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Nous exposons par la suite une analyse récapitulative qui résume quelques travaux sur la base de la CEK. Le Tableau (40) dans l’Annexe (1-a) présente différentes études et estimations empiriques de la CEK commençant par l’analyse des fondateurs de l’hypothèse

Grossman et Krueger (1991) et autres travaux. Nous mettons en évidence pour chaque étude la variable dépendante utilisée. Nous nous sommes focalisés sur différents polluants de l’air et quelques autres indicateurs de la déforestation et des menaces de la biodiversité. Nous mettons l’accent sur l’indicateur de la richesse utilisé, les autres variables additionnelles, la période d’étude et l’échantillon de pays. Enfin, nous présentons l’allure de la CEK avec quelques résultats sur les points tournants estimés des travaux antérieurs.

1. Quelques critiques de la CEK sur le plan théorique

En analysant la revue de la littérature théorique et empirique sur les études effectuées dans le cadre de la relation pollution – revenu, le modèle de la CEK a été remis en cause dans une variété d’études (comme les travaux de Pearson, (1994);Arrow et al. (1995); Stern et al, (1996); Ekins, (1997); Ansuategi et al. (1998); Stern, (1998)). Ce modèle a provoqué chez un grand nombre de chercheurs et de décideurs politiques des résultats et des visions contradictoires. Il a été à l’origine d’une grande polémique dans le cas des études sur les pays en développement aussi bien que les pays développés. Il est évident que les effets éventuels du développement économique déterminent la nature de la forme que peut avoir la CEK. Il ne faut donc pas se focaliser uniquement sur le facteur prédominant de la richesse mais il faut bien tenir compte de toutes les forces qui agissent sur le système « économico – environnemental », (Ezzati et al. (2001) ; Soumyananda Dinda (2004)). Il est impossible dans certains cas de déterminer le facteur le plus intense qui pourrait être responsable de la forme de la CEK puisque les différents facteurs sont dépendants les uns des autres.

Les études de la CEK se basent sur des modèles réduits qui n’intègrent pas plusieurs éléments influençant l’environnement. En effet, dans les estimations de ce genre d’étude, les chercheurs mettaient l’accent sur deux types de grandeur ; à savoir, un indicateur de la qualité de l’environnement et celui de la richesse. Selon Hung et Shaw, (2002) ces deux variables sont considérées comme endogènes puisque leur variation dépend d’autres facteurs. Il en résulte que l’estimation de la relation revenu – environnement suivant une simple équation peut aboutir à des résultats biaisés à cause du problème de simultanéité, (Hung et Shaw, (2002) ; Soumyananda Dinda (2004)).

Il est difficile pour les chercheurs d’adresser des recommandations politiques adéquates puisque la CEK change d’allure en fonction de plusieurs facteurs influençant l’environnement économique. Pour une bonne raison, ce processus, à partir d’un certain seuil, conduit au changement de l’allure de la CEK suivant une phase descendante marquée par une réduction de la pollution. Ce problème a été mentionné aussi au niveau de la remise en cause du rapport de la banque mondiale de 1992 qui a été le point de départ des débats quant aux critiques de l’hypothèse de la CEK.

2. Rapport Mondial sur le Développement en 1992 : difficulté de la validation de la CEK

Au cours de la dernière décennie, une vaste littérature a été développée autour de la CEK où d’autres auteurs comme Stern et al. (1996), De Bruyn et al. (1998) et Kristrom et Lundgren (2003)

l’ont remise en cause après la publication du Rapport Mondial sur le Développement par la banque mondiale en 1992 (en simultané avec la Conférence de Rio sur l’environnement et le Développement) qui n’a fait que faire rebondir des débats contradictoires quant à la validation de l’hypothèse de cette courbe, (Aurélien Boutaud et al. (2006)). Le rapport de la banque mondiale explique la relation liant le niveau du développement par l’amélioration de la qualité de l’environnement au cours du temps. Il s’agit notamment de la relation de cause à effet exprimée sous forme d’un certain nombre de diagrammes entre le niveau de revenu réalisé et les indicateurs de l’intensité de quelques éléments particuliers nocifs pour l’environnement (SO2, NOx et particules) dans plusieurs pays à travers le monde. Les résultats montraient qu’au-delà d’un certain seuil de développement, ces polluants ont baissé au cours du temps [7].

En effet, dans ce même cadre d’analyse, l’étude menée par Bimonte, (2002) prouve que les pays ayant une économie puissante et un commerce prospère possèdent une forte volonté à protéger leur environnement et à valoriser les richesses naturelles dont ils disposent, (Aurélien Boutaud et al. (2006). Mais sur ce même point de réflexion, Aurélien Boutaud et al. (2006) précisent qu’il est difficile de mettre en évidence une précision claire expliquant comment les émissions de certains polluants diminuent au cours du temps tout en atteignant un niveau de développement bien déterminé.

Au niveau de ce rapport qui s’est focalisé sur les travaux de Shafik et Bandyopadhyay (1992), l’hypothèse de la CEK ne semble vérifiée que pour un nombre limité d’indicateurs de la pollution atmosphérique. En d’autre terme, la croissance n’était la solution aux problèmes

7 Notons bien que ce même résultat a été aussi illustré au niveau de quelques études récentes de plusieurs auteurs. Ces derniers sont incités à relire et à analyser de nouveau l‘hypothèse de la CEK et ont prouvé des résultats identiques à ceux du rapport de la banque mondiale. Nous citons alors les travaux de Selden et Song (1994) et ceux du Grossman et Kruerger (1995). Cependant, d‘autres résultats différents ont été prouvés dans d‘autres analyses comme les travaux de Stern et al. (1996) basés sur des techniques d‘étude empirique plus au moins différentes. (Aurélien Boutaud et al (2006))

environnementaux que pour un nombre restreint d’indicateurs de l’environnement. En conséquence, l’hypothèse qui envisage que la croissance économique est une solution idéale pour les problèmes écologiques n’est pas validée dans ce rapport.

Une autre importante critique a été adressée par Arrow et al. (1995) et d’autres analystes dans le cadre de ce rapport et d’autres travaux relatifs à l’idée de la non possibilité d’une relation de feedback allant de la dégradation environnementale à la croissance économique. Cette idée justifie que le revenu est considéré comme une variable indépendante. La dégradation de la qualité de l’environnement ne peut pas dans ce sens réduire la croissance économique ou exiger un ralentissement de la croissance en faveur de la protection de l’environnement. Il en résulte qu’il s’agit d’un effet d’ « irréversibilité » où le niveau de revenu ne peut pas être influencé dans les périodes à venir, Soumyananda Dinda, (2004). Cette idée justifie que toute économie est caractérisée par sa force de durabilité. Si l’activité économique atteint un niveau élevé de croissance, sans le maintenir à long-terme par manque de moyens et d’éléments nécessaires, il faudra donc accélérer le développement de l’économie. Si le développement de cette activité s’effectue tout au long de la première phase caractérisée par une intensification de la pollution, ceci pourra entraver la productivité, (Arrow et al. (1995) ; Soumyananda Dinda, (2004)).

Dans l’Annexe (1-b), nous exposons une revue de la littérature théorique illustrant d’autres critiques de la CEK sur le plan conceptuel.

Dans la sous-section citée ci-dessus et celle exposée dans l’Annexe (1-b), nous avons noté les limites de la CEK se basant notamment sur une approche de la « durabilité faible » où l’environnement dans ce cas est exposé à des risques d’épuisement des ressources naturelles. Les partisans de cette hypothèse optent pour des choix d’indicateurs limités qui n’intègrent pas les mouvements et les effets pouvant influencer l’environnement.

Il faut développer une nouvelle conception de l’environnement intégrant plusieurs facteurs responsables de la dégradation de l’environnement.

II. Conception globale de l’environnement et nouveaux indicateurs de