n’étaient pas toujours des plus enviables et que plus d’un matelot de la Nouvelle – Angleterre ou de San Fransisco, séduits par le charme d’Anjouan, n’hésitaient pas à quitter leur bord. Ils parvenaient en général à gagner le Cap ou Zanzibar. Dès 1869, le marin français Pallu notait déjà la présence d’un de ces déserteurs à la Cour d’Abdallah.

Ce jeune homme, qui se nommait Robertson, y servait de secrétaire de langue anglaise et aussi d’agent pour les transactions avec les capitaines baleiniers183.

Toujours, d’après les propos de Martin Jean184, deux ans plus tard, un médecin de New Belford avait rompu le contrat qui le liait à son capitaine et restait dans l’île. C’était, le Dr Wilson benjamin Franklin qui avait, auparavant, exercé de nombreux métiers au Nouveau Monde et avait

 

180 Battistini René et VERIN Pierre, op ;cit, géographie des Comores, p 18-21.

181 Hassani-El-Barwane Mouhssini, op.cit, p15 – 17.

182 Op.cit ; tome II, p10- 14.

183 Jean Martin, idem.

184 Idem.

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servi un temps dans la marine de guerre avant le devenir chirurgien sur des navires de pêches. Il n’était même pas certains qu’il eut achevé ses études médicales.

Cependant, le sultan Abdallah avait accueilli avec satisfaction l’installation d’un praticien.

Le sultan était en mauvaise santé et depuis la brève tentative du Dr Orme, l’île était dépourvue de médecin. Il se trouvait aussi que le Dr Wilson avait un autre atout non négligeable, il pouvait faire venir quelques produits pharmaceutiques et exerçant son art à la satisfaction du prince, de son entourage et des familles aisées de Mutsamudu. Il s’assurait ainsi de confortables bénéfices.

Toutefois, enviant la réussite de Sunley, il était désireux à son tour d’une plantation185.

Par ailleurs, le sultan désirait le retour dans l’île, la raison de ses compétences médicales et aussi parce qu’il souhaitait disposer d’un conseil de culture occidentale qui pourrait prendre la relève de Wilson et Sunley. Il lui concédait alors le cirque de Patsy, un terrain étendu et fertile sur le littéral Nord-Ouest de l’île. Un premier accord avait était intervenu le 20 octobre 1871 puis un bail était signé le 20 mai 1872 la durée de la concession était fixée à trente années et le montant de la rente annuelle s’élevait à 200 piastres tout comme celle que versait le planteur de Pomoni.

Toutefois, à la différence de l’ancien consul, Wilson n’était pas astreint au versement d’une mise de fonds186.

En outre, Wilson prétendait au début du XXème siècle, qu’en décembre 1879, le sultan Abdallah avait un acte régulier prolongé son bail pour une période de 60 ans. Et pourtant, il semble bien que l’administration coloniale de Madagascar n’avait retrouvé aucune trace de ce nouveau bail187. Il semble bien que Wilson d’après les sources de Martin Jean (op.cit, tome II, p 10-12), que ce dernier avait misé tous ses espoirs sur ce point de litige qui le mettait directement en désaccord profond avec l’administration coloniale française. Cette affaire fut directement réglée en justice.

En effet, à partir de ce moment là, l’affaire avait connu un dénouement assez rapide. Car le tribunal de Mayotte avait rendu un non lieu par un arrangement à l’amiable. Face à cette réalité, Wilson et l’administration coloniale française avaient donc décidé de soumettre le litige à un

 

185 Jean Martin, idem.

186 Mouhsini Hassani – El – Barwane, op.cit, p15 -17.

187 Mouhsini Hassani – El – Barwane, idem.

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arbitrage. Une sentence arbitrale rendue à Dzaoudzi, le 30 novembre 1906 avait affirmé la validité des droits du planteur Wilson.

Cependant, avec le recule du temps écoulé, le moins qu’on puisse dire, sans doute, est le fait que Wilson n’était pas un ordinaire colon américain. Le fait qu’il avait bien mis en difficulté l’administration française et remporté les procès, révélait que c’était bien une personnalité d’une très grande notoriété.

Wilson s’était tourné vers la culture des caféiers. Cette plantation lui paraissait d’un rapport plus immédiat que le sucre d’autant plus qu’il ne disposait pas de capitaux suffisants pour monter une usine. Le sultan avait du même lui consentir une avance de fonds. Par la suite, vers 1877, Wilson avait pu faire l’acquisition d’une machine à vapeur et produire du sucre. Il en obtenait 420 tonnes en 1882. Il était donc parvenu assez rapidement à de bons résultats.

L’attribution des terres de Patsy au Dr Wilson consolidait l’emprise de l’économie de plantation dans l’île et portait un nouveau coup aux structures traditionnelles. De même, que les achats effectués, au cours des années, de domaines appartenant à de nombreux indigènes de la région de Ouani, conjugué à l’occupation de patsy, avaient suscité les protestations de nombreux sujets du sultan Abdallah, membre de l’aristocratie foncière ou villageois des environs de Patsy. Et le mécontentement ne cessait de croître188.

L’interprétation de Martin Jean était que le sultan Abdallah espérait trouver auprès des américains l’appui d’une grande nation qu’il pensait avoir perdu en rompant avec Sunley189. Il aurait même souhaité voir Wilson devenir consul des Etats – Unis à Anjouan.

Mais ses relations avec le médecin américain n’étaient pas longtemps idylliques. Abdallah lui reprochait les médiocres résultats de ses thérapeutiques et le peu d’empressement qu’il mettait à

 

188 Hassani-El-Barwane Mouhssini, idem.

189 Op.cit, tomeII, p10 -12

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se rendre au Palais de Bambao, où il était appelé fort souvent. Des litiges d’ordre financier avaient encore accentué la mésentente entre les deux hommes190.

Au début du XXème siècle, l’ « implacable Wilson » avait connu des graves problèmes agricoles dans ses plantations. Ces problèmes avaient influé négativement au bon développement de ses domaines et ultérieurement étaient la base de ses échecs191.

Dans le document Le système foncier comorien de 1841 à 1975 (Page 132-135)