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1.2 La métropolisation de la pratique du judo

Dans le document Essai sur les territoires du judo en France (Page 181-186)

Depuis la création de la Ligue d’Aquitaine la croissance des licences se caractérise par des diffusions territoriales et une concentration autour des grandes agglomérations.

1.2.1 - Accroissement des effectifs

L’Aquitaine est une région dominée d’un point de vue démographique par la Gironde (33). Ce département a toujours été le plus peuplé d’Aquitaine et la position historique et privilégiée qu’occupe Bordeaux (préfecture) en fait la commune la plus dense comptant 235 000 habitants en 2007. De plus, c’est en Gironde et à Bordeaux que les premiers cours de judo ont été prodigués par André Nocquet.

D’après l’annuaire officiel du judo de 1948, 76,7 % des licenciés étaient des Bordelais (dont 28,4 % d’étudiants). En 1965, sur les 3 750 licenciés, plus que 43,3 % des pratiquants provenaient de Gironde alors que la population girondine représentait 40,5 % de la population aquitaine. Depuis cette date nous observons la même supériorité de représentativité des licences girondines sur les autres départements.

Les recherches menées sur le volume des licences ont été effectuées de 1980 jusqu’à 2010. Durant ces 30 années d’observation la Ligue d’Aquitaine suit la progression et le phénomène de massification du judo français. Tous les comités départementaux ont connu une augmentation de leur effectif. Le Comité départemental de Gironde (CD33) accroît de 90,1 % son potentiel avec une variation de 7 408 licences (tableau 16). La part des judokas girondins est passée de 46,6 % à 49,1 % (hausse de 2,5 points). Le volume engendré représente 52,2 % du gain total de la ligue d’Aquitaine.

Tableau 16 : Évolution et représentativité des licences de judo en Aquitaine

Comité départemental

Licences Accroissement (1980-2010) Part du

comité en 2010 1 980 2 010 valeur absolue valeur relative Part de la

plus-value 24 - Dordogne 2 241 3 891 1 650 73,6% 11,6% 27,4% 33 - Gironde 8 220 15 628 7 408 90,1% 52,2% 49,1% 40 - Landes 1 616 3 713 2 097 129,8% 14,8% 11,7% 47 - Lot et Garonne 1 782 2 930 1 148 64,4% 8,1% 9,2% 64 - Pyrénées- Atlantiques 3 780 5 680 1 900 50,3% 13,4% 17,8% Ligue Aquitaine 17 639 31 842 14 203 80,5% 100,0% 100,0%

Le Comité des Landes (CD40) n’est pas en reste et progresse en valeur relative et en valeur absolue (129,8 % et 2 097 licences), quand dans le même temps, sa représentativité dans le judo aquitain gagne 2,5 points. L’augmentation du nombre des licences landaises représente 14,8 % de la croissance totale de la ligue d’Aquitaine.

L’accroissement des licences de judo traduit la tendance générale de la démographie aquitaine. Le parallèle s’établit quand la comparaison est faite sur la représentativité des départements par rapport à la région, que ce soit pour la population ou le nombre de licenciés. Les départements (33, 40) qui connaissent une augmentation de leur part dans la population, augmentent également leur part dans la représentativité des licences FFJDA. En revanche, les trois autres départements (24, 47, 64) gagnent des habitants et des licences mais dans des proportions moindres qui font baisser leur représentativité sur le plan régional. Ainsi, le département des Pyrénées-Atlantiques (64) représentaient 21,4 % des licences aquitaines en 1980 contre 17,8 % en 2010, le Lot-et-Garonne est passé de 10,1 % à 9,2 % et la Dordogne de 12,7 % à 12,2 %, soit une baisse de leur représentativité allant de 0,5 à 1,3 point.

D’une manière générale, l’augmentation des licenciés suit la progression du nombre d’habitants et le phénomène de périurbanisation des années 1990 a permis une redistribution spatiale de la localisation des licenciés et un déplacement du centre vers la périphérie s’est engagé.

1.2.2 - La dynamique territoriale du judo en Aquitaine

Pour comprendre comment le judo s’est déployé sur le territoire aquitain, les phénomènes démographiques permettent d’analyser les mouvements d’accroissement des données en périphérie. Depuis 1990 l’évolution démographique s’est caractérisée par une accentuation des déséquilibres démographiques et économiques entre zones rurales et pôles urbains d’une part, entre zone littorale et zone rurale intérieure d’autre part. Ainsi, les grandes zones urbaines continuent leur croissance rapide : près de 70 % des aquitains résident en 2007 dans les espaces à dominante urbaine (82 % au plan national), et un aquitain sur trois réside dans les limites des trois grandes zones urbaines que sont, au nord, l’agglomération de Bordeaux, et au sud celles de Pau et de Bayonne-Anglet-Biarritz. La densification des zones littorales entre 1990 et 1999, d’origine presqu’exclusivement migratoire doit être également soulignée, et l’essor démographique touche plus particulièrement le pourtour du Bassin d’Arcachon, la Côte Basque et le sud des Landes, conjuguant ici le double attrait pour le littoral et la vie urbaine. Une forme d’urbanisation continue se développe entre Bordeaux et le Bassin

d’Arcachon d’une part, Dax et la côte landaise d’autre part. Inversement, l’espace rural isolé, à l’écart des zones d’attraction directes des unités urbaines et les zones de montagne stagnent ou déclinent, à peu d’exceptions près. Dans certains de ces territoires, le dépeuplement qui se conjugue souvent avec le vieillissement, pose la question du maintien des services publics et du développement des services à la personne. En comparaison avec la France métropolitaine, le poids du rural demeure important en Aquitaine, les pôles ruraux ajoutés aux espaces ruraux isolés représentant 30 % contre 18 % au niveau national en 2007.

La conséquence de ces évolutions démographiques sur les licences de judo se manifeste par un renforcement du poids de la métropole bordelaise et des zones urbaines. L'accélération du mouvement contemporain d'urbanisation se traduit par la concentration des fonctions de niveau supérieur dans un petit nombre d'agglomérations métropolitaines et l'accumulation de la population dans des espaces urbanisés de plus en plus étendus. Autour de Bordeaux, un premier ensemble d'environ un million d’habitants s'étend de Libourne au bassin d'Arcachon. Un deuxième pôle, en plein développement, fait le lien avec le Pays Basque Espagnol : ce triptyque Bayonne-Anglet-Biarritz allie tourisme, commerce et industrie. Pau, en Béarn, est le troisième centre urbain de la région auquel s'ajoute Agen, dans la vallée de la Garonne entre Bordeaux et Toulouse. Enfin, Périgueux et Bergerac, en Dordogne, constituent deux autres pôles de la région. Cette concentration polycentrique, autour des chefs-lieux de départements mais surtout dans l’aire urbaine de Bordeaux, s’explique par le phénomène de métropolisation, notion introduite au milieu des années 80. Dans Les Mots de la géographie (Brunet, Ferras, Théry ; 1993), la métropolisation est définie comme le mouvement accusé de concentration de la population dans les métropoles, identifiable à l’échelle mondiale. Dans le Dictionnaire de la Géographie et de l’Espace des Sociétés (Lévy, Lussault ; 2003), elle l’est comme : « Concentration de valeur à l’intérieur et autour des villes les plus importantes. La notion de métropolisation recouvre à la fois l’idée d’une urbanisation croissante (l’explosion urbaine), et d’une extension des villes ». La distribution et la répartition des licences suivent le développement démographique de la région (carte 51). Les pôles de population regroupent des foyers de judokas et nous constatons une concentration des licences de judo au sein et autour des grandes agglomérations. Au regard de ces illustrations nous observons une augmentation du nombre de pratiquants sur le littoral atlantique, plus particulièrement autour du Bassin d’Arcachon, et la notion de métapolisation (Asher, 1994) pourrait convenir pour le département girondin.

La dynamique spatiale des licences de judo de 1980 à 2010 est présentée dans la carte 52. Durant cette période, l’impact de la périurbanisation et rurbanisation se lit et se calque sur les principaux axes de communication. En Dordogne, Périgueux a perdu des licenciés au profit des communes périurbaines (Chancelade, Coulounieix-Chamiers, Trélissac ou Boulazac) et l’étalement urbain des communes de l’axe Bordeaux-Libourne-Périgueux (Montpon- Ménestérol, Mussidan ou St-Astier) a également permis d’accentuer leur nombre d’adhérents. L’axe Bordeaux-Bergerac-Sarlat au sud de ce département est également visible et est matérialisé par la hausse du nombre de judokas. Le département des Landes (40) malgré une augmentation des licences en 30 ans concentre l’essentiel des licenciés dans les communes de sud selon l’axe Mont-de-Marsan-Dax en direction de Bayonne.

Carte 52 : Dynamique spatiale des licences de judo (1980-2010)

Ici, nous observons le maintien du nombre des licences sur la côte sud landaise (de Soustons à Ondres), foyer de population au nord de l’unité urbaine Bayonne-Anglet-Biarritz. Avec Pau, ce sont deux foyers importants du département et le nombre de licences y est corrélé en

suivant l’axe du Pays Basque jusqu’au Béarn. Le Lot-et-Garonne, département très rural, concentre ses effectifs selon les axes Marmande-Agen ou Villeneuve-sur-Lot-Agen ainsi qu’autour de la commune de Nérac. Cette commune, dotée d’infrastructures de bon niveau, compte deux clubs dynamiques (JC Nérac Albret et JC Henri IV) trustant les premières places du département. La particularité de ce comité est l’attraction des compétiteurs dans des communes en périphérie de la préfecture Agen. L’augmentation des clubs (341 en Aquitaine en 2010) s’accompagne d’une diversité de l’offre qu’il convient d’analyser.

Dans le document Essai sur les territoires du judo en France (Page 181-186)