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SECTION I : ETAT DE L’ART

II.II. 4. La construction de la relation entre le formateur et l’apprenti

2. Précision de nos hypothèses

2.1. L’apport des gestes au marquage des états coénonciatifs ou de la rupture de la

Au cours de la première section, nous avons déjà parlé de l’apport des gestes dans le rapprochement consensuel des participants du dialogue ou dans l’éloignement vers la rupture de la coénonciation entre eux. Nous précisons ici nos hypothèses sur la contribution des gestes dans l’expression des différents états. Nous présentons alors le classement suivant :

• Gestes de recherche de consensus

• Gestes de phase intermédiaire consensuelle

• Gestes de rupture

• Gestes de phase intermédiaire de rupture

2.1.1- Gestes de recherche de consensus dits consensuels

DANON-BOILEAU, L., 1994, - Si le point de vue est consensuel, que l’énonciateur se borne à constater un état de fait, il peut se faire qu'aucune marque de type « je pense » n'apparaisse devant le dictum. La consensualité […] se marque alors par d'autres biais (le recours à certains déictiques notamment). (p. 162-163)

Nous posons l’hypothèse qu’il s’agit ici aussi du recours aux gestes déictiques. Ce sont des gestes d’adresse de recherche de consensus. Ils expriment une convergence de point de vue entre les deux énonciateurs.

Ces gestes sont concentrés sur le regard et les mouvements des mains ainsi que des doigts. Il se peut qu’il n’y ait pas de geste de mains mais le regard tourné vers l’autre est indispensable pour signaler le consensus entre les énonciateurs. Lorsqu’il y a aussi un geste des mains, il est localisé dans l’espace entre les énonciateurs.

Les propriétés gestuelles distinctives du consensus:

- Le(s) doigt(s) et la(les) main(s) / le(s) poing(s) : en mouvements, devant l’énonciateur premier, dans l’espace qu’il partage avec l’énonciateur second77. Le mouvement n’est pas forcement dirigé vers ce dernier.

- Le regard mutuel tout au long de la séquence Le geste permet aussi de reconnaître un conflit interne

McNeill, D., 2003, - Le geste construit une cohérence pour soi-même ou pour l’autre (être clair dans sa pensée).

2.1.2- Gestes de phase intermédiaire orientée vers le consensus

Ce sont des gestes d’adresse orientés vers la recherche du consensus. Ils expriment une phase intermédiaire pendant laquelle l’énonciateur premier cherche à faire converger son point de vue avec celui de l’énonciateur second.

Ces gestes peuvent se terminer en gestes de consensus ou rester tels quels car une raison X va changer l’objet de discours dans la communication entre les énonciateurs.

L’énonciateur premier se donne des moyens pour inciter l’énonciateur second à partager son point de vue.

- Lorsqu’il réussit, le consensus s’installe entre énonciateurs et la phase intermédiaire se termine.

- Lorsqu’il échoue, soit le locuteur se trouve en rupture de la coénonciation, soit pour une raison quelconque, il continue son discours et l’énonciateur second le rejoint sur le point de vue suivant.

C’est le cas ici de rappeler le « relationème : l’état de la relation en un instant T » de Kerbrat-Orecchioni (2005 : 164 ). Il y a donc un instant qui peut se situer en phase intermédiaire car l’instant suivant apporte un point de vue plus intéressant pour l’énonciateur second et domine ainsi l’objet de discours.

Nous posons l’hypothèse qu’un geste de phase intermédiaire orientée vers le consensus implique que le regard soit dirigé ou que le regard revienne vers l'autre, qu’il y ait un geste d’offrande des mains, un pointage ou un mouvement des doigts en direction de l'autre.

Les propriétés gestuelles distinctives de la phase intermédiaire orientée vers le consensus : - Le(s) doigt(s) dirigé(s) vers l'autre : pointage

- La(les) main(s) dirigé(s) vers l'autre : le geste d’offrande - Le(s) poing(s) dirigé(s) vers l'autre

- Le regard dirigé et/ou qui revient vers l’autre - Le sourire78

Ici, nous parlons des gestes de phase intermédiaire, car c’est un moyen pour l’énonciateur premier de faire appel au consensus, d’attirer l’attention de l’énonciateur second pour qu’il le rejoigne dans sa façon de « voir les choses ».

Ce sont des gestes d’appel à la convergence des points de vue. Le croisement de ces différents gestes renforce cet appel au consensus.

78 Le sourire peut varier en fonction du contexte où il est produit

2.1.3- Gestes de phase intermédiaire orientée vers la rupture de la coénonciation

Ce sont des gestes d’adresse « atténuée ». Ils sont orientés vers la rupture. Ils expriment une phase intermédiaire pendant laquelle le locuteur ne cherche pas à faire converger son point de vue avec celui de l’interlocuteur mais il n’est pas non plus en repli sur lui. Ces gestes peuvent se terminer en gestes de rupture ou rester tels quels car une raison X va interrompre la communication entre les interlocuteurs.

Les propriétés gestuelles distinctives de la phase intermédiaire orientée vers la rupture :

- Les mouvements de va-et-vient latéral du regard,

- Le mouvement d'alternance droite / gauche des deux mains

Parfois, dans le cas de la phase intermédiaire orientée vers la rupture de la coénonciation, le locuteur peut aussi pointer sur lui-même (voir dans l’analyse de « tu » générique le Scénario 14, 170 - 175A).

2.1.4- Gestes de rupture

Ce sont des gestes d’adresse « absente ». Ils expriment une divergence de point de vue entre les deux interlocuteurs. Le locuteur se trouve alors en repli sur soi vis-à-vis de l’interlocuteur.

Les propriétés gestuelles distinctives de l’état de rupture de la coénonciation : - Les gestes effectués en dehors de l’espace partagé par les deux locuteurs - Les gestes d’adresse pour repousser toute manifestation de l’autre locuteur - Le regard ailleurs / mobile tout au long de la séquence

Nous plaçons dans la rupture de consensus les gestes qui témoignent de l'absence d'anticipation par le locuteur de ce que l’interlocuteur pourrait avancer. L’écart créé entre les locuteurs est plus fort ici que dans la phase intermédiaire orientée vers la rupture. Chaque locuteur décroche !