• Aucun résultat trouvé

L’efficacité originelle d’après les sources des Tang Un texte didactique taoïste

Les textes sacrés du taoïsme avant et sous les Tang ne contiennent que des fragments sur les fonctions religieuses de la cloche. Le premier texte (à ma connaissance) qui explique en détail l’origine, l’effet et le mode d’utilisation de la cloche est le Texte révélé sur les règles

relatives à la cloche et à la pierre sonore de la tradition Lingbao du canon Dongxuan

1 Dadi dongtian ji , l’édition Hanfen lou , 3, p. 10a, DZ. 782, vol. 18, p. 157b. 2 Zhou Yi (Livre des mutations), « Xici 仙 » (Grand commentaire aux formules attachées), A-12.

(Dongxuan Lingbao zhongqing weiyi jing , plus loin en abréviation

Zhongqing weiyi jing)3.

Même si le titre du Zhongqing weiyi jing inclut deux instruments souvent visibles dans des monastères, la plupart de ce texte didactique, qui a probablement été compilé sous les Tang4,

est consacré à la cloche. Selon ce texte, les sons des cloches servaient avant tout à rassembler les divinités et les hommes. Ce texte indique que l’Homme véritable de la sagesse et de la vertu (Zhide zhenren ), ainsi que les cinq cents hommes véritables, se rendirent ensemble devant le Très-Haut (Taishang ) afin de demander le protocole pour rassembler la foule. Le Très-Haut répondit que les divinités et les hommes devaient se réunir aux moments des assemblées pour prêcher la Loi, pour pratiquer l’abstinence, pour rendre un culte, pour se confesser et pour sauver les vivants et les morts, les sons des cloches servant de signal5.

Les cloches dans les cieux étaient censées avoir été créées par des divinités. Le

Zhongqing weiyi jing explique cette origine. Jadis, le Vénérable Céleste du Commencement

Originel (Yuanshi tianzun ) prêcha la doctrine dans les cieux du monde matériel (sejie

tian ). Comme tous les disciples ne pouvaient pas venir l’écouter à l’heure précise, le Vénérable céleste émettait des lumières entre ses sourcils. Elles éclairaient tous les territoires et informaient tout le monde de son enseignement. De plus, il manifestait ses puissances extraordinaires et fabriquait d’innombrables cloches précieuses en unissant l’essence des cinq éléments6. Ces cloches « divines » se dispersaient dans divers cieux et produisaient des sons

merveilleux en même temps. Leurs sonneries ressemblaient beaucoup aux sons d’objets en jade entrechoqués. Ces sons s’entendaient partout et se transformaient en des textes taoïstes (dongzhang 五). En entendant les cloches,

tous les êtres vivants se réjouissent. Les afflictions de tout genre sont supprimées. A ce moment, ceux qui ne croyaient pas croient, ceux qui ne comprenaient pas obtiennent la compréhension parfaite. Toutes sortes de bien et de sagesse naissent, la pensée véritable germe.

3 Dongxuan Lingbao zhongqing weiyi jing , DZ. 531, vol. 9, p. 864-866.

4 Voir Kristofer Schipper, Franciscus Verellen eds. The Taoist Canon, Chicago, Chicago University Press, 2005, p. 550. Voir

aussi Hu Fuchen 伊 éd., Zhonghua daojiao dacidian , Pékin, Zhongguo shehui kexue chubanshe, 1995, p. 269.

5 Zhongqing weiyi jing, 1a, DZ. 531, vol. 9, p. 864c. 6 Zhongqing weiyi jing, 1a, DZ. 531, vol. 9, p. 864c.

2

72

De cette manière, tous les êtres vivants entre le ciel et la terre entendaient la propagation de la Loi du Vénérable Céleste du Commencement Originel. Les sons des cloches « divines » avaient ainsi le pouvoir de diffuser les textes sacrés du taoïsme et d’aider les disciples à comprendre le Tao.

D’après ce texte, les hommes doivent également fabriquer des cloches dans l’espoir d’instruire tous les êtres vivants pour qu’ils comprennent la vertu et la sagesse. Le Très-Haut explicite la méthode pour utiliser ces cloches dans une communauté monastique et les règles à suivre. Ceux qui contrevenaient au règlement étaient punis par les divinités et tombaient en enfer. De plus, le Très-Haut transmit à l’Homme vénérable de la sagesse et de la vertu douze hymnes (song ) qu’il fallait chanter avant de sonner la cloche aux différents moments de la journée, ainsi qu’un poème gāthā.

Ces textes rimés confirment que les divinités et les immortels venaient se rassembler quand ils entendaient les sonneries des cloches « humaines ». En outre, ils démontrent que les cloches en ce monde d’ici-bas pouvaient éliminer les tristesses ainsi que les ennuis et sauver les âmes souffrantes dans les enfers. L’hymne chanté entre 9 et 11 heures du matin (yuzhong ) dit que, quand les cloches étaient sonnées et que leurs sonneries se répandaient au loin,

les hommes dans les dix mille cieux atteignaient l’éveil, les âmes dans les neuf Ténèbres étaient sauvées. Les âmes spirituelles souffrantes sortaient en dispersant les nuages, les âmes sensitives obscures montaient en saisissant l’occasion.

來 ] 2 82

L’hymne chanté à la fin de l’après-midi (bushi , ou entre 15 et 17 heures) indique que, en entendant les cloches, les immortels venaient vénérer le Très-Haut, les hommes étaient délivrés des cinq souffrances de l’existence (wuku )9. Le poème gāthā mentionne aussi que, quand

les cloches résonnaient,

7 Zhongqing weiyi jing, 1b, DZ. 531, vol. 9, p. 864c. 8 Zhongqing weiyi jing, 4b, DZ. 531, vol. 9, p. 865c.

9 Zhongqing weiyi jing, 5a, DZ. 531, vol. 9, p. 866a. Les wuku désignent la souffrance de la naissance, de la vieillesse, de la

maladie et de la mort (shenglaobingsi ku ), la souffrance de la séparation de ceux que l’on aime (aibieli ku 備 ), la souffrance de la rencontre des ennemis ou de ceux que l’on déteste (yuanzenghui ku ), la souffrance de la non-obtention de ce que l’on désire (qiubude ku ), la souffrance qui vient des cinq skandha (wuyinsheng ku

il n’existait plus d’âmes pécheresses dans les enfers, les noms des hommes de bien étaient présentés dans les cieux.

102

Le Très-Haut continue à expliquer que, si l’on chantait ces textes poétiques au moment de sonner une cloche, ces hymnes et ces poèmes gāthā s’entendaient dans les dix directions comme les sons de la cloche.

Les dix mille saints devenaient joyeux, les âmes dans les neuf Ténèbres étaient graciées.

] 112

Créées pour réunir les divinités et les hommes, les cloches célestes pouvaient chanter les textes sacrés du taoïsme. On croyait qu’entendre les sons des cloches « divines » avait le même effet qu’écouter l’enseignement des Vénérables célestes. Similaires aux cloches fabriquées par des divinités, les cloches « humaines » pouvaient rassembler les divinités et les immortels. De plus, elles étaient considérées comme capables d’éliminer des souffrances et de sauver les êtres en enfer12.

Pour rendre efficaces les cloches faites par les hommes, il était nécessaire de suivre certain règlement. Le Zhongqing weiyi jing montre à la fois l’emplacement des cloches dans un monastère, les rituels qu’il fallait célébrer avant de sonner la cloche, le nombre de coups qu’il fallait frapper et les poèmes qu’il fallait chanter aux différents moments. Cela atteste que, sous les Tang au plus tard, les cloches apparaissaient déjà dans des monastères taoïstes et servaient à rythmer la vie monastique et à ponctuer les rituels.

Les textes rimés récités lors qu’un taoïste sonnait une cloche reflètent souvent l’efficacité des sonneries des cloches. D’autres textes taoïstes contemporains de ce texte Lingbao contiennent également des poèmes similaires. Les Extraits sur des rituels, des

préceptes et des règles importantes à pratiquer (Yaoxiu keyi jielü chao )13,

compilées au début du VIIIe siècle par Zhu Junxu (fl. début du VIIIe siècle)14, est une

étude thématique sur la pratique religieuse du taoïsme en s’appuyant sur des textes taoïstes

10 Zhongqing weiyi jing, DZ. 531, vol. 9, p. 866b. 11 Ibid., p. 866b-c.

12 Lei Yang, « Les inscriptions sonores », art. cit. 13 DZ. 463, vol. 6.

14 Nous n’avons que très peu d’information sur cet auteur, sur sa vie, voir Hans-Hermann Schmidt, notice sur le Yaoxiu keyi

antérieurs. Cette compilation comprend une section (dans le juan huit selon la version dans le

DZ) consacrée au chanteur des textes sacrés dans le rituel (dujiang chao ), dans laquelle l’auteur a cité le Texte des actes fondamentaux des Souverains (Huangren benxing jing

), un texte perdu, et a montré tout ce qu’il fallait faire pour un prêtre taoïste avant de sonner une cloche. Juste au moment de frapper sur la cloche, le taoïste était invité à chanter une prière (zhu 乩) :

Le maillet rond ébranle la cloche religieuse, les sons qu’elle produit se répandent dans les dix directions. Vers le bas, [la sonnerie] traverse la nuit perpétuelle ; vers le haut, [elle] résonne dans la maison de jade. En l’entendant, [ceux qui se trouvent dans] les neuf Ténèbres quittent les souffrances, les ancêtres sur sept générations entrent dans la grande salle des immortels.

仿 2 2]

備 152

Similaire aux hymnes et aux poèmes gāthā dans le Zhongqing weiyi jing, cette prière en vers de cinq caractères précise les pouvoirs extraordinaires des cloches taoïstes.

Histoires miraculeuses chez Daoxuan

Dans les monastères bouddhiques indiens, on utilisait un instrument qui produisait des bruits pour réunir les moines et les fidèles, notamment aux moments où le Bouddha exposait sa doctrine. Divers textes du vinaya (lü ) traduits en chinois avant les Tang montrent que les moines indiens sonnaient un ghaṇṭā (jianzhi )16 pour rassembler la foule17. Depuis le début

des Tang, les moines-lettrés chinois s’occupaient d’annoter ces textes de discipline et publiaient ainsi des commentaires. Parmi ces textes, les œuvres de Daoxuan (596-667) sont particulièrement importantes.

Daoxuan est considéré comme le fondateur de l’école vinaya du bouddhisme chinois. A la fois maître du vinaya et historien érudit, cet auteur prolifique a laissé un grand nombre d’ouvrages couvrant des sujets divers : depuis des commentaires sur les différents textes du

15 DZ. 463, vol. 6, p. 958a.

16 Sur le ghaṇṭā, voir Qu Dacheng , « Jianzhi kao : Zhongguo fojiao lüshi quanshi lüzhi yili 仲--

», Foxue yanjiu 二, no 23, 2014, p. 275-291.

17 Voir par exemple les Sifenlü , T. 1428, vol. 22, p. 819b15-18 ; Mishasai bu hexi wufenlü , T.

vinaya, à travers des biographies des moines éminents et des bibliographies, jusqu’à des œuvres

sur l’histoire de l’institution monastique.

En 626, Daoxuan a composé son commentaire sur le Vinaya en quatre sections (Dharmaguptaka-vinaya, ou sifenlü ), publié sous le titre du Commentaire abrégé et

complémentaire sur le Vinaya en quatre sections : traité sur les pratiques (Sifenlü shanfan buque xingshichao , plus loin Xingshichao)18. La deuxième section de

ce texte est consacrée à interpréter le règlement qu’il fallait suivre pour réunir les moines (Jiseng tongju pian 亦). Daoxuan explique que les cloches dans des monastères bouddhiques en Chine jouaient le même rôle que le ghaṇṭā en Inde : elles servaient à réunir les religieux aux moments des cérémonies et des liturgies. Selon le Xingshichao, le moine qui se chargeait de sonner la cloche d’un monastère devait d’abord vénérer les trois trésors (sanbao

), et réciter :

Je sonne cette cloche pour convoquer les moines dans les dix directions. Ceux qui l’ont entendue se réunissent pour accepter ensemble les profits [de l’enseignement de Bouddha]. De plus, tous les êtres vivants qui souffrent sur les voies vers les mauvaises destinations s’arrêtent et se reposent.

2 2

192

Comme l’instrument indien, les cloches chinoises servaient avant tout à rassembler les moines, afin qu’ils bénéficient ensemble de l’enseignement du Bouddha. En outre, Daoxuan accorde aux sonneries des cloches une autre fonction que les textes du vinaya indiens ne semblent jamais mentionner20 : elles pouvaient mettre un terme aux souffrances des êtres

vivants.

Pour expliciter ce dernier point, le commentateur du Vinaya en quatre sections cite le

Ekottarāgama-Sûtra (Zengyi ahan jing )21 :

Toutes les souffrances sur les voies vers les mauvaises destinations s’arrêtent quand on frappe sur une cloche.

222

18 Sifenlü shanfan buque xingshichao , T. 1804, vol. 40. 19 T. 1804, vol. 40, p. 6c18-20.

20 Qu Dacheng a présenté dans son article la même constatation. Voir Qu Dacheng, « Jianzhi kao », art. cit. 21 Zengyi ahan jing , T. 125, vol. 2.

Le Ekottarāgama-Sûtra a été traduit à plusieurs reprises en chinois. La version qui circulait à l’époque de Daoxuan était traduite en 384 par Dharmā-nandī (Tanmonanti

, ou Faxi ) et révisée en 397 par Saṁghadeva (Sengqietipo , ou Zhongtian )23. Elle est également la version incluse dans le Taishō. Néanmoins, cette version ne contient

pas la phrase que Daoxuan cite dans son Xingshichao. Les chercheurs ont tendance à soupçonner que Daoxuan a voulut profiter de l’autorité du Zengyi ahan jing et a ainsi créé une phrase qui n’y existe pas afin d’asseoir son affirmation que les sons d’une cloche pouvaient éliminer les souffrances24.

Je propose qu’il ne s’agisse pas d’une pure invention de ce maître du vinaya. Le Zengyi

ahan jing contient un certain nombre de passages précisant l’utilisation du ghaṇṭā dans diverses

occasions. Ce sûtra commence par un poème gāthā qui dit que, pour sauver tous les êtres, le Bouddha voulait que son enseignement se répandît largement et demeurât longtemps en ce bas monde. L’un des disciples du Bouddha, Ānanda (Anan ), avait une sagesse particulière. Il savait frapper sur un ghaṇṭā pour réunir les bouddhistes de diverses catégories. Le Bouddha voulut ainsi lui confier la tâche de propager le dharma,

Qu’il fasse en sorte que les quatre catégories de bouddhistes entendent la doctrine, quand ils l’auront entendue, ils auront quitté les peines de tout genre.

備 252

Ces deux vers proposent que la doctrine du Bouddha a le pouvoir de délivrer les hommes de toutes sortes de souffrances. Selon le Ekottarāgama-Sûtra, pour que tous les croyants puissent profiter de son l’enseignement, le Vénérable du monde (Shizun ) demanda plusieurs fois à Ānanda de sonner un ghaṇṭā afin de rassembler les bhikṣu26. Comme nous

venons de l’expliquer, sous la plume de Daoxuan, sonner une cloche était considéré comme ayant le même effet que sonner un ghaṇṭā. Pour ce commentateur des textes du vinaya, les sonneries des cloches servaient originellement à regrouper les moines pour écouter le Bouddha. L’enseignement du Bouddha avait la puissance nécessaire d’enlever les souffrances. Daoxuan

23 Voir la préface du Zengyi ahan jing écrite par Dao’an (312-385), T. 125, vol. 2, p. 549a. Sur Dharmānandī et

Saṁghadeva, voir Gaoseng zhuan de Huijiao 丹 (497-554), T. 2059, vol. 50, p. 328b19-329a27.

24 Voir Qu Dacheng, « Jianzhi kao », art. cit. ; Bai Zhaojie , « Tangdai fanzhong ximingku xinyang de zhaikai yu fazhan

», Zongjiaoxue yanjiu 二, no 3, 2020, p. 106-115.

25 T. 125, vol. 2, p. 549b28.

avait ainsi raison d’expliciter davantage que les sons des cloches possédaient en effet le pouvoir d’arrêter, voire de supprimer les peines.

Pour renforcer son argument, Daoxuan raconte l’histoire du Roi Kaniṣka (Jinizha wang ) issue de la Chronique de la transmission des trésors des dharma (Fufazang yinyuan

zhuan 住 )27. A cause de ses campagnes et de ses massacres, le cruel Roi Kaniṣka

tomba dans la mer après sa mort et devint un poisson à mille têtes. Une roue d’épées (jianlun 修) tournait autour de lui et coupait ses têtes. Cependant, les têtes coupées se reconstituaient rapidement, si bien que la roue d’épées continuait à couper les têtes nouvellement rétablies. Cette roue s’arrêtait et restait en l’air dès qu’elle entendait les sonneries des cloches28.

Quand Daoxuan cite l’histoire du Roi Kaniṣka dans son Xingshichao, il supprime, volontairement ou non, quelques détails de la version originelle. Surtout, l’histoire dans le

Fufazang yinyuan zhuan dit que, après être tombé dans la mer, le Roi Kaniṣka rencontra un

arhat (luohan 代 ) qui était le responsable adjoint d’un temple (karmadāna, ou weina 倣). Il le pria de prolonger les sonneries de la cloche de son temple pour arrêter temporairement ses peines insupportables. Grâce à cet arhat compatissant, les souffrances du Roi Kaniṣka furent toutes éliminées sept jours plus tard29. Bien que Daoxuan ignore le rôle que jouait cet arhat dans

la légende du Roi Kaniṣka, il raconte, dans sa Suite des biographies des moines éminents (Xu

gaoseng zhuan )30 achevée vers 660, l’histoire d’un moine chinois qui sauva les âmes

souffrantes dans les enfers en sonnant une cloche.

Sous l’ère Daye (605-618) des Sui (581-617), le moine Zhixing obtint le poste de responsable adjoint (karmadāna) du Temple de la contemplation (Chandingsi

), renommé sous les Tang le Temple de l’ornement splendide (Dazhuangyansi ). Chargé de sonner la cloche du temple, il accomplissait sa fonction avec prudence. Il y avait alors dans son temple un moine nommé Sanguo . Le frère de Sanguo mourut au cours d’un voyage quand il accompagnait l’empereur Yang des Sui (569-618) vers le Sud. Un jour, le frère défunt apparut dans un rêve de sa femme, disant qu’il était tombé dans les enfers après

27 Fufazang yinyuan zhuan , T. 2058, vol. 50. 28 T. 1804, vol. 40, p. 6c20-23.

29 T. 2058, vol. 50, p. 317a13-27. Max Deeg a comparé l’histoire du Roi Kaniṣka et celle du Roi Aśoka et montré leur structure

similaire. Voir Max Deeg, « Aśoka : Model Ruler Without a Name ? », in Patrick Olivelle, Janice Leoshko, Himanshu Prabha Ray eds., Reimagining Aśoka: memory and history, New Delhi, Oxford University Press, 2012.

sa mort et avait éprouvé les souffrances de tout genre. Heureusement, le moine Zhixing sonna le premier de ce même mois la cloche de son temple, et celle-ci émit des sons qui ébranlèrent les enfers. Tous ceux qui souffraient furent libérés en un instant. Grâce aux sons de cette cloche, le frère de Sanguo renaquit dans un monde rempli par la joie (lechu 余). Il souhaita payer en retour ce bienfait. Sanguo prépara ainsi des étoffes de soie brute et les donna à Zhixing. Ce dernier, déclarant qu’il n’avait aucune raison de les accepter, les distribua à toutes les personnes présentes. Quand on lui demanda comment il connaissait le lien entre les sons de la cloche et les souffrances dans les enfers, il répondit :

Je n’ai pas de technique particulière. J’ai lu l’histoire de Roi Kaniṣka dans le Fufazang yinyuan zhuan, [dans laquelle les sons d’une cloche font] arrêter la roue d’épées, ainsi que la fonction religieuse des sonneries des cloches décrites dans le Zengyi ahan jing. Je me conforme respectueusement à des règlements [pour sonner une cloche] et les mets sérieusement en pratique. Le vent glacial pénètre les os quand on monte la tour de la cloche en hiver. Les condisciples m’ont donné des gants pour que je tienne le battant de la cloche. [Pourtant,] je m’efforce de le tenir les mains nues. L’âpreté de l’hiver coupe la chair et le sang coagule dans les paumes de la main, mais je ne considère pas cela comme une excuse. Avant de sonner la cloche aux différents moments [d’une journée], je souhaite que les sages et les saints entrent ensemble dans l’aire rituelle. Je frappe par la suite trois coups. Quand je veux frapper des coups longs, je rends hommage [aux saints et aux sages] de la même manière présentée ci-dessus. Je souhaite que tous ceux sur les voies vers les mauvaises destinations s’échappent des souffrances. Je me propose de garder constamment ce vœu et m’exerce respectueusement dans la pratique. Serait-il possible que ma dévotion insignifiante puisse justement répondre à une demande issue d’une contrée éloignée ?

佩2 住 休 修 2 仿

2 2 2 2 佳丙 2

2 2 2

2 2 2 2 2

仿 備 2 2 31

Dans cette biographie, le moine éminent Zhixing joue le même rôle que l’arhat dans l’histoire du Roi Kaniṣka. Il explicite les raisons pour lesquelles les sons des cloches pouvaient sauver les êtres dans le monde des ténèbres en s’appuyant sur les mêmes sources textuelles que Daoxuan lui-même avait citées dans son commentaire sur le Vinaya en quatre sections. En plus, Zhixing montre les connections causales entre les sons émis par les cloches et les souffrances infernales. Pour que les sons de la cloche soient efficaces, ceux qui étaient responsables de sonner la cloche du temple devaient avant tout demeurer diligents et assidus, et faire vœu

sincèrement avant de la faire résonner. L’histoire miraculeuse de Zhixing montre la responsabilité d’un karmadāna ainsi que le mode correct d’utilisation d’une cloche.

En un mot, dans les commentaires sur les textes du vinaya et les biographies des moines éminents écrits ou compilés par Daoxuan, ce fameux moine-lettré du début des Tang explique