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2.3. L’harmonisation du Peul

2.3.1. L’harmonisation du Peul au niveau international

En 1953 déjà, l’UNESCO déclarait qu’il est évident que :

le meilleur support pour enseigner à un enfant est sa langue maternelle. Psychologiquement, c'est le système des signes compris qui marche automatiquement dans son esprit pour s'exprimer et comprendre. Sociologiquement, c'est un moyen de s'identifier aux membres de la communauté à laquelle il appartient. Sur le plan pédagogique, il apprend plus rapidement par son biais que par celui d'un support linguistique qui ne lui est pas familier» (1953, p. 41) 11.

Comme suite à la Réunion de l’UNESCO sur l’Emploi des langues vernaculaires dans l’enseignement (UNESCO, 1953), les pays africains se sont ineressés à la question de l’harmonisation des langues africaines de grande communicaion dès le lendemain de leur indépendance. C’est ainsi qu’avec l’UNESCO, il sera organisé les réunions suivantes :

1966, du 28 février au 5 mars à Bamako : Réunion d’experts pour l’unification des alphabets des langues nationales Fulfulde (peul), Hawsa, Kanuri, Mandingue, Songhay- Zarma, Tamasheq ;

1978, du 17 au 21 juillet à Niamey : Réunion d'experts sur la transcription et l'harmonisation des langues africaines ;

1979, du 18 au 22 juin à Bamako : Réunion d'experts sur l'utilisation des langues africaines régionales ou sous-régionales comme véhicules de culture et moyens de communications dans le continent.

Outre l’UNESCO, en 1976, l'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT) se réuniera à Yaoundé, réunion au cours de laquelle quatre projets de coopération régionale ont été crées : l'Atlas Linguistique de l'Afrique Centrale, les Lexiques Thématiques de l'Afrique Centrale, l’Atlas et Études Sociolinguistiques des États du Conseil de l'Entente, la Promotion des langues Mandingue et Peul . En 1984, une réunion technique des coordonnateurs des projets de coopération linguistique portant sur le compte- rendu et descriptifs des programmes de coopération linguistique s’est tenue à Niamey du 20 au 28 février.

Le projet de Promotion des langues Mandingue et Peul dotera le Peul d’un lexique d’un millier de termes portant sur l’histoire, la géographie, la grammaire, la linguistique, les mathématiques, l’enseignement, la politique, l’administration, la justice, les sciences d’observation et devant être une référence dans tous les pays où le Peul est parlé.

Au niveau de la grammaire, l’Organisation internationale de la francophonie a déjà tenu de nombreuses réunions d’experts de différents pays sur ce qu’il est convenu d’appeler la Bi-grammaire (http://www.elan-afrique.net/wp-content/uploads/2011/06/bi-grammaire- fulfulde-francais-chapitre-1-lalphabet-et-les-sons.pdf) qui est une grammaire des langues africaines en relation avec la langue française. Les langues cibles pour l’élaboration des Bi- grammaires sont des langues africaines transfrontalières : le Bambara, le Haoussa, le Lingala, le Peul, le Songhay-Zarma.

Mais les pays africains semblent de plus en plus ignorer les frontières linguistiques établies autour des zones anglophones, francophones, lusophones. C’est ainsi que le Décret n°00-630/PRM du 19 Décembre 2000 pris par le Président de la République du Mali crée la Mission pour l'Académie Africaine des Langues, une structure légère, chargée de

préparer la création et l'ouverture de l'Académie Africaine des Langues en relation avec le Secrétariat Général de l'O.U.A , Organisation de l’Unité Africaine devenue UA, l’Union Africaine. Il s’en est suivi en 2006 la Décision Assembly/AU/Dec.95(VI) portant adoption des statuts de l'Académie Africaine des Langues par la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de janvier 2006 (23 - 24) tenue à Khartoum.

Ddepuis l’adoption des statuts de l’Académie africaine des langues (www.acalan.org), cet organe spécialisé de l’Union Africaine, il est question des langues africaines transfrontalières et de leur harmonisation, entre autre pour en faire des langues de travail au niveau des espaces sous régionaux comme la CEDEAO. De nombreuses réunions d’experts des pays concernées ont déjà été tenues pour les langues identifiées parmi lesquelles le Peul. L’organe d’harmonisation du Peul au niveau africain est le FulCom.

Sous commission de l’ACALAN, le FulCom est actuellement le seul cadre d’harmonisation officiellement reconnu par l’ensemble des Etats/parties. Il est composé des experts des pays suivants qui sont présents aux différentes rencontres internationales organisées par l’ACALAN : le Burkina Faso, le Cameroun, le Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria, le Sénégal…

Mais, outre l’ACALAN, il y a Tabital Pulaaku Internationale (www.tabitalpulaaku- international.org) qui est une structure internationale de coordination d’associations nationales de promotion de la langue et de la culture peules.

Association apolitique à but non lucratif créée en 2003, Tabital Pulaaku Internationale (TPI) a son siège à Bamako. Il regroupe actuellement une vingtaine de Tabital Pulaaku nationaux dont Tabital Burkina, Tabital Allemagne, Tabital Angola, Tabital Burkina Faso, Tabital Espagne, Tabital Egypte, Tabital France, Tabital Gabon, Tabital Gambie, Tabital Ghana, Tabital Guinée, Tabital Italie, Tabital Mali, Tabital Mauritanie, Tabital Niger, Tabital Nigéria, Tabital Senégal, Tabital Togo, Tabital USA…

La dernière assemblée générale de Tabital Pulaaku International s’est tenue à Bamako en janvier 2012, ville abritant les sièges de l’ACALAN et de TPI.

En marge de l’assemblée générale de TPI, il s’est tenue dans la même ville la réunion de la commission des experts de TPI venus de 21 pays et présidée par le Ministre Samassékou, membre fondateur et premier responsable de ACALAN. La question de la langue a occupé une place très importante lors de la réunion.

Par ailleurs, il a été décidé d’établir un partenariat entre TPI, organisation de la société civile ayant un secrétariat technique chargé de la langue et de l’éducation d’une part, et ACALAN d’autre part, afin de mieux statuer sur les grandes décisions relatives au Peul.