• Aucun résultat trouvé

II. Revue de la littérature empirique dans le cadre du choix des variables

1. L’impact environnemental (I) : présentation des indicateurs de l’environnement

En analysant la littérature théorique, il est important de présenter les travaux antérieurs. Les travaux portant sur la recherche de la nature de la relation entre l’environnement et la croissance économique sont traités suivant deux types d’analyse. En effet, pour comprendre une telle relation, une importante littérature de plusieurs travaux spécifiques a procédé à la vérification de l’hypothèse de la CEK et de sa validité. Une riche et vaste revue de la littérature relative à la CEK a été développée au niveau des travaux de (Stern, (2004) et

Soumayananda D., (2004)), (Sharma S.S., (2011)). L’hypothèse de la CEK a été validée dans certains travaux montrant qu’à partir d’un seuil de développement optimal, la pollution atmosphérique s’atténue au cours du temps (travaux deHettige et al. (1992), Cropper et Griffiths (1994) ; Selden et Song (1994), et Grossman et Krueger (1995)).

Cependant, un ensemble d’études (Shafik (1994) ; Holtz-Eakin et Selden (1995)) a montré que le développement est suivi d’un accroissement continu de la pollution de l’air. Les courbes qui décrivent les niveaux des émissions polluantes en fonction des niveaux de revenus réalisés sur une période spécifique sont continuellement croissantes, (Sharma S.S., (2011)). Il en résulte, que la croissance n’est plus la solution idéale pour les problèmes environnementaux.

Les travaux de (Dinda et Coondoo (2002, 2006) ; Akbostanci et al. (2009) ; Lee et Lee (2009)) dans ce même domaine de recherche, ont eu recours aux analyses de la relation de causalité entre la croissance et la dégradation environnementale. Ces études ont été critiquées du fait qu’elles se sont intéressées seulement à deux variables (PIB/revenu – émissions polluantes) sans intégrer d’autres variables de contrôle pouvant apporter une explication meilleure à la relation entre l’environnement et la croissance, (Sharma S.S., (2011)).

L’autre type d’analyse de la relation environnement – croissance s’est focalisé sur les études de la relation entre la croissance économique et la consommation énergétique du fait que l’énergie est considérée comme source essentielle pour la croissance économique (Hooi et Smyth (2010), Narayan et al. (2009, 2010), Ozturk et Acaravci (2010), Wolde-Rufael (2010), Abosedra et al. (2009), Narayan et Popp (2009, 2010), Wolde-Rufael (2004), Lee et Chang (2005), Stern (2000) Yang (2000),

Masih et Masih (1996)),(Sharma S.S., (2011)). La réalisation d’un niveau élevé de développement dépend de la consommation énergétique. De même, une meilleure utilisation des sources en énergie dépend d’un bon niveau de développement économique, (Sharma S.S., (2011)).

Konisky, (1999) et Thomas B. et Vally K., (2009) considèrent que les indicateurs reflétant la

qualité de l’air (SO2, CO2, NOx, CO, PM10 ...) sont les plus intéressants indicateurs de mesure de la qualité de l’environnement. Nous nous baserons donc dans notre étude sur trois types de polluants spécifiques : un polluant dont les effets sont internationaux et deux polluants régionaux. En effet, le dioxyde de carbone (CO2) est considéré comme l’un des principaux gaz à effet de serre le plus responsable au réchauffement planétaire et dont les effets sont néfastes sur toute la planète. Par ailleurs, nous nous baserons sur les rejets de SO2 et de NOx, deux types de polluants locaux.

 Les émissions de SO2 (en kg par tête) (ESOp2) est un important indicateur régional de l’environnement.

Comme le NOx, le dioxyde de soufre est considéré comme l’un des éléments nocifs pour l’environnement. Pour une analyse de l’état de l’environnement, les émissions de SO2 sont utilisées comme indicateur pertinent qui qualifie la qualité de l’air dans les études de l’environnement menées par la banque mondiale et l’OCDE. Cet indicateur est utilisé par plusieurs centres, nationaux et internationaux, d’étude de l’environnement. Les émissions de SO2 possèdent un problème préoccupant pour la santé humaine, la production agricole, les forêts, les ressources naturelles, les nappes d’eau, les constructions (etc). Pour une bonne raison, les répercussions néfastes sur le corps humain en particulier et sur l’écosystème en général sont expliquées par la force destructrice des pluies acides qui sont à l’origine de ces émissions,(Thomas B. et Vally K., (2009)).

Trois sources essentielles sont à l’origine des émissions de dioxyde de soufre : la combustion, la nature et les sources anthropiques. En effet, les émissions de SO2 peuvent être générées par les secteurs de production (à forte intensité énergétique) utilisateurs des combustibles, spécifiquement « les sources fixes de productions », (Christophe Rault et al. (2014) ;

Olivier et al. (2005)). Dans ce sens, le recours aux combustibles fossiles [16] est à l’origine de l’intensification des émissions de SO2 dont les effets sont totalement nocifs pour la santé humaine. Dans la région MENA, les émissions de dioxyde de soufre sont provoquées principalement par la combustion du charbon et du lignite riches en soufre et dont la quantité des émissions provoquées par leur combustion est considérée majeure dans la totalité des rejets de SO2 à l’échelle mondiale. Par ailleurs, les rejets de ce polluant sont liés essentiellement aux activités des producteurs de pâte à papier, de l’industrie de raffinage du pétrole (etc...) et ne sont pas liés aux activités du secteur du transport, (Antweiler et al. (2001)). De même, Antweiler et al. (2001) considèrent que la majorité des émissions sales de SO2 est engendrée par les activités des industries à forte intensité capitalistique (industries à forte intensité de capital physique) et dont les activités se basant essentiellement sur la composante de l’énergie comme les industries des aciéries, de l’aéronautique, les industries mécaniques et les fabriques de composants. En France, par exemple, pour l’année 2012, 24% des émissions de SO2 sont générées par la production de l’électricité, 9.1% sont émises par l’industrie métallurgique des métaux ferreux et 17% sont relatives à l’industrie du raffinage du pétrole [17]. Pour le cas des pays industrialisés, l’industrie de la production de l’électricité et celle dont l’activité de fabrication se base sur l’alliage du fer et du charbon (extrait des gisements naturels du charbon par exemple) sont les plus émetteurs d’émissions de SO2. D’autres sources dans les pays en développement sont responsables du rejet des émissions de dioxyde de soufre liées principalement à la consommation de carburants et à l’utilisation de systèmes domestiques d’alimentation en chaleur, (Thomas B. et Vally K., (2009)). Dans ce cadre, il est possible pour le gouvernement de contrôler ces émissions à travers la mise en disposition de mesures spécifiques dans le but de réduire les émissions de SO2.

Même la nature peut être considérée comme source essentielle des émissions de dioxydes de soufre à travers les émissions de certaines substances soufrées par les volcans, le

16 Comme le charbon, le gazole, le fioul domestique, le lignite, le coke de pétrole, le fioul lourd, etc...

17 Source: « CITEPA ». Il s‘agit d‘une association fondée en 1901 à but non lucratif. Elle favorise les inventaires d‘émissions, elle produit et diffuse les données et les projections objectives sur la pollution atmosphérique et les gaz à effet de serre en France et à l'international.

pourrissement de certaines matières organiques et la transportation de fines particules d’eau par le vent. En plus de ces sources, des analyses traitées au niveau du Programme des Nations Unis pour l’environnement (PNUE) en 1991, ont montré que la moitié des émissions totales sont générées par les anciennes actions humaines, (Programme des Nations Unies pour l'environnement, (1991) ; J. Jack Kraushaar et Robert A. Ristinen, (1998) ; Antweiler et al. (2001)).

Selon les données de concentration des émissions de SO2 favorisées par le GEMS (Global Environment Monioring System), en observant la tendance des émissions à partir de l’année 1970, l’urbanisation dans les pays développés et en développement est à l’origine des émissions de SO2, où une forte intensité de rejets de SO2 a été identifiée dans les grandes villes à forte population. Les activités du commerce international, s’effectuant à travers des navires ou des bateaux pour les exportations et les importations de marchandises, intensifient de leur part les émissions de SO2 et provoquent le réchauffement planétaire. En effet, Dr Jan Fuglestvedt du

CICERO [18] explique la formation des enduits de soufre dans l’air suite à une quantité importante de rejets de SO2 dû principalement aux activités des navires.

Pour ce qui est des émissions de SO2 qui ont connu une tendance de hausse au cours du dernier siècle, une baisse remarquable a été observée dans la période récente pouvant être expliquée par les méthodes de contrôle onéreuses et disponibles adoptées par certains pays,

(Antweiler et al. (2001)). Pour une bonne raison, une diminution d’environ 25% des émissions totales des années 1980 a été enregistrée en 2005 ce qui n’est pas le cas dans plusieurs pays à travers le monde. Sur la période qui couvre 1970 et 2000, les pays industrialisés ont pu réduire leurs émissions SO2 justifiées par une diminution remarquable évaluée à 50%, [19]. Cependant, les pays en développement se caractérisent encore par des niveaux élevés d’émissions pour le cas des polluants, (Christophe Rault et al. (2014)).

18 « Centre for International Climate and Environental Research » en Norvège.

19 Les années 1970 ont été caractérisées par le développement de nouvelles méthodes atténuant les effets néfastes des émissions de SO2 comme la technologie relative à la « désulfuration des gaz de combustion »,

Il est important de vérifier si cette baisse est encore observée au niveau de l’ensemble des pays développés avec les volumes importants des importations et des exportations. Pour le cas des pays en développement, il est important aussi de vérifier s’ils ont pu enregistrer une baisse des émissions de SO2 pendant la période récente avec les mouvements du commerce international. Nous exposerons une revue de la littérature empirique sur les travaux basés sur les émissions de SO2 en tant qu’indicateur de la pollution atmosphérique.

En se référant aux travaux de base de Selden et Song (1994) et de Grossman et Krueger (1995)

pour la relation pollution – revenu, une vaste littérature empirique a été développée autour de l’analyse de la CEK pour le cas de SO2 dont les études sont surabondantes. Plusieurs chercheurs ont tenté de vérifier la nature de la relation qui peut exister entre les rejets de dioxydes de soufre et la croissance économique. Une courbe en cloche a été démontrée dans les travaux de (Cole et al. (1997) ; Selden et Song (1994), Stern et Common, (2001) ; Halkos, (2003) et

Markandya et al. (2006)). Des analyses portant sur les pays de l’OCDE ont montré que

l’hypothèse de la CEK, pour le cas des émissions de SO2, est vérifiée dans la plupart des pays. Un tel résultat est expliqué au niveau du travail de Stern (1998) par l’ensemble de mesures prises par ces pays, destinées à la protection de l’environnement ce qui a été démontré pour le cas de SO2 et des particules en suspension. En se basant sur un ensemble de données de SO2 sur la période allant de 1870 à 2001, Wang (2010) dans son étude, a tenté d’estimer la relation entre la pollution et le revenu pour le cas de 19 pays membres de l’OCDE en trouvant les mêmes résultats suivant une relation de long-terme, (Christophe Rault et al. (2014)).

D’autres travaux s’intéressaient aux pays en développement comme le cas de la Chine traité au niveau de certaines analyses. À l’inverse du travail de Vincent, (1997) suivant lequel la CKE concernant le SO2 n’est pas vérifiée pour la Malaisie, des études se sont développées dans le but de vérifier si l’évolution sur le plan économique et social, quant à l’amélioration du niveau de vie connue par la Chine dans la période récente, est à l’origine d’une diminution des émissions de SO2 et les résultats obtenus justifient qu’il s’agit d’une courbe en cloche. En effet, au niveau de l’étude de Gao et al. (2011), l’hypothèse de la CEK est vérifiée pour la période qui couvre 2000 – 2008 en se basant sur un ensemble de 25 régions chinoises. Aussi, durant la même période, les mêmes résultats ont été prouvés pour le cas de la plus grande ville

chinoise où l’accroissement du niveau de revenu est accompagné par une réduction des émissions de SO2 au niveau de l’étude récente de Mou et al. (2011), (Christophe Rault et al. (2014)). D’autres études aussi ont tenté de vérifier la CKE pour le SO2 dans quelques pays de la région du MENA. L’analyse de Fodha et Zaghdoudi, (2010) sur la période couvrant 1961 – 2004 montre que l’hypothèse de la CEK est vérifiée pour le cas des émissions de SO2 en Tunisie. Le niveau du PIB estimé selon lequel les émissions de SO2 se sont atténuées est équivalent à 1200$ ($ constant 2005). Pour le cas de la Turquie, deux résultats contradictoires ont été prouvés. En intégrant la variable relative à la consommation de l’énergie, une étude portée par (Akbostanci et al. (2009)) sur 58 provinces turques illustrait une relation ayant la forme de « N » liant les émissions de SO2 à la croissance économique, tandis que l’hypothèse de la CEK n’est pas confirmée au niveau national où tout accroissement du revenu a entrainé un accroissement des émissions de SO2.

2. Les variables explicatives