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Les matériaux pour étudier les fanzhong pékinoises

Les sources à ma disposition rendent difficile le calcul du nombre total des fanzhong des Ming et des Qing dans Pékin. Bien qu’il y ait des inventaires limités de temples et de clergés depuis le milieu des Qing, très peu d’entre eux contiennent des informations sur les cloches et d’autres objets rituels des temples38. Les chiffres les plus fiables concernant la quantité des

37 Joseph S. C. Lam, State Sacrifices…, op.cit., chap. 6 ; Evelyn S. Rawski, The Last Emperors. A Social History of Qing

Imperial Institutions, Berkeley, Los Angeles, London, University of California Press, 1998, notamment chap. 6.

38 Par exemple, le Liucheng simiao anyuan sengni qingce , registre établi en 1728 et conservé à la

Bibliothèque de l’Institut d’histoire de l’Académie des sciences sociales de Chine ; le Bacheng miaoyu sengni zongce, op. cit.;

ustensiles liturgiques dans Pékin moderne proviennent des archives produites par les trois recensements des temples durant l’époque républicaine 39 . Pendant la campagne

d’enregistrement des temples conduite par le Bureau de la Sécurité publique (Gong’anju ) de Pékin entre 1928 et 1930, les enquêteurs ont compté au total 1631 fondations religieuses dans la ville et ses banlieues, dont 879 étaient équipées des cloches. Parmi ces dernières, 672 possédaient une seule cloche, alors que 207 en avaient deux ou plus. Au total, 1173 cloches ont été inventoriées lors de ce recensement. Leur répartition dans l’espace urbain est présentée dans le tableau ci-dessous (tableau 1-1).

Tableau 1-1 Les cloches inventoriées à Pékin entre 1928 et 1930 Nb de cloches

inventoriées

Nb de temples

possédant des cloches

Nb de temples ayant

plus d’une cloche

Ville intérieure 301 209 66 Ville extérieure 214 161 38 Banlieue ouest 219 159 41 Banlieue est 147 120 23 Banlieue sud 156 136 18 Banlieue nord 136 94 21 Total 1173 879 207

Sources : Beijingshi dang’anguan éd., Beijing simiao lishi ziliao, p. 26-425.

Bien que la grande majorité des cloches recensées aient été fondues sous les Ming et les Qing, les données de l’inventaire de 1928-1930 ne reflètent toujours pas le nombre et la répartition spatiale des cloches des temples dans la capitale de la fin de l’époque impériale. Nous ne pouvons donc qu’estimer grossièrement que, sous les Ming et les Qing, environ la moitié des temples se munissaient des cloches, et seulement 20 à 30 % d’entre eux en avaient deux ou plus.

Toutes les cloches inventoriées à la fin des années 1920 n’ont pas été conservées jusqu’au début du XXIe siècle. Conformément aux données collectées entre 2003 et 2004,

seules quelques cent trente-cinq cloches fondues au Pékin des Ming et des Qing ont survécu

l’Académie des sciences ; Waicheng miaoyu diaocha biao , registre établi en 1908 et conserve aux Archives no 1 de Chine.

39 Les administrations de Pékin ont mené, dans les années trente du XXe siècle, trois campagnes d’enregistrement des temples,

conduites respectivement par le Bureau de la Sécurité publique (Gong’anju ) de 1928 à 1929, le Bureau des Affaires sociales (Shehuiju ) de 1930 à 1945 et le Bureau des Affaires civiles (Minzhengju ) de 1945 à 1947. Les dossiers des archives des deux premiers inventaires sont conservés maintenant aux Archives municipales de Pékin (Beijingshi dang’anguan 僖) sous la cote J181-15- et J2-8-. Une partie de ces données sont publiées dans : Beijingshi dang’anguan éd., Beijing simiao lishi ziliao , Pékin, Zhongguo dang’an chubanshe, 1997.

jusqu’aujourd’hui, soit 11,5% du total dénombré par les administrations municipales entre 1928 et 1936. Les raisons complexes derrière cette diminution évidente sont encore peu étudiées, mais une telle analyse se trouve en dehors de la sphère de discussion du présent chapitre. Cependant, toutes les pertes ont pour effet de rendre difficiles et dangereuses les généralisations à partir de données matérielles. Tout ce que l’on peut faire est d’élargir son horizon et de profiter dans la mesure possible des sources diversifiées (matérielles, épigraphiques, visuelles et textuelles) d’une part, et d’autre part, de rester vigilent en utilisant les matériaux à sa disposition et de voir ce qu’ils peuvent nous renseigner.

1. Corpus matériel

Cinquante-trois cloches à nous être parvenues sont conservées au Dazhongsi. Ce dernier était autrefois le Temple de l’éveil des êtres vivants (Jueshengsi 來 ), fondé en 1733 sur l’ordre de l’empereur Yongzheng et actif jusqu’au début de l’époque républicaine40. Dans les

années quatre-vingt du XXe siècle, il a été transformé peu à peu en un musée consacré à

l’exposition et à la recherche sur l’art campanaire chinois. Les objets exposés dans les différentes salles permettent une observation attentive sur place, néanmoins, comme ils sont éloignés de leur contexte religieux, il est parfois difficile d’identifier le temple d’origine d’une cloche et son usage.

Depuis la dernière décennie du XXe siècle, le musée s’est efforcé d’augmenter la

visibilité de sa collection. De nombreuses photographies d’objets exposés sont publiées en 2000 dans le catalogue illustré des cloches anciennes de Pékin, dirigé par le Bureau municipal du patrimoine culturel (Beijingshi wenwuju )41. Au cours de la même année, son

équipe de recherche a contribué au catalogue de l’exposition sur les cloches chinoises, intitulée « La voix du dragon », qui s’est tenue à Paris au Musée de la musique. Les chercheurs ont fourni plusieurs articles scientifiques avec une riche illustration des objets conversés dans leur musée42. Certaines de ces images rendent possible une analyse détaillée des décors et des

caractères qui y sont inscrits. La plupart des sources visuelles citées dans ce chapitre sont issues de ces deux ouvrages.

40 Yu Tao , Dazhongsi , Pékin, Beijing yanshan chubanshe, 2006, p. 23-24.

41 Mei Ninghua , Tao Xincheng éd., Beijing wenwu jingcui daxi : guzhong juan

(cité plus loin en GZJ), Pékin, Beijing chubanshe, 2000.

42 Lucie Rault éd., La voix du dragon : Trésors archéologiques et art campanaire de la Chine ancienne, Paris, Musée de la

Après avoir célébré son vingtième anniversaire, le musée s’est lancé en 2003 dans un ambitieux recensement des cloches des Ming et des Qing conversées dans divers temples ou musées dans la région de la capitale. Cette enquête a permis d’en compter quatre-vingt-une. Tout en y ajoutant leurs propres fonds, les spécialistes du Dazhongsi ont pu collecter des informations sur cent trente-quatre cloches existantes. Ils ont rédigé pour chacune une notice composée de trois parties : une description de son apparence (la taille, le décor, l’état de conservation…) suivie d’un schéma de sa facture et de quelques photos, un aperçu sur le temple qui l’abrite ou sur son lieu d’origine, et une transcription en chinois simplifié de son inscription. Toutes les notices ont été publiées en 2006 en deux volumes intitulés Les Cloches anciennes

de Pékin (Beijing guzhong )43. Grâce à cette publication, on est désormais en mesure

d’avoir une vue panoramique des cloches de Pékin, de déchiffrer leurs inscriptions et d’essayer de les remettre dans leur contexte religieux originel. Ce catalogue demeure à ce jour la source la plus complète dans ce domaine et constitue le corpus principal pour cette thèse.

Cependant, la zone d’enquête des spécialistes du Dazhongsi ne couvre pas la Cité interdite. Les recensements des objets rituels conservés dans le palais, menés dans les années 1930, montrent que dans plusieurs sanctuaires se trouvaient des cloches de taille différente. Cependant, il n’existe pas encore de publication qui les présente de façon systématique. Il semble que certains chercheurs contemporains ont lancé des explorations de manière limitée, mais leurs résultats restent inédits. Mes deux séjours de recherche à Pékin m’ont permis de visiter la Cité interdite et d’y voir

43 BJGZ, vol. I et II, op. cit.

Figure 1-6 : Cloche du Qin’andian, 1489. Source : Zijincheng , vol. 244, 2015, p. 96.

au moins une cloche. Celle-ci fut fabriquée en bronze en 1489 et abritée dans la Salle de la Paix impériale (Qin’andian ). Elle présente l’inscription d’un long texte sacré dédié au Véritable Guerrier (Zhenwu ), la divinité principale vénérée dans ce site taoïste le plus sacré du palais impérial (fig. 1-6). Devant l’absence des sources, une connaissance globale sur l’état de conservation des cloches dans le palais n’est pas encore possible.

2. Données épigraphiques

En ce qui concerne les objets qui ont disparu, leurs décors et leurs inscriptions peuvent subsister à travers les estampages. Les épigraphistes de la Bibliothèque nationale (Guojia tushuguan 僖, autrefois Beijing tushuguan 僖) ont sélectionné une partie de leurs collections et les ont photographiées et publiées en cent volumes44. Ils ont également

compilé un index de toutes les sources lapidaires liées à la capitale qui sont à leur disposition45.

Ces deux publications, que des historiens et des spécialistes de la religion de Pékin consultent fréquemment, ne concernent que des inscriptions sur pierre (shike ), telles que des stèles, des épitaphes, ou des bannières inscrites des textes sacrés, sans y inclure les objets en métal.

Partant des catalogues de plusieurs bibliothèques à Pékin, j’ai fait l’inventaire de tous les estampages des cloches qui furent par le passé installées dans les temples mais qui n’existent plus. La Bibliothèque nationale en a collecté trente-sept46. À ce chiffre il faut ajouter les sources

épigraphiques conservées à la Bibliothèque de la capitale (Shoudu tushuguan 僖) et à l’Institut d’archéologie de l’Académie des sciences sociales de Chine (Zhongguo shehui kexueyuan kaogu yanjiusuo 仲 二 )47. Leurs catalogues inédits m’ont

permis d’en dénombre vingt-huit autres48. Un corpus de soixante-cinq inscriptions a été ainsi

retenu. Il complète les données matérielles.

La plupart de ces estampages ont été levés dans les années trente du XXe siècle. Tout

commence par l’enquête centrée sur les temples et conduite entre 1930 et 1933 par le Groupe

44 Beijing tushuguan jinshizu 仁 éd., Beijing tushuguan cang Zhongguo lidai shike taben huibian

僖住 (plus loin BJTB), Zhengzhou, Zhongzhou chubanshe, 1990-1991.

45 Xu Ziqiang éd., Beijing tushuguan cang Beijing shike tapian mulu 僖住 , Pékin, Shumu

wenxian chubanshe, 1994.

46 Les chercheurs du Dazhongsi ont consulté et transcrit ces estampages. Voir BJGZ, vol. II, p. 264-290.

47 La Bibliothèque Fu Sinian conserve également les estampages des cloches de Pékin, mais faute de moyen, je n’ai pas pu les

y consulter.

48 Shoudu tushuguan 僖 éd., Shoudu tushuguan cang shike tapian mulu 僖住 , édition à

restreint, 1959 ; Zhongguo shehui kexueyuan kaogu suo 仲 éd., Zhongguo shehui kexueyuan kaogu

yanjiu suo cang Beijing miaoyu shike taben mulu 仲 二 住 , édition à restreint, sans date.

d’études historiques (Shixue yanjiuhui 二 ) attaché à l’Institut national de recherche de Beiping (Guoli Beiping yanjiuyuan 二 ). À la différence des recensements effectués par l’administration républicaine, cette investigation, dirigée par une institution scientifique et réalisée par des chercheurs en collaboration avec des spécialistes de plusieurs domaines, avait pour but de collecter des données nécessaires pour la compilation d’une monographie intégrale de Pékin, alors nommé Beiping49. Elle s’est déroulée de façon

méthodique. Pour chaque temple, les enquêteurs en ont dressé un plan et pris des photos. Les inscriptions sur pierre et sur métal ont été systématiquement reproduites. Les chercheurs ont également tenu des entretiens avec des religieux à demeure ou des voisins. Les sources qu’ils ont pu recueillir sont aujourd’hui déposées à l’Institut de recherche sur le patrimoine culturel (Wenhua yichan yanjiuyuan 丘 二 , plus loin Wenyanyuan), une partie a été publiée50.

Durant cette enquête, Li Yueting (1870-1940) a été chargé d’estamper les stèles et les objets en métal. Li fut le responsable d’un atelier de fabrication des stèles à Liulichang , nommé Maison des belles-lettres abondantes (Hanmaozhai ), qui jouissait alors d’une réputation locale parmi les lettrés. Entre 1930 et 1933, alors qu’il avait plus de soixante ans, Li put lever plus de mille quatre cents estampages. Ces derniers concernent plus de neuf cents temples dans les deux parties de Pékin intra-muros et dans la banlieue ouest51. Pour chaque

cloche, Li en fit souvent plusieurs copies, souvent de grand format, qui permettent de reproduire l’ensemble des décors et des inscriptions. Ces sources primaires, qui peuvent être retrouvées non seulement au Wenyanyuan mais aussi dans plusieurs bibliothèques à Pékin52, rendent

possible une étude en détail des textes et des motifs et une estimation de la dimension des objets réels.

Une petite partie de ma documentation épigraphique remonte aux années 1950. Ces données ont probablement été collectées pendant la première campagne d’enregistrement de l’architecture et du mobilier patrimoniaux après la fondation de la Chine communiste53. Elles

sont déposées maintenant à la Bibliothèque nationale. Comme les sources de Li Yueting, celles-

49 Ce projet n’a pas été achevé à cause de l’occupation japonaise de Pékin et de la guerre civile avant 1949.

50 Zhongguo wenhua yichan yanjiuyuan 丘 二 éd., Beiping yanjiuyuan Beiping miaoyu diaocha ziliao huibian

(cité plus loin en BYBSD), vol. I, II et III, Pékin, Wenwu chubanshe, 2015-2016.

51 Wang Xiaomei , Liu Jiren , « Ershi shiji sanshi niandai Beiping yanjiuyuan Beiping miaoyu diaocha shulun

20 30 二 », in. BYBSD, vol. I, p. 3-15.

52 Entre outre, la Bibliothèques nationale, la Bibliothèque de la capitale et celle de l’Université de Pékin. 53 BJTB, vol. II, p. 264.

ci représentent souvent l’ensemble des images et des textes inscrits sur les objets, et possèdent ainsi une valeur scientifique pour les historiens. Certains estampages dans mon corpus ne reproduisent qu’un fragment de l’inscription. Il s’agit surtout de la reproduction épigraphique des cloches au mont Miaofeng ou sur les pistes (xiangdao ) menant au temple de la déesse au sommet. Ces sources, dont il est difficile de connaître l’auteur et la date du lever, fournissent un témoignage direct sur le pèlerinage le plus connu dans la plaine du nord de la Chine. Elles sont consultables à la Bibliothèque de la capitale et à l’Institut d’archéologie de l’Académie des sciences sociales.

3. Photographies et transcriptions

Outre les estampages, les chercheurs du Beiping Yanjiuyuan ont pris des photographies des bâtiments, des statues, du mobilier liturgique et des arbres dans les temples, pour un total de plus de trois mille54. Parmi les matériaux déjà publiés, douze photos présentent des cloches

que Li Yueting n’avait probablement pas estampées, ou dont la reproduction n’existe plus. Il s’agit surtout des petites cloches, parfois sans inscription, suspendues sous l’avant-toit d’une salle d’un temple. Ma consultation des sources inédites dans la bibliothèque du Wenyanyuan m’a permis d’en reconnaître encore quatre-vingt-une, et celles-ci ne concernent que des temples de la ville intérieure. En général, les sources photographiques ne peuvent pas reproduire clairement les décors et les inscriptions - c’est seulement dans des photos d’une grande limpidité que quelques caractères peuvent être identifiés - mais elles montrent directement l’apparence d’une cloche, son emplacement dans un temple et son état de conservation. À ce sens, elles peuvent compléter les données épigraphiques.

Les notes d’enquête sont aussi des sources nécessaires car elles contiennent parfois des descriptions des cloches de taille et de matière différente que l’on pouvait voir dans un temple. Les spécialistes du Wenyanyuan en ont publié soixante-et-un. La plupart de ces documents indique la date de la fonte, certains précisent la taille, d’autres résument des inscriptions. En dépit du fait que ces données ne fournissent pas de transcriptions intégrales des textes inscrits sur des objets en métal (en revanche, les chercheurs ont transcrit un certain nombre de stèles), elles représentent la seule documentation pour ceux qui ont disparu et qui n’ont laissé aucune trace dans les sources épigraphiques et photographiques. En outre, dans certaines notes, on

trouve des commentaires sur le son des cloches, ce qui donne une image du paysage sonore qu’elles pouvaient former à l’époque55.

Les données collectées pendant d’autres campagnes d’enquête sont également des sources potentielles. Je me contente de noter seulement un tableau synoptique des temples

(Beiping simiao diaocha yilanbiao ) conservé maintenant à la

Bibliothèque de la capitale56. Des spécialistes estiment qu’il s’agit peut-être d’un recensement

conduit entre 1945 et 1949, qui a inventorié quatre cent cinquante petites fondations religieuses57. Les historiens de la religion de Pékin l’utilisent pour retracer l’histoire de certains

temples qui ne sont jamais reconnus ailleurs. Le tableau précise le nombre d’ustensiles rituels dans chaque site et transcrit une partie des textes qui y sont inscrits. On peut y trouver quelques cent douze cloches en fer ou en bronze, cependant, les inscriptions transcrites se limitent souvent à la date de leur fabrication. Vu qu’il est encore difficile de dater ce document, je ne le citerai qu’aux moments nécessaires.

Les données présentées ci-dessus ont été toutes recueillies au XXe siècle, mais, pour retracer une histoire des cloches de la capitale à la fin de l’empire, il ne faut pas négliger la description des lettrés locaux des Ming et des Qing. La littérature locale contient avant tout des catalogues des inscriptions sur pierre ou sur bronze. Le Recherches sur les Récits sur les

anciennes anecdotes entendues prêt du trône (Rixia jiuwen kao 仲)58, édité sur ordre

de l’empereur Qianlong, s’est avéré particulièrement utile. Cet ouvrage qui avait pour but de présenter de façon systématique des sites dans la capitale et ses proches environs offre un certain nombre de transcriptions (souvent incomplètes) de stèles et d’objets en métal. Beaucoup de ces passages sont cités dans des œuvres postérieures, telles que la Monographie de la

préfecture Shuntian (Shuntian fuzhi )59 compilée à l’ère Guangxu sous la direction de

Miao Quansun 仔 (1844-1919). De plus, les auteurs décrivaient parfois les cloches qu’ils

55 Voir par exemple BYBSD, vol. I, p. 232-235.

56 Beiping simiao diaocha yilan bian , registre établi entre 1945 et 1949, conservé à la Bibliothèque de

la capitale.

57 Li Xiaocong , « Minguo shiqi Beijing chengshi zongjiao xinyang de kongjian xushu

», in Beijing luntan : Wenming de hexie yu gongtong fanrong , recueil d’articles scientifiques du forum de Pékin, 2015, p. 398-412.

58 Yu Minzhong et al. éd, Rixia jiuwen kao 仲 (plus loin RJK), 1785, rééd. Pékin, Beijing guji chubanshe,

1983.

59 Zhou Jiamei , Miao Quansun 仔 éd., (Guangxu) shuntian fuzhi ( ) (plus loin GSF), 1885, rééd.

avaient vues et entendues lors de leurs voyages, ce qui laisse voir comment leur forme et leur son ont été évoqués.

La méthode suivie pour décrire les cloches dans la littérature transmise est évidemment différente de celle employée par les archéologues contemporains. Ces derniers fournissent plusieurs modèles à suivre ainsi qu’une terminologie dont je profite au fil de notre analyse matérielle.

Les quatre familles de fanzhong chinoises

À partir des études des objets conservés majoritairement en Chine mais accessoirement au Japon jusqu’aujourd’hui, Sun Ji a pu établir une typologie, ce qui lui permet de répartir toutes les cloches de base « circulaire » chinoises en quatre familles, en fonction de leur facture, de la forme de leur rebord et de la décoration de leur panse.

La famille I est caractérisée par une facture cylindrique et un rebord rectiligne. Le corps, dont le diamètre à la base est légèrement plus large que celle du haut, est souvent divisé en plusieurs panneaux par des bandeaux horizontaux et verticaux. Deux de leurs intersections sont décorés de deux motifs circulaires en relief, ornés de pétales de lotus, qui indiquent l’endroit où frapper la paroi. Ils sont conventionnellement appelés zhuangzuo ! . Sur quelques cloches de ce genre, comme celle fondue en 575, la partie au-dessus des bandeaux horizontaux est davantage divisée par des lignes légèrement en relief en plusieurs sections. Ces quadrillages rappellent l’habit des moines, d’où le nom de ce décor « motif de kachāya » (jiasha wen

). Ces fanzhong étaient fréquemment vues dans les régions au sud du Fleuve Yangtse au cours d’une longue période allant des Dynasties du Nord et du Sud jusqu’aux Ming et Qing, mais, bien sûr, des variantes de style considérables peuvent être observées à l’intérieur de cette famille. Quelques pièces de la fin des Tang possèdent quatre zhuangzuo au lieu de deux. Celles des Song du Nord reproduisent le même modèle. Jusqu’au début des Ming, les points circulaires