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CHAPITRE 3: Le proxénétisme en prostitution juvénile: notre analyse

3.5 Profil de la prostitution juvénile contrôlée par le proxénétisme

3.5.2 L’organisation de la prostitution

Les règles s’appliquant à la pratique de la prostitution, on l’a vu, ne semblent pas très claires pour les intervenants, certains estiment qu’il n’y en a pas vraiment, la seule étant de rapporter de l’argent. D’autres considèrent plutôt que les règles sont les mêmes que pour le gang :

Quelles sont les règles et les principes? C’est pas clair ça. Ça c’est l’aspect… je suis pas sûre qu’il y en a des règles. Mais, le but c’est de faire du cash peu importe la façon dont on s’y prend (Louise, intervenante en centre jeunesse).

C’est comme quand il y a des manquements au niveau des gangs, c’est les mêmes règles d’après moi (Luce, intervenante en centre jeunesse).

Les règles … généralement c’est les règles du gang (Richard, intervenant en centre jeunesse).

Stéphanie, intervenante en centre jeunesse, note, pour sa part, que la règle de base à appliquer est d’abord la soumission. Viennent par la suite la disponibilité, la loyauté et la discrétion :

Se soumettre. Les règles de base … il y a des filles qui se sentaient coupables de ne pas s’être protégées, de s’être faites exploitées comme ça, d’avoir vécu un gangbang, pis qui s’en veulent ben gros… c’est souvent des mécanismes de survie, de protection. Tu sais que de toute façon tu vas y passer, donc t’es mieux de rester tranquille. Donc c’est ça : la soumission, la disponibilité, de rester … de ne pas trop avoir une grande gueule, de rester discrète pis de surtout pas trop aller parler à des membres de gangs ennemis, c’est toujours meilleur pour la santé (Stéphanie, intervenante en centre jeunesse).

En somme, les intervenants estiment que les clubs, les agences d’escorte, les motels et les appartements seraient les lieux les plus fréquents où la prostitution juvénile serait pratiquée. Malgré qu’elle soit plus rare, la prostitution de rue existerait aussi. Certains gangs opéreraient d’ailleurs des réseaux dans la rue, en se servant des nouvelles technologies de la communication (pagette, téléphone cellulaire et même Internet).

Il ne semble pas y avoir de règles claires encadrant la pratique de la prostitution juvénile, la seule étant de rapporter de l’argent, et aussi de ne pas se faire remarquer autrement que par les clients

La prostitution de rue représenterait la forme de pratique la plus connue et la plus visible aux yeux public en général. D’ailleurs, les jeunes filles pratiquant la prostitution par l’entremise d’agences d’escortes et de salons de massage, ne se considèreraient pas comme des prostituées et ne se sentiraient pas concernées lorsqu’il est question de la problématique de la prostitution juvénile.

3.6 Portrait de relations

3.6.1 Relations proxénète/prostituée

On ne peut traiter la relation pimp/prostituée sans considérer la relation amoureuse qui sert de base à l’initiation de la jeune fille au monde de la prostitution. Pour une majorité d’intervenants, on ne peut parler à une fille de son proxénète en ces termes puisque, à ses yeux, il est un amoureux, un conjoint bien loin de l’image qu’elle se fait d’un souteneur. Dans son esprit, la jeune fille ne se prostitue pas, elle rend service à son homme :

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Quand elles vendent leurs services sexuels, elles ne se prostituent pas, elles rendent des services à leur chum. D’ailleurs, la pire erreur à faire quand t’es en intervention avec les filles qui sont dans les gangs, qu’on présume qu’elles font de la prostitution, c’est de parler de son chum comme étant un proxénète, elle ne se reconnaîtra pas. Un proxénète c’est un gros méchant, qui a des tatous, qui travaillent pour les motards, qui a 14 filles qui travaillent au coin d’une rue. Les filles dans les gangs, c’est pas ce qu’elles vivent... Elles n’ont pas l’impression d’en faire, dans le sens comme nous on le voit, d’une part. Et de deux quand on dit que t’as un proxénète : « Ben non, j’ai pas de proxénète moi. C’est mon chum, je lui rends service, il y a besoin d’argent, il y a des dettes, on veut se trouver un appartement … (Louise, intervenante en centre jeunesse).

Pour Stéphanie, aussi intervenante en centre jeunesse, la nature de la relation qui se dessine entre la prostituée et son pimp en est une de dépendance affective, ce qui avait d’ailleurs été mentionné dans la section sur le recrutement :

Je te dirais que c’est une relation de dépendance affective pour les filles (Stéphanie, intervenante en centre jeunesse).

Les gars aussi pourraient s’attacher d’une certaine manière à ces filles prostituées, dit Louise, intervenante en centre jeunesse. D’abord économiquement, ensuite physiquement, mais aussi affectivement. Affectivement parce qu’il peut être valorisant pour ces proxénètes de recevoir toutes ces marques d’attention de la part des filles :

Il faudrait définir le niveau d'attachement, mais je pense qu'il y a des gars qui s'attachent à ces filles-là, ne serait-ce que parce qu'elles représentent un investissement important pour leurs portefeuilles. Mais y a un certain attachement, quoiqu'on peut le questionner, pis aussi un attachement physique au sens clair du terme. Mais je suis convaincue que ces gars-là, au- delà des intérêts qu'ils engendrent à faire plaisir à ces filles-là, je suis convaincue qu'ils ont du plaisir à faire plaisir aux filles. Oui je pense que oui. En fait, ça doit sûrement calmer leur conscience. Inconsciemment, je pense qu'ils le font. C'est sûr que quand ils font plaisir je pense que consciemment ils le font pour garder… pour faire du cash, ça c'est clair là. C'est leur profil. Mais je pense qu'en quelque part, ils se font prendre au piège et ça a un impact quand ils font ça, ils ne sont pas insensibles au fait que les filles vont leur dire : « Oh wow, j'ai jamais été aussi bien avec quelqu’un de ma vie… » C'est valorisant. Oui c'est ça (Louise, intervenante en centre jeunesse).

Selon Marc, avocat, les proxénètes auraient besoin d’être maternés par ces filles qu’ils choisissent pour la prostitution lesquelles, à leur tour, auraient besoin de se sentir utiles pour ces garçons :

Moi ce que j’ai vu entre ces pimps et ces prostituées c’est une proximité. Ils ont une communion de… je trouve que des fois, ces filles-là maternent ces gars-là /…/ C’est comme des gros bébés ces gars-là un peu. Ils sont dépendants, moi je trouve que c’est des gars qui sont aussi dépendants affectifs (Marc, avocat).

Tous les intervenants rencontrés dans le cadre de cette étude reconnaissent la présence de la violence dans cette relation proxénète/prostituée. Malgré que tous ne s’entendent pas sur le degré de violence où la forme principale que celle-ci peut prendre, aucun ne banalise sa prévalence.

En prostitution juvénile en contexte de gangs, la violence ne serait pas unique au proxénète mais serait plutôt partagée dans le gang :

La force d’intimidation du groupe est un facteur puissant qui entre en ligne de compte dans ce que la fille vivra (Philippe, milieu policier).

Il y la violence du proxénète et de son groupe. Y a plusieurs filles d’ailleurs que c’était pas clair qui était leur réel proxénète. Il y avait deux, trois gars autour d’elle, pis les deux, trois gars avaient le droit de lui tapocher dessus, même si elle donnait l’argent à Johnny, y avait Maxime pis Claude dans le portrait. Des fois c’est Claude et Maxime qui lui sacraient une volée (Louise, intervenante en centre jeunesse).

C’est présent la violence. Pis moi, les filles que j’ai connues, en tout cas qui ont fait de la prostitution en contexte de gangs, c’est très présent. Pis c’est très présent non seulement de la part du pimp, mais de la part du reste de la gang. Les filles vont dire : «Ben la claque sur la gueule, des fois tu sais pas d’où elle vient». T’as beau te coller sur le mur pis essayer d’avoir une vision périphérique pour te parer de ça, mais des fois tu peux en recevoir une de même, pis elle n’a pas nécessairement fait de lien, pour certaines. Tsé, je te dis pas que c’est toutes les filles qui ont mangé la volée de même, il y en a qui réussissent à s’en tirer somme toute assez bien, mais non je pense que c’est présent. Je parle de violence sexuelle aussi, en contexte de gangs, quand tu parles de gangbangs ben c’est violent! (Stéphanie, intervenante en centre jeunesse).

Pour certains intervenants, la violence physique envers les filles prostituées ne serait souvent pas nécessaire puisque les menaces suffiraient à convaincre les jeunes filles de se soumettre. Ayant été témoins d’actes de violence entre les membres des différents gangs, les filles connaîtraient le potentiel de violence de ces membres et la peur d’en être victime serait suffisante, explique Stéphanie, intervenante en centre jeunesse :

Moi j'ai entendu beaucoup des menaces là-dedans, leur faire peur : « Si tu fais pas ce qu'on te demande, c'est ta mère ou ton frère qui vont payer… » Moi j'ai entendu plus ça que des claques pis de la violence physique. C'est suffisant pour que les filles aillent suffisamment peur. Moi ce je voyais par exemple, c'est que les filles ont vu les gars battre d'autres mondes de gangs mettons, elles ont vu le niveau de violence qu'ils pouvaient avoir, pis c'était quasiment volontaire. Casser deux trois bouteilles dans la face de l'autre qui saignait. Alors là quand l'autre dit: « Je vais aller poigner ton frère ». Ben elles savent qu'il est capable pis ce que ça a fait à l'autre, faque oui elles ont peur, pis ça c'est suffisant. Pis ils vont pas nécessairement se rendre là. Elles ont même vu que quand ils sont souls au bar comment les

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batailles dégénèrent, pis les coups de couteaux : « J'ai affaire vraiment à du monde violent ». Ça c'est suffisant à quelque part … (Stéphanie, intervenante en centre jeunesse)

Cette violence psychologique prévaudrait non pas parce que les pimps ne sont pas des individus violents physiquement, mais stratégiquement ceux-ci auraient en effet beaucoup plus à gagner à ne pas recourir à la violence physique et à utiliser davantage la violence psychologique. Fernando, travailleur de rue, note que, dans l’éventualité où la jeune fille voudrait quitter la prostitution, il serait beaucoup trop risqué qu’elle dénonce le proxénète à la police s’il utilisait la violence physique. Il explique que le proxénète a beaucoup plus à perdre et qu’il ne peut mettre à risque toute son opération pour une seule fille voulant quitter :

Il y a comme un truc que tu peux pas en sortir comme ça, mais en même temps, si la fille commence à parler trop, il va essayer de l'impressionner de la manipuler pour lui faire peur. Mais en même temps, comme je disais il deal avec plusieurs écoles secondaires et il a plusieurs filles et il ne risquera pas toute son opération pour qu'une fille ne s'en aille pas, pour qu'elle reste. Tsé, c'est délicat, c'est vraiment… tu peux essayer de lui faire peur qu'elle reste, même son noyau d'amis devront l'impressionner: « Bon ok tu t'assis pu avec nous, si tu travailles pu avec le boss, vient pas t'asseoir avec nous ». Ils vont même se moquer d'elle. Alors c'est le genre de pression… Le rejet… C'est les mêmes jeunes qui travaillent avec elle qui vont la rejeter, ce qui est son noyau à elle, où elle a finalement trouvé sa place, ils vont la repousser. Et ça c'est dans le but qu'elle reste à travailler pour le gars, ou qu'elle ne dénonce pas qu'elle reste travailler. De la même façon, il peut l'impressionner de diverses façons, mais pas directement, oui directement mais avec l'intention que… avec beaucoup de manipulation. Mais je pense qu'il a la crainte que si elle dénonce toute son opération pourrait arrêter. Il a tellement de jeunes filles qui pourraient être victimes de ça que ça vaut pas la peine de garder une fille et de l'intimider, de la violenter pour qu'elle reste. C'est pas qu'il est gentil et qu'il va pas la violenter, mais c'est plus que c'est un trop gros risque pour une fille quand il y a tellement d'autres filles (Fernando, travailleur de rue).

Pour Claude, intervenant en centre jeunesse, l’utilisation de la violence physique serait désavantageuse économiquement justifiant le recours plus fréquent à la violence psychologique :

Violents physiquement sur les derniers miles avec une fille, ils doivent l’être. Mais pas au départ, c’est beaucoup de violence psychologique, de menaces, de sous-entendus. Parce que… c’est plate parler comme ça, mais si tu maganes ta marchandise, elle devient moins payante pis c’est des calculateurs. Ils ne feront pas une violence de façon gratuite, il faut qu’il y ait un gain au bout de ça. Un vrai proxénète ne fera pas de violence gratuite /…/ (Claude, intervenant en centre jeunesse)

De son côté, Pierre, intervenant en milieu policier, raconte que le proxénète sera davantage menaçant que violent afin d’éviter que l’enthousiasme de la jeune fille envers lui ne diminue.

Lorsque la violence physique est nécessaire, il aura plutôt recours à une tierce personne, qu’on appelle dans le milieu des gangs, un lieutenant, pour faire le travail :

Il y a plus de menaces que de violence physique. Généralement, ils utilisent une tierce personne pour faire la job pour ne pas que l’enthousiasme envers le pimp s’envole. Ils utilisent alors des petits lieutenants. On voit à l’occasion des bousculades, mais on l’a pas constaté plus que ça (Pierre, intervenant en milieu policier).

Une intervenante souligne que la violence se fait plutôt rare lorsqu’il s’agit d’une fille qui ne souhaite que cesser ses activités de prostitution, sauf bien sûr si elle a été témoin d’éléments incriminants pour le gang :

Mais si c’est une fille qui a fait de la prostitution pendant quelques temps pour eux autres, et qu’elle n’est dans aucune autre activité et qu’elle ne fait que dire : « Moi j’en veux pu», en général, c’est rare qu’ils vont aller jusque-là (user de violence pour la garder). Ils vont pas aller incendier une maison parce que la fille dit juste qu’elle ne veut pu /…/ À partir du moment où la fille qui est recrutée réalise que bon, soit que ça lui convient pas, que c’est pas ce qu'elle voulait, ni à travers la relation amoureuse dans laquelle elle est ni dans la relation amicale dans laquelle elle est, bon on va essayer tous les stratagèmes pour justement lui faire comprendre qu'elle n'a pas le choix. Mais ils vont décrocher, en général ils décrochent assez rapidement. Parce que c'est tellement facile pour eux autres d'aller recruter une jeune, qu'ils vont pas perdre de temps à convaincre une jeune de rester si elle ne veut pas rester. À moins qu'elle ait vu des choses qui mettent le groupe en danger: si elle a vu des armes, de la drogue… Si elle connaît nécessairement moindrement des choses qui pourraient les incriminer, ils vont mettre la pédale un peu plus dans le font pour faire en sorte qu'elle ne parle pas, et qu'elle reste avec eux autres (Sylvie, intervenante en centre jeunesse).

Louise, intervenante en centre jeunesse, signale que cette violence, qu’elle soit verbale, psychologique, physique, économique ou sexuelle est présente et continue :

Il y a des menaces claires! J’ai des filles qui se sont faites pointer des guns dans la face. Donc y a de la violence… Oui. La violence elle est… qu’elle soit psychologique, physique, verbale, économique, sexuelle, elle est là, elle est présente, elle est intensive /…/Les filles ont toutes les bonnes raisons du monde d’avoir peur (Louise, intervenante en centre jeunesse).

Pour Normand, intervenant en milieu policier, c’est par la manipulation que le pimp introduira la jeune fille à la prostitution. Si la jeune fille refuse, c’est par la violence physique et sexuelle qu’il l’y obligera. On lui fait connaître un nouveau milieu auquel elle devra désormais s’identifier :

Il la démolit dès le départ en lui enlevant le respect d'elle-même. Elle ne veut pas, mais il la manipule en lui disant: «Si tu m'aimes, tu vas le faire». À ce moment, ils l'ont gagné. Si elle ne veut toujours pas, la violence apparaît, elle reçoit sa première claque sur la gueule. Le

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deux semaines. Ils l'amènent dans des milieux fermés. Elle rencontre beaucoup de monde, se fait brasser, on la sexualise. Elle est tellement exploitée, que huit filles sur dix deviennent des kleenex. Tout le monde l'encule, elle est victime de gangbangs (Normand, milieu policier).

Pour Stéphanie, intervenante en centre jeunesse, la violence envers les prostituées augmente graduellement à l’intérieur de ce qu’on pourrait appeler un cycle. Le proxénète commencerait par exercer un contrôle au plan social en l’isolant. Par la suite, il contrôlerait son apparence physique en décidant de ce qu’elle portera, de sa coiffure … L’objectif à ce moment est de la désinhiber et de la sexualiser. Vient ensuite la violence psychologique où la fille est dévalorisée : on affaiblit son estime d’elle-même. Finalement arrive la violence physique et même la violence sexuelle :

Ben souvent, ils vont commencé de façon graduelle habituellement. Tu vas commencer par du contrôle au niveau social : ils vont s'organiser pour mettre la patte comme il le faut sur la fille, donc ils vont s'organiser pour que les liens qu'elle a avec d'autres gens se coupent peu à peu, parce qu'ils ne veulent pas que la fille remette leur relation en question. Donc, s’il y a des gens de l'extérieur qui pourraient être menaçants à ce niveau-là, ils vont s'organiser pour que les liens se coupent : ils vont remettre en question les parents bien sûr, c'est souvent les premiers les parents, les intervenants sociaux, les amis qu'ils ont l'impression qu'ils ne peuvent pas embarquer dans la gang aussi. Ils vont s'organiser pour tasser ce monde-là. Ils vont aussi beaucoup contrôler au niveau de l'apparence physique des filles, en insistant énormément pour que les filles soient habillées très sexy mais dans certains moments et pas dans d'autres pour pouvoir … les filles disent souvent : «I l n’est pas constant, il joue avec ma tête, il veut que je sente que c'est lui qui a le contrôle, c'est pas moi qui décide ». Donc ils vont décider au niveau du look, entre autres. Ce qu'ils vont faire aussi, ils vont travailler sur la désinhibition des filles de cette façon-là, pour les amener plus facilement à faire des activités de prostitution. Donc ils vont, dans le processus de recrutement quand ils payent les vêtements par exemple, c'est eux qui vont décider de ce que la fille achète et pas elle. Ils vont la sexualiser, beaucoup, ils vont travailler de cette façon-là. Y a toute la violence au niveau psychologique qui va s'installer. Les filles ce qu'elles vont dire, au niveau de l'estime d'elles-mêmes, les gars vont beaucoup les discréditer dans ce qu'elles peuvent penser, dans ce qu'elles peuvent dire, dans ce qu'elles peuvent faire, ils vont souvent faire ça devant le