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3. Qualités exprimées

3.2.1.3 Le conducteur d’opération

3.2.1.3.5 Bureaux du niveau haut

Les bureaux du dernier niveau s’organisent entre les circulations et autour de patios arborés au milieu desquels sont pratiquées les ouvertures en verrière supposées éclairer les salles d’audience en contrebas. Ces bureaux s’ouvrent sur les patios a u Nord ou au Sud, les façades Est et Ouest étant libérées pour éclairer les circulations principales (Figure 43).

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Des feuilles de papier collées sur les vitres au Sud témoignent de problèmes d’usage, comme l’explique le maître d’ouvrage :

Effectivement, là y a un réel problème, qui devrait être résolu par l’incorporation d e rideaux intérieurs également. (…) On a des rideaux extérieurs commandés, mais l e problème c’est que … euh, ils sont asservis, et c’est normal, à un anémomètre qui permet de les relever quand y a un coup de vent important, euh mais parfois y a du soleil et d u vent et donc, la situation n’est pas facile. D’autant, d’autant que même rideau baissé et l à c’est sans doute une erreur de la maîtrise d’oeuvre quand elle a fait le choix de la toile, euh … il y a sans doute une perforation qui est trop lâche et qui laisse passer trop d e soleil. On a un éblouissement, un inconfort pour la personne qui se trouve en face d’un bureau, c’est effectivement … difficile. (…) Ils protègent peut-être pas mal de l a surchauffe, ils protègent mal de l’inconfort visuel.

Les bureaux de la façade Nord, les plus prestigieux, donnant sur la terrasse couronnant la colonnade de la façade principale, sont munis d’un dispositif original de « rabattage » de la lumière solaire (Figure 44). Il s’agit de réfléchir la lumière arrivant du Sud dans les bureaux orientés au Nord par un dispositif de lamelles suspendues a u dessus des baies. Cependant, les vibrations de ces lamelles entraînent des situations de gêne visuelle :

C'était effectivement une idée de Nouvel et de son équipe, de reprendre le soleil q u i venait bien sûr du Sud pour le rajouter dans les bureaux du Nord. Et euh donc, c'est u n e expérience qui est … pas très très concluante aux dires de certains et c'est vrai que ç a peut provoquer un inconfort, parce que ce qui n'avait pas été prévu c'est que, ça réverbère sur les murs qui sont blancs, enfin ça n'avait pas été envisagé, c'était prévisible [rires] … (…) ça se réverbère et ça pose un gros problème d'inconfort. (…). D è s qu'il y a un petit peu de vent, ça se met en vibration. Donc effectivement, au départ c'était des lames qui avaient comme effet essentiellement de couper euh … d'éviter d'avoir trop de soleil hein, enfin trop de ciel plutôt que trop de soleil, donc Nouvel a voulu en profiter pour leur ramener de la lumière. Je pense que c'était pas forcément une bonne chose.

L’architecte renvoie ce problème vers l’entreprise : « son argument c'est de dire les lames sont pas assez raides, parce que Bouyer a mal travaillé ».

Par ailleurs, l’architecte avait poussé suffisamment loin ce jeu avec le soleil dans les bureaux jusqu’à imaginer un « faux soleil » figuré par une différence de teinte dessinant une oblique dans la peinture des parois latérales. Cette option a été écartée du fait de son coût :

Un des essais que l'équipe de Nouvel avait proposé c'était d'avoir une sorte d e diagonale euh, donc deux couleurs dans le mur. Une couleur un petit peu plus claire et une … pour simuler soit une ombre, soit l'arrivée du soleil …(…) Et quand on a vu l e surcoût chiffré par l'entreprise générale, euh on s'est dit que le jeu n'en valait pas l a chandelle. (…) Un faux soleil !

Ce souci du détail se retrouve également dans le choix de ne placer aucun dispositif de commande en applique dans les bureaux. Les réglages des éclairages, chauffage, climatisation et stores se font par l’intermédiaire d’une télécommande propre à chaque bureau :

Tous les bureaux ont une télécommande qui permet de commander l'éclairage puisqu'il y a deux rampes lumineuses, donc on peut une deux ou pas du tout. Ca commande également le chauffage climatisation par le rafraîchissement, on peut renforcer l'air chaud ou l'air froid. Et puis, ça commande pour les bureaux qui en ont des stores.

Cependant, ce choix de rendre invisible les organes techniques du bâtiment a des conséquences inattendues. Pour qu’elle ne soient pas visibles, les sondes de régulation

thermique ont été placées dans les faux-plafonds, ce qui constitue « une connerie » selon le conducteur d’opération :

On a fait une connerie aussi au niveau des sondes parce que, il voulait pas qu'on voit l e s sondes de température donc il a dit les sondes elles seront dans le faux-plafond … (…) Et donc, ben il se trouve que, on a constaté qu'il y avait une stratification de l'air et que, puisque l'air est repris en faux-plafond, ça tourne tout seul, et il y a pas de brassage d e l'air et donc là il y a un souci de … de conception.

Ce problème est source d’inconfort thermique dans les bureaux en hiver : « du fait de l a situation des sondes et de la stratification de l'air (…) il y a des bureaux où ils ont du mal à avoir dix huit degrés ». Sortir les sondes des faux plafonds est l’une des solutions possibles, mais « que l'architecte refusait au départ » :

Il y en a une autre qui coûte beaucoup plus cher c'est de faire une reprise en bas … d a n s les placards. Il y a des placards dans tous les bureaux donc on peut, éventuellement, faire euh … cacher une gaine dans l'épaisseur du placard qui permettrait d'aller, et ç a [le greffier en chef] l'a fait dans son bureau, ça permet de reprendre l'air en partie basse, ce qui évite la stratification. (…) Donc au lieu de faire la reprise de l'air dans le faux- plafond, on capte l'air en bas pour forcer la ventilation quoi.

Figure 44. Terrasse Nord (en haut) et système de lamelles de ‘rabattage’ solaire dans les bureaux (en bas)

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3.2.2

Bordeaux