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Chronologie de la création des clubs de judo en région (1936 1950)

Dans le document Essai sur les territoires du judo en France (Page 76-80)

2.2 Les débuts du judo français

Carte 6 Chronologie de la création des clubs de judo en région (1936 1950)

La majorité des départements métropolitains ont vu l’apparition des clubs de judo après la date de création de la Fédération française de judo. Le département parisien est historiquement le territoire où s’est implanté le judo dès le départ, avec l’arrivée du Maitre Kawaishi, mais la pratique se diffuse rapidement en région, notamment en Charente et dans le Sud-Ouest.

Un des premiers clubs du sud-ouest, le Judo-Club d’Angoulême, est créé par le Professeur André Nocquet, élève 1er dan de Mikinosuke Kawaishi, qui anime des entraînements rassemblant une dizaine de pratiquants. Lorsqu’André Nocquet quitte le département, Albert

Marx et Henri Mennessier (ceintures bleues), ses élèves, prennent la direction du club et assurent son développement. Son fondateur continue à favoriser l’implantation du judo en faisant venir dans la région Maîtres Michigami et Awazu qui transmettent leur expertise, influencent des générations de judokas charentais et aquitains et assurent le développement du judo qui se produit par propagation. L’élève, une fois formé, s’expatrie et fonde à son tour un nouveau club. En 1948, Henri Mennessier quitte la Charente pour fonder le premier club de judo de Nancy. Albert Marx continue à assurer la direction du club d’Angoulême. Cet exemple local de propagation de l’innovation par contagion illustre là encore le rôle des acteurs dans le processus de diffusion.

Comme le souligne Michel Brousse (Brousse, 2002), la politique du Ministère de l’Intérieur en faveur des activités sportives en général et des sports de combat en particulier a joué un rôle important dans l’essor des clubs de province. Dès 1943, à Vichy puis à Plombières-lès- Dijon, des stages de judo sont organisés pour les futurs moniteurs de sports de la police qui, à leur retour dans leur ville d’origine, ouvrent des sections pour les civils. De nombreux pionniers régionaux sont fonctionnaires de police. L’armée joue un rôle moins direct, mais la présence de centres de formation dans les services de l’État favorise ensuite la création de clubs civils.

Toujours selon le même auteur, plusieurs autres vecteurs de développement et de propagation sont identifiables. Le judo corporatif bénéficie des forces du changement social et des dispositions particulières notamment en faveur des comités d’entreprise établis dès 1945. Les sections judo des associations sportives donnent à leurs personnels la possibilité de pratiquer le judo. « L’action politique veut rompre l’image élitiste de l’art japonais. Parce qu’elles considèrent le judo comme un sport bourgeois, les associations d’ouvriers s’efforcent de mettre sa pratique à la portée des bourses les plus modestes. Les premiers clubs de judo affiliés à la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT) datent de 1946. Ils se constituent progressivement en Île-de-France, puis dans le Languedoc et la région du Nord » (Brousse, 2005). La démarche est politique et s’inscrit dans le contexte spécifique de l’après- guerre.

Le développement des activités de loisirs et l’importance accrue des mouvements de jeunesse constituent des vecteurs de diffusion secondaires. L’élévation du niveau de vie modifie l’accès aux vacances d’un grand nombre de Français et les principales stations balnéaires

accueillent des stages de judo favorisant une convivialité nouvelle entre élèves et professeurs (Brousse, 2002).

Parmi les mouvements de jeunesse, le scoutisme apporte une contribution importante. Michel Brousse, en 2005, souligne le parallèle entre le scoutisme et le judo dont les finalités sont proches : « Le scout s’éduque par l’action, le scoutisme ne s’enseigne pas, il se vit. C’est en agissant que le jeune garçon acquiert les qualités qui lui permettent de forger son caractère, d’assumer ses responsabilités et d’être toujours prêt quelles que soient les circonstances ». Comme dans le scoutisme, on devient judoka par l’effort, l’action et l’implication dans la discipline. Un protocole d’accord est signé le 19 juillet 1959 entre la FFJDA et la Fédération du scoutisme français et de nombreux scouts s’inscrivent dans des clubs de judo, dont JP Coche qui sera médaillé olympique en 1972 (Brousse, 2005). Vecteur décisif de la diffusion, la compétition ne s’adresse plus seulement à une élite mais à des secteurs. La période 1933- 1971 est une période complexe de l’histoire du judo en France et de nombreuses crises, que nous rappelons en annexe (annexe 3), ont opposé des acteurs et des conceptions de la pratique du judo. Mais des régulations, des ententes ont permis la création en 1956 de la FFJDA et l’expansion du nombre de licenciés (graphique 4).

Toutes les oppositions ne sont pourtant pas réglées et ce n’est qu’en 1971 qu’un protocole d’accord marquant la réunification du Collège national des ceintures noires et de la FFJDA est signé.

Durant cette période, plusieurs étapes de croissance peuvent être synthétisées :

- de 1933 à 1945 : il s’agit de la phase de démarrage amorcée avec la venue en France de Maître Kawaishi. Cette phase a connu un ralentissement avec l’entrée en guerre de la France. Le nombre de licences enregistrées n’a pas été supérieur à 5 000, - de 1945 à 1966 : il s'agit de la phase de développement, c'est-à-dire d'une croissance

soutenue sur deux décennies. Immédiatement après la Libération, la Fédération de judo s’organise et se déploie sur tout le territoire (ligues régionales). La médiatisation de ce sport débute (télévisuelle et presse écrite). Les premiers résultats sportifs des français apparaissent. Les Championnats internationaux sont mis en place. C’est une période faste étalonnée sur vingt années,

- de 1966 à 1971 : il s'agit d’une phase de très forte croissance. En cinq années, on compte plus 100 000 licences, soit autant que pendant la phase précédente. La réunification des fédérations de judo est effective et le nombre de clubs se multiplie.

Dans le document Essai sur les territoires du judo en France (Page 76-80)