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russe

1. 0. Un système d’enseignement du FLE à

l’université pédagogique

R. Glaser a représenté schématiquement un modèle simple reliant les notions de base de l’action didactique: objectif à atteindre par les apprenants → situation de départ des

apprenants → situation de l’action didactique → évaluation des résultats.98

La première étape vers la maîtrise de la communication est donc la formulation des objectifs d’apprentissage.

Le système d’enseignement d’une langue étrangère à la faculté de langues de l’université pédagogique est élaboré à partir des buts et des fondements - linguistiques et psychologiques – de l’apprentissage propres à cette institution.

Pour nous, le but d’enseignement consiste en une maîtrise des formes fonctionnelles et des

styles du français, des savoir-faire de la communication authentique dans cette langue, en une accumulation des savoirs linguistiques et didactiques modernes, afin d’être capable de

98GLASER R., « Psychology and instructional technology », in: Glaser R. (ed.), Training, research and

s’en servir plus tard. Ce but peut être réalisé grâce à une organisation du processus d’apprentissage comprenant plusieurs phases consécutives.

Le programme universitaire répartit tout le matériel à apprendre suivant les années d’étude et les semestres.99 Cela facilite l’organisation du processus d’enseignement, en général. Mais le

but et le contenu d’apprentissage justifient la répartition de son processus plutôt suivant les étapes.100

Nous définissons les étapes comme cycles interdépendants dont chacun a son but particulier,

son matériel à assimiler, son système de cours et ses propres procédés et méthodes de travail.101 Les étapes tracent les tendances générales dans l’organisation du système d’enseignement dont les composants sont les disciplines à enseigner.

1. 1. Une corrélation entre les disciplines

enseignées et les étapes d’enseignement

Du point de vue didactique, il est important de prendre en compte la corrélation existant

entre les disciplines et les étapes d’enseignement/apprentissage.

Les didacticiens russes estiment que le processus d'enseignement/apprentissage de la langue étrangère aux étudiants de l'université peut être subdivisé en deux niveaux:102

Niveau 1: acquisition des bases de la langue étrangère (1-ère et 2-ème années, « période intensive »);

Niveau 2: perfectionnement et développement des savoirs et des savoir-faire acquis au premier niveau (de 3-ème à 5-ème années, « période extensive »; 3-ème année est une période de transition entre les deux niveaux).

Ce système a été élaboré à l'Université pédagogique des langues étrangères Dobrolioubov et perfectionné ensuite à l'Université pédagogique Herzen de Saint-Pétersbourg.

Pour l'oral, ce système distingue deux étapes au niveau débutant:

99Chaque année d’apprentissage contient deux semestres, avec des examens à la fin de chacun et deux semaines de vacances en janvier-fervrier.

100Voir: BORODOULINA M. K. Les Fondements de l’enseignement des langues étrangères aux universités de

langues. Thèse de doctorat, Moscou, 1968.

BORODOULINA M. K. et MININA N. M., Les Fondements de l’enseignement des langues étrangères aux

universités de langues, Moscou, 1968.

101BORODOULINA M. K., KARLINE A. L., LOURIÉ A. S. et al., L’Enseignement de la langue étrangère en

tant que spécialité (l’allemand). Manuel pour les universités et les facultés des langues étrangères, Moscou,

Vischaïa Chkola, 1982, 255 p.

102DOMACHNEV A. I., VASBOUTSKAÏA K. G. et ZIKOVA N. N., Métodika prépodavanya németskogo

la 1e étape coïncide avec le premier semestre de la première année d'apprentissage;

la 2e étape s’étend du début du deuxième semestre de la première année jusqu'à la fin

de la deuxième année universitaire, c’est-à-dire correspond aux deuxième, troisième et quatrième semestres.103 Elle comprend la sélection du matériel langagier (ce qui est une des conditions indispensables de son assimilation parfaite) et son emploi progressif au flux de la parole à un rythme proche du normal. Il s'agit aussi de perfectionner des pratiques langagières concernant l'usage d’un nouveau matériel lexical et grammatical, ainsi que du matériel déjà assimilé. On procède par un élargissement et un approfondissement d’une manière concentrique des bases linguistiques tout en développant des activités langagière et cognitive des apprenants.

La particularité principale du premier niveau est une prédominance (tout au début – considérable) de l'activité langagière reproductive. Il s'agit de former des pratiques et des savoir-faire langagiers à une base nouvelle. Chez les étudiants de l’université, les savoir-faire

et les pratiques propres à la langue maternelle sont beaucoup plus stables que ceux d'une langue étrangère qu'on commence à apprendre. C'est pourquoi il paraît être justifié, du point de vue didactique, de former d'une manière intense et orientée des normes phonétiques, lexicales et grammaticales de cette nouvelle langue pouvant s'opposer à une influence trop forte de la langue maternelle. La restriction du matériel linguistique à la base duquel ces normes sont formées est, dans ce cas, une des conditions les plus importantes.

C'est le premier niveau, ou la deuxième étape du niveau débutant qui nous intéresse particulièrement, prioritairement la deuxième année d'apprentissage.

2. 0. Le cursus « Langue étrangère »

Ayant analysé de nombreuses expériences de l’enseignement des langues aux universités de la Russie et à l’étranger, les didacticiens russes ont élaboré le cursus « Langue étrangère »

comprenant des disciplines théoriques et pratiques. Chaque discipline se caractérise par son

propre objet d’enseignement faisant partie du cursus général et se réalisant sous forme de cours théoriques, de séminaires ou de travaux pratiques.

2. 1. Le cycle théorique du cursus

Le cycle théorique comprend les cursus d’histoire de langue, de lexicologie, de théories de

grammaire, de phonétique et de stylistique de la langue étudiée. Ces cursus sont en corrélation avec les disciplines magistrales, telles que l’introduction à la linguistique, la linguistique générale et l’histoire des études linguistiques.

Les disciplines théoriques servent à communiquer aux étudiants des savoirs indispensables sur la langue étudiée, à leur fournir les expériences du travail scientifique, à développer un esprit de recherche et à créer une base scientifique favorisant une bonne assimilation de la langue étrangère. Ce sont des cours théoriques et des séminaires philologiques, des cours

spécialisés au choix débouchant sur les mémoires de fin d’année, ainsi que sur les soutenances de diplômes, à la fin des études universitaires. Toutes ces activités sont

organisées dans la langue étudiée, notamment en français, dans notre cas.

Les cours théoriques et les séminaires sont consacrés aux problèmes théoriques et à l’histoire du français. Ils fournissent aux étudiants des connaissances de base sur telle ou telle science et sur les résultats des dernières recherches, leur font connaître les principaux ouvrages de référence. Ces cours servent à développer la pensée scientifique des apprenants et à réaliser une spécialisation ultérieure dans une des disciplines philologiques, ce qui est prévu par des cours spécialisés au choix et par des mémoires de fin d’année.

Les cours spécialisés approfondissent les sujets de programme. Les étudiants travaillent sous

la direction d’un professeur ou d’un chargé de cours et ont les consultations individuelles. La préparation d’un diplôme sert à développer le sujet choisi, à étudier d’une manière détaillée un matériel sélectionné, à savoir mettre la théorie en pratique, à former les savoir-faire de recherche. Les étudiants participent également au travail scientifique au sein de la chaire, aux concours et aux conférences de toute sorte, etc.

Chaque discipline philologique fait son apport non seulement théorique, mais aussi pratique professionnel. Les cours théoriques systématisent des savoir-faire des apprenants en servant

de base au développement ultérieur de ces derniers en tant que futurs spécialistes.

Le cursus théorique de phonétique a une importance capitale, car il permet de comprendre à

fond le système du français et de minimiser une interférence négative du russe.

Le cursus théorique de grammaire est intrinsèquement lié à l’enseignement de la grammaire

pratique. Le premier traite des liens systématiques de tous les éléments grammaticaux que les étudiants travaillent lors des cours pratiques afin de maîtriser la parole grammaticalement

correcte. Ces cours prêtent une attention particulière aux phénomènes sujettes le plus à une interférence négative du russe.

La lexicologie moderne est une discipline théorique qui étudie le lexique comme faisant partie

d’un microsystème lexico-sémantique. Une très grande importance est réservée à l’analyse de la structure sémantique du lexique. L’interprétation théorique des catégories lexico-morphologiques du français permet de maîtriser la langue en minimisant une influence du russe.

La stylistique traite de principaux styles fonctionnels du français. Elle fournit ainsi aux

étudiants des savoirs nécessaires sur les moyens d’expression de la langue étudiée suivant les circonstances.

L’orientation sociolinguistique des cursus théoriques assure la différenciation du vocabulaire

français des points de vue sémantique, socioprofessionnel, territorial, national, stylistique et fonctionnel.

L’«Introduction à la philologie spécialisée et à l’histoire de la langue étudiée» examine l’histoire du français et ses liens avec d’autres langues de la même famille, sans oublier l’histoire et la culture du peuple. Ce cursus est étroitement lié à un autre cursus théorique intitulé «Introduction à la linguistique moderne» (enseigné aux étudiants de toutes les sections de la faculté de langues étrangères), ainsi qu’au cursus théorique de phonétique.

2. 2. Le cycle pratique du cursus

Les dis ci plin es pr ati ques du cursus général sont la pratique de l’oral et de l’écrit en français, la phonétique pratique et la grammaire pratique. La langue est ainsi étudiée du

point de vue de ses aspects (lexical, grammatical et phonétique), ce qui permet de mieux discerner la spécificité de ces derniers et de la langue française en général, par rapport au russe. Par exemple, les combinaisons de mots peuvent s’avérer erronées et privées de sens si on fait une traduction latérale d’une langue à l’autre, sans connaître vraiment l’aspect lexical d’une langue cible. Du point de vue de l’aspect grammatical du français, il faut bien maîtriser les savoir-faire syntaxiques, autrement dit surveiller l’ordre des mots dans les principaux types de phrases. Pour les étudiants russes dont la langue maternelle est plus « démocratique » dans ce sens, nombreux sont les cas d’interférences des habitudes provenant de cette dernière. Les savoir-faire phonétiques étant les plus «ancrés » dans la vie des apprenants, la prononciation française subit toujours le plus d’influence de la part du russe; il s’agit alors de

l’accent plus ou moins perceptible chez une personne, trahissant son origine. La langue russe

est une langue tonique (l’accent tonique frappe une syllabe de chaque mot), son intonation est plus variable que celle du français, il n’y pas de sons nasaux, toutes les voyelles russes (même antérieures) sont plus postérieures que n’importe quelle voyelle française, etc. Tout cela est à la base de l’accent spécifique des locuteurs russophones. Le phénomène d’interférence est propre aux activités productives et réceptives, en même temps.

2. 3. Une approche systémique de l’enseignement

du FLE

L’étude du FLE du point de vue de ses aspects n’exclut nullement sa vision systémique. Les deux approches se complètent. On ne peut pas contester que toutes les activités langagières se réalisent par les moyens grammaticaux, lexicaux et phonétiques, à la fois. C’est notamment la

représentation de la langue comme système qui caractérise le cursus de « La Pratique de l’oral et de l’écrit en français»; tandis que les cours pratiques de grammaire et de phonétique

étudient chacun son aspect spécifique dont les notions clés servent à améliorer progressivement le niveau de communication des apprenants.

Malheureusement, souvent, on est obligé de constater que les étudiants ayant un bon niveau théorique ne sont pas capables de parler couramment la langue étudiée.104

C’est pourquoi, nous sommes persuadés qu’il est important que les deux types de disciplines

soient présents dans l’apprentissage: celles qui traitent de la langue comme système et celles qui l’examinent sous ses différents aspects; surtout lorsqu’il s’agit des apprenants adultes, et en particulier, dans le cas de formation de futurs enseignants de langue. Il faut veiller, en même temps, à un bon équilibre entre la théorie et la pratique, suivant les étapes d’enseignement/apprentissage.105 Cela correspond à l’étude systémique de la langue. L’union des disciplines analysant la langue des deux positions contribue à sa rep résentati on glob a le du point de vue de son fon ction nement au sein du langage.

En suivant les principes communicatifs de la didactique moderne, on doit apporter à la

discipline complexe qui est « La Pratique de l’oral et de l’écrit en français» la possibilité d’y

réunir tous les aspects de FLE, afin qu’ils se complètent et se soutiennent mutuellement.

L’objet de l’enseignement est donc le lexique intrinsèquement lié à des niveaux phonologique,

104Cf. ROSEN É., « Se Former … », op. cité, p.25.

morphologique, grammatical de la langue. Le travail sur le lexique comprend également une

assimilation parfaite des formes phonétiques et des modèles morphologiques et grammaticaux au fl ux d e l a p arol e. Le but didactique de cette discipline pratique consiste à assurer une

maîtrise des savoirs et des savoir-faire au sein de toutes les quatre activités langagières – la parole, la réception, la lecture et l’écriture – dans le sens que les savoirs et les savoir-faire assimilés se soutiennent mutuellement et servent de base à un autoperfectionnement ultérieur.

Les résultats acquis sont évalués à la fin d’année universitaire lors d’un examen ayant deux parties: orale et écrite. En deuxième année, la partie orale inclut normalement trois composants égaux:

• une traduction spontanée d’un certain nombre de phrases imprimées sur des petites feuilles (une phrase par chaque feuille) – du russe en français et du français en russe ;

• la lecture d’un morceau de texte littéraire (en respectant toutes les normes phonétiques françaises), l’exposé de son contenu, le résumé, quelques mots sur l’auteur et sur des particularités stylistiques de l’extrait (le temps de préparation est vingt minutes environ);

• la présentation spontanée d’un sujet de conversation dans le cadre du programme (la liste de sujets est proposée avant l’examen); l’enseignant-examinateur peut initier un mini-dialogue dans le contexte du sujet présenté.

Il est à remarquer que ce type d’examen ne sanctionne pas spécialement les com pétences des étudiants mais plutôt leurs capacités de mémorisation. Les apprenants considèrent généralement cet examen comme une épreuve à franchir et non pas le moyen de faire progresser davantage. Il s’agit en fait des pratiques évaluatives normatives-sommatives.

2. 4. L’organisation du cursus « La Pratique de