• Aucun résultat trouvé

Si nous augmentons la croissance économique des pays tout en respectant les normes environnementales, nous parlerons alors de l’ « effet du revenu sur la demande pour des efforts de réduction de la pollution », (Panayotou, (2000) ; Anna Kukla-Gryz, (2008)). Autrement dit, les entreprises à forte émissions polluantes ont recours à de nouvelles techniques et procédures plus développées et plus évoluées pour protéger la nature de l’environnement tout en augmentant la croissance de l’activité économique, (Dean, Judith M., (2000)). En effet, la tendance des nations, qui ont pu réaliser une richesse importante, s’oriente vers un environnement propre dont les dépenses en recherche et développement dans la part du capital augmentent en vue de consolider les innovations technologiques (Figure (24)).

L’effet technique dans certains cas se traduit par un processus d’évolution de l’activité productive puisque certains domaines d’activité ne possèdent pas les mêmes exigences et n’entrainent pas les mêmes effets. Prenons l’exemple de l’activité de l’agriculture et de l’activité industrielle : le changement de la première activité (agriculture) par la deuxième (industrielle) conduit à un accroissement des éléments nocifs pour l’environnement, (Anna Kukla-Gryz, (2008)).

Figure 24 : Présentation de la CEK illustrant la relation entre la qualité de l’environnement et le niveau de développement économique

Source: Theodore Panayotou, (2003) « Economic growth and the environment ». Economic Survey of Europe, N°2. Chapitre 2, page 46.

Cependant, la performance technologique, atteinte dans un stade de développement déterminé, permet un remplacement des matériels obsolètes par des équipements de haute technologie. L’effet technique a été souvent traité dans les études des « théories de la croissance endogène ».

Il en résulte que l’allure décroissante de la deuxième phase de la CEK est expliquée par une compensation de l’effet d’échelle par l’effet de composition et l’effet technique.

Selon Selden et Song (1994), quel que soit l'effet de la croissance sur l'environnement (positif ou négatif) cet effet ne peut pas se définir en fonction du degré de la croissance des différents pays dans la mesure où il possède un signe qui varie en fonction du temps et qui ne se fixe que si les pays réussissent à réaliser un revenu à partir duquel la population exige une condition propice pour l'environnement et une efficience de l'ensemble des constructions,

(Constantinescu ML et al. (2009)).

En d'autre terme, la pollution décroit au cours du temps et la performance environnementale ne se réalise qu'à travers l'atteinte d'un niveau de revenu assez élevé ce qui explique la phase descendante de la CEK. Cette performance est la conséquence d'une forte attention suscitée par l'intérêt des agents économiques pour la protection de la qualité de l'environnement après une généralisation progressive d'un tissu productif efficace et un revenu élevé. Nous parlons dans ce cas de l’effet technique de la libéralisation des échanges commerciaux sur la qualité de l'environnement ayant pour rôle la compensation de l'effet d’échelle.

Par ailleurs, l'effet de composition peut se justifier à travers l'idée développée par Beckerman W., (1992) suivant laquelle il a suggéré que l'accumulation des richesses à long-terme est la manière particulière pour améliorer la qualité de l'environnement. Cette idée a été prouvée par le fort rapport de cause à effet entre la mise en pratique des instruments visant à préserver la qualité de l'environnement (effet technique) et le niveau des revenus réalisés, (Beckerman W., (1992) ; Constantinescu ML et al. (2009)). De ce fait, l'idée d'atteindre un environnement assez

développé et assez performant en terme de qualité sur une longue durée ne peut se réaliser qu'à travers l'avancement et le développement économique.

Dans ce même cadre, une telle performance est expliquée aussi par le rôle prépondérant de la libéralisation des échanges chez certains pays dont les barrières à l'entrée sont quasi absentes. L'ouverture à l'échelle l'internationale est définie selon la théorie du commerce international comme étant un moyen de transfert de nouvelles technologies plus propres envers les pays en développement et dont l'effet sur l'environnement est positif (bénéfique).

Selon Panayotou, (1993), l'importance de l'accroissement du secteur industriel et son renforcement conduisent à un état de faiblesse extrême en matière de ressources et de richesses et à une amplification au niveau de la fabrication des déchets. De plus, le recours aux nouvelles technologies assez développées et la prise en considération de la dimension environnementale sont essentielles pour les pays qui ont déjà atteint un degré important de performance économique dans la mesure où elles peuvent favoriser l'amélioration de la qualité de l'environnement, (Constantinescu ML et al. (2009)).

Par ailleurs, dans ce cadre d'analyse, Panayotou (1993) a montré que l'adoption de politiques visant la réglementation des conditions environnementales est essentielle dans le cas d'une détérioration continue de la qualité de l'environnement suite à un accroissement au niveau de revenu dans le but de maintenir un état d'équilibre naturel et un discours écologique, (Constantinescu ML et al. (2009) d'après Arrow et al. (1995)).

Dans ce cas, les mesures et les réglementations mises en application en vue d'accroitre la croissance économique peuvent contribuer à une accélération suivant un rythme élevé de l'amélioration des conditions environnementales, ce qui confirme la possibilité de négliger toutes mesures dont le but est la protection et le soutien de l'environnement à un stade de croissance bien déterminé, (Constantinescu ML et al. (2009) d'après Arrow et al. (1995)).

Dans certains pays, la nature de la relation liant la croissance du revenu à la qualité de l’environnement n’est pas claire dans la mesure où toutes sortes de fluctuations économiques pourraient rendre une telle relation non stable. Dans la plupart du temps la relation entre la

croissance économique et la dégradation de l’environnement est illustrée suivant une allure monotone (croissante ou décroissante). Des illustrations ont montré que la croissance du revenu endommage l’environnement à court-terme mais peut lui apporter des avantages sur la longue période. En effet, ce sont les trois effets cités ci-dessus (effet d’échelle, effet de composition et effet technique) qui expliquent un tel avantage. Pour une bonne raison, l’effet d’échelle se traduit par la croissance du revenu et l’intensification de la pollution en raison d’une extension de la masse de production. Mais la pollution de l’air à un certain niveau baisse ce qui peut expliquer la deuxième phase descendante de la CEK.

La question qui se pose,

pouvons-nous avoir une compensation de l’effet d’échelle et celui

de structure par l’effet de la technologie?

En d’autre terme,

pouvons-nous réaliser une stabilisation

voir une réduction de la pollution de l’air grâce à l’efficacité de l’effet technique et à la nouvelle

structuration des techniques les plus évoluées et les plus adaptées à l’environnement ?

Si la plupart de l’ensemble des pays de l’échantillon (pays à revenu bas, pays à revenu moyen et les pays de l’OCDE) réussi à réduire les émissions de CO2 même à des niveaux faibles, cela pourra être expliqué par l’amélioration de la structure de l’économie (pays de l’OCDE), l’évolution des industries de production, l’ouverture commerciale et l’intensification des activités de libre-échange. Un autre facteur primordial dont nous pouvons mettre l’accent est relatif à la nature du régime dans quelques pays et qui contribue à la sensibilisation de la qualité de l’environnement comme la démocratie. Certains analystes lient l’efficacité de la gestion des ressources de l’environnement et la minimisation de la dégradation de l’environnement à la liberté des nations.

L’objectif de notre travail de recherche dans ce deuxième chapitre, est de se focaliser

sur une analyse de décomposition. Nousanalyserons alors les trois effets de la croissance économique et du commerce international sur l’environnement et les principaux facteurs de la pollution atmosphérique par les émissions de CO2. Pour pouvoir appliquer cette validation empirique et réponde aux questions posées auparavant, nous nous baserons sur le modèle à équation simultanée. Nous procéderons à étudier deux équations structurelles développées dans les études de Antweiler, W. et al. (1998, 2001).

D’une part, une première équation met en évidence l’élaboration et la mise en œuvre de la politique environnementale par le gouvernement. Nous parlons alors de « l’offre de pollution ». D’autre part, Antweiler, W. et al. (1998, 2001) ont défini une deuxième équation simultanée qui mesure les effets engendrés par le développement économique englobant l’intensification des activités commerciales, le degré de l’ouverture à l’échelle internationale et les changements dans la structure de l’économie. Il s’agit donc d’une équation traitant « la demande de pollution ».

En se basant sur les analyses d’Antweiler, W. et al. (1998, 2001), nous remarquons une démarche cherchant à étudier comment la qualité de l’environnement est affectée par les changements des facteurs économiques et par la mise en application d’un ensemble de politiques et de règles régissant sur la qualité de l’environnement. En se référant à cette même méthodologie, nous mettons l’accent d’une manière approfondie sur l’importance de l’effet de structure.

Les politiques ayant pour but de minimiser les dommages environnementaux, sont de leurs parts influencées par les préférences des nations pour la protection de leur environnement. De même, les évènements politiques au sein d’une économie contribuent à l’efficacité (ou non) des politiques environnementales. Dans ce cas, la prise en compte de l’instabilité politique est importante dans ce genre d’étude.

De même, la corruption reflète l’état de la qualité des institutions ainsi que le rôle des groupes d’intérêt exerçant une influence dans l’orientation des politiques de l’environnement dans les pays ayant un régime démocratique caractérisé par une forte liberté civile et une forte pression des groupes sociaux. Cette forte pression de l’ensemble de ces groupes peut influencer les décisions gouvernementales et les orienter vers la prise de conscience de l’environnement. Dans ce même contexte, l’importance des facteurs de l’environnement institutionnel et politique a été valorisée au niveau de l’étude de Fredriksson et Svensson (2003).

À la manière d’Antweiler, W. et al. (1998, 2001), l’impact des effets (l’effet d’échelle, l’effet de structure et l’effet de composition) sur l’environnement s’exprime au niveau de l’équation des effets de la croissance économique.

Dans ce qui suit, nous exposerons quelques validations empiriques qui se sont intéressées à la décomposition de l’effet total du commerce et leurs effets sur l’environnement. Dans les pays à revenu faible et à revenu moyen, il semble important de bénéficier de l’effet technique dans la mesure où ces pays ne sont pas capables de contrôler le volume des émissions de GES qui ne cessent de s’accroitre. De même, les pays de l’OCDE les plus riches sont exposés au risque d’intensification des émissions polluantes à cause de leurs industries.