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L’influence des parents

Dans le document UNIVERSITE PARIS 8- VINCENNES-SAINT-DENIS (Page 151-154)

LES ENFANTS SOIGNES POUR UN CANCER : LES IMPLICATIONS DE LA

III. 2. LES SEQUELLES PSYCHOLOGIQUES DU TRAITEMENT ONCOLOGIQUE : L’IMPLICATION LORS DES SOINS DENTAIRES

III.2.2 Le traitement dentaire d’un enfant qui a survécu à un cancer

III.2.2.1 L’influence des parents

Dans le domaine de la santé, les motivations et les discours des parents et des enfants ne sont pas les mêmes. Ni leurs peurs... Les effets sur l’enfant des phénomènes d’anxiété des parents peuvent être vraiment néfastes au niveau des consultations odontologiques ; il faut donc connaître ces angoisses et apprendre à les surmonter, mais surtout il faut connaître les raisons qui les ont fait naître.

Dans le contexte du cancer, le phénomène anxiogène peut, chez les parents, prendre une plus grande intensité et cette anxiété parentale, lors des soins dentaires, peut être le déplacement d’une autre peur : la peur de l’anomalie, autre atteinte à l’intégrité de l’enfant. Le parent « dévoile » sa peur, déchargeant son angoisse sur l’enfant et concrétisant ainsi le mécanisme du déplacement ; « ce n’est pas la dent qui représente un problème, elle est mise à la place de » (CHOUKROUN, 1997, p.57).

Nous sommes déjà passés par l’étude des facteurs qui peuvent contribuer à l’état d’anxiété d’un enfant lors d’une consultation dentaire (Cf. Chapitre I). Il faut, dans ce chapitre, approfondir un peu le facteur que constitue l’influence des parents et tout particulièrement leurs croyances. En effet, le comportement des parents est considéré comme d’une importance majeure dans le conditionnement de l’enfant – principalement jusqu’à l’âge de 12 ans, puisque les parents sont encore bien présents lors des consultations- c’est pourquoi il est mentionné dans les études sur les origines de la peur et de l’anxiété dentaire des enfants.

Reportons-nous à l’exemple (ten BERGE, VEERKAMP, HOOGSTRATEN et PRINS, 2001) où les parents enquêtés disent que la cause principale de la peur de leur enfant est liée à des expériences dentaires invasives ou douloureuses (36 pour cent), aux séjours hospitaliers, aux

152 expériences médicales antérieures (19 pour cent), au caractère de l’enfant (16 pour cent) et au comportement du praticien (13 pour cent). La peur ayant toujours existé dont les parents ne savent pas expliquer l’origine directe, est une cause citée par 7,5 pour cent des parents et les facteurs d’origine sociale, à l’exemple de leur propre anxiété, ont été mentionnés par un faible pourcentage de cinq pour cent. Ces données sont traitées pour la totalité du groupe des parents.

La majorité des parents d’enfants présentant un haut niveau d’anxiété a attribué l’origine de cette peur à des facteurs extérieurs qu’ils ne peuvent pas contrôler, tandis que les parents des enfants porteurs d’un niveau plus faible d’anxiété (surtout les parents des plus jeunes) ont considéré que leur propre attitude était importante dans ce processus. De plus, les croyances qui entourent les mesures préventives sont aussi prises en considération par les parents des enfants porteurs d’un niveau de peur plus faible, ce qui montre qu’ils sont plus responsables et plus conscients de leur propre influence sur les attitudes préventives de leurs enfants au plan de la santé dentaire (ten BERGE et alii., 2001).

Il faut souligner le manque de sûreté des parents d’enfants porteurs d’un haut niveau d’anxiété. Il semble que les parents, dès qu’ils se sentent incapables d’influencer ou d’aider leurs enfants à surmonter ou à prévenir la peur, en viennent à attribuer ce manque aux facteurs extérieurs...

Cela s’explique par le fait que les données trouvées indiquent que ces parents ont eu beaucoup plus de problèmes que les autres parents lors des consultations de leurs enfants.

Les parents accusent l’attitude du dentiste et les expériences antérieures, tandis que le praticien peut se référer au comportement des parents comme aux autres types d’expérience de ces enfants... Quand on observe que les facteurs qui sont causes de cette peur sont toujours attribués à l’extérieur, on en vient à penser que les parents des enfants porteurs d’anxiété n’admettent pas leur propre responsabilité. Ils croient à l’absence de peur et attribuent cette anxiété au comportement du praticien : il peut être incapable de soigner ce type d’enfants (les parents mentionnent la combinaison de l’attitude négative du dentiste et de traitements douloureux...), pourtant admettre l’angoisse est incontournable (ten BERGE et alii., 2001) (Cf. Tableaux 11 et 12).

On observe alors ce type de contraste : les parents souvent ramènent les causes aux traitements dentaires antérieurs alors que les dentistes attribuent le comportement angoissé au milieu familial.

Raisons pour lesquelles les enfants n’ont pas peur :

Parents d’enfants porteurs d’un faible niveau de peur dentaire Attitude du praticien 34 %

Orientation des parents 30%

Absence d’expériences douloureuses 14%

Caractère de l’enfant 14%

Autres* 7%

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* Ces facteurs ont été cités seulement une fois et varient de : “l’âge très jeune de l’enfant lors de son premier contact avec le dentiste” à :“je ne connais pas la raison”.

Tableau 11 : Facteurs en rapport avec l’attitude positive des enfants chez les enfants n'ayant pas de peur (ten BERGE et alii., 2001)

Les parents des enfants plus jeunes (4-5 ans) citent souvent leur propre rôle dans ce processus, tandis que les autres (parents d’enfants de 8-9 ans) préfèrent transférer cette importance et la reporter sur l’attitude du praticien lors des consultations (ten BERGE et alii., 2001).

Raisons pour lesquelles les enfants n’ont pas peur :

Parents d’enfants porteurs d’un haut niveau de peur dentaire Attitude du praticien 67%

Orientation des parents 19%

Caractère de l’enfant 3%

Absence d’expériences douloureuses 3%

Autres** 6%

** Les parents ne connaissent pas la raison

Tableau 12 : Facteurs en rapport avec la peur des enfants (ten BERGE et alii., 2001)

Il faut souligner que les parents des enfants qui craignent la consultation ont rapporté que ces enfants avaient peur, non seulement lors de la consultation, mais aussi dans les situations les plus variées. Ceci nous porte à croire que ce groupe d’enfants pourrait être encore partagé en sous-sections mais que l’on relèverait d’abord dans les causes de la peur les facteurs d’ordre psychologique.

Dans le cas du patient cancéreux, les attitudes parentales peuvent être exacerbées. La maladie chronique grave, dès qu’elle est comprise en tant que telle, avec les inquiétudes, difficultés et peurs qui s’ensuivent peut amener une déstructuration globale de la famille. C’est pourquoi, « l’ensemble des liens thérapeutiques et parentaux » (AUBERT-GODARD, 2001, p.20)94 est nécessaire à la santé d’un enfant et ne peut pas être brisé dès lors qu’on cherche l’équilibre et le bien-être de tous.

94 Un autre point dont l’importance est considérable dans la situation d’une famille ayant un membre cancéreux est qu’il serait bon de « (…) trouver comment éviter que la maladie ou l’état malade, ne

154 Enfin, il est important de reconnaître que les soins dentaires ne sont pas influencés uniquement par les expériences médicales précédentes, à l’exemple du cancer. Les attitudes des parents et leurs choix assument une grande importance dans la relation des enfants avec cette situation de soins spécifique. En outre, les parents peuvent hiérarchiser les rendez-vous médicaux des enfants et les soins dentaires peuvent être négligés au profit d’autres soins tenus pour plus fondamentaux pour la survie des enfants (COLLARD et HUNTER, 2001).

III.2.2.2 Le traitement dentaire et le comportement de l’enfant qui a survécu à

Dans le document UNIVERSITE PARIS 8- VINCENNES-SAINT-DENIS (Page 151-154)