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Sous-titre 2 : LES MUTUELLES DE SANTE

§1- L A MUTUELLE DE SANTE ASIPES

Depuis 1994, le Gouvernement camerounais, avec l’appui financier de la Coopération suisse, s’est engagé dans un programme de développement de districts de santé, aussi bien en zone rurale qu’en zone urbaine. L’une des grandes originalités de ce programme a été l’accent mis sur le développement de dynamiques sociales, qui ont abouti à des systèmes de solidarité de type mutualiste, pour financer les soins de santé. L’un des objectifs visés était de construire des services de santé autogérés et autofinancés par les populations bénéficiaires. C’est dans cette optique que les populations de la zone Nylon, l’un des quartiers les plus peuplés de la ville de Douala et où la couverture sanitaire reste l’une des plus faibles, ont pu bénéficier des avantages de ce programme en s’organisant autour de l’ASIPES.

211 Par exemple du Mali.

123 A sa création en 1994, la mutuelle de santé ASIPES comptait 1700 adhérents et en 1999, environ 8000 personnes212. Au début, seuls les musulmans, communauté la plus importante de la zone, se sont intéressés à l’association et ont enregistré le plus grand nombre d’adhérents. Mais, avec l’évolution, l’accès s’est élargi.

Afin de faciliter ses activités, l’ASIPES s’est dotée d’un statut ainsi que d’un règlement interne. Une convention de collaboration, qui prévoit entre autres le contrôle systématique des différents soins octroyés et des coûts qu’ils engendrent, a été signée entre l’association et l’Hôpital du district de Nylon. Pour mieux satisfaire les besoins de la mutuelle, des dispositions ont été prises pour assurer la disponibilité en médicaments génériques essentiels.

Les cotisations, d’une valeur très modeste sont collectées tous les vendredis et confiées aux mains d’un comité de gestion, formé de membres élus de l’association. Elles forment, en plus des dons et legs, l’essentiel des fonds de roulement de l’association. Les cotisations mensuelles sont passées de 170 000f CFA à 1 600 000f CFA par mois, traduisant ainsi une forte adhésion de la population. Mais par contre, l’évolution du coût moyen des soins et médicaments n’a pas suivi celle des cotisations, passant de 157 000f CFA pendant la première année à 2 800 000f CFA à la fin de l’année 1999. (Le paludisme, qui est l’une des principales causes de mortalité dans le pays, constitue la première cause de consultation et consomme environ 70% des recettes de l’association). Les déficits sans cesse croissants, malgré l’augmentation du nombre d’adhérents, sont comblés par les membres d’honneur et les dons offerts par les sympathisants. Les statistiques effectuées montrent que 30% des adhérents font appel mensuellement à la mutuelle pour leurs problèmes de santé.

§2- L’H

OPITAL DE DISTRICT DE

T

OKOMBERE

Sur le plan géographique, Tokombéré est un arrondissement de la préfecture de Mora, département du Mayo-Sava dans la province de l’Extrême Nord du Cameroun. Sa superficie est de 92 kilomètres carrés pour une population estimée à 85 000 habitants. Depuis 1997, un projet de développement intégré y est mis en œuvre, comprenant plusieurs volets : santé (santé prénatale, prévention maternelle et infantile PMI, nutrition, santé scolaire, vaccination, et pharmacie), promotion féminine et alphabétisation.

Sur le plan sanitaire, la ville dispose d’un hôpital confessionnel de 150 lits géré par 3 médecins, une sage femme, un assistant chirurgien, 7 infirmiers brevetés, 3 infirmiers assistants, 4 aides soignant et 5 auxiliaires sanitaires.

Dans l’hôpital, devenu centre de promotion de la santé en 1976, un système de partage de risques à deux niveaux est pratiqué : la tarification forfaitaire et le prépaiement

1- La tarification forfaitaire par épisode maladie

La technique de tarification forfaitaire par épisode maladie, instituée depuis 1985, consiste à percevoir chez le patient dès son entrée à l’hôpital, un tarif forfaitaire en hospitalisation donnant droit aux traitements et soins, aux médicaments, à la nutrition et à l’hébergement pour une durée de 15 jours maximum. Lorsque la durée d’hospitalisation dure

212 Estimations faites par Alphonse UM BOOCK, médecin-chef du district de santé de Nylon, Douala, in

« Bulletin von Medicus Mundi Schweiz » N° 79, décembre 2000.

124 plus de 15 jours, le forfait d’entrée est augmenté de moitié, et ceci par semaine supplémentaire. Une distinction est cependant faite entre les patients ressortissants du district et les non ressortissants. Ainsi, le forfait pour les premiers est de 5000f CFA et de 10 000f CFA pour les deuxièmes. D’autres forfaits sont par ailleurs institués pour des cas qui ne nécessitent pas une hospitalisation et pour certains types particuliers de pathologies, comme l’indique le tableau ci-dessous213

Tableau 1 : Tarification forfaitaire pour pathologies particulières

Prestations

2000 f CFA (enfants)/4000fCFA (adultes) pour les patients du district, et 6000f CFA système de prépaiement pour les enfants de 0 à 5 ans, les élèves et les femmes enceintes. Ce système consiste en l’octroi dès la naissance d’un enfant, et ceci moyennant une somme de 400f CFA versée aux comités de santé de sa région, d’un carnet qui lui donne droit à la consultation et à la vaccination. A l’âge de 5 ans, l’enfant intègre le système de santé scolaire où il a droit à une nouvelle carte d’un prix de 400f CFA, qui lui donne droit aux consultations régulières au tarif enfant, aux rappels de ses vaccins (méningite, tétanos) et à l’éducation à la

213 KOTTO YERIMA Aboubakar, DEVELTERE Patrick, « Mutuelles de santé au Cameroun », p.17.

125 santé (hygiène et programmes de sensibilisation VIH/SIDA et autres maladies sexuellement transmissibles).

En ce qui concerne les femmes abonnées au système, celles-ci bénéficient du suivi de leur grossesse jusqu’à son terme, des médicaments essentiels et de tous les programmes de vaccination.

De façon globale, on dénombre 97 comités de santé qui sont mis sur pied et 75% des écoles de l’aire de santé qui participent au système. Grâce à la tarification forfaitaire et au système de prépaiement, l’Hôpital du district de Tokombéré, même s’il n’est pas encore entièrement financièrement autonome, recouvre en moyenne 50% des prestations fournies214. En contrepartie, on note une sensible amélioration de la qualité de vie des populations couvertes dans le district. Cette amélioration se traduit par un accès facile à l’hôpital du district, une détection précoce des cas de maladie, une meilleure couverture vaccinale (75%

de la population), une diminution sensible des cas d’épidémie tels que la méningite dans le district depuis 1998, une meilleure participation communautaire et surtout une meilleure prise en charge des femmes pendant la grossesse jusqu’au moment de l’accouchement.