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Construction d’un découpage de l’aire urbaine poblanaise plus adapté

territoires urbains

Chapitre 2 : Les typologies résidentielles

A. Construction d’un découpage de l’aire urbaine poblanaise plus adapté

Le découpage de l’aire urbaine de Puebla à partir duquel nous travaillons concerne les AGEBs (zones définies à l’occasion des recensements de population). Ce découpage ne pouvait être conservé tel quel pour la construction de la typologie résidentielle puisqu’un nombre insuffisant de ménages a été enquêté dans plusieurs de ces zones. Nous disposions sinon du découpage en 27 zones, réalisé pour l’enquête-ménages, mais nous visions une plus grande précision. Nous avons donc décidé de regrouper les AGEBs par un simple critère de proximité immédiate de manière à ce que les zones nouvellement formées disposent des effectifs suffisants pour une étude sur les ménages et les types d’habitat. L’aire urbaine de Puebla a été découpée en 90 zones (ce qui offre une précision géographique nettement supérieure à celle du découpage en 27 grandes zones). De cette manière, les données de l’enquête-ménages ont pu être mobilisées et complétées, pour les densités de population, par les données du recensement réalisé en 2000.

B. Analyse descriptive des espaces résidentiels

Sont abordés dans cette partie les structures ainsi que le niveau socio-économique des ménages. Deux variables qualitatives ont été construites à cette occasion.

• La structure des ménages

La structure des ménages a été considérée sur la base de 5 variables quantitatives en adéquation avec l’approche suggérée pour l’ensemble des quatre villes. Nous avons calculé les proportions respectives de ménages à une personne, de couples, de familles (couples avec enfant(s)) et le nombre moyen d’enfants par ménage. Ces variables ont été associées dans le cadre d’une classification ascendante hiérarchique. Les résultats obtenus suggèrent une partition en 6 groupes. Dans les 7 zones du premier groupe (noté structc) réside une proportion de ménages à une personne 5 fois plus forte que la moyenne (elle atteint 10 %). Les 5 autres groupes (notés de struct1 à struct5) peuvent être ordonnés relativement à la proportion croissante de familles (de 49 à 81 %). Le nombre moyen d’enfants par ménage est alors positivement corrélé avec cette proportion (il passe de 1,7 à 3,3 enfants par ménage).

• Les conditions économiques des ménages

Les conditions économiques des ménages ont été appréhendées non pas sur la base des revenus, non renseignés dans l’enquête-ménages, mais sur celle des niveaux de scolarité. Cette variable est fréquemment mobilisée comme proxy pour rendre compte des conditions socio-économiques des ménages et des individus qui les composent. Pour nous assurer d’une fiabilité statistique suffisante, nous avons considéré, pour chaque zone, les niveaux de scolarité de l’ensemble des adultes (citadins de plus de 18 ans) ayant terminé leurs études. Au Mexique, l’enseignement général s’organise à partir de l’école primaire, où les enfants rentrent vers 5 ans et restent pendant 7 années. Les études secondaires s’étalent ensuite en plusieurs trimestres, à l’école dite Secundaria puis dans une Preparatoria (équivalent du lycée français). Viennent ensuite les études universitaires. Nous avons respecté ces différents paliers en considérant dans chaque zone la proportion de non instruits, de ceux ayant atteint un niveau primaire, un niveau secondaire (Secundaria et Preparatoria) et pour finir de ceux qui ont suivi un cursus universitaire. Nous nous sommes concentrés sur l’enseignement général pour que nos variables puissent être ordonnées.

Schéma 8 : Dendrogramme associé à la classification ascendante hiérarchique concernant les niveaux de scolarité à Puebla

La classification ascendante hiérarchique menée (dont le dendrogramme est représenté sur le schéma 8)nous a permis de distinguer 5 groupes de zones, avec des effectifs relativement homogènes (entre 14 à 20). Ceux-ci ont été ordonnés de celui rassemblant les citadins les moins instruits (scol1) vers celui qui regroupe les citadins au niveau d’éducation le plus élevé (scol5).

2. Le cadre bâti et la localisation des zones dans

l’aire urbaine de Puebla

Trois autres variables qualitatives ont été construites pour rendre compte des caractéristiques du cadre bâti et de la localisation des zones dans l’aire urbaine. Ces variables renvoient aux différents types de construction, aux densités de population et à la distance des zones au centre.

• Les différents types de construction

Différents types d’habitat coexistent dans l’aire urbaine de Puebla. Nous allons en faire une rapide description. Dans cette ville, comme dans la plupart des villes moyennes d’Amérique Latine, les «traditions architecturales (…) prennent la forme d’un habitat tourné vers

l’intérieur plutôt que vers la rue et où donc l’exposition sociale est moins structurante que dans des pays du Nord » (Germain & Polèse, 1995:327). Il n’est effectivement pas évident, de

la rue, de repérer les logements occupés par les populations défavorisées. Le phénomène des quartiers fermés renforce cette idée d’un repli de l’unité résidentielle sur la sphère privée. Il est effectivement impossible de traverser certains quartiers dont l’accès est réglementé et surveillé par des gardiens. Les résidents de ce type de quartiers ne sont pas uniquement des populations aisées mais concernent également les strates moyennes voire inférieures

[Germain & Polèse, 1995]. Nous ne disposons pas dans cette étude des données nous permettant de mesurer et localiser le phénomène, qui aurait pourtant nécessité une étude spécifique.

Les couches populaires occupent principalement deux types d’habitat : les vecindades et l’habitat précaire (constructions de fortune ou azoteas). Les vecindades tout d’abord sont des unités pluri-familiales de logements situées plutôt dans les centres des villes mexicaines. Les immeubles en question regroupent de petits logements (d’une à deux pièces), généralement en location, et distribués autour d’un patio [Bélanger, 2005]. Les résidents partagent souvent une unique cuisine et une salle de bain. Ces constructions sont des vestiges (convertis par la suite) des résidences de l’ancienne aristocratie espagnole, ce dont le patio témoigne. Des bâtiments ont cependant été construits sur le même modèle au début du XXe siècle (pour cause de pénurie de logements pour les populations des couches populaires). La faible rentabilité de la location de ces unités de logements a pour conséquence leur faible entretien par les propriétaires, ce qui explique l’état de délabrement parfois avancé de certaines vecindades [Bélanger, 2005]. Il est possible de trouver dans certains quartiers quelques unités d’habitation précaires partiellement délabrées, mais généralement construites en matériaux durs. Certains citadins vivent parallèlement sur les toits plats (azoteas) des bâtiments de la ville, sur lesquels une ou deux pièces peuvent avoir été construites. L’accès se faisant par l’intérieur des bâtiments, il ne peut s’agir de squats en tant que tel. Les azoteas accueillent donc soit du personnel travaillant pour les résidents de l’immeuble, soit des citadins en location, mais ce type d’habitat est minoritaire à Puebla. Tel que nous le précisions en introduction, il est difficile depuis la rue d’apercevoir les logements des citadins des couches populaires.

Le reste de la population poblanaise occupe pour une part des appartements (nombreux dans certaines zones mais totalement absents dans d’autres), et pour la majorité d’entre eux des maisons, soit mitoyennes, soit isolées. Les maisons isolées peuvent être de petites constructions comme d’imposantes villas avec un grand jardin. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de considérer également la taille des logements à travers le nombre de pièces.

Pour construire la variable rendant compte de la diversité des types d’habitat des citadins poblanais, nous nous sommes appuyés sur deux variables quantitatives, construites à partir des types de logements (maisons isolées, maisons mitoyennes, appartements ou vecindades) et de leur taille (2 pièces ou moins, entre 3 et 5 pièces, 6 pièces ou plus). Elles renvoient aux

fréquences relatives (sur l’ensemble des habitations) de ces deux variables croisées. Nous avons donc 12 variables quantifiant dans chaque quartier la fréquence de maisons individuelles de 2 pièces ou moins, de maisons individuelles ayant entre 3 et 5 pièces, etc… Ces variables ont été combinées au sein d’une analyse des correspondances simples. Les quatre premiers axes (qui expliquent environ 75 % de l’inertie du nuage de points) ont été conservés et les cordonnées des zones sur ces axes ont pu être utilisées pour une classification ascendante hiérarchique (le schéma 9 correspond au dendrogramme associé). Cette dernière suggérait alors une partition en 5 groupes :

• Groupe log.mmtm : 47 zones composent ce groupe au sein duquel les maisons mitoyennes sont majoritaires (elles regroupent près de deux tiers des logements). De taille moyenne, celles-ci sont plutôt composées de 3 à 5 pièces (40 % de l’ensemble des logements).

• Groupe log.mmgt : 10 zones où la proportion moyenne de maisons mitoyennes atteint 77 %. Vis-à-vis du groupe précédent, celles-ci ont plutôt tendance à être de grande taille (46 % des logements sont des maisons mitoyennes ayant 6 pièces ou plus…).

• Groupe log.mi : 6 zones au sein desquelles la proportion de maisons isolées atteint 60 %, celles de 2 pièces ou moins ne représentant que 5 % de l’ensemble.

• Groupe log.vec : 12 zones dont la spécificité forte tient de l’importance en proportion des vecindades (36 % des logements). Ces zones sont majoritairement centrales.

• Groupe log.app : 7 zones dans lesquelles les logements sont pour 62 % d’entre eux des appartements, à 94 % composés de 3 à 5 pièces.

Schéma 9 : Dendrogramme associé à la classification ascendante hiérarchique concernant les types de logement à Puebla

• La densité de la population

• La distance au centre

Dans la mesure où aucun axe routier majeur ne permettait de délimiter les zones concentriques sur la base desquelles nous cherchons à construire les groupes de zones selon leur distance au centre-ville, nous nous sommes basés sur notre connaissance de l’aire urbaine de Puebla (effets de couupure) et sur les limites des municipalités. Trois groupes ont été distingués sur la municipalité même de Puebla (centre, péricentre et périphérie proche) et le quatrième groupe (périphérie lointaine) correspond aux municipalités voisines.

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