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4.1. Premier article : TIC et défis de l’harmonisation de la terminologie et de

4.1.5. Les résultats

4.1.5.4. Contribution des TIC pour relever les défis de la terminologie et de

Les résultats relatifs à la contribution des TIC pour relever les défis de l’harmonisation sont issus des entrevues dont les deux questions suivantes ont été le centre d’intérêt : Comment pourrait-on relever les grands défis de l’harmonisation du Peul que constituent l’orthographe et la terminologie à l’heure des TIC (q.20) ? Comment levez-vous les difficultés de compréhension dans vos lectures de textes électroniques (journal, chat, messages…) (q.48) ?

Les résultats peuvent être regroupés en trois groupes : la communauté professionnelle de pratique, l’accessibilité des référentiels et les fora de discussion. Par ailleurs, ils seront illustrés par les extraits les plus représentatifs des entrevues y afférentes.

 La communauté de pratique professionnelle

L’analyse des contenus fait ressortir que l’harmonisation exige un travail collaboratif sur l’orthographe et la terminologie. Cet extrait des entrevues en est révélateur :

Vous lisez un texte écrit par un collègue et vous avez tous les problèmes pour comprendre le contenu. Il n’y a rien à faire, nous sommes obligés de nous consulter régulièrement autour des blocus liés à l’orthographe et à la terminologie jusqu’au jour où le besoin de collaborer ne se fera plus sentir. Quant au partage des manuels, c’est comme de l’inconnu chez les Peuls d’aujourd’hui. Chacun fait sa bibliothèque et ne l’ouvre à personne. Pourtant, il nous faut collaborer si nous voulons harmoniser (e.8).

Il ressort des résultats de l’étude que les référentiels en orthographe et en terminologie nécessitent une harmonisation qu’une communauté de pratique professionnelle peut entreprendre. Deux des concepteurs de manuels didactiques en Peul l’expriment en ces termes :

Les experts doivent être sur une même liste de diffusion. Vous échangez sur l’orthographe. Vous faites la part des choses et nous autres opérateurs, on exécute. Il faut un organe de centralisation pour le Peul qui peut commencer par une communauté d’experts, comme vous autres les linguistes, mais une communauté bien organisée et profitant au maximum des TIC (e.20).

La langue c’est comme tout autre instrument. Dans le cadre de la mondialisation, il faut la normaliser. Il faut installer un réseau de terminologues pour consacrer l’existant et combler les vides en concevant les nouveaux termes. Et pour leurs rencontres, on n’a pas besoin de un franc. Il faut seulement des réseautages et l’utilisation des TIC. Il y a par exemple le skype et même les simples messages électroniques (e.25).

Toujours selon les résultats, l’outil le plus performant dont puissent disposer les membres de la communauté de pratique reste les TIC. C’est d’ailleurs ce qu’illustrent les propos suivants d’un des participants : « Avec les TIC, il suffit juste de s’organiser en communauté de pratique professionnelle » (e.26).

 L’accessibilité des référentiels

L’étude révèle que l’accessibilité des référentiels en orthographe et en terminologie permet d’éviter des doublons en élaborant de multiples autres référentiels. Mais, l’accessibilité des référentiels en support papier pose problème comme ce fut le cas de ceux produits dans le cadre du MAPE et qui motive les propos suivants :

de nombreux pays ont pris part à l’élaboration du MAPE mais de nos jours, les acteurs directs de l’éducation ignorent jusqu’à son existence. En outre, d’autres créations lexicales verront le jour, tout comme des

règles d’orthographe auront à être révisées, améliorées. Il n’est pas évident que les révisions ultérieures entreprises dans un pays parviennent aux autres, ce qui créera de nouveau et à long terme des orthographes et terminologies partiellement différentes. Il reste donc obligatoire que les ressources en orthographe et en terminologie soient accessibles en temps réel, et qu’un seul organe soit chargé de les réviser. Il faut forcément faire appel aux TIC pour contourner ces difficultés de mise à disposition des documents (e.5).

Il revient que c’est avec les TIC que les référentiels seront plus accessibles car toutes les grandes villes africaines, au-delà même des capitales, sont dotées de connexions Internet. Les termes de l’extrait d’une des entrevues avec un instituteur le dit autrement :

J’ai appris que des dictionnaires en Peul existent. Je ne les ai jamais vus. Les quelques extraits de lexiques que j’ai, sont de simples photocopies à mes frais. Même nos formateurs ne sont pas mieux documentés en matière de référentiels en Peul. Mais avec l’Internet, on est de plus en plus documentés (e.2).

 Les forums de discussion

On retrouve les spécialistes du Peul dans une vingtaine d’universités africaines et d’ailleurs. Pour les participants à l’étude, l’harmonisation du Peul ne saurait ignorer les contributions des uns et des autres. Il faut alors des forums de discussion pour établir des zones de convergence et des zones de divergence entre les référentiels déjà existants et proposer de nouveaux à partir des anciens. C’est une idée beaucoup défendue par cet autre linguiste qui refuse de laisser la langue aux seuls experts :

Pour l’harmonisation, c’est le Net il nous faut. Tout passe sur la liste de diffusion et les inscrits réagissent ; nous les experts, on échange des mails pour le terme à valider. D’ailleurs, lorsqu’un internaute a traduit « @ » par « yillorde », qui a eu à redire ? C’était tellement clair que c’est le terme qu’il fallait. Pourtant il y a eu un long débat entre nous experts pour trouver le terme et nous avons failli fabriquer un. Avec les fora de discussions, chaque année, on pourra valider des centaines de termes qui ne souffriront point d’équivoque. Et puis, n’oublions pas que l’ensemble

des experts du Peul par pays ne sont pas si nombreux. Il faut forcément les fora de discussion (e.7).

L’étude révèle qu’il faut alors faire des forums pour inventorier des règles d’orthographe et termes scientifiques en vigueur dans les différents pays et les discuter pour ensuite rendre disponibles des terminologies et orthographes électroniques. Ce qui ressort d’ailleurs de l’extrait de l’entrevue suivant :

Qui écrit les règles d’orthographe ? C’est nous. Qui aide à les officialiser ? C’est encore nous. Si avant on se cachait derrière la distance ou le manque de financement pour naviguer chacun de son côté, de nos jours, les TIC éliminent la distance et le besoin de financement. On peut travailler en synergie et rendre les productions des différents pays disponibles à tous : il nous faut juste un forum de discussion et un réseau de linguistes pour la coordination (e.6).

En somme, la contribution des TIC à l’harmonisation du Peul passe par la constitution d’une communauté de pratique professionnelle pour l’élaboration des référentiels en terminologie et en orthographe, mais également par la mise à contribution des TIC pour l’accessibilité des référentiels.