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CHAPITRE 3: Le proxénétisme en prostitution juvénile: notre analyse

3.5 Profil de la prostitution juvénile contrôlée par le proxénétisme

3.7.4 Le contexte légal

La loi actuelle pose problème dans le traitement de la problématique, notent les interviewés. D’abord, parce que ce n’est pas la prostitution qui est illégale mais plutôt la sollicitation ou, comme on l’a vu au chapitre de la recension des écrits, la communication en vue d’obtenir ou de rendre un service sexuel. Or, en prostitution juvénile contrôlée par les proxénètes, les clients sont généralement recrutés de bouche à oreille et, par conséquent, la « sollicitation » se fait de manière extrêmement subtile.

Selon Louise, intervenante en centre jeunesse, les pimps utilisent beaucoup les nuances de la loi pour justifier leurs actes :

Toute l'incohérence au niveau légal, tsé : « C'est pas illégal de se prostituer », eux vont ben gros jouer là-dessus : « C'est quoi le problème, c'est pas illégal de vendre des services sexuels, faque pourquoi ce serait illégal de profiter des profits de quelqu'un qui vend des services sexuels de façon volontaire ? ». Parce qu'évidemment, eux autres, y sont convaincus que toutes les filles font ça de leur volonté, libre et volontaire (Louise, intervenante en centre jeunesse).

Les interviewés, notamment ceux du milieu policier, rappellent que le proxénétisme paraît très difficile à prouver en cour et demande une grande préparation technique, entre autres pour éviter de créer une jurisprudence qui ne serait pas favorable :

(Il y a) des difficultés au niveau légal: ils doivent avoir de bons outils techniques et être très précis. Ils doivent faire très attention pour ne pas créer de jurisprudence parce qu'il y a eu

six amendements à l'article 212 (concernant la communication)/…/C’est très difficile à prouver en cour (Normand, milieu policier).

Avant d'embarquer dans un protocole d'arrestations, pis ci pis ça, t'es mieux d'en avoir de la preuve, pis de la preuve solide en calvaire. Pourquoi ? C'est que la loi permet beaucoup de choses. Pis la loi adulte, c'est comme la loi des jeunes contrevenants, à savoir qu’il t'en faut des preuves, tu peux pas accuser quelqu'un pour accuser (Richard, intervenant en centre jeunesse).

Très peu de jeunes filles, suite aux dénonciations, se rendraient aux termes du processus judiciaire. Philippe, intervenant en milieu policier, explique que les menaces et l’intimidation dont elles sont victimes tout au long du processus mettent énormément de pression sur les jeunes filles. De plus, les délais judiciaires étant très longs, il devienrait impossible pour les policiers de les protéger aussi longtemps. Par conséquent, plusieurs jeunes filles abandonneraient en cours de processus :

Il y a très peu de causes de proxénétisme à la cour où les victimes se rendent au terme du processus. Il est très difficile pour les victimes de stander un tel processus, lors de dénonciations criminelles. Généralement, après une première vague d'arrestations, on assiste à une deuxième, parce que les filles qui ont dénoncé deviennent victimes de menaces par la suite, ce qui met beaucoup de pression sur les filles. Si on part de quinze-vingt filles qui parlent à la police, suite aux menaces seulement dix le diront et cinq se retireront par peur. Les délais sont longs. Les policiers ne peuvent pas protéger les filles tout ce temps, ils ne peuvent pas avoir de garde protégée. De ces filles, environ deux rencontreront l'enquêteur et, au bout de la ligne, une seule restera. Il est donc très difficile pour les filles de s'inscrire dans un processus de dénonciation (Philippe, intervenant en milieu policier).

Normand, intervenant en milieu policier, explique d’ailleurs que les pimps peuvent être très intimidants en cour :

C’est intimidant en cour, parce que le pimp amène sa famille, fait des gestes provocateurs… (Normand, intervenant en milieu policier).

En cours d’entrevue, nous avons abordé les pistes d’intervention clinique et les avis exprimés ont été quasi unanimes : très peu serait actuellement fait par rapport aux proxénètes. Claude, intervenant en centre jeunesse, propose quant à lui une solution à la problématique de la prostitution juvénile, phénomène en pleine croissante s’entendent pour dire la globalité des intervenants : la légalisation de la prostitution adulte. Selon lui, dès le moment où la prostitution adulte sera légalisée, un client, tant qu’à se faire prendre avec une mineure, préfèrera faire affaire avec une jeune adulte de 18-19 ans ayant l’air d’une adolescente :

Légalise ça à 18 ans, pis ça va enlever beaucoup de prostitution juvénile. Je suis sûr et certain... Tant qu'à te faire pogner avec une mineure de 15 à 17 ans, pourquoi tu vas pas en voir une 18-19 ans qui a l'air de 15-17 ans. Pis dans une place légale, tu sais que la petite fille est suivie, elle a un docteur, ils font attention, elle est pas battue, elle est là par choix, c'est

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suivi d'une façon correcte, elle est nourrie, logée. Je pense que, des fois, on se met la tête dans le sable pis on essaie de restaurer notre conscience (Claude, intervenant en centre jeunesse).

En somme, les intervenants mettent en garde contre la tendance générale consistant à traiter

la relation proxénète/prostituée à l’intérieur d’une dyade agresseur/victime. Selon plusieurs, en considérant la prostituée uniquement comme une victime on la déresponsabiliserait et on ne l’aiderait aucunement à reprendre du pouvoir sur sa vie et, surtout, sur ses actions. Malgré qu’elles soient souvent naïves, les jeunes filles pratiquant la prostitution possèderaient suffisamment d’informations pour savoir qu’elles doivent se méfier de la situation dans laquelle elles se trouvent et choisiraient, malgré tout, de ne pas tenir compte de leurs doutes. Ainsi, elles fermeraient les yeux sur ce qui leur semble anormal et se convaincraient plutôt de la réalité du conte de fée dans lequel elles se trouvent.

Les intervenants soulignent qu’il existerait aussi des filles pratiquant la prostitution de façon volontaire, pour le luxe et la gloire y étant parfois associés.

Les intervenants expliquent que les filles ont besoin d’être éduquées au sujet des relations amoureuses, de développer leur jugement moral et de trouver de nouvelles façons de répondre à leur besoin incommensurable d’amour. Des outils, tels le Silence de Cendrillon5 couplé au

programme d’éducation sexuelle dispensé en centre jeunesse, constituent de bons exemples des voies à suivre dans l’intervention auprès des jeunes prostitués, estime-t-on. Une intervention préventive devrait aussi s’adresser aux jeunes filles en général, soutiennent les intervenants que nous rencontrons, afin d’éviter qu’aucune d’entre elles ne soient tentées par la pratique de la prostitution. Les programmes devraient être adaptés selon le niveau scolaire, poursuit-on, mais ils doivent s’adresser aux jeunes filles dès le niveau primaire.

Pour ce qui est des proxénètes, il semble que très peu de programmes les concernent. La première démarche à effectuer auprès des garçons qui se livrent à la pratique du proxénétisme serait, de l’avis des intervenants rencontrés, en particulier les intervenants sociaux, d’apprendre à les connaître, de s’intéresser à eux. Il s’agirait avant tout de les comprendre pour être en mesure de saisir leurs perceptions avant de vouloir changer leurs comportements. Selon plusieurs intervenants, les proxénètes ont besoin d’être éduqués en matière de sexualité et doivent être guidé afin de développer une façon plus adéquate d’entrer en relation avec les femmes. Comme on ne peut concurrencer les revenus issus du proxénétisme, il faut aider les pimps à se créer de nouveaux projets de vie en développant de nouveaux intérêts et, surtout,

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Le Silence de Cendrillon est une bande dessinée abordant le thème du recrutement pour la prostitution

juvénile par les gangs visant à faciliter la discussion avec les jeunes filles à l'intérieur de séances d'animation de groupe ou individuelle.

en proposant de nouvelles sources de plaisirs, autres que l’argent et le sexe. Voilà quelques recettes que nous livrent les intervenants de notre échantillon.

Encore ici, face aux jeunes qui pourraient être tentés par la pratique du proxénétisme, une approche préventive s’imposerait. Celle-ci devrait reposer sur les mêmes éléments que l’approche curative présentée plus tôt, et devrait s’adresser aux jeunes dès le primaire, insistent les répondants.

L’intervention en lien avec le proxénétisme en prostitution juvénile fait face à des limites difficiles qu’il faudrait viser à dépasser. En effet, les intervenants avouent ne pas se sentir suffisamment outillés pour intervenir auprès des proxénètes en lien avec leurs activités dans le domaine de la prostitution. Plusieurs intervenants ne sauraient pas comment agir avec ces garçons. Ils constatent qu’ils manquent de connaissances, de formations et, surtout de temps, pour développer une approche appropriée.

En plus de la formation, les répondants souhaiteraient qu’il y ait un rapprochement entre les intervenants oeuvrant dans les unités de réadaptation pour garçons et ceux travaillant dans les unités de filles. Ils souhaitent aussi que les parents soient davantage impliqués aux différentes étapes de l’intervention; qu’il y ait un plus grand échange d’information avec les policiers; et que de nouveaux programmes de prévention primaire soient développés et adaptés pour être diffusés dans les écoles élémentaires et secondaires.

Finalement, il semblerait que la législation actuelle pose problème en regard du traitement de la problématique du proxénétisme. En effet, cette pratique serait extrêmement difficile à établir et demanderait des preuves solides, le plus souvent impossibles à fournir pour des poursuites puissent même êtres seulement entamées. En outre, les délais judiciaires excessivement longs décourageraient nombre de jeunes filles à participer au processus jusqu’à sa fin, celles-ci étant conscientes que les policiers seraient incapables de les protéger pendant une aussi longue période de temps. Or les menaces de représailles, s’adressant aux filles et même visant leur entourage, seraient chose courante. Et même si elles s’actualisent rarement, elles seraient suffisantes pour avoir l’effet escompter, à savoir empêcher les filles de porter plainte ou, le cas échéant, de poursuivre les procédures entamées.

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Notre recherche s’est intéressée au profil des proxénètes opérant en prostitution juvénile ainsi qu’à leur pratique, à travers les yeux d’une quinzaine d’intervenants clés de divers secteurs d’activités qui oeuvrent auprès des jeunes prostitué(e)s et proxénètes. Dans un premier temps, nous avons visé à dresser un portrait du proxénétisme de manière générale et, plus spécifiquement, en prostitution juvénile, pour ensuite nous intéresser plus spécialement à la pratique en contexte de gangs, au sujet de laquelle les intervenants s’entendent pour dire qu’il s’agit du phénomène le plus courant en matière de proxénétisme juvénile rencontré au Québec.

Avec les intervenants, nous nous sommes ensuite tournée vers les principaux protagonistes, à savoir les proxénètes ainsi que les jeunes filles pratiquant la prostitution sous leur emprise, encore là pour tenter d’en brosser un portrait.

Par la suite, nous avons cherché à comprendre avec eux ce qui amènerait les jeunes filles dans le milieu de la prostitution, en traitant non seulement des modes de recrutement, mais aussi des stratégies d’intégration au monde de la prostitution que déploient les proxénètes pour y garder les filles sous leur joug. Nous nous sommes aussi brièvement intéressée au recrutement des clients. Nous n’avons pas esquivé l’« épineuse » question des relations se nouant entre proxénète et prostitué(e)s, et à ce propos nous avons recueilli des propos beaucoup plus nuancés que ce que laisse entendre la rumeur publique qui feraient des proxénètes de méchants exploiteurs et des jeunes prostitué-es de pauvres victimes. La relation entre les deux, notamment dans le discours des intervenants sociaux est apparue beaucoup plus complexe et, partant, beaucoup moins tranchée. Enfin, un volet « intervention » a été développé dans le but de préciser notre compréhension de ce qui se fait et, surtout, de ce qu’il reste à faire, de l’avis des intervenants, pour un traitement de la problématique mieux adapté à la réalité du monde de la prostitution juvénile contrôlé par les proxénètes. Les entrevues auprès des intervenants-clés que nous avons rencontrés étaient l’occasion souhaitée de recueillir à la source les commentaires et observations quant à ce qui se vit actuellement dans la pratique judiciaire et clinique en lien avec le phénomène à l’étude et de tenter de s’interroger quant aux avenues possibles et celles à privilégier, dans le futur, en matière d’intervention auprès des proxénètes et aussi des jeunes filles pratiquant la prostitution à leur profit.

La recension des écrits réalisée dans le cadre de cette étude nous ayant convaincue que les proxénètes avaient été très peu étudiés, nous avons tenté, au cours de cette recherche, de lever le voile sur leurs particularités et leurs pratiques, ceci à travers les yeux de intervenants qui les côtoient de proche.

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Nous ne pouvons certes pas affirmer pouvoir généraliser nos résultats à toutes les situations, mais nous croyons que les informations recueillies nous permettent de fournir un premier portrait de la prostitution juvénile contrôlée par des proxénètes, et de ceux qui en sont les principaux acteurs. Une prochaine étape consisterait, bien évidemment à s’adresser aux proxénètes eux-mêmes, afin de brosser un portrait plus juste de leur réalité. À partir de notre étude, nous aurons au moins une meilleure idée des principales dimensions à aborder avec eux.

Un portrait du proxénétisme en prostitution juvénile

Le proxénétisme en prostitution juvénile serait essentiellement le fait de jeunes hommes, bien souvent associés aux gangs de rue. Malgré que les intervenants n’excluent pas la présence d’adultes pratiquant de manière individuelle le proxénétisme en prostitution juvénile, la majorité de ceux rencontrés ont abordé le sujet en le positionnant dans le contexte des gangs de rue. En effet, de l’avis des intervenants, la prostitution juvénile, au Québec, serait majoritairement pratiquée en contexte de gangs et, à l’occasion, indirectement contrôlée par le crime organisé adulte dont le rôle principal serait de passer des commandes qui seraient exécutées par les membres des gangs de rue. Certains intervenants disent avoir eu connaissance de l’existence de réseaux familiaux dans l’exploitation de la prostitution juvénile. Toutefois, à leur avis, il s’agirait là de situations d’exception.

Si les intervenants ont été très loquaces concernant les proxénètes adultes, et particulièrement ceux travaillant de manière autonome, on ne peut toutefois en conclure qu’ils n’ont pas leur place dans le marché de la prostitution juvénile. Le sujet mériterait d’être approfondi, entre autres en s’adressant aux intervenants travaillant dans les milieux carcéraux adultes, ce que nous n’avons pas fait.

La prostitution juvénile contrôlée par les proxénètes serait presque exclusivement féminine, nous disent les intervenants, confirmant ainsi ce qui émergeait déjà des écrits (Badgley, 1984; Weisberg, 1985; Blais, Goulet et Renaud, 1998; Durocher et Fleury, 2002; Moïse, 2002). La situation de la prostitution masculine soumise au proxénétisme n’est toutefois pas encore claire. Toutefois, le peu de renseignements disponibles laissent croire que, si le phénomène existe, il en serait plutôt au stade embryonnaire. Aussi, on trouve très peu d’informations sur le proxénétisme en milieu homosexuel. Les intervenants estiment que les proxénètes, et particulièrement ceux agissant en contexte de gangs, ne s’impliqueraient pas dans ce type de prostitution, entre autres parce que l’homosexualité n’est pas bien perçue dans ce genre de milieu plutôt machiste, estiment les répondants. Certains auteurs, parmi lesquels Deisher, Robinson et Boyer (1982), Weisberg (1985), Blais et ses collègues (1998), l’expliqueraient plutôt par les différences de genres, faisant entre autres référence à l’inégalité dans les jeux de pouvoirs entre les sexes. Il s’agit là d’une autre piste de recherche qui mériterait d’être fouillée.

La différence susceptible d’exister entre la prostitution masculine et la prostitution féminine sous le contrôle des proxénètes mérite qu’on approfondisse les recherches sur le sujet. Rappelons les conclusions du Rapport Badgley qui, en 1984, signalaient que la prostitution sous l’emprise de proxénètes ne touchait que les filles. Les intervenants rencontrés laissent entendre que la situation pourrait être amenée à changer, notamment pour ce qui est de la prostitution contrôlée par des pimps membres de gangs de rue. En effet, à leur avis, lorsque les membres de gangs auront compris qu’il y a de l’argent à faire avec les jeunes garçons se livrant à des activités de prostitution, ils ne mettront pas longtemps à s’y intéresser. Certains soutiennent même que le changement serait déjà amorcé. Il s’agirait donc d’un sujet d’actualité.

Selon les intervenants, on ne pourrait établir réalistement l’ampleur de la prostitution juvénile contrôlée par des proxénètes puisqu’il s’agit d’une activité par essence ordinairement cachée, ce que soulignent aussi les écrits antérieurs sur le sujet. Ceci est d’autant plus vrai des activités se passant ailleurs que sur la rue : dans les salons de massages, les hôtels de passe, les maisons de débauche. De même, on ne peut évaluer la proportion de jeunes filles prostituées travaillant pour les gangs. Quoiqu’il en soit, tous les intervenants s’entendent sur le fait que toutes les jeunes filles pratiquant la prostitution en contexte de gangs le feraient sous l’emprise d’un souteneur, ce qui constituerait une caractéristique particulière de cette forme de prostitution. À leur avis, il existerait, certes, quelques jeunes mineures pratiquant la prostitution de façon autonome. Toutefois, cette forme de pratique ne ressortirait pas comme étant courante. D’ailleurs, les intervenants rencontrés disent ne pas avoir connu personnellement de jeunes filles se prostituant pour leur propre compte, venant ainsi soutenir l’estimation de Barry (1995) et Plamondon (2002) qui évaluaient la proportion de jeunes prostitué-es ayant un souteneur entre 80% et 95%, plutôt que celle de 20% établie par la Ville de Montréal (1999). Selon les intervenants, l’explication peut se trouver dans le fait que les jeunes filles se prostituant de manière autonome le feraient dans la rue, généralement en fin de parcours et essentiellement pour subvenir à leurs besoins de consommation de drogues. Elles seraient alors plus âgées, isolées, et n’auraient plus vraiment de contact avec des intervenants, sauf peut-être les travailleurs-es de rue.

Quoique la prostitution juvénile soit majoritairement pratiquée en contexte de gangs, elle serait, à l’intérieur de ceux-ci, gérée de manière individuelle par des membres et non par le groupe, précisent les intervenants. Selon ces derniers, le gang fournirait une certaine forme de protection aux proxénètes qui en sont membres, plutôt que de remplir le rôle de gestionnaire des activités de prostitution menées par ceux-ci. Les profits ne seraient d’ailleurs pas nécessairement partagés avec le gang, stricto sensu.

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Il n’y a pas de consensus, entre les interviewés, quant au niveau d’organisation des activités de proxénétisme en prostitution juvénile, qu’elles soient pratiquées en contexte de gangs ou non. Dans le premier cas, la structure du groupe varierait de bien organisée, ce qui semble plutôt rare, à non organisée, un élément plus largement caractéristique des gangs de rue montréalais, selon certains. Selon le discours d’une majorité d’intervenants, il n’y aurait pas non plus de règles claires qui s’appliquent, sauf peut-être celles normalement en vigueur dans les gangs, dans le cas où la prostitution est pratiquée dans ce contexte.

De manière quelque peu contradictoire, les intervenants envisagent qu’il existerait, dans le domaine de la prostitution juvénile, tout un réseau à l’intérieur duquel seraient transigées les filles. Ainsi, bien qu’on ne s’entende pas sur le degré de structure des activités de proxénétisme, la présence d’un réseau laisserait entrevoir un minimum d’organisation. Les intervenants rapportent que les activités de ce réseau seraient d’ailleurs partagées entre les différents gangs et le crime organisé