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Introduction du Chapitre 2

Section 1. Les exigences de légitimité et de preuves dans la relation entre les financeurs solidaires et les entreprises de l’ESS les financeurs solidaires et les entreprises de l’ESS

3) Dimension relationnelle : renvoie aux modalités émotionnelles et affectives impliquées dans les transactions ; cet aspect mobilise les processus de construction

2.2. L’image que les financeurs solidaires ont de l’UCPA

L’analyse des représentations que les acteurs du financement solidaire ont exprimées à propos de l’UCPA68 permet de mieux connaître l’image qu’ils se font de l’UCPA en tant qu’organisation de l’ESS et de mettre en lumière les préjugés positifs et négatifs que cette dernière rencontre au moment d’aborder les acteurs du secteur. Parmi les neuf institutions financières abordées au cours des entretiens réalisés, quatre avaient déjà prêté de l’argent à l’UCPA, deux avaient refusé de le faire et trois n’avaient pas encore été sollicité par l’UCPA, (même si, pour elles, l’UCPA ne rentrait, a priori, pas dans la cible de leur portefeuille solidaire)69.

2.2.1. Les représentations négatives de l’UCPA

Les financeurs solidaires ont évoqué deux principales raisons de ne pas inclure l’UCPA dans leur portefeuille : d’une part, la crise financière que l’UCPA traversait depuis quelques années et, d’autre part, la non correspondance d’une partie ou de la totalité des activités de l’UCPA avec leur définition de la valeur sociale ou de ce que représente une organisation solidaire.

« L’UCPA est en crise financière, mais elle reprend la bonne voie »

Comme nous avons pu l’évoquer au cours du Chapitre 1 (cf. Encadre 15), en 2015, l’UCPA se retrouvait depuis quelques années en situation de crise ou de déséquilibre financier70. Face à un tel constat, les financeurs ont eu deux

68 Notamment les réponses aux questions suivantes de la trame d’entretien en Annexe 3 : Cette thèse s’inscrit dans un projet de recherche-action sur l’UCPA. Connaissez-vous l’UCPA ? Si oui, pensez-vous a priori que l’UCPA pourrait bénéficier de la finance solidaire ? Quelle est, selon vous, la plus-value sociale de l’UCPA ? Comment pourrait-on mesurer cette valeur sociale ? Quels sont les indicateurs dont vous auriez besoin pour analyser la plus-value sociale de l’UCPA ?

69 Les 4 institutions qui avaient financé l’UCPA sont : SGOS3, SCIS1, SIS1, FIS1. Les 2 institutions ayant refusé de financer l’UCPA étaient SGOS1, SGOS2.-, et les 3 institutions a qui l’UCPA n’avait pas demandé du financement, mais pour qui l’UCPA n’entrait, a priori, pas dans leur scope étaient : SGOS4, FIS2, FIS3. Pour plus de détails, voir Annexe 3.

70 Cette crise économique n’est pas passée inaperçue pour les financeurs solidaires. Trois acteurs de la finance solidaire ont ainsi fait directement allusion à la situation de crise financière de l’UCPA : « On avait constaté un déséquilibre financier » (SGOS4 11/01/16), « Ils étaient en situation de crise » (SIS1.1 03/12/15), « Ils ont quand même un petit souci financier depuis quelques années » (SGOS3 21/01/16).

réactions : refuser le dossier UCPA ou l’accepter avec réserve71. Dans ces derniers cas, et malgré le constat de pertes récurrentes, la décision d’investir dans l’UCPA a été prise parce qu’ils ont pu observer certains signes de changement à l’UCPA qui leur ont inspiré confiance dans le futur de l’organisation. Même si leur niveau d’investissement devait rester modéré tant que les problèmes financiers persistaient, ils voyaient le changement d’équipe dirigeante et le développement d’une nouvelle stratégie organisationnelle comme les gages d’un redressement progressif72.

Indépendamment du fait d’avoir, ou non, évoqué la crise financière de l’UCPA, sept parmi les dix financeurs interrogés ont mis en avant les transformations positives observées au sein de l’organisation avec les changements apportés en 2012 dans l’équipe dirigeante et la nouvelle stratégie adoptée par l’organisation après ce changement. En ce qui concerne l’équipe dirigeante, l’arrivée à l’UCPA d’un nouveau directeur général en 2012 apparaît perçue positivement par les personnes interrogées dans le cadre de cette thèse. Il s’agissait, en effet, de quelqu’un qu’ils connaissaient bien car il avait déjà été Directeur général de 2007 à 2012 de Finansol, une association

71 Parmi les trois financeurs qui avaient fait allusion à la crise, le financeur qui avait refusé de financer l’UCPA a évoqué la crise financière comme une des raisons pour laquelle son comité d’investissement avait décliné le dossier UCPA : « C’est un dossier qui m’a été présenté à plusieurs reprises. Il a été refusé par le comité d’investissement pour deux raisons. La première c’est que, à l’époque l’UCPA, devait se réorganiser complètement. Ça, je leur avais dit, on avait constaté un déséquilibre financier, et ça avait été un des blocages sur le plan financier. Il y avait un problème d’équilibre économique » (SGOS4 11/01/16). Or, ceux qui, malgré le déséquilibre économique de l’organisation, avaient décidé d’investir dans l‘UCPA l’on fait sous certaines réserves, c’est à-dire en investissant des sommes d’argent considérées comme « modérées ». Comme l’exprime l’un des représentants : « D’ailleurs on les a financés mais pas de manière énorme. Ils ont quand même un petit souci financier depuis quelques années. Ils ont un bel actif mais qui a vieillit. Ils ont des énormes besoins de rénover leur actif physique patrimonial, les villages et sites qu’ils ont, tout en continuant à se développer dans les activités sports et loisirs. Malheureusement, cette activité fait qu’ils ont des pertes récurrentes depuis des années. Même s’ils ont un bilan financier correct avec des actifs et des fonds propres (qui se font un peu attaquer par les pertes), nous, en général, on a des gardes fous. C’est à dire que quand la structure est en perte récurrente, normalement on ne finance pas » (SGOS3 21/01/16).

72 Le représentant d’une société d’investissement solidaire a ainsi affirmé que : « On peut estimer qu’ils ne vont pas assez vite dans le changement, on peut estimer qu’ils sont un peu lents, on peut estimer de tas de choses, mais c’est la bonne direction. Il y a un patron, une équipe dirigeante, un CA, etc. qui réfléchit, qui pense, et qui va dans le bon sens » (SIS1.1 03/12/15). Le représentant d’une société de gestion d’OPC solidaires s’exprime, quant à lui, en ces termes : « Là, vu la qualité des actifs et vu qu’il y a le nouveau DG qui a l’air d’avoir repris et d’avoir fait aumône aussi, il a dû baisser les charges parce que… je pense que quand il est arrivé, qu’il a un peu serré les choses en disant que maintenant il fallait être productif et que si l’UCPA voulait être pérenne, il fallait qu’elle gagne de l’argent, ça a dû un peu changer les mentalités » (SGOS3 21/01/16). En ce sens, même le financeur qui avait refusé le dossier UCPA reconnaissait que « le nouveau directeur général a bien restructuré tout ça » et que « l’UCPA est un dossier qui pourrait, demain, être financé, si on est rassurés sur un certain nombre de points » (SGOS4 11/01/16).

réunissant les acteurs de la finance solidaire en France depuis 199573. Son arrivée est ainsi associée à des changements stratégiques plutôt bien perçus74.

Encadré 35. Les transformations positives associées au changement de direction générale

Les acteurs de la finance solidaire ont tout d’abord mentionné une meilleure prise en compte des mutations de la demande et de la société.

- Comme a pu l’exprimer le représentant d’une société d’investissement solidaire : « Ils [l’UCPA] ont pris en compte les transformations des comportements des jeunes. Je pense qu’ils se rendent compte des mutations de la demande. On va dire, pour simplifier, une approche plus individuelle que collective des vacances, et puis, deuxièmement, internet plutôt que le catalogue » (SIS1.1 03/12/15).

Les acteurs de la finance solidaire ont ensuite mentionné deux changements structurels : la distinction entre la gestion des actifs immobiliers de l’UCPA et la gestion de l’exploitation des centres de vacances sportives ; et la séparation de la gestion de l’exploitation entre l’unité vacances qui gère les séjours en France et à l’étranger et l’unité métier-loisirs chargée de gérer les équipements sportifs en délégation de service public.

- Comme l’ont ainsi affirmé les représentants d’une société d’investissement solidaire et d’un fonds d’investissement solidaire : « L’UCPA est dans un secteur difficile, en grande mutation, où il y a besoin de restructuration parce qu’on sait qu’il y en a un tiers des entreprises qui va mourir. L’UCPA, on se dit, ils ont pris en compte les transformations des comportements des jeunes, etc. » (SIS1.1 03/12/15) ; « La distinction entre l’immobilier et l’exploitation c’est un vrai progrès, il fallait penser cette segmentation, penser ce que l’exploitation est capable de supporter comme loyer, penser la stratégie patrimoniale, il y a des choses à vendre, il y a des choses à acheter, il y a des choses à structurer, il y a le financement d’une foncière, le financement d’une foncière ne se fait pas de tout de la même façon que le financement d’une exploitation » (SIS1.1 03/12/15). « Ensuite, la séparation des activités vacances et des activités loisirs qui sont dans des business plan différents et de conventions collectives différentes, etc. Donc, ils sont en train de structurer » (SIS1.1 03/12/15). « On les a financés cette année après le plan de restructuration avec scission entre deux parties et la création d’une SAS. On a financé la branche sport-loisirs » (FIS1 25/01/16).

Enfin, les acteurs de la finance solidaire ont mentionné l’implémentation de mesures qu’ils interprètent comme de productivité et de redevabilité (accountability).

- En termes de productivité, le représentant d’une société d’investissement solidaire estime que : « La nouvelle équipe dirigeante a commencé à mettre en place des outils de productivité au siège et dans les exploitations avec des politiques d’achats groupés,

73 Selon les termes d’un représentant d’une société de gestion d’OPC solidaires : « Je connais bien Guillaume Légaut. On se connaît parce qu’avant il était chez Finansol » (SGOS2 26/11/15). 74 Comme l’on indiqué les représentants de deux sociétés de gestion d’OPC solidaires : « À l’époque l’UCPA devait se réorganiser complétement (…) Depuis, Guillaume Légaut a bien restructuré tout ça » (SGOS4 11/01/16) ; « Légaut a l’air d’avoir repris les choses en main » (SGOS3 21/01/16).

des choses comme ça. Donc, je pense qu’ils veulent tenir leur exploitation d’une façon plus ou moins correcte » (SIS1.1 03/12/15).

- En ce qui concerne les mesures de reddition, le représentant d’une société d’investissement solidaire a salué la création d’indicateurs pour le projet éducatif et sportif : « On constate qu’eux-mêmes ont mis des indicateurs d’analyse d’impact qu’ils développent, ok. Avec cela notre équipe nationale est plutôt dans un dialogue à mon avis de nature financière parce qu’on n’a rien à leur apprendre sur le tourisme, évidemment, l’analyse d’impact on ne va pas leur donner des leçons là-dessus, ils commencent à le faire » (SIS1.1 03/12/15).

Source : Élaboration propre à partir de la retranscription d’entretiens réalisés auprès d’acteurs de la finance solidaire.

« L’UCPA n’est ni dans l’engagement humanitaire ni dans l’innovation sociale »

Après avoir identifié la crise financière comme l’une des deux principales raisons pour exclure l’UCPA du portefeuille solidaire des financeurs interrogés et avoir évoqué le processus de restructuration, l’introduction de mesures de gain de productivité et de redevabilité mis en place par la nouvelle direction générale de l’UCPA dans le but d’offrir certains gages de confiance dans le redressement de la santé économique de l’association, il convient à présent de se pencher sur l’autre élément d’explication. Cette deuxième raison pour exclure l’UCPA du portefeuille solidaire est plus profonde et correspond au fait que certains financeurs établissent qu’une partie ou la totalité des activités de l’association ne coïncidait pas avec leur définition de la valeur sociale ou de ce qui fait qu’une organisation doit être considérée comme solidaire.

L’analyse transactionnelle de la notion de solidarité nous a, en effet, permis d’établir que, pour les financeurs solidaires interrogés, l’adjectif solidaire faisait notamment référence à la notion d’« engagement humanitaire » (Ibid.). Dès lors, à la question de savoir si l’UCPA pouvait bénéficier de la finance solidaire, sur les cinq institutions n’ayant pas financé l’UCPA, trois ont souligné que leurs clients et leurs agents commerciaux n’associaient pas l’UCPA avec l’ESS ou la solidarité. Cela est dû au fait que son public n’était pas majoritairement en situation de précarité sociale, qu’ils associaient l’UCPA au tourisme social - secteur qui ne constituait pas une priorité - ou qu’ils ne voyaient pas le caractère « innovant socialement » des actions proposées par l’UCPA par rapport à celles proposées par l’État ou des entreprises commerciales classiques.

Encadré 36. Les arguments extra-financiers des financeurs solidaires pour ne pas investir dans l’UCPA

Le premier argument consiste à remettre en question l’appartenance de l’UCPA à l’économie solidaire du fait que son public cible n’est pas un public en situation de précarité socio-économique. Il s’agit, dès lors, d’insister sur le fait que l’image de l’UCPA concerne un public jeune majoritairement issu de la classe moyenne ou aisée, que les clients, les syndicats et les agents commerciaux des institutions de la finance solidaire ont accès au catalogue UCPA et que les actions de solidarité qui concernent les handicapés ou les jeunes en difficulté restent marginales par rapport au volume total des prestations de l’UCPA.

- Comme l’indiquait le représentant d’une société de gestion d’OPC solidaires : « Mais l’UCPA, on ne fait pas l’association toute de suite avec le solidaire … En fait, l’image de l’UCPA c’est tellement le sport pour les jeunes, une image très, très forte, qui est très bien, mais sauf que ce n’est pas le solidaire. Ça veut dire que là au pourtant on pourrait dire que par ce biais là on finance quand même des activités solidaires, on n’y arriverait pas. Vis-à-vis de nos commerciaux et de nos clients, si on leur dit demain qu’on investit dans l’UCPA, qu’à l’UCPA il y a du handisport, il y a des choses où ils vont chercher des petits jeunes dans les banlieue, et Dieu c’est qu’en ce moment c’est un sujet d’actualité [attentats 13/11/15], on va me dire que non, ils pensent tout de suite aux stages sportifs qu’on fait à Lacanau pour aller faire du surf… Les activités handisports, les activités avec les “petits jeunes dans la banlieue ” sont marginales » (SGOS2 26/11/15). En ce sens, un autre représentant d’une société de gestion d’OPC solidaires nous a dit que : « Sur le plan solidaire, les clients, les commerciaux, la plupart de cadres en France qui travaillent dans les grandes entreprises, ne voient pas l’UCPA comme part de l’ESS. On voit l’ESS comme l’économie que s’occupe avant tout des populations fragilisées. Nous même on a un catalogue UCPA, des gens relativement bien payés » (SGOS4 11/01/16). Et un autre représentant d’une structure citoyenne d’investissement solidaire conclut que : « L’UCPA, ce n’est pas l’entreprenariat social classique parce que l’activité a un impact social, mais pas à tous les niveaux » (SCIS1 22/01/16).

Le deuxième argument venant critiquer l’appartenance de l’UCPA à l’ESS ou à la catégorie solidaire consiste à estimer que le domaine d’activité de l’UCPA, qu’ils associaient au tourisme social, n’est pas prioritaire en termes humanitaires75.

- Comme l’affirmait le représentant d’une société de gestion d’OPC solidaires : « Il y a des choses auxquelles on ne croit pas, par exemple le tourisme social et donc l’UCPA. Ce n’est pas quelque chose qui fait partie de nos priorités. On pense que ça vient dans un second temps (…) Pour nous c’est une entreprise qui fait des choses bien, sociales mais pas solidaires au sens où nous on l’entend. Aujourd’hui toute la thématique tourisme sociale et aussi tout ce qui est sauvegarde des monuments, culture, etc., on considère que ce n’est pas la priorité. Pour nous c’est plus important d’être sur l’aide alimentaire, le logement ou retrouver un emploi » (SGOS1 04/12/15). En ce sens, un autre représentant d’un fond d’investissement solidaire qui n’a pas encore financé l’UCPA m’a expliqué que : « Le tourisme solidaire c’est un domaine compliqué … je

75 En fait, comme nous avons pu le voir dans l’analyse de la notion de solidarité, le tourisme social n’appartient pas aux quatre principales catégories de domaines d’activité de Finansol.

vois dans le comité d’investissements des gens qui disent : “mais, dans le tourisme social il y a aussi des gens qui ont l’argent et qui peuvent aller bénéficier de ça. Donc pourquoi on irait financer” … Voilà, c’est ce que j’entends » (FIS2 22/01/16).

Le troisième argument consiste à remettre en question l’appartenance de l’UCPA à l’économie solidaire du fait que cette dernière ne représente pas une « innovation sociale » par rapport aux activités des secteurs public et privé.

- Selon le représentant d’une société de gestion d’OPC solidaires : « On pense que l’État fait déjà beaucoup de choses là-dessus. Quand on regarde que l’UCPA applique des tarifs réduits parce qu’elle reçoit une aide de l’État ou d’un comité d’entreprise, je ne vois pas la solidarité réellement. Pour moi c’est une application d’un système. L’UCPA on les a étudiés, on a émis un avis négatif. Pour moi ça reste une entreprise qui n’a pas de valeur ajoutée par rapport aux dispositifs de l’État. Elle n’apporte pas beaucoup plus. Elle apporte le côté vacance mais c’est le secteur qu’elle a choisi. Elle n’apporte pas de choses supplémentaires à un public en difficulté. Ce public-là n’est pas aidé par l’UCPA mais par l’État, par la collectivité locale ou par le CE. Pour moi, je ne vois pas en quoi elle se distingue positivement. Comme pour VVF, ils répondent à une problématique mais je ne vois pas la valeur ajoutée supplémentaire. Quand on prend Habitat et Humanisme, par exemple sur le logement, qu’est-ce qu’ils font par rapport à ce que fait l’État sur le logement social, ils proposent des logements en centre-ville, diffus, on n’est pas dans des barres HLM. Ils vont, avec des bénévoles, vous accompagner, vous montrer l’école, le boucher du coin, etc. Si vous avez des problèmes de réparation, vous êtes une femme avec un enfant, vous ne savez pas faire, vous leur passez un petit coup de fil et quelqu’un vient vous faire la réparation. Là il y a un service supplémentaire. L’UCPA je ne le vois pas » (SGOS1 04/12/15). Dans la même idée, un autre représentant d’un fonds d’investissement solidaire ajoute : « On ne va pas financer une entreprise qui gère les trucs vacances classiques. Si c’est un Club Med bis mais en plus social, je pense qu’on ne va pas le faire » (FIS3 03/02/16).

Source : Élaboration propre à partir de la retranscription d’entretiens réalisés auprès d’acteurs de la finance solidaire

2.2.2. Les représentations positives de l’UCPA

Après avoir exposé ici les deux principales raisons pour lesquelles cinq des neuf institutions interrogées n’envisageaient pas d’intégrer l’UCPA à leur portefeuille solidaire et deux parmi les quatre ayant investi dans l’UCPA l’ont fait avec réserve, il apparaît, à présent, pertinent d’analyser les raisons pour lesquelles ceux ayant inclus l’UCPA dans leur portefeuille solidaire l’ont fait. Il ne s’agira pourtant pas ici de trop s’attarder sur les variables traditionnelles d’analyse de risque financier, telles que l’ancienneté ou les garanties, étant donné que tous les interrogés reconnaissaient que son ancienneté, son histoire et ses actifs constituent de solides garanties de remboursement76, mais plutôt

76 Il est intéressant ici de garder à l’esprit le fait que l’UCPA est une association qui a un certain nombre de caractéristiques favorables à l’investissement : elle a une taille qui la situe entre les

de chercher à mieux comprendre les représentations associées aux notions d’impact social et d’utilité sociale à travers les arguments avancés par les quatre institutions ayant financé l’UCPA, notamment face à la question de la plus-value sociale de l’UCPA77. Ces arguments peuvent ainsi se résumer à travers deux principales raisons : l’accès à l’emploi ou l’apport à la formation et à l’insertion professionnelle ; et l’accessibilité ou la contribution à l’accès de tous aux sports et aux vacances.

« L’UCPA contribue à la formation et à l’insertion professionnelle »