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Chapitre III : Les différents types syntaxiques des GP régis par à

III. 1.1.6. « Les actants circonstants »

III.2. Structures à double complémentation

III.2.3.3. L’application des tests et le rapport du verbe avec le

ou de de. Pour trouver une réponse, nous procédons à l’application des tests classiques.

III.2.3.3.L’application des tests et le rapport du verbe avec le complément.

III.2.3.3.1.LE PREMIER CAS DE FIGURE : N SE V A INF

a. La suppression

Dans J’essaie en vain de l’atteindre / je m’essaie à parler en public, la suppression est possible lorsqu’elle est contextuellement restituable. Dans il se plaît à travailler, elle entraine un emploi différent du verbe (se plaire à travailler n’a pas le même sens que se plaire).Dans d’autres exemples, elle entraine une agrammaticalité (*je m’attends, *je ne me risquais pas sont des énoncés incomplets).

b. La pronominalisation

La pronominalisation est possible dans tous les cas de figure : je m’y prépare, je m’y habitue, je m’y essaie en vain, je m’y plais, je m’y attends, je ne m’y risquais pas sont des énoncés naturels. C’est une raison de considérer l’infinitif introduit par à comme un complément du verbe.

c. Le déplacement

Le déplacement en tête de phrase n’est pas possible sauf en cas de déplacement contraint : à partir il se prépare mais à travailler pas du tout, à travailler on s’habitue mais

66 Le présent chapitre est consacré à la détermination du corpus des verbes à complément en à au moyen de critères formels – nous ne perdons pas de vue l'hypothèse fondamentale de l'ensemble de ce travail, selon laquelle la sélection de la préposition introductrice de ce complément est liée au sémantisme du verbe recteur et à celui de la préposition régie.

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pas à faire du sport, à parler en public je m’essaie mais à chanter en public je ne pourrais jamais, à travailler il se plaît mais pas à rendre visite à sa famille : il s’ennuie.

III.2.3.4.2.DEUXIEME CAS DE FIGURE : N SE V DE INF

Je la force à manger / je m'efforce de manger.

a. La suppression

La suppression est impossible avec les deux prépositions, ce qui nous permet de dire que l’infinitif introduit par à ou de entre dans la définition de l'emploi du verbe et en est donc le complément. Par conséquent, l’alternance des deux prépositions n’affecte pas la non­suppression (Je la force / Je m’efforce sont deux énoncés incomplets). Cependant, la pronominalisation semble contredire dans plusieurs cas notre conclusion du statut obligatoire du complément non supprimable.

b. La pronominalisation

La pronominalisation est acceptable avec à mais non avec de :

Je la force à manger/je l’y force / elle ne veut pas manger aussi il faut l'y forcer Je m’efforce de manger / *Je m’en efforce

Nous avançons alors l’hypothèse que le GP introduit par à se pronominalise plus facilement que celui introduit par de. Pour vérifier cette hypothèse, nous reprenons les exemples cités supra afin de voir dans quel cas le complément est pronominalisable et laquelle des deux prépositions s’adapte le mieux à cette pronominalisation. Soient les énoncés suivants :

Je l’oblige à parler /Je l’y oblige ;elle ne voulait pas parler mais on l'y a obligée Je m'oblige à parler /Je m'y oblige

* Je la réjouis de partir / *Je l’en réjouis Je me prépare à partir / Je m’y prépare

Je la prépare à partir / Je l’y prépare, Mamie ne veut pas aller en maison de retraite aussi je l'y prépare tout doucement.

Elle habitue son fils à travailler /elle y habitue son fils Elle s’habitue à travailler / Elle s’y habitue

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Il se plaît à travailler / #Il s’y plaît67 J’attends d’être reçu / #Je l’attends68

Je m’attends à perdre ma place / Je m’y attends J’essaie en vain de l’atteindre /Je l’essaie en vain69 Je m’essaie à parler en public / Je m’y essaie

Vous risquez de perdre votre montre/ ? Vous le risquez70

Je ne me risquerais à lui faire des observations sur sa conduite / Je ne m’y risquerais pas

La pronominalisation n’est applicable qu'à quelques exemples (je m’en réjouis, je m’y prépare, elle y habitue son fils, elle s’y habitue, il s’y plaît, je m’y attends, je l’essaie en vain, je m’y essaie) sans que l'on trouve de critères formels communs à corréler à la possibilité ou impossibilité de pronominalisation alors qu’ils sont tous obligatoires.

Nous constatons par ailleurs que la préposition à se prête plus facilement à la pronominalisation que la préposition de. Pourrait­on dire pour autant que les compléments introduits par à sont en l’occurrence plus attachés aux verbes de base que ceux introduits par de ?

c. Le déplacement

Les compléments ne sont déplaçables en tête de phrase en aucun cas (* A perdre ma place, je m’attends, * De travailler, je m’efforce, etc.), non­mobilité qui justifie encore leur classement parmi les compléments obligatoires du verbe principal71.

III.2.3.4.3.TROISIEME CAS DE FIGURE : LE PASSIF

En considérant les exemples cités supra qui opposent la forme active construite avec à à la forme passive construite avec de, nous procédons à l’application des tests : a. La suppression

A partir de ce test, nous nous posons la question de savoir, laquelle des deux formes admet la suppression du complément. Nous constatons que la suppression est plus

67 La pronominalisation semble possible mais le y évoque en fait une localisation de type : je me plais à Paris/ je m’y plais – le symbole « # » signale cette différence sémantique : la pronominalisation est donc en fait impossible.

68 Employé hors contexte, je l’attends renvoie à une personne physique et non à un fait. Par conséquent, la pronominalisation n’est pas acceptable ici, contrairement à vous le risquez qui laisse entendre que l’on risque quelque chose.

69 On dirait plutôt, j’essaie en vain, ce qui attire l’attention sur un pronom zéro

70 La pronominalisation est jugée impossible puisque le pronom le ne représente pas de inf.

71 Le fait que le GP puisse éventuellement permuter avec un autre constituant mais en restant au sein du syntagme verbal ne change pas cette conclusion, ainsi qu'on l'a vu pour d'autres cas précédemment : Je m'efforce de manger malgré tout / Je m'efforce malgré tout de manger.

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acceptable à la forme passive, notamment lorsque le sens est restituable par le contexte. Par conséquent, si l’on se base sur ce premier test, il nous semble que, pris dans leur contexte, les énoncés je suis forcé, je suis obligé et je suis contraint sont plus naturels que il m’a forcé, il m’a obligé et je m’oblige. A priori, nous pouvons faire l’hypothèse qu’à la forme active, le complément est plus attaché au verbe qu’à la forme passive où il est plus facilement supprimable. L’explication hypothétique que nous donnons à cet emploi serait qu’à la voix passive dont la distribution exige l’usage du verbe être et du participe passé (ayant la forme d’un adjectif attribut), il est plus facile de supprimer le complément. Nous allons voir si cette hypothèse est validée par le test de pronominalisation :

Il m’y a forcé (à partir) vs j’en suis forcé (de partir)72 On m’y a obligé (à partir) vs j’en suis obligé (de partir)

On m’y a contraint (à travailler) vs j’en suis contraint (de travailler) Elle l’y oblige (à répondre) vs elle en est obligée (de répondre)

L’usage de y (associé à la préposition à) nous semble être plus naturel que celui de en (associé à de), ce qui confirme notre première hypothèse sur l’attachement plus solide du verbe au complément à la voix active (étant moins supprimable et facilement pronominalisable. La pronominalisation, possible dans les deux cas, reste alors une preuve d’un lien solide avec le verbe et se substitue au complément supprimé.

b.Le déplacement

Le déplacement n’est pas acceptable dans tous les exemples, ce qui confirme le statut obligatoire de l’infinitif complément de verbe.

III.2.3.4.4.QUATRIEME CAS DE FIGURE :

Dans le cas de N V à N et N V de N, les deux prépositions à et de entrent dans deux structures parallèles. Par conséquent, nous n’allons pas les soumettre aux tests classiques permettant d’identifier des propriétés syntaxiques : le choix de l’une ou de l’autre des deux prépositions est contraint par le verbe recteur et par le complément. Il ne nous semble pas dans ce cas que le degré d’attachement du verbe dépend de la variété des prépositions.

72 Intuitivement, il nous semble qu’il est plus naturel de dire j’y suis forcé et j’y suis obligé mais nous gardons la pronominalisation en en , plus adéquate avec la préposition de.

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