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territoires urbains

Chapitre 2 : Les typologies résidentielles

C. La construction de la typologie résidentielle niaméenne

Nous venons de décrire la construction des 6 variables à partir desquelles la typologie résidentielle de l’aire urbaine de Niamey a été mise en place. Nous nous sommes appuyés alors sur la méthode décrite dans la première section de ce chapitre. La première étape mobilise une analyse factorielle des correspondances multiples entre ces six variables.

Le schéma 7 présente la projection des modalités des variables sur le premier plan factoriel44. Le premier axe explique 11,4 % de l’inertie du nuage et oppose le centre actuel de Niamey, dense et où l’accueil de membres de la famille et autres connaissances est fréquent (nombre moyen d’adultes par ménage et proportion de célibataires élevés) à l’ancienne ville des colons, largement construite en dur et habitée par des citadins aisés. La bicéphalie de la métropole niaméenne, déjà mis en relief dans notre typologie fonctionnelle, ressort également de notre étude des localisations résidentielles. Le second axe (11,2 % d’inertie expliquée) renforce la spécificité des quartiers d’habitat de type européen en dur et habités par une proportion importante de citadins européens, vis-à-vis cette fois des quartiers de périphérie lotie, plus variés quant à la structure des ménages qui y résident et les caractéristiques ethniques de ses habitants. Le troisième axe (9,8 % d’inertie expliquée) met en relief les zones périphériques populaires, peu denses et où l’habitat est précaire. Une proportion importante de la population des Peuls y est associée. Quant au quatrième axe (7,6 % d’inertie expliquée), il permet de faire ressortir un autre type de quartiers périphériques, toujours aussi peu denses mais lotis et où les Touaregs sont légèrement surreprésentés.

La C.A.H. qui a suivi suggérait une partition en 6 groupes : les quartiers centraux, les quartiers populaires péricentraux et périphériques, les zones péricentrales aisées et périphériques loties ainsi que quelques zones périphériques populaires non loties. Une fois ces groupes reprécisés grâce à la méthode des centres mobiles, nous avons cherché à définir quelles étaient leurs caractéristiques et leur distribution dans l’espace urbain. Nous avons pris l’initiative de changer de groupe une zone seulement pour une meilleure unité géographique de notre typologie.

Schéma 7 : Projection sur le premier plan factoriel des modalités des variables engagées dans l’A.F.C.M. pour Niamey

44 Le premier plan factoriel est le plan composé par les deux premiers axes, c’est-à-dire les axes expliquant la plus grande part de l’inertie du nuage de points.

Le groupe le plus gros est composé de 19 zones (contre trois groupes de 9 zones et un de 4). Il correspond aux zones populaires péricentrales et périphériques. Compte tenu de l’importance jouée par la distance aux activités dans une ville telle que Niamey, où la part modale est largement déséquilibrée au profit de la marche à pied, nous avons décidé de scinder ce groupe en deux sous-groupes, les zones populaires péricentrales d’abord et périphériques ensuite. Les caractéristiques des logements, les densités ou encore la structure des ménages qui y résident sont proches dans ces deux nouveaux groupes, mais l’histoire de la formation de ces quartiers (qui se reflète partiellement dans les origines ethniques des résidents) diffère. On peut également faire l’hypothèse d’un rapport différent à la ville pour les citadins logeant à 15 minutes ou à plus d’une heure de marche du centre. Ce choix d’une partition supplémentaire sera rediscuté dans la suite de notre travail sur la capitale nigérienne.

Les données du recensement ne permettaient pas de nous prononcer sur certaines zones issues du découpage de l’enquête-ménage (mauvaise correspondance des découpages ou zones non couvertes). Nous avons classé ces quelques zones dans les groupes nous paraissant les plus appropriés. La zone Zongo a été jointe au groupe des quartiers centraux, la Cité CNSS aux zones péricentrales aisées et Château Neuf aux zones périphériques loties. Saga au sud-est et Foulani Kouara au nord correspondent à des zones périphériques populaires. Quant à Kouara Kano, Bagdad, Banifoundou1 et Tourakou (d’ouest en est), ils ont été joints au groupe des zones périphériques loties. Plusieurs zones issues du découpage de l’enquête-ménages sont quant à elles des zones non résidentielles au sens où aucun ou peu de citadins y résident. C’est le cas par exemple des zones Grand Marché, Kassaï/Katako, Université, Aghrymet,

Présidence, etc. (ces zones sont en blanc sur la carte de la typologie résidentielle de l’espace urbain niaméen, carte 36).

Au-delà de la composante spatiale (position par rapport au centre et proximité des zones d’un même groupe), qui peut être appréciée sur la carte de la typologie réalisée, quelques tendances permettent de compléter notre vision des groupes de quartiers formés.

• Les quartiers centraux regroupent les quartiers les plus denses de l’aire urbaine niaméenne avec une densité moyenne de plus de 23 300 habitants/km². Ce chiffre prend tout son sens lorsque l’on rappelle que la grande majorité des logements ne comporte qu’un seul et unique niveau… Le nombre moyen d’enfants par ménage y est relativement faible, ce qui doit être mis en relation avec la forte proportion de célibataires (plus de 27 % des adultes). Les Djermas sont majoritaires avec 43 % des résidents, devant les Haoussas (26 %) et les immigrants du reste de l’Afrique (20 %). Les trois quarts des logements sont des habitats de cour pluri-familiaux, et les constructions y sont généralement en banco (78 %).

• Le péricentre populaire se caractérise également par une densité de population élevée (plus de 17 500 habitants/km²). Les ménages y sont généralement grands (6 personnes en moyenne), avec 2,9 enfants en moyenne par ménage. Cela permet de souligner l’importance de l’accueil de membres de la famille ou d’amis. Comme pour les quartiers centraux, l’habitat de cour pluri-familial et le banco comme matériau de construction prédominent.

• La périphérie lointaine populaire conserve malgré l’éloignement au centre une densité de population assez forte puisqu’elle dépasse 15 300 habitants/km². La présence parmi ces zones d’anciens villages rattrapés par l’urbanisation explique en partie cet état de fait. C’est dans ces quartiers que l’on trouve le nombre moyen d’enfants par ménage et la propension à la polygamie les plus élevés. Parallèlement, les adultes célibataires se font plus rares. Le banco reste majoritaire en termes de matériau de construction avec plus de 73 % des logements. L’habitat de cour concerne presque tous les logements, les deux tiers étant pluri-familiaux et le tiers restant unifamilial.

• Les zones non loties récentes sont situées en périphérie lointaine elles aussi. La densité y est faible cependant, avec 3 300 habitants/km² en moyenne. Si les Djermas sont plus nombreux dans ce groupe comme dans les autres, ils ne composent que le tiers de la population, contre 21 % de Haoussas et surtout 22 % de Peuls (proportion forte vis-à-vis de la structure ethnique dans la métropole niaméenne). L’habitat de cour

unifamilial y est plus fréquent que le multifamilial (58 % contre 27 %). Cela va également de pair avec les matériaux de construction, puisque la paille est utilisée pour 21 % des logements, le banco restant majoritaire avec 56 %.

• Les zones péricentrales aisées s’étendent sur plusieurs espaces péricentraux. Ils correspondent d’abord aux anciens territoires des colons (zone Terminus et Plateau), mais aussi à des quartiers construits et financés par la puissance publique (cité Caisse, 105 logements) ou grâce à des capitaux étrangers (cité Fayçal). La densité y est faible : elle ne dépasse pas 6 300 habitants/km². La propension à la polygamie y est faible. La forme des logements (la moitié sont des villas) et les matériaux de construction utilisés (majoritairement en dur) font de ces quartiers des exceptions dans l’aire urbaine de Niamey.

La périphérie lotie correspond au dernier groupe de notre typologie. L’habitat y est plus dense que dans les zones péricentrales aisées : la densité moyenne calculée atteint 8 500 habitants/km². Plusieurs points communs avec la périphérie lointaine populaire méritent cependant d’être pointés. La propension à la polygamie y est forte, tout comme le nombre moyen d’enfants par ménage et le faible pourcentage d’adultes célibataires. La différence se fait sur les types de construction : l’habitat de cour y reste fréquent mais les logements sont plus souvent en dur (44 %) ou en semi-dur (11 %). Comme dans les zones non loties d’urbanisation récente, la proportion de constructions en paille y est importante et dépasse même 20 % des habitations. Le lotissement se fait en effet en laissant des espaces vacants, rapidement investis par les paillotes.

Graphe 2 : Analyse descriptive comparée des groupes de la typologie résidentielle niaméenne

Pour corroborer ces résultats, obtenus sur la base des données du recensement, nous avons vérifié le bien-fondé des groupes créés grâce à plusieurs variables issues de l’enquête-ménages. Les revenus des ménages par unités de consommation sont en moyenne plus de deux fois plus élevés dans les zones péricentrales aisées et (dans une moindre mesure) dans les zones périphériques loties que des quatre autres groupes. Dans les zones périphériques populaires et dans les zones non loties récentes vivent les citadins ayant les revenus les plus faibles. Les structures des ménages et les types de construction sont également conformes à la typologie créée. Les quelques graphiques présentés sur le graphe 2 permettent de souligner la spécificité des zones péricentrales aisées vis-à-vis du reste des zones de l’aire urbaine de Niamey. La faible densité et l’importance en proportion de villas dénotent, dans ces zones pourtant relativement proches du centre.

III. La typologie résidentielle de l’aire urbaine

poblanaise

A. Construction d’un découpage de l’aire urbaine poblanaise

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