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territoires urbains

B. Analyses descriptives des fonctions urbaines à Niamey, Puebla, Lyon et Montréal

4. Les grands pôles de santé

Les déplacements de motif santé correspondent à des déplacements liés à la santé de l’enquêté lui-même. Une visite à un parent malade à l’hôpital sera codée grâce au motif visite mais les achats de médicaments sont codés achats. En ce sens, et en parallèle des déplacements à destination des grands établissements de santé, les visites chez le médecin (généraliste ou spécialiste) concernent une proportion importante des déplacements étudiés dans cette partie.

• Niamey

Plusieurs hôpitaux et cliniques existent à Niamey, la faible fréquence avec laquelle les citadins s’y rendent implique de maigres effectifs et rend par la même l’étude de cette fonction plus délicate. Le recours aux structures de santé (quelle qu’en soit leur taille) semble effectivement assez rare dans cette ville, et cette tendance a également été soulignée dans d’autres villes telles que Douala et Conakry [Diaz & alii, 2008]. Le recours à l’automédication dans les villes africaines semble très répandu pour pallier les difficultés d’accès (tant économiques que géographiques) aux soins. Nous ne représenterons pas l’attraction mesurée sur une carte thématique car une telle représentation n’aurait aucun sens statistique. Deux zones ont été retenues, chacune d’elle concentre plus de 20 % des entrées pour ce motif. Il s’agit de l’Hôpital National du Niger (le plus grand hôpital de la ville, situé

dans la zone Hôpital) et du Centre Hospitalier Universitaire42 (situé près de la faculté de Médecine dans la zone Université). Ces deux pôles de santé correspondent à des grands établissements hospitaliers, qui concentrent en leur sein la majorité des déplacements pour le motif santé. Plusieurs centres de soin de petite envergure existent également dans Niamey et dans ses environs immédiats, mais ceux-ci ne ressortent pas dans notre étude.

• Puebla

A Puebla, les déplacements de santé se concentrent vers le centre et dans quelques zones à proximité (carte 21). Les zones périphériques n’apparaissent pas du point de vue de leur attraction pour la santé. Parmi les grands établissements vers lesquels les flux convergent, on peut citer le Instituto Mexicano del Seguro Social qui gère un hôpital important à l’ouest du centre, ainsi que le Centro Medico Manuel Avila Camacho juste au nord du Zócalo. Plusieurs cliniques complètent cet arsenal médical. L’attraction des territoires relativement à la santé est donc associée à quelques grands établissements, hôpitaux et cliniques, mais également à une concentration dans certaines zones plutôt centrales de médecins et autres cabinets médicaux.

Carte 21 : La santé dans l’agglomération poblanaise

• Lyon

Les pôles de santé mis en évidence dans notre étude lyonnaise de l’attraction quotidienne des territoires (carte 22) sont peu nombreux et ne font pas vraiment apparaître les grands

établissements hospitaliers. Les visites chez le médecin prennent une place bien plus importante dans le quotidien des citadins que les trajets à destination des centres de santé importants où les patients restent souvent plusieurs jours. Le centre de la Presqu’île apparaît, même si l’attraction de cette zone est sans doute également liée à la présence de l’Hôtel-Dieu. Plusieurs autres zones péricentrales concentrent nombre d’entrées liées à la santé, il s’agit de la zone autour de la Place Guichard, de Vaise (dans le IXe arrondissement), et plus à l’est les quartiers Maisons Neuves à Villeurbanne et Etats-Unis dans le VIIIe arrondissement de Lyon. L’Hôpital Edouard-Herriot est le seul grand établissement de santé qui apparaît sur notre carte thématique.

Carte 22 : La santé dans l’agglomération lyonnaise

• Montréal

Parmi les grands pôles de santé, représentés carte 23, apparaissent plusieurs grands établissements hospitaliers. Ce sont, entre autres, l’hôpital Maisonneuve-Rosemont dans la partie nord-est de l’île de Montréal, Notre-Dame proche du centre des affaires (juste en face du parc Lafontaine), l’Hôpital Hôtel-Dieu à l’est du Mont-Royal, et, proche de ce dernier en descendant vers le sud-ouest, l’Hôpital Royal-Victoria puis l’Hôpital Général de Montréal. On peut également citer, au sud-ouest du Mont-Royal, l’Hôpital Général Juif et l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, plus distant du centre, vers l’ouest.

Si les zones concentrant plus de 1 % des entrées liées au motif santé renvoient toutes à des grands centres hospitaliers, c’est également le cas pour celle concentrant entre 0,5 % et 1 %

de ces entrées. Parmi ceux-ci nous pouvons pointer la Cité de la Santé à Laval, l’Hôpital Charles-Lemoyne à Longueuil, l’Hôpital Général du Lakeshore dans la partie ouest de l’île de Montréal, l’Hôpital Santa Cabrini dans la partie est de l’île et encore l’Hôpital Sainte Justine pour Enfants à l’ouest du Mont-Royal. Aucune forte concentration de médecins n’apparaît donc sur notre carte. Cette tendance s’explique en partie par l’effet taille de la ville de Montréal. Pour atteindre 1 % des déplacements de santé, il faudrait une très forte concentration de médecins, que l’on ne retrouve pas en dehors des grands établissements de santé.

Carte 23 : La santé dans l’agglomération montréalaise

Du point de vue des pôles de santé mis en évidence, les différences entre les aires urbaines considérées sont fortes. Alors que les grands établissements de santé, hôpitaux et cliniques, apparaissent clairement dans les villes de Niamey et de Montréal, ils ne s’imposent pas pour la plupart comme des pôles de santé de première importance dans les villes de Puebla et Lyon, au détriment des zones centrales dans lesquels se retrouve une forte concentration de médecins et de petites structures de santé. Le rapport au système de santé dans un premier temps et l’organisation même de ces systèmes permettent d’expliquer ces différences. Celui-ci est considéré comme « hospitalo-centré » au Québec en général et à Montréal en particulier [Desrosiers, 1999]. Cette tendance, qui relaie l’idée d’une prise en charge par les hôpitaux de soins qui pourraient l’être par d’autres structures de plus petite envergure, provient de divers

choix politiques et organisationnels depuis l’après-guerre. « L’assurance-hospitalisation

prévoyait la gratuité de l’hospitalisation et des consultations externes avec tous les examens complémentaires de laboratoire et de radiologie mais n’étendait pas cette gratuité aux services offerts dans les polycliniques médicales privées ou dans les centres de soins ambulatoires publics » (Desrosiers, 1999:10). Le développement du réseau des Centres

Locaux de Service Communautaire (C.L.S.C.) à partir des années 60 n’a pas permis, principalement pour des raisons d’octroi de financement, d’offrir un pendant local suffisant pour les soins de première ligne dispensés par le service des urgences des grands établissements.

Si les hôpitaux apparaissent également à Niamey comme les grands pôles attracteurs en termes de déplacements de santé, les raisons en sont différentes. Malgré leur coût et leur accessibilité, les établissements de santé importants sont souvent préférés aux services de soins de proximité dans la mesure où ils disposent de médecins et d’équipements qui permettent de dispenser des soins potentiellement importants. Dans les villes de Puebla et de Lyon, les structures de santé apparaissent diversifiées, avec une importance relative des petites structures plus forte. Les espaces denses du centre sont ceux qui concentrent alors l’offre de soins au détriment des espaces péricentraux ou périphériques.

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