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L’impact de la crise au sein de la SCB

Dans le document Le système foncier comorien de 1841 à 1975 (Page 183-188)

PORTEE HISTORIQUE DE LA SCB (1923 – 1950)

4.1 LA SCB VERITABLE MONOPOLE COLONIAL (1923-1946)

4.1.3 La SCB et la crise de 1929

4.1.3.1 L’impact de la crise au sein de la SCB

4.1.3.1.1 L’état de la production

Les sources312 montrent bien la baisse sensible des cours au niveau mondial et son impact qui réduisait perpétuellement dans des proportions significatives la valeur des produits agricoles d’exportation des Comores. Cette réalité est bien illustrée par les exemples édifiants des cas des produits provenant des plantations de la SCB.

Pour qu’historiquement notre propos soit plus explicite, nous l’illustrons par les deux tableaux ci-après :

Tableau 4 : Evolution des cours entre 1914, 1920, 1930 et mai 1931.

Produits Cours en

311 Hassani-El-Barwane Mouhssini, op.cit., p63-64

312 Provenant des CA de la SCB d’après 1929.

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Sources : Première tableaux CA de la SCB

Dans ce premier tableau, le prix du sisal avait directement été inscrit en dollar.

Tableau 5 : Evolution des cours au 31 mars 1932 et au 31 mars 1935.

Produits Cours 31

Coprah 1300 f/tonne 950 f/tonne 940 f/tonne 1040 f/tonne Sisal 1300 f/tonne 1200 f/tonne 1300f/tonne 1000 f/tonne

Sources : Deuxièmes tableaux CA de la SCB

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Quels sont les principaux commentaires qui émanent de l’étude de ces deux tableaux, ci-dessus :

Premièrement, de 1914 jusqu’à 1935, la tendance des cours évoluait vers la hausse.

Cependant, nous constatons également que depuis 1931, c’était la tendance inverse qui s’était produite. Il y avait donc eu une chute très importante des cours. Cette tendance confirmait l’influence manifeste de la grande crise de 1929 et ses conséquences néfastes sur les cours. Ainsi, les prix des produits étaient sérieusement menacés par le phénomène de mévente.

Deuxièmement, nous observons aussi que la crise de 1929 avait en plus de la baisse des cours des produits, provoqué une instabilité monétaire. L’instabilité monétaire avait entraîné un état d’inquiétude général, une véritable crise de confiance et dans les affaires un ralentissement considérable et une sous-consommation très préjudiciable aux intérêts de diverses branches de production313

4.1.3.1.2 Les moyens de lutte contre la crise

Un fait important attestait bien que la SCB était profondément secouée par les impacts de la crise. C’était surtout l’apparition au niveau de ces bilans (1931, 1932 et 1933) d’un solde déficitaire.

Nous trouvons que c’était vraisemblablement une impasse. Pour avoir une situation similaire, il fallait impérativement remonter au début des années 1907 – 1912, époque durant laquelle Mrs Le Houx et Laffont se trouvaient à la direction de cette société.

En conséquence, face à une telle réalité, celle-ci avait mis les bouchées doubles en prenant des mesures draconiennes permettant de limiter les conséquences les plus néfastes. C’est pourquoi, malgré la chute importante des cours des produits (déjà relevée dans les deux tableaux du point, susmentionnés), la SCB n’avait pas lésiné sur les moyens en maintenant en parfait état les cultures de sisal, d’ylang ylang, de coprah… etc. La mise sur pied d’un tel dispositif était prévue au cas où il y aurait une reprise au niveau des échanges.

 

313 Voir Séance du CA., du26 février 1932.

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Avant 1929, la SCB avait lancé une politique de vente d’une partie de ses immeubles de Mamoudzou et de Dzaoudzi314. Ils ne lui rapportaient pas beaucoup dans ses affaires. Elle avait voulu se débarrasser de ceux-ci puisqu’ils étaient devenus trop encombrants315.

Ce qui nous paraissait intéressant dans une telle initiative, c’était le fait que, face aux difficultés de la crise, elle voulait seulement conserver les domaines et propriétés qui lui seraient rentables.

En outre, nous notons que dès 1931, la SCB avait aussi pris des initiatives sur le plan international. Elle avait concrètement engagé une action syndicale, auprès des organisations représentant les grandes sociétés de plantations de l’Empire colonial français qui menaient une lutte inébranlable pour la revalorisation des plantations coloniales.

La SCB avait pu aussi intégrer le puissant syndicat des planteurs de vanille. Ce dernier avait une très grande influence dans des nombreuses colonies où l’on pratiquait cette culture de vanille. Ce puissant syndicat avait mis plusieurs chantiers en activités et des mesures destinées à renverser la tendance de la baisse catastrophique des cours de vanille.

Elle s’était engagée avec une grande ardeur aux côtés des initiateurs du syndicat des planteurs de sisal.

Et comme l’union faisait, dans certaines circonstances appropriées, la force, le syndicat des planteurs de sisal de l’Empire colonial français avait obtenu gain de cause.

En 1932, ce syndicat avait obtenu le vote d’une loi lui attribuant une prime qui lui permettait de compenser dans une certaine mesure la baisse sensible des cours de sisal. Les autorités métropolitaines avaient favorisé une telle loi en tenant compte du fait de l’abandon de nombreuses exploitations, particulièrement dans la colonie de Kenya316.

 

314 Deux villes de Mayotte.

315 Hassani-El-Barwane Mouhssini, op.cit., 67-70.

316 Voir séance du CA, du 26 février 1932.

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Il nous parait utile de relever aussi que la SCB faisait partie des membres fondateurs du syndicat de producteurs de coprah. Ce syndicat avait pour objectif majeur la grande nécessité d’obtenir une prime de même nature que celle accordée aux autres sociétés productrices de sisal. En mettant en application la loi du 31 mars 1931, se basant aux modalités de la création des syndicats des planteurs de divers pays ou colonies, ce nouveau syndicat tentait de sauver la production du sisal provenant directement de l’Empire colonial français. Ce dernier risquait, en cette période délicate de disparaître dans sa totalité317.

Ses actions, d’un si grand envergure, aux côtés d’autres planteurs de l’Empire colonial français, révèlent aujourd’hui encore que dans sa stratégie de préservation de son existence et de sa croissance, la SCB défendait si bien ses intérêts primordiaux au niveau de la colonie, de la métropole ainsi que sur le plan international.

4.1.3.1.3 Son redressement

Vers 1937 la SCB avait mis en place sa politique de redressement. Les divers procès-verbaux de ses différents CA montrent bien que les affaires au niveau de la production enregistraient des résultats, de plus en plus, probants. La tendance allait de nouveau dans le sens d’un accroissement général de la production et de celui d’une amélioration sensible des cours des différents produits318.

En 1938, sa situation dans les plantations était caractérisée par l’essor des cours de la production de la vanille et de la demande croissante pour son achat, particulièrement pour le cas de la clientèle américaine.

Les cours s’élevaient au 31 mars 1938 à 220 F environ le kilogramme. Si l’on comparait cette ascension des cours de la vanille par rapport à ceux de 1935 qui était d’environ 45 f le kg, ou de ceux de 1932 à 22 f le kg, le moins qu’on puisse dire, est que la reprise était au rendez-vous319.

 

317 Conférer séance du CA, du 14 mars 1933.

318 Hassani-El-Barwane Mouhssini, op.cit., p70-71.

319 Ibidem.

187 Pour bien illustrer les caractéristiques effectives de cette nouvelle reprise des cours mondiaux des différents produits, nous nous référons au tableau ci-après, émanant toujours des procès-verbaux des CA de la SCB.

Tableau 6 : La reprise des cours des différents produits

Produits Cours du 31 mars 1937

Cours du 31 mars 1938

Cours du 31 mars 1939

Vanille 190f/200 f / kg 210/220 f/kg 380/390 f/kg Ylang qualité

supérieure

140/160f/kg 140/150 f/kg 140 f/kg

Ylang qualité inférieure

45/50 f/kg 42/45 f /kg 40 f/kg

Coprah 2100 f/tonne 1950 f/tonne 2200 f/tonne

Sisal 2100 f/tonne 2800 f/tonne 2600 f/tonne

Source : Ibidem.

Dans l’ensemble toutes les productions étaient obtenues avec moins de difficultés. Ce bon rendement était conditionné par une gestion appropriée et exceptionnelle320.

Dans le document Le système foncier comorien de 1841 à 1975 (Page 183-188)