La climatisation naturelle

Le conducteur d’opération nous explique spontanément le fonctionnement du système de ventilation naturelle dans le bâtiment construit, en reproduisant le chemin de l’air, depuis l’escalier d’eau extérieur (prise d’air principale sous l’escalier d’eau) jusqu’aux bureaux :

L'escalier d'eau est une prise d'air. C'est la prise d'air. Bon cette prise d'air permet d e récupérer l'air de l'extérieur avec une ambiance humide. Justement pour baisser l a température, elle est chargée d'humidité. (...) Finalement c'est extrêmement simple ... fallait y penser, mais ... (…). Deuxième point important, vous avez cet atrium. Cet atrium vous voyez des choses qui ressemblent à des des des des boîtes à ordures, des des d e s sortes de corbeilles. L'air qui vient de là-bas passe ici, sort ici. Et cet air là rentre donc dans cette ambiance qui sert de régulateur. (…) Cet air donc tempérise déjà cette température. C'est-à-dire qu'en fait on avait ... on a un léger chauffage au sol mais très très léger, très très léger, très léger, hein, notamment sur les façades, qui met l'air e n ambiance, ok. Et une fois qu'il est en ambiance, il repart dans ces têtes de plancher. Vous voyez tous les petits trous, d'accord ? Parce que c'est un plancher alvéolaire (…). Ce sont des tubes qui descendent, qui sortent chacun dans un bureau, d'accord ? Au travers de l a dalle de plancher. Donc ce qui se passe c'est quand l'air arrive dans le bureau, il est vraiment à la température du bâtiment. Il a complètement pris la température d u bâtiment. Il est ni chaud ni froid. Il est frais, c'est tout. Il est frais au point de vue ... ok ? Et dedans, il y a un ventilo-convecteur, qui remet un peu plus de chaud, un peu plus d e froid s'ils en ont envie, à la commande de l'utilisateur, en circuit fermé à l'intérieur d e s bureaux. Puis après, bouche d'extraction et la sortie. C'est extrêmement simple. Extrêmement simple, la grande astuce ça été effectivement de de de ... d'utiliser c e volume, comme, comme mise en température.

Le même principe est mis en œuvre pour les salles d’audience, mais avec une entrée d’air séparée :

Dans les salles d'audience là-haut, vous allez voir, en fait vous avez ces ... ces ... ces deux grosses gaines que vous voyez là [désigne les gaines partant du sol de l'atrium e t

joignant les planchers des salles d'audience] amènent l'air, comme les corbeilles là,

amènent l'air directement dans le plénum, le plénum bas de la coque [désigne la coque

en béton formant le plancher des salles d'audience] qui est vide, d'accord ? Et vous a v e z

un extracteur. Alors au début il était prévu, au début il était prévu, que ça sorte par ventilation naturelle là-haut. Bon, y a quand même des extracteurs mécaniques.

Ces extracteurs sont la seule modification apportée au projet initial : « il y a pas eu u n iota de changement. Sauf euh, sauf le rajout en cours d'étude des ventilateurs en h a u t des coques (…) en cours de, de début d'étude, entre l'APS et l'APD ».

Figure 45. Cheminement de l’air depuis l’escalier d’eau (à gauche) jusqu’aux bureaux via les corbeilles de l’atrium (à droite en haut) et les prises d’air

dans l’épaisseur des dalles (à droite en bas)

Figure 46. Entrées d’air dans le plancher des coques des salles d’audience (à gauche) et verrières zénithales

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Selon le conducteur d’opération, le système offre une bonne régulation thermique e n toute saison, par le biais du contrôle d’ensoleillement des verrières zénithales :

Vous voyez, vous avez des verrières [désigne les verrières en toiture au t r a v e r s

desquelles les salles d'audience pointent vers l'extérieur] qui en été sont à moitié

fermées. Donc on a des brise-soleil qui viennent dessus refermer juste la moitié, ça suffit, pour tempérer ce [truc-là ?]. Bon on l'a connu [le bâtiment] au moment de la canicule, on l'a connu au moment froid, on a toujours une ambiance très agréable et il n'y a jamais jamais eu de problème (…) de surchauffe, jamais jamais. Bien qu'on soit en paroi très vitrée.

De même pour les salles d’audience, l’effet de serre est évité par un dimensionnement précis de la prise de jour :

Dans les coques ce qui est assez impressionnant, c'est effectivement de voir les ... les ... les petites fenêtres qu'on a en haut qui ne touchent jamais le sol, qui sont suffisamment petites pour pas faire effet de serre, parce qu'elles sont plein Ouest. [La tache solaire n e

touche] jamais le sol. On a jamais vraiment effet de serre dans ce bâtiment, et ça c'est,

c'est un point qui est tout à fait réussi.

La façade de bureaux à l’Ouest est protégée par des pare-soleil coulissants, complétés par des stores intérieurs évitant les éblouissements sur les écrans informatiques :

Il y a en principe des stores, des stores euh ... extérieurs en toile, mais dès qu'il y a u n petit peu de vent, l'anémomètre les fait remonter, du coup ils réchauffent. (…) Alors on a corrigé non pas la thermique mais le le le ... la lumière, la luminosité, en rajoutant d e s stores intérieurs, parce qu'en fait ils arrivaient pas ... il suffit qu'il y ait un tout petit p e u de vent en plein soleil, pouf, ça se remonte, hein. Donc, on a rajouté ça pour qu'ils puissent regarder sur leurs ordinateurs parce que c'était trop lumineux. Par contre on a pas refait de correction froid chaud complémentaire et ça marche ...

Les pare-soleil sont de maniement très simple : « on ouvre la fenêtre et on pousse, c'est extrêmement primaire, là ça peut pas se casser (…). Je dis ça parce que j'étais au Monde Arabe la semaine dernière encore, euh, c'est tellement compliqué qu'effectivement ç a se coince ! » explique notre interlocuteur (Figure 47).

Figure 47. Façade Ouest, détails des pare-soleil coulissants

Le système se révèle finalement « très économe comme fonctionnement, c'est très astucieux, c'est très doux ». Le principe de climatisation naturelle est complété par « une toute petite correction » en chaud/froid dans les salles d’audience, et des ventilo- convecteurs dans les bureaux comme expliqué plus haut.